[Actu] Dents qui grincent

Il doit y avoir des dents qui grincent au siège de Honda, en voyant leur ambassadeur Casey Stoner faire la promotion d'une marque d'automobiles concurrente, et de surcroît appartenant au même groupe que ... Ducati



Casey a visité l'usine de Sant'Agata Bolognese, a vanté les qualités de la Aventador, rêvé devant la Aventador SV 750-4, et pris les clefs d'une Huracan 610-4 qui lui est prêtée pour quelques jours, qu'il passe en Italie notamment pour finaliser un nouveau contrat avec Nolan en vue de sa participation aux 8h de Suzuka sur Honda.

Excellente mentalité ce Stoner, il ne change pas !
Yapud respect pour les épiciers mais ça n'empêche pas de prendre leur pognon, une autre conception de la morale

Pour les dents de monsieur Honda ET la morale, il y a aussi...

Je ne suis pas certain qu'on puisse applaudir, même au second degré, au bel esprit frondeur aussi vite.

Cette opération ne serait-elle pas simplement - bassement, diraient certains - mercantile? Qui sait si Stoner ne gonfle pas son portefeuille à cette occasion? D'ailleurs, s'il ne le fait pas c'est qu'il est stupide et je ne le pense pas si con.

Le miroir aux allouettes est rarement plan, il est même souvent kaléidoscopique quand un service marketing doublé de la presse sont présents pour immortaliser un si bel événement presque caritatif. Il a le pouvoir de montrer un monde qui s'accorde à notre désir (détournement de citation spécialement pour le cinéphile Fügner   ).

Méfiant par nature et incrédule par raison, je suis de ceux qui pensent que Stoner s'est forgé une image de rebelle de pacotille parce que cela lui sert ou rapporte. Je rejoins tonton sur ce point.

Cela n'ôte rien à son talent et peut-être même cela lui sied très bien au point de le surcoter.

La reconnaissance du ventre est une vertu à géométrie variable dès l'instant où le ventre est sûr d'être repu tous les jours.

Justement, n'y aurait-il pas quelques tractations Ducatiste en cours par la même occasion? car il faut bien reconnaître que si Ducati veux gagner, il lui faut des pilotes top de chez top, qui sont chez YAM et HONDA actuellement.
Dan

C'est l'humour de Fügner que j'ai applaudi Régis...........Après, le marketing de Stoner, franchement, je m'en contrefous, c'est plus ma planète

bof ... Pourquoi voir de la malice là où il n'y en a peut être pas ?
Si le cas des voitures de fonction n'est pas prévu dans le contrat honda de Stoner, il fait ce qu'il veut ...
Rossi s'est pointé à la "journée" sky 46 avec une Audi break !
Lorenzo : il roule en Alfa ( groupe Fait, cohérent avec le sponsoring Yam...)
Dovi et Iannone : il a ont une Audi, une Lambo ?

Que Stoner ait utilsé son nom pour aller faire un tour chez lanborghini ... qui n'en a pas eu envie ... qu'il y ait eu un echange de bons procédés ... pourquoi pas ... c'est toujours plus drole de se trimballer en Lambo qu'en fiat de loc ... est ce que ce photos diffusées par les attachés de presse Lambo feront vendre une lambo de plus ? même pas sur ... Que Audi soit au courant, même pas sur non plus ...

On est surtout dans une situation de rapport de force, comme toujours, où Stoner est hautement désirable comme produit porteur pour les acheteurs potentiels, où il n'a besoin de rien pour continuer à bien vivre sans cracher pour autant sur un p'tit supplément tombant du ciel.
Il ne mérite pas comme d'autres les sommes qu'il a gagné, mais bien plus que les marchands (enfin, leurs conseils d'administration...) qui profitent de lui comme support de leur commerce.
Stoner n'est plus dans le cas de figure où "je-re-mer-scie-mé-spon-saur-é-mon-nez-kip-bla-bla..." qu'il a bien connu et visiblement pas apprécié, mais c'est la loi du genre marché qui passe par la case tapin dans nos sociétés des mots cratiques pour exercer son activité...
Qu'il en profite, qu'il les fasse cracher, il est l'un des rares à pouvoir le faire quand la masse en crève, s'endette, etc.
Ce n'est pas lui qui a créé cette règle du jeu
Dans la balance sport (jeu) / commerce, le fléau est plombé d'un côté depuis un moment.
Ca n'a pas toujours été le cas, ce n'est pas une fatalité, c'est un sale moment dans l'histoire qui, n'est déplaise à Fukuyama (c'est pas un ingénieur japonais ) est loin d'être finie. Il en a lui même convenu depuis son affirmation... primitive aux 2 sens du terme*

*Merci Pit-lane, avec ce forum, on s'instructe

Bien entendu, je ne prenais pas vos commentaires ou applaudissements au premier degré


Je souhaitais simplement souligner que nous sommes à une ère du sport spectacle où, donc, l'image est reine. En ce sens, admirer un pilote professionnel pour ce qu'il fait en dehors de la piste me semble avoir autant de chance d'avoir un bon jugement qu'un mauvais parce qu'on n'a pas les moyens de séparer le bon grain de l'ivraie.

A l'heure du spectacle de masse, je pense même que les chances de se tromper sur le compte d'un pilote sont même plus grandes que celles de ne pas se tromper. Un pilote de haut niveau est un produit et c'est alors l'emballage qui en fait sa valeur.

Cependant nous pouvons encore compter sur le fait que la compétition moto comporte une dimension de danger qui est encore sensible au point que les pilotes s'expriment tels qu'ils sont une fois guidon en mains.
Je dis encore car je ne suis pas sûr que cela soit encore vrai dans un avenir proche car quand on commence à piloter de façon assidue voire professionnelle à 12 ans et qu'on se prend 15 gamelles par an sans se faire mal ou presque, on arrive à 20 ans avec un esprit tel que la perception du danger en est altérée. Qui sait alors si cette altération du rapport au réel ne produirait pas aussi une altération de l'homme même quand il est guidon en mains? Qui sait si l'image de l'homme ne remplacerait pas l'homme lui même au guidon?

Je ne peux m'empêcher de penser qu'une grande différence actuelle entre Pedrosa et Marquez est un niveau différent d'altération de cette perception. Le premier a connu nombre de blessures graves et le second bien moins, si on considère l'homme seul et non l'homme sandwich, cela ne peut pas être étranger aux performances relatives.

Ce phanomène est bien en connu en boxe. Un boxeur qui, à partir d'un certain nombre de combats difficiles, ne peut plus boxer à son meilleur niveau bien qu'il soit resté au top de son art.
Faut-il l'admirer pour cela car il apparait plus humain que le boxeur encore vainqueur combat après combat? Si oui, cela tendrait à montrer que ce qu'il montrait avant n'était pas lui mais une image de lui qu'il projetait sur la masse regardante, applaudissante et payante. Faut-il que l'homme soit blessé pour qu'il gagne sa vérité d'homme?

Je ne souhaite pas en arriver là, c'est à dire me dire que la blessure est gage de dignité. Le sport de masse ne doit pas ressembler à la guerre où on décore les victimes comme si leur souffrance leur donnait ENFIN le droit à être considérés comme des hommes ou femmes.

J'admire le pilote, je me méfie de l'image de l'homme qu'il projette, je pleure inconditionnellement l'homme quand il est blessé sans pour autant le trouver plus digne qu'avant.

Apres son carton en moto 2, Marquez a tout de même eu pendant un hiver complet de gros problèmes de vision à ne pas savoir s'il pourrait repiloter un jour.

Bien sûr et tout pilote n'est pas égal à un autre par rapport à son acceptation de ce qu'il a déjà enduré. De plus il y a des blessures physiques comme morales qui laissent plus de séquelles que d'autres et ce ne sont pas forcément les mêmes d'un individu à l'autre.

Olivier Jacque l'avait très bien dit à la fin de sa carrière où il avait exprimé ce sentiment du "KO" de trop. Il ne pouvait plus y aller surtout que cela était combiné avec une pente négative de sa carrière, ce qui est souvent le cas sans savoir où sont la cause et l'effet.

Je prenais cet exemple Pedrosa-Marquez comme une illustration et non pour une vérité en l'espèce. Je disais bien que je ne pouvais m'empêcher d'y penser mais sans affirmer que cet exemple était valide. En revanche, je suis persuadé que d'autres exemples du même type le sont.

Belle invitation Rosenoire à revisiter "la société du spectacle" de Guy Debord dans laquelle nous sommes intégralement immergés et qu'il a sut très tôt conceptualiser, thème déjà évoqué dans nos échanges.
Alors ? Distanciation et encore distanciation... mais avec du recul  

PS: Jarno n'aurait il pas malice à lancer ce genre de sujet ?  

Rosenoire, je pense que j'ai compris ce que tu voulais dire.
Je suis toujours un peu inquiet de l'approche des chutes de la nouvelles génération, y compris notre quarta national. On dirait qu'ils n'ont même pas conscience qu'ils peuvent se blesser ( alors que Quarta aussi a déjà bien donné). Ok, trop d'apprehension n'est pas bon mais à ce point la, ???
Patrick Pons disait qu'une chute, c'était comme un ticket qu'on détachait d'un carnet mais qu'on ne savait pas combien de tickets comprenait le carnet ...
Bref... En motogp, on crie au génie devant un decerebré qui a bien manqué faire un strike au premier virage, devant un gamin qui reinvente le blockpass ... En courses sur toute, même les plus grands doublent proprement ... Mais eux, ils savent ... que le carnet il a un nombre limité de tickets...

Fügner a écrit:

Belle invitation Rosenoire à revisiter "la société du spectacle" de Guy Debord dans laquelle nous sommes intégralement immergés et qu'il a sut très tôt conceptualiser, thème déjà évoqué dans nos échanges.
Alors ? Distanciation et encore distanciation... mais avec du recul  

PS: Jarno n'aurait il pas malice à lancer ce genre de sujet ?  

Certes, un peu de prospective ne fait jamais de mal... non plus.





in, La Baïonnette, n°180, 12 décembre 1918.

Après, c'est à dire toujours, on dira qu'on ne savait pas.

gilles27 a écrit:

Patrick Pons disait qu'une chute, c'était comme un ticket qu'on détachait d'un carnet mais qu'on ne savait pas combien de tickets comprenait le carnet ...

J'ai rencontré une fois une femme qui avait bossé dans une NGO à Papouasie. Chaque jour elle passait sur une route où il y avait très souvent des enlèvements, avec des violences, des viols. A un certain moment le poids de la perception du risque est devenu trop, elle a dû quitter le pays. Elle n'était pas idiote, elle comprenait que la chance d'être prise n'a pas sensiblement changé depuis le premier jour, elle ne pensait pas "épuiser sa chance", mais... elle ne pouvait plus.