En (quasi) direct de Daytona...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]JeudiVitesse SSP & SBK + Flat Track au programme.On commence par la Vitesse SSP & SBK.Je suis à 7h15 du matin au bureau de l’AMA situé dans une zone industrielle. 7h15, pffff… dures vacances. Je me demande comment je vais pouvoir obtenir le pass qui me permettrait de vivre ses 200 Miles de l’intérieur.
Tout est prévu : 5 personnes s’occupent de fournir les credantials aux personnels des teams. Je fais la queue, arrive mon tour, j’explique mon cas à une jeune femme qui me dit qu’il n’y a pas de problème si je suis membre de l’AMA car je peux l’acheter pour $125. Je ne suis pas membre de l’AMA, pas de souci elle me fait ma licence AMA sur le champ.La moins chère une licence qui n’est pas celle de commissaire ou pilote mais juste une licence de membre qui donne des accès privilégiés sur les événements AMA et des discounts sur des trucs. Je m’acquitte de $100 pour cette licence puis des 125 pour le credantial.
Je comprends que l’AMA a vendu la promotion du SBK au DMG groupe mais a gardé la main sur les accès pits et piste et tant que le contingent de credantials n’a pas été donné ou vendu aux teams, l’AMA les vend à ses membres. Outre l'aspect business, C'est un principe que les fédérations européennes pourraient adopter. Ce serait sympa. Pour éviter le trop plein, on contingente chaque évéenement, on organise une liste d’attente et on interdit qu’un même licencié ait deux pass dans l’année si la demande est forte.
J’ai le portefeuille plus léger mais le sourire plus large. Pensez, j’ai un « hot pit crew credantial » qui me donne accès à tout et partout. Ce qui m’intéresse est surtout les garages, les pits en bordure de mur, la pit lane qui est de l’autre côté du mur et la tribune réservée aux teams située là où les pilotes quittent l’anneau pour entrer dans l’infield. Il y aussi un « cold pit credantial à $50 qui ne donne pas accès aux wall pits et à la pilane.
A noter que pour ceux qui voudraient ne venir que pour ces 3 jours sur le circuit, ce credantial est un bon plan car il évite l’achat d’un ticket spectateur et permet aussi d’avoir accès aux courses et pits du Flat Track qui a lieu en même temps.
Je fais les 2 km qui me séparent du circuit, je gare ma voiture dans l’infield et j’entre dans la zone garage, le vigile me lance un grand « How’re you doing » ( prononcé comme si c’était un seul son) mon sourire lui suffit pour réponse. Ce sont les mêmes garages que pour le Supercross, je les traverse et arrive aux pits et la pit lane. A l’intérieur du mur, les groupes électrogènes apportés par les teams ronronnent (il n’y a pas d’électricité sur cette zone, étonnant), contre le mur les canopies sont installés bien en ligne à 1m du mur. Comme ils ne peuvent être fixés au sol, certains utilisent de gros sceaux d’eau pour les lester, çà fait amateur mais autorisé tant que les sceaux ne dépassent pas une ligne fatidique. Les gros teams ont déjà installé les servantes, les écrans, les fauteuils, les racks de roues et leurs motos sont sur la pit lane alignées comme à la parade ou vont arriver bientôt poussées par les mécaniciens. Aucun outil ne traîne à terre du côté pit lane du mur, c’est interdit sauf pour les couvertures et les rallonges électriques provenant des groupes électro. Pour me trouver, c’est facile je suis le seul à ne porter aucun marquage de team sur mes vêtements. A cette heure matinale les licenciés AMA ayant fait comme moi sont encore devant leur bol de café, leur céréales ou leurs donuts.
Je ressors et cherche le stand AMA pour avoir les horaires précis. Un officiel me les fournit derrière son PC dans un tout petit local et me dit qu’il va quitter ce local bientôt quand il sera opérationnel et que je viens trop tôt ?! En fait, si j’avais besoin de quelque chose je n’aurais qu’à utiliser le PC et l’imprimante pour imprimer ce que je veux. Je suis interloqué. L’AMA a un petit logiel très bien fait qui permet à tout team possesseur de ce credantial magique d’imprimer les feuilles de temps, les meilleures vitesses de pointes, les chronos de la journée de n’importe quel pilote… On entre dans le local, on clique, on imprime, on sort du local. C’est simple ! Je n’ose imaginer le même service en France…
J’apprendrais un peu plus tard dans la journée que beaucoup d’équipes utilise l’appli IOS ou Androïd disponible pour tous pour avoir la plupart des infos et que ce PC sert plus pour les impressions que la distribution des infos.
Bien qu’essayant d’être le plus discret possible je regarde attentivement les motos, souvent un membre du team de la moto me demande ce qu’il pourrait faire pour moi. Formule de politesse américaine mais plus agréable qu’un regard réprobateur. J’en profite pour engager la conversation. Même les teams officiels Yamaha et Suzuki acceptent de converser. Chez Suzuki, mon new best friend depuis 3 minutes, m’explique le rôle de chacun dans l’équipe. Tout est prêt chez Suzuki Yoshimura, il a du temps. J’apprends que Chris Clark, 3ème pilote du team (pilote payant), dispose des mêmes services que Cardenas et Hayden. Je me permets de poser la question sur les motos et il me dit que ce sont les mêmes. Après les avoir vues toutes les 6 (2 par pilote) en action sur la piste, je pense qu’il disait vrai, la différence, assez faible, en chrono est dans le poignet droit des pilotes. Il doit y en avoir pour les essais hors meetings de course car je pense que Clark en fait moins que Cardenas notamment.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les essais démarrent. Les SBK ; les Daytona Sport Bikes, les Supersport (proches de nos superstock et non de nos supersport du mondial) et enfin la coupe Harley. J’alterne la pit lane avec des bords de piste et des tribunes. J’essaie de trouver les bons emplacements. Dans tous les cas, on est proche de la piste, un peu comme le garage vert du Mans en encore plus près souvent et pas comme dans les tribunes de Magny Cours. De voir les motos rouler, je réalise que la piste dans l’infield est très étroite par endroit et que si les dégagements me semblent mieux que la veille je suis étonné de voir qu’en plusieurs endroits en cas de tout droit ou longue glissade la moto et le pilote peuvent croiser un autre bout de la piste sans qu’aucun obstacle gêne. Cet aspect fait penser un peu aux circuits anglais d’autant qu’il n’y pas de bacs à graviers, c’est de l’herbe ou du ciment.
Je vois aussi que le scope des niveaux est assez large, il y de 7 à 12 secondes entre le premier et le dernier selon les catégories. La catégorie la moins relevée est la Supersport qui est la catégorie d’accès même si les premiers vont très vite. La limite de qualification est fixée à 108§ piur les SBK et 110% pour les autres. Il y aura des non qualifiés!
Je vais voir la seule BMW engagée en SBK, je roule en S1000RR aussi. Mat Orange est un pilote californien 100% amateur. Il tente le championnat AMA pour voir après 2-3 tentatives en 2013. Il n’est pas à l’aise dans le sinueux me dit-il. On parle S1000RR et pilotage. Il m’explique que le pneu AR Dunlop spécial Daytona dégrade son feeiling. J’apprendrais plus tard que les gros teams font des essais avec ce pneu car il se comporte différemment. En fait Dunlop a apporté les pneus normaux et les pneus Daytona et recommande le second mais ne l’impose tout en prévenant que le normal peut ne pas tenir la course. Mat me dit qu’il est content de son moteur et de son électronique préparés chez Larry Pegram, pilote EBR 2014, qui courait sur S1000RR en 2011 et 12. J’ai pu constater qu’il y a d’assez grandes différences de moteurs dans toutes les catégories hors Harley mais y compris les Supersport ce qui est bizarre car ce sont des presque stock.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je sympathise avec lui, on compare nos feelings de cette moto les modes de compétition en Europe et aux USA. Il me dit qu’il est parmi les tout bons en courses de Club en Californie et qu’en fait les meilleurs ne vont pas souvent en AMA pour des questions de distances de déplacement et de budget. Et que les courses WERA (une autre fédé) sont aussi très intéressantes et relevées. Je comprends qu’il a une haute opinion de la compétition moto en Europe : les circuits sont plus grands et plus rapides, les teams plus pros, et le niveau de pilotage plus élevé. Chacun fantasme sur l’autre bord de l'Atlantique, c’est amusant. Je lui demande comment sont les courses d’endurance aux USA, il me dit qu’il aimerait en faire qu’elles sont de 12 heures maximum et très bien organisées. En fin d’après-midi on se revoit et en refaisant le monde (la crainte de la guerre à cause des russes, la crise,…) on se dit que ce pourrait être sympa de faire échange : je viens faire une course d’endurance en Californie et il vient courir avec moi en Europe. Je sais que ce genre de propos non pas de comptoir mais de fond de stand ne débouche pas souvent sur grand-chose mais qui sait ? Il ne connait pas rosenoire, Mat ! On verra.
Au gré de mes pérégrinations, j’apprends plein de choses. J’adore çà.
Par exemple, les freinages de la visserie au fil inox ne sont pas obligatoires sauf pour la vis de vidange d’huile et le bouchon de remplissage. Malgré tout je constate que beaucoup freinent la visserie des freins et l’écrou de roue arrière (goupille Beta). Qu’il faut des récupérateurs d’eau et d’essence mais que les protections de carters ne sont pas obligatoires et que peu en ont. Qu’on peut changer les roues d’origine mais seulement par des roues en alu forgé (nouveauté 2014).
En m’attardant dans les garages je distingue 3 catégories de teams : les gros qui sont dans un ou deux grands garages qu’ils habillent à leur couleur du sol au plafond (il y en a une petite dizaine) ; les moyens qui sont dans un garage non habillé ou très peu ;les petits qui sont dans un très grand garage commun, style halle de marché couvert en France, où chacun a un rectangle de 3x5 environ. Reste une dizaine d’équipes dans la zone de garages mais sous canopy perso, par manque de place sans doute dans la halle couverte. Etonnant pour une course de ce standing. Mais tout se passe bien personne ne râle, les prises électriques fonctionnent, il y a des WC et une buvette réservée aux teams, les commissaires AMA en très grand nombre présents dans la zone garage sont très affables et disponibles, le PC et son imprimante fonctionnent aussi.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les seuls critiques que j’entends sont au sujet de Dunlop qui fournit 100% des pneus aux 4 catégories car, il semble que le pneu spécial Daytona induise beaucoup de mouvement à la moto et que ceux qui ont durci la suspension en vue du banking en sont pour leurs frais. A propos de Dunlop, je n’ai jamais vu autant de préposés Dunlop ou autre. Il y a au moins 20 « Dunlop Marshalls » habillés de noir et jaune qui arpentent la pit lane et les garages pour vérifier les marquages des pneus, demander la pression mise, prendre la température des pneus, donner celle de la piste et conseiller les teams. Malgré cela ce sont les seuls à ne pas contenter beaucoup de pilotes.
Une curiosité est que la zone des garages est fermée de 20h à 6h. S’il faut reconstruire une moto, il faut la sortir de la zone et se débrouiller.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les essais sont finis, j’ai pu voir les forces en présence.
En SBK, les 4 pilotes officiels Yam et Suz (hors Chris Clark) sont ensemble et que Beaubier met un point d’honneur à battre son coéquipier Hayes dans les dernières minutes. On voit nettement l’émulation entre les pilotes chez Yamaha. Chez Suzuki, les pilotes paraissent plus détendus bien que Cardenas semble peu content mais je ne sais pas pourquoi. Chris Clark a l’air heureux et roule vraiment bien, tout juste derrière ses chefs de file.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Chris Fillmore (à noter qu’il a commencé par le Supermoto comme Chambon) chez KTM est régulier et avec Clark. David Anthony, un priv& sur Suzuki, m’impressionne avec son attaque propre, il est avec Fillmore et Clark. Le rookie espagnol, Bernat Martinez, qui débarque du CEV apprend la piste et ses temps s’améliorent fortement de la séance 1 à 2.
Les EBR sont à la ramasse pour des motos officielles. Larry Pegram (2 podiums à Daytona en 2013 sur une Yam privée) est loin, Cory West un peu moins sans que ce soit terrible non plus.
Stefano Mesa qui arrive dans cette catégorie a un pilotage très osé et pas très propre mais ses temps sont bons. Il semble hyper motivé.
Les autres forment un groupe hétérogène avec des motos pas vraiment équivalentes en moteur. Je vais voir comment est Johnny Rock Page car son nom, tout droit sorti d’un comics, , m’a toujours amusé en lisant les résultats AMA.
Les motos SBK, en dehors des officielles sont en majorité des Suzuki (Yoshimura, très présent aux USA, doit y être pour quelque chose) et des Kawa, une Yamaha, une Ducati, une BMW et une Honda.
J’ai moins regardé ce jour les essais des autres catégories par manque de temps mais j’ai pu voir qu’en Supersport, Corey Alexander dont on avait palé sur plb il y a quelques mois semble très affûté. En dehors de sa moto, son look de grand échalas à la tenue recherchée et son allure d’adolescent attardé en font un garçon « trop propre » pour faire de la moto§ L'habit ne fait pas le moine, parait-il.
En Daytona Sport Bikes, les Triumph sont très rapides sur l’anneau et Jason di Salvo fait face aux jeune Yamahiste Gerloff. L’autre Yamahiste, JD Beach, dont on parle comme un des grands espoirs US depuis 3 ans ne m’a pas impressionné même si j’aimerais avoir soin coup de guidon, bien sûr. A le voir avoir du mal à s’extraire des paquets un peu plus lents en essais libres, je me dis qu’il est moins à l’aise que Gerloff. A voir.
Quant aux Harley, c’est une coupe de marque promotionnelle et non de promotion. Un mélange de pilotes pros souvent sur le déclin mais encore très rapides et de pilotes plus amateurs. Je n’ai pas beaucoup aimé même si je reconnais qu’elles prennent un angle insoupçonnable quand on les voit à l’arrêt.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J’oubliais de dire que je suis allé voir les motos depuis le grillage extérieur des Turns 1 et 2. C’est unique et très impressionnant. Elles passent à 10 m de soi, très anglées par rapport à soi mais droites par rapport à la piste. Cà donne envie !!!!
Ma journée n’est pas finie, j’ai Flat Track maintenant.La piste est en contrebas extérieur du Trun 1. Il y une catégorie de moto, les 450 4 temps et deux de pilotes, les Pros et les Experts. Les Experts sont les meilleurs.
Courses qualificatives, repêchages puis finales (main events). 16 pilotes par manche sur une piste de 400 m, çà se bouscule beaucoup et une manche sur 2 a de 1 à 3 drapeaux rouges. Même si le pilotage à ce niveau sur une si petite piste reste spectaculaire et technique, ces drapeaux rouges son vraiment de trop et cela gâche le plaisir. Néanmoins, et bien qu’il y ait feux d’artifices, hymne solennel et bénédiction on sent bien que le centre de gravité du meeting est la compétition et pas le spectacle.
J’avoue que je suis fatigué et profite pas très bien de ce que je vois. En revanche, le spectateur connait bien la discipline, çà se sent et s’entend. Mais j’ai aussi trouvé qu’ente le Supercross, la vitesse et le Falt Track, c’est le Falt Tracj qui attire le plus de bikers de la Bike Week. Peut-être l’effet revival soutenu par la mode des caferacers dénudés et un peu roots. Enfin ,roots du bitume de centre ville, de celui qui abrite les échoppes ledisées et vendent les casques Ruby hyper trendy.
NB : je n’ai rien contre, je dis que cela supporte le Flat Track et que c’est plutôt bien en ce sens.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Vendredi.Vitesse AMA et SBK.Hier soir, j’ai pensé à Blake Young, ex officiel Suzuki SBK et qu’on voyait déjà prendre la suite de Ben Spies. Je l’ai vu sur les feuilles des engagés mais nulle part sur la paddock. Je veux commencer ma journée à 8 heures, début des activités par cette recherche. Je sais qu’il court en Daytona Sport Bikes, sur une Yam du Team GN Gonzales Racing (?). Je ne vois pas ce team dans les garages individuels, je ne vois pas de grand camion à ces couleurs, je cherche dans le grand garage commun. Sa moto est là mais personne autour. Il dispose des 3x5 comme beaucoup et basta. Sur la piste on ne le remarque pas non plus. Je ne comprends pas.
Il roule enfin, je l’observe. Certes il va très vite mais d’autres vont plus vite que lui dans la catégorie. Il semble rentré dans le rang si j’ose dire. J’ose demandé à mes nouveaux meilleurs amis, pourquoi il est là. Je ne veux pas lvexer ni choquer mes interlocuteurs alors je prends la feuille des temps et leur demande innocemment en leur montrant le nom de Blake Young si c’est bien le pilote qui était officiel Suzuki.J’ai eu deux sons de cloche. Le premier me dit qu’il a pété les plombs, a pris la grosse tête puis est devenu dépressif de ne pas avoir su retenir son guidon officiel. Le second me dit qu’il s’est fait avoir par de fausses promesses et qu’il ne s’en remet pas. La vérité, lui la connait mais quelle qu'elle soit, je suis un peu triste pour lui. Je le suivais depuis des années via la télé et la presse et je le voyais réussir en mondial. Je repense à Kocinski qui a su renaître de ses cendres et à Gobbert qui lui a continué de partir en vrille dans les volutes de ses cigarettes bizarres. Je ne retourne pas dans la partie où sont ses 3x5 car je ne veux pas le voir autrement que sur sa moto pour ne pas être tenté d’un regard voyeur et scrutateur, ce serait mal sain car compatissant de bas étage.
Les essais qualificatifs confirment le talent naissant de Corey Alexander. A noter qu’il est suivi par Jason Pridmore, pilote en retraite aux USA mais pas ailleurs car certains habitués du Bol ou des 24 Heures du Mans le voit encore à l’oeuvre et plutôt bien.
En Daytona Sport Bikes les Yamaha et les Triumph trustent les premières places. 10 pilotes ne sont pas qualifiés car au-delà de la limite de 110%.
En SBK, Roger Hayden prend la pole aux deux Yamaha alors qu’elle leur semblait promise. Cela a l’air de faire plaisir au paddock mais je peux me tromper. Le team Yoshimura Suzuki semble jouir d’une cote d’amour dans le paddock que n’a pas le team Graves Yamaha.
En assistant à la fin des essais des Harley en bord de piste dans l’infield, la sécurité du circuit me demande avec d’autres d’évacuer et de bouger de 100m. Les essais SBK suivent et il faut changer la configuration des lieux car le tracé change. Je n’avais pas réalisé l’affaire que cela était. Le tracé SBK, plus sinueux, coupe la grande artère longitudinale de l’intérieur de l’anneau qui alimente tout (les parkings, les campings, le paaddock, etc…). Le service technique manœuvre d’immenses barrières sur roues et changent la topographie, les commissaires de piste déménagent de leurs postes et bougent les cônes qui dessinent les deux tracés différents. L’artère est coupée, les voitures et les motos qui voulaient entrer ou sortir de l’infield doivent attendre 45 minutes environ. Le ballet est rodé.
Je pense que c’est unique pour une course de cette importance ! Cela me fait penser aux courses sur route où on dessine le tracé en fonction des routes disponibles. « Tiens, là je veux un S lent, Paulo, mets 3 cônes là et Gaston n’oublie pas de mettre les barrière pour barrer la départementale ». Pour un peu, je m’attendais à ce que les commissaires ouvrent les barrières pour laisser passer les voitures entre deux groupes de motos comme pour une course cycliste amateur. Au-delà du folklore, je me dis que ce n’est pas stupide du tout et que cela correspond à ce que j’avais vu pour le Supercross : on utilise tout ce qu’on peut utiliser. Cela colle bien à l’état d’esprit américain qui mêle attitude relax et concentration sur l’objectif. C’est autre chose que du pragmatisme qui a une connotation opportunisme. C’est comme une règle comprise, assimilée et appliquée par presque tous. Je ne sais pas si c’est bien ou mal (du moins je le sais mais plb n’est pas là pour çà) mais c’est comme çà.
Puisqu’on est dans les considérations extra moto, j’ai une anecdote arrivée ce jour. Je suis au bord du mur de la pit lane, une chute oblige au drapeau rouge. Un homme d’un âge certain me demande si j’ai compris ce que disait le speaker pour savoir où était la chute, mon accent lui fait comprendre que je suis français et il me dit merci en français sans accent. « Vous êtes français aussi », « non, je suis canadien mais je suis né au pays basque et mes parents ont émigré aux USA ». Inévitablement on parle, il était prof de français et de philo, il a étudié à la Sorbonne et a vécu à 6 km d’où j’habite. J’ai aussi fait la Sorbonne, étudiée la philo. Cà nous rapproche, il est fou de moto, me montre les photos de ses motos et me présente sa femme et un ami qui est un journaliste-écrivain fou de moto aussi qui importe depuis peu les amortisseurs britanniques Nitron. Ce type écrit un livre sur la nécessité d’être de mauvaise foi pour être pilote… J’ai immédiatement pensé à Bernard Fau dont ce genre de sujet titille au plus haut point. Je crois entendre Bernard dans la bouche de cet américain. Le monde est petit. Fin de la parenthèse.
Cela m’amène quand même à parler de ce que je n’avais pas vu hier, les assistances techniques présentes. Il y a Dynojet qui propose banc et réglage à ses clients. Le règlement supersport favorise les boitiers additionnels et le Power Commander a la cote aux USA, le Bazzaz aussi mais je ne les ai pas vu. Les services casques ne sont pas Shoei, Arai ou Shark comme en Europe mais Nexx et Premier. On trouve bien sûr le service Ohlins mais aussi en plus important Penske et K Tech. Ohlins ne domine pas autant le marché qu'ci bien qu’il soit très présent. Les amortisseurs Penske sont nombreux et les cartouches K Tech aussi. Sans doute que la forte présence des services courses jouent en leur faveur car je doute qu’un amortisseur x ou y soit meilleur qu’un autre sortis de leurs boîtes.
Enfin, les courses arrivent.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je me poste dans les pits juste derrière le mur car les départs sont donnés sur la pit lane ! Elle est large et sans déclivité alors qu’en face c’est le banking. Les motos sont à 5 mètres du mur, on est tous collés à ce mur qui fait 70 cm de haut.
Standard européens au placard! Enfin un départ de grande course qu’on peut vraiment voir ET sentir sans avoir ses sens castrés par des grillages dignes d’une cage aux lions chez Pinder ou par des vitres à l’épaisseur des parloirs d’une centrale carcérale ! Je suis heureux comme un môme, pas de nostalgie mais de réalité non filtrée ! Je regarderai les 3 départs de la journée de cette façon, je veux que ma tête et mon corps se souviennent longtemps de ces secondes nues et crues.
Ce sont des lignes de 3 pilotes. Le feu rouge est immense, on n’a pas à le chercher. C’est bien.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La course des Supersport est emportée par Alexander sans surprise et avec domination. La bataille pour le deuxième place me montre l’importance de l’aspiration sur le banking en face des pits.
La coupe Harley gronde au départ, le sol tremble un peu derrière le mur. La course se fait par paquets homogènes. Je profite de cette course pour tester le temps qu’il me faut pour aller à la "tribune des credantials magiques" pour être fin prêt pour le course des SBK.
Elle arrive, cette course. Josh Hayes est raide et tendu, çà se voit. J’ai l’impression qu’il n’est pas à la fête, il bouge par saccades et son corps sec et long renforce cette impression de raideur. Beaubier parait plus relax, il parle à ses accompagnateurs. Hayden fixe son rgard devant lui mais écoute ce que lui disent son amie et son mécanicien mais il est économe de ces gestes, il sait que l’effort est pour bientôt. Je me fais leur film en me faisant le mien, cela renforce mes sensations. Je suis aussi prêt qu’eux. Le responsable de piste se retire, les motos partent pour un tour de chauffe, Hayes part comme un boulet de canon, Beaubier sans monter les tours et Hayden semble être pressé pour aller chercher son pain mais sans plus. Derrière, les motos suivent les trois premières dans l’infield, le presque silence est revenu. Les mécaniciens sont tendus, et se parlent en s’invectivant nerveusement, je ne comprends pas la moitié de ce qu’ils disent tant ils ne parlent pas pour communiquer mais pour se mettre encore plus en condition ou évacuer un peu de tension. L’intensité du moment est partout. Je ne sens plus mon coup de soleil, je suis dans l'attente du boufdonnement des motos en écho sur la banking opposé, ils vont être là dans 20 secondes. Je les vois, Les 22 pilotes arrivent groupés, ils se mettent vite en place.
Le feu capte toute l’attention de tous. J’ai Hayden dans ma ligne de mire vers ce feu rouge, je quitte des yeux ce feu rouge, je ne veux rein manquer des gestes des pilotes et des motos. Les assistances électroniques de départ font rupter les moteurs des motos, le bruit profond des moteurs crossplane des trois Yamaha officielles dominent les autres. Je suis à leur place, je relâche l’embrayage, elles partent. Le groupe s'engouffre dans l’infield, je ne les vois plus mais je les devine. Là elles sont au premier freinage et le bruit disparait. On se regarde, se sourit, les mécaniciens sont crispés et quelques uns reprennent leurs invectives.
Vite tout le monde se tait, l’excellent speaker maintient tout le monde en arrêt « Hayes is leading. Hayden and beaubier are side by side. Side by side in the Turn 4. Side by side!!!”? On revoit les motos qui s’approchent à plus de 300 mm/h, plus personne n’ecoute le speaker dans les pits, chacun cherche “sa” moto, moi je suis chanceux, ce sont toutes les miennes, je les cherche toutes. Hayes à 20 mètres d’avance, mon ami californien parti denrier sur la grille a gagné une place. Ils sont tous passés.
Ouf.. je peux souffler en courant un peu pour aller sur le tribune des teams en fin de banking. J’accélère moi ausis, je ne veux pas rater le deuxième passage. Hayes arrive avec 30 mètres de trou, Beaubier, Hayden et Cardenas ne font qu’un. Beaucbier est incisif dans le gros freinage « en biais » pour rentrer sur le deuxième rapport dans l’infield. Je le sens très,, très fort à cet endroit. Tour après tour, Hayes se fait rattraper. Cardenas semble peiner il a perdu 5 mètres, c’est 6 centièmes de secondes à cette vitesse . Enorme ! Ils reviennent encore, ils ne sont que trois, ils grossissent en s’approchant de moi, Cardenas n’est plus là. Le speaker avait annoncé quelque chose, c’était çà ! Les pilotes passent un par un, mon pilote californien préféré ne passe plus. Sa BMW aurait elle cassée? J’écoute attentivement le speacker, il confirme, le 24 rentre au stand. J’ai un petit moment de relâchement, j’oublie 2 secondes Hayes et les autres . 2 secondes plus 170 mètres sur le banking ! je réécoute le speaker, ils les annoncent ‘ Hayes and Beaubeir are side by side ; Side by side ! ». Beaubeir tente les freins sur Hayes par l’extérieur, Hayes garde sa ligne, ne lâche rien, Beaubier s’écarte, fait un quart de goutte d ‘eau et se retrouve derrière Hayden qui parait presque discret depuis le début, l’attention est sur les deux Yam boys
Encore 5-6 tours comme çà, Beaubier passe mais Hayes repasse tout de suite, Hayden observe assis dans son fauteuil presque supersonique. Avant dernier ou dernier tour, je ne sais plus, le temps est distendu depuis 30 minutes. On les revoit au loin, ils grossissent, Le noir des Monster Yam domine, le blanc de Hayden est presque entièrement caché. On sent qu'il va se passer quleque chose. Beaubier est derrière Hayes, il retente son freinage extérieur, Hayes est solide comme un roc dans sa tête, rien ne peut le faire fléchir sa ligne, il la tient, mais Beaubier arrive à sa hauteur, Hayes se laisse à peine glisser de sa ligne. 50 cm qui font qu’il est le plus fort, lui le sait, moi je le vois. Beaubier doit relâcher sa pression sur son levier de frein. 200 grammes. C'est rien,c'est tout. Il a perdu. Il fait une goutte d’eau qui a le goût du champagne pour Hayes. Tiens, Hayden a soif aussi, il en veut aussi, il a failli attaquer Hayes à la sortie du premier gauche. Le speaker s’égosille. « side by side, side by side, side by side ». On a tous le cou tendu en avant, on veut les voir. Ils arrivent. Hayden et Hayes sont cote à cote, j’écarte les yeux pour m’aider à mieux voir qui va recevoir l’hommage du flagman le premier. Ils sont à 320 km/h, je les vois au ralenti, Hayes est devant ! Il est le plus fort.
Aujourd’hui, il est le plus fort. Il fait enfin un geste de contentement en entrant doucement dans l’infield.
Je quitte la tribune, je retourne dans les pits, en marchant cette fois. Je suis encore plus fatigué que ces derniers jours mais putain que c’est bon !
Les journalistes diront que c’est l’expérience qui a battu la fougue de la jeunesse cet après-midi. Je dis que c’est l’orgueil, cet orgueil qui donne de la noblesse et du style à leur mauvaise foi.
Je suis trop fatigué, je ne vais pas assister au Flat Track qui commence dans 2h30. Et puis demain, çà recommence à 8 heures je crois, je dois travailler mon aspi sur le banking cette nuit.
Mais avant, je veux rester dans le Speedway, ne pas couper ces sensations d’un coup. Je vais chercher mon sac dans la voiture, Je vais dans la fan zone pour acheter une bouteille d’eau, je m’installe à une table dans la fan zone à l’ombre. Je sors mon PC et je vais écrire aux pit laneurs à chaud, çà va me détendre.
Je n’ai pas de wifi. J’ouvre un Word, je ferai un copier-coller ce soir dans pit-lane.biz.
NB : je ne sais pas pourquoi, mon PC refuse de mettre les photos sur plb. Je les envoie par email à Christian Philwood et Yves Kerlo pour qu'ils les mettent si ils ont le temps. Mes photos sont pas terribles, comme je le disais, je n'en fais jamais, Désolé.