Interview pré-Qatar publiée sur
sport365.frRandy De Puniet, comment jugez-vous votre nouvelle Honda ? Comment se sont passés vos essais ?On a reçu la moto en Malaisie. C'est une moto toute nouvelle, il n'y a pas une vis qui se monte sur la moto de l'année d'avant, donc c'est beaucoup de travail. On a un peu galéré les deux premières séances d'essais puis on a eu un peu d'espoir à la fin des derniers tests en Malaisie avec un bon feeling. Et quand je suis arrivé au Qatar, je me suis bien senti sur ma moto directement et j'ai pu commencer à travailler. J'ai été assez performant, et plutôt surpris de mes performances en condition de course en étant bien constant. Je suis prêt pour le premier Grand Prix, j'ai hâte que ça commence. Certains pilotes ont des difficultés que j'ai connues il y a un mois et j'espère ne pas les connaitre pendant la saison. Ce n'est pas facile, c'est le MotoGP. Lorsqu'on perd une seconde, on peut passer de la troisième place à la quinzième place. Et quinzième, c'est dernier.
Avez-vous les moyens dimanche au Qatar d'aller chercher les trois pilotes de devant ?C'est mon but d'essayer de les inquiéter. Cette année, Honda nous a fourni un très bon matériel. J'ai eu l'occasion de suivre Rossi pendant les tests, le moteur marchait très bien. Lorsqu'on ne se fait pas déposer, qu'on ne prend pas 15km/h dans la ligne droite, ça change la vie. Au Qatar, j'étais vraiment bien, pas loin de Stoner et Rossi en configuration course. Il ne faut pas non plus s'enflammer. Je suis assez confiant et je n'ai jamais été aussi prêt pour une première course de la saison au niveau de la rapidité et de la constance en course. J'espère bien créer la surprise.
Pensez-vous avoir la possibilité de remporter cette saison votre première course dans la catégorie reine ?Je vais essayer, je fais mon maximum pour ça. C'est clair qu'une victoire en MotoGP ça serait beau. Maintenant, c'est beaucoup de travail. Il peut se passer énormément de choses pendant l'année. Il faut toujours être là, être présent. A Donington, l'année dernière, je ne suis pas passé loin de la victoire (ndlr : 3eme). Au Japon aussi, il y a trois ans. J'espère cette année faire un, voire des podiums et, pourquoi pas, être en mesure de gagner mon premier Grand Prix. Ce serait le top.
C'est votre cinquième saison en Grand Prix, avez-vous l'impression de repartir de zéro à chaque fois ?Non, je ne repars pas de zéro puisque tout ce que j'ai acquis durant les années précédentes, c'est là. L'objectif, c'est de continuer à m'améliorer, de progresser. Cette année, j'ai un bon package technique. J'en suis à ma troisième année avec ce team et tout est réuni pour faire une belle année.
Comment va votre cheville gauche, que vous vous êtes fracturé l'été dernier ?Ils m'ont retiré trois vis que j'avais dans la malléole interne et externe. Malheureusement, au mois de février, j'ai la gaine où le tendon passe, au niveau de l'extérieur de la cheville, qui a craqué. Donc mon tendon vient se mettre en appui sur la malléole et ça me bloque la cheville sur certains mouvements, notamment sur la moto. Je suis obligé de strapper ma cheville pour la bloquer ou de me faire opérer, mais là c'est huit semaines d'arrêt. Mais ça ne me gène pas pour rouler.
Que vous manque-t-il pour coller aux teams officiels ?Il en manque toujours un petit peu. Un team usine, c'est une quarantaine de personnes pour un pilote, moi je n'en ai que cinq. On essaye d'être le plus proche d'eux. Mon objectif, c'est d'essayer d'en battre le plus souvent possible pour décrocher une moto officielle l'année prochaine.
Existe-t-il des circuits où vous êtes plus à l'aise ?Oui. Au Qatar on va être bien, à Jerez aussi, où je fais quatrième l'an dernier. Le Mans, on devrait être pas mal, comme Barcelone et Brno. Des circuits assez rapides.
Que représente Valentino Rossi pour vous ? Sera-t-il encore imbattable cette saison ?C'est le meilleur pilote de moto de tous les temps ! Etre à ses cotés, c'est bien et ce n'est pas bien en même temps. C'est quelqu'un de rapide, qui analyse bien, intelligent. Il a tout. Ça fait 14 ans qu'il est en Grand Prix, il a 9 titres de champion du monde. C'est le « Monsieur » de la moto. Pour moi, c'est le favori encore cette année. Je mets Stoner deuxième et Lorenzo troisième.
L'année dernière, la crise économique a fait énormément de dégâts. Est-ce que ça va mieux de ce côté-là ?Non, ça ne va pas mieux. Moi, pour garder ma place, j'ai dû diviser mon salaire par deux. C'était ça ou je rentrais à la maison. En plus, c'était dans une période où je venais de faire un podium et où j'étais septième du championnat, premier pilote privé. Donc en faisant ma meilleure année en MotoGP, on me propose un contrat avec un salaire divisé par deux. J'aime tellement la moto. Je ne vais pas dire que je ne cours pas pour l'argent parce qu'on prend des risques, mais j'ai fais un effort là-dessus pour me relancer pour plus tard.
Combien d'années vous donnez-vous encore en moto ?Tant que j'ai envie, tant que les gens auront envies de moi, je serai là. Cinq ans minimum, suivant les blessures, je suis capable de les faire. Le jour où je sens que je ne progresserai plus, que je ne peux plus y arriver, j'arrêterai. La motivation est toujours là.