[MotoGP] GP 2020 de Styrie, les 21, 22 et 23 août 2020.

Ca doit varier en fonction de l'utilisation qui est faite du KERS : virage vers lequel est le freinage, de la position en course (rang, en bagarre ou pas, ...), répartition du freinage +/- sur l'AR, tactique du pilote à tel ou tel moment de la course ...

Ce qui est très différent aussi entre le freinage auto F1 et motoGP, ce sont les pressions ou efforts appliqués, suivant les diverses données Brembo: en moto: 13 bars appliqué dans le circuit, en auto : pas de pression mais des efforts à la pédale de 190 daN, je vous laisse imaginer la pression correspondante qui doit tutoyer les 100 bars voir bien plus.
Dan

Noël a écrit:

Ca doit varier en fonction de l'utilisation qui est faite du KERS : virage vers lequel est le freinage, de la position en course (rang, en bagarre ou pas, ...), répartition du freinage +/- sur l'AR, tactique du pilote à tel ou tel moment de la course ...

Ce que je voulais dire, c'est que dans le comparatif 2017/2019, si tu tiens compte de la décélération moyenne (~95,5km/h par seconde de freinage dans les deux cas) entre la vitesse initiale et la vitesse finale, les distances de freinage que te donnent les équations de mouvement sont d'environ 166m pour 2019 et 145m pour 2017. Autant ça ne me semble pas déconnant pour 2019 puisque la décélération n'est pas constante (probablement au-delà des 110km/h.s en début de freinage puis décroissante ensuite) autant les 69m en 2017, j'ai a priori l'impression que le pilote pourrait en garder des séquelles (c'est peut-être le sens de la réponse de fullgazlolo).

C'est possible.
Je m'en étais tenu aux données brutes, sans chercher à calculer les décélérations.

MANETON a écrit:

Noël a écrit:

Ca doit varier en fonction de l'utilisation qui est faite du KERS : virage vers lequel est le freinage, de la position en course (rang, en bagarre ou pas, ...), répartition du freinage +/- sur l'AR, tactique du pilote à tel ou tel moment de la course ...

Ce que je voulais dire, c'est que dans le comparatif 2017/2019, si tu tiens compte de la décélération moyenne (~95,5km/h par seconde de freinage dans les deux cas) entre la vitesse initiale et la vitesse finale, les distances de freinage que te donnent les équations de mouvement sont d'environ 166m pour 2019 et 145m pour 2017. Autant ça ne me semble pas déconnant pour 2019 puisque la décélération n'est pas constante (probablement au-delà des 110km/h.s en début de freinage puis décroissante ensuite) autant les 69m en 2017, j'ai a priori l'impression que le pilote pourrait en garder des séquelles (c'est peut-être le sens de la réponse de fullgazlolo).

Oui en gros ce chiffre m'a toujours surpris!
Autant 160m pour perdre 250km/h me parait "humain", autant 70M me parait franchement au delà des capacités humaines que ce soit en termes de temps de réaction, d'efforts encaissés, de prise de point de freinage,...
A 360, tu es à 100m/s donc pour tenir un point de freinage à moins de 10m d'imprécision, la réaction doit être à moins d'1/10 constante sinon ça sort sans compter le shoot des freins qui doit être précis aussi et rajoute à ça que notre cerveau ne traite que 24 images/seconde soit une photo chaque 5m... c'est bizarre!

Je pense d'ailleurs que si Rossi n'a pas vu la moto passer, c'est qu'elle est passée entre 2 "photos" de son cerveau, mais ça, c'est juste une supposition!

je crois que Rossi a surtout bien répété sa grande scène "Zarco m'a (presque) tué" devant son conseiller en communication ....

fullgazlolo a écrit:

notre cerveau ne traite que 24 images/seconde..

Non un film sur pellicule à 24i/s est perçu fluide mais l'oeil en saisi davantage, c'est le cerveau qui lisse en "post-traitement". (D'ou l'affaire des images subliminales). Sur un écran vidéo à 50 Hz un scintillement est perceptible, il faut au moins une fréquence de 75 Hz pour que l'image soit stable.
Les anciens écrans a tube avaient des fréquences de rafraichissement plus basse, compensée par une rémanence longue (persistance de l'image). C'etait trés confortable pour du texte, mais ça dégueulait a l'affichage d'un mouvement.

Les pilotes sont entrainés a "voir vite" comme disait OJ. D'ailleurs apres une pause longue ils en perdent et doivent se réhabituer.

La vitesse est une épreuve pour notre cervelle a partir du moment ou l'on sort de notre zone de confort.
Il y a une réponse inconsciente qui est plus rapide que la réponse consciente (qui prend le temps d'"allumer" plusieurs autre zones de matière grise pour donner un sens a ce que la perception nous propose ).
C'est pourquoi, a mon sens, il est très différent de freiner a un point de freinage et d'etre attaqué a 300km/h au freinage ...Ce qui sort tout de mème de l'ordinaire (respect pour tous les pilotes parce que ces vitesses sont juste inenvisageables pour les squatteurs de canapés!!!)

Les capacités d'intégration et de désintégration non-intégration du cerveau sont énormes, et souvent insoupçonnées.
Rossi n'a pas "vu" la moto de Zarco arriver : ses yeux l'ont vue,  mais son cerveau en a fait abstraction parce que ce qu'il regardait, c'était surtout Vinalès à 1/2 seconde devant lui.
Comme quand on attaque sur une petite route de montagne : tout ce qui n'est pas indispensable dans l'immédiat de l"action n'est pas "traité".
Les freinages : Les pilotes de ce niveau ont une intelligence (au sens "faculté de percevoir,  d'analyser, et d'intégrer") exceptionnelle des rapports vitesse-distance qui leur permet ce "poser" leur point de freinage à 2m près.
C'est une forme d'intelligence qu'on a ou ... qu'on n'a pas, comme la "bosse des maths", le "coup de crayon" des dessinateurs, la faculté d'anticiper les évolutions possibles selon les coups (déjà et/ou pas encore joués !) de certains joueurs de cartes ou d'échecs, la faculté de pouvoir dire quel jour de la semaine était un jour du passé ou du futur, etc...
Un de mes amis, bavardant sur le bord d'un circuit avec un autre spectateur, l'entendit dire : "ces gars-là, ils ont une case en moins", et lui répondit : "t'es sûr que ça serait pas plutôt une case en plus ?"

Après des dizaines d'années à voir des tas de courses de motos, je me suis retrouvé au Ricard pour le retour du GP de F1. Ce, dans le plus gros freinage du tracé.
Sur les pas loin de 1 000 passages (20 concurrents X 50 tours) que j'ai vus, j'ai été sidéré de constater pas plus d'une vingtaine de freinages un poil trop tardifs ou de points de corde ratés et ce de pas plus d'un mètre. Ces gars ont vraiment une case en plus : celle d'une régularité hors norme en dépit de la vitesse de réaction nécessaire pour déclencher au bon moment, à 0,05 secondes près.

Cet aspect des choses me fait penser au conditionnement de l'ouvrier qualifié... réfléchit-on encore ? Non... tout est affaire de seconde nature, de gammes repassées... de tournemain.

Euuuuh ! Il y a me semble-t-il beaucoup plus d'ouvriers, fussent-ils "qualifiés" et non "spécialisés" comme on disait de mon temps, que de pilotes de F1. Je pense que oui les pilotes de très haut niveau, auto ou moto, réfléchissent encore. Du reste il font plein de sport en partie pour garder une capacité de concentration extrême tout au long d'une course. Et j'ajouterai que dans leurs séances de sport, il y a des exercices pour s'améliorer la réactivité.

MacPepR a écrit:

Euuuuh ! Il y a me semble-t-il beaucoup plus d'ouvriers, fussent-ils  "qualifiés" et non "spécialisés" comme on disait de mon temps, que de pilotes de F1.

C'est parce que le championnat coûte moins cher !

Citation :

Je pense que oui les pilotes de très haut niveau, auto ou moto, réfléchissent encore. Du reste il font plein de sport en partie pour garder une capacité de concentration extrême tout au long d'une course. Et j'ajouterai que dans leurs séances de sport, il y a des exercices pour s'améliorer la réactivité.

D'où l'analogie qui me paraît pertinente avec un conditionnement. Que les automatismes soient entretenus dans le but du productivisme ou du sport pro que le XXème s. a doté d'un fort capital social pour des raisons mercantiles, je ne vois pas la différence. Il n'y a que la finalité, les représentations humaines qui changent. En matière de cognition, je crois qu'il s'agit exactement de la même chose. N'est-ce pas la racine commune entre l'artisan et l'artiste ?

Je crois effectivement que ces pilotes ont réussi à optimiser leur cerveau dans certains domaines. je me souviens de ce que disait Spencer à l'époque:

"En fait, quand je suis complètement à mon pilotage, c'est comme si tout se passait au ralenti, je sens la moto qui dérive, je sais ce que je peux ou ne peux pas faire pour la rattraper; j'ai le temps. C'est d'ailleurs ça la plus grosse différence entre la 250 et la 500, les rapports de vitesse, en 250 j'ai des fois envie de descendre à côté et de pousser le moto...

Je ne sais pas si je referai deux catégories l'an prochain, mais je serai en 500, c'est sûr. La 500 reste la moto la plus passionnante à piloter, justement parce qu'on peut être au maximum de ses capacités. De toute façon, personne n'est imbattable, je crois que mon gros point fort est une grande habileté sensorielle, je n'ai pas de repère de freinage par exemple, ce sont des choses que je sens, tout simplement.

Je crois que c'est dû à un très grand entraînement, car ce  n'était pas comme ça au début de ma carrière. Aujourd'hui, il y a vraiment des choses et des moments que je vois se dérouler au ralenti; je l'ai même découvert au tennis, que je pratique beaucoup: quand mon adversaire smashe en face de moi, je vois arriver la balle grosse et lente....".

Valable dans tous les sports de haut niveau : les archers parlent d'un oeil qui part à califourchon sur la flèche.

Et les tireurs à la carabine 50m qui font 600 points sur 600 ou les cracks de ball trap qui mouchent tous les tirs, quels yeux, maîtrise et réflexes! même avec beaucoup d'entrainement ce n'est pas donné à tout le monde.
Dan

une sorte de don valable dans le sport ou dans tout domaine où on effectue des actes répétitifs: j'ai vu une fois un reportage en Asie dans une usine de confection où il y avait une dame qui pliait les slips finis (un triple rabat) en un seul geste qui durait quelques 1/10èmes de secondes .... cela paraissait tellement "surnaturel" comme mouvement apparemment simple mais qui était certainement le fruit d'une répétition à plusieurs dizaines (centaines ??) de milliers de fois .....
Mais cela peut etre l'oeil ou la main ou le pied .... toute partie du corps peut devenir un instrument affuté par l'expérience .....
Après il parait que certains seraient physiquement plus ou moins avantagés :dans les sports où le temps de réaction compte, il semblerait que les gauchers seraient avantagés .....  la bonne moitié du cerveau ...

Christian7 a écrit:

Je crois effectivement que ces pilotes ont réussi à optimiser leur cerveau dans certains domaines. je me souviens de ce que disait Spencer à l'époque:

"En fait, quand je suis complètement à mon pilotage, c'est comme si tout se passait au ralenti, je sens la moto qui dérive, je sais ce que je peux ou ne peux pas faire pour la rattraper; j'ai le temps. C'est d'ailleurs ça la plus grosse différence entre la 250 et la 500, les rapports de vitesse, en 250 j'ai des fois envie de descendre à côté et de pousser le moto...

Entièrement d'accord avec ça, je l'expliquait à ma clients il y a 40 ans, en leur disant que la différence entre eux et une personne ordinaire c'est la faculté de faire fonctionner son cerveau très rapidement pendant longtemps alors que le quidam explique que pendant son accident il lavait vu se dérouler au ralenti. C'est simplement ma propre petite expérience de pilote qui me l'avait fait comprendre même sur route ouverte ou j'ai évité nombre de pépins en étant en pleine conscience de ce qui se passait et prendre les bonnes décisions.

oui mais cette façon de "voir au ralenti" n'est ce pas un fonctionnement du cerveau qui a intégré les sensations, les réactions normales lors des milliers de passages en courbe avec sa moto et qui finalement ne se concentre plus que sur les réactions ou les situations anormales pour y apporter une solution. Finalement c'est comme le vélo, une fois que notre cerveau a intégré la notion d'équilibre, il le fait tout seul en compensant la petite pierre sur la route qui vous fait un peu dévier .... au tout début le gamin va effectuer une embardée car l'acte n'est pas encore automatique .... mais cela le deviendra rapidement.

Mème chose pour la vision avec le cerveau qui ne voit plus son environnement normal "inutile" pendant certains actes sportifs et donc l'attention se concentre totalement sur la cible. Souvent le regard est porté au loin car ce sont les infos dont le cerveau a besoin pour réagir à temps ...

Souvenons nous des yeux fermés de Spencer...

principe de dissociation où tu es spectateur de ta propre action, ton cerveau projette une image de l'action et tu peux modifier l'angle de vue à volonté, ça donne une capacité d'analyse diabolique, une anticipation efficiente, une adaptation stratégique efficace ...
Nulle n'est égale en terme de facultés, certains cerveaux fonctionnent un peu différament de la majorité ... c'est inné chez certain, ponctuel pour d'autre (situation d’extrême urgence) ... de l 'arrogance pour d'autres


Ça va de paire avec d'autres facultés comme stimuler à quasi part égale les deux hémisphère, mais on va déborder de ce qui nous intéresse ...

Comme Joe Dunlop qui partait s'entraîner la nuit avec sa Ford RS sur le circuit du TT, il a embarqué une fois un "passager", Joe, à bloc sur la route, puis à un moment il a coupé les phares et enquillé un bon bout de chemin. A l'arrivée son passager c'est comment dire: liquéfié. ( anecdote lue il y a un bout de temps). Il connaissait le trajet sur le bout des doigts.
Dan

Fügner a écrit:

Souvenons nous des yeux fermés de Spencer...

Spencer, qui est myope, portait des lentilles souples.
Ce qui, avec les courants d'air circulant à l'intérieur du casque, l'obligeait à cligner des yeux très fréquemment pour maintenir un film lacrymal adéquat, nécessaire à l'humidification et à la lubrification des lentilles.
Il est arrivé que des photographes saisissent un instantané au moment pile où, au cours d'un clignement, ses yeux étaient fermés. Tout simplement…

si ca se trouve, il clignait des noeils à 24 images/seconde...