29-CHAPITRE TDF SC 1982
Le premier TDF SC de 1980 avait été une réussite et grâce aux informations que nous en avions tirées, nous avons modifié certaines choses !
Nous avions insufflé à cette épreuve une certaine idée de la course sur route, il était primordial d’en garder l’esprit intact. Dans un premier temps, nous avons réduit le nombre de kilomètres des étapes, par contre, nous avons gardé sur l’ensemble de la semaine le kilométrage total, soit chaque année 3500km à 4500km.
Nous voulions impérativement que ça reste un vrai tour de France, et pas un tour en France.
Pour cela, nous avons fractionné la semaine en cinq étapes, plutôt que trois.
Pourtant, ces étapes marathon de 1200 km me plaisaient bien, mais bon !! Au pire, fallait-il garder une étape marathon? Mais pas 3 !
Ceci a eu pour but de rendre l’épreuve plus humaine, et puis je pensais qu’il fallait augmenter la convivialité des étapes, car l’avenir du tour en dépendait.
De plus, pour les étapes, nous avions de la demande, car pas mal de villes nous demandaient de passer chez elles. Souvent grâce à des concurrents, soit spontanément.
Il y a eu une époque où j’avais des réservations d’étapes, que je reportais à deux ans plus tard, c’était l’opulence.
Les pilotes et passagers se connaissaient pratiquement tous, et nous avons pensé que plusieurs repas pris ensemble étaient favorables à une bonne ambiance ! Certaines troisièmes mi-temps furent très festives.
En plus, cinq étapes donnaient plus de possibilités aux Assistances ou aux équipages, pour mieux faire face aux réparations, et entretien de leur équipage ! Ça permettait ainsi à l’organisation d’amener plus d’attelages à l’étape finale de cette épreuve.
De ce côté-là, le TDF SC a toujours été très clair, nous voulions un maximum d’équipages à l’arrivée.
À chaque fois que nous l’avons pu, nous avons-nous-mêmes rapatrié pilotes et machines aux arrivées des étapes.
Un concurrent qui à la fin d’une étape ne pouvait pointer à l’heure idéale, était bien évidement hors classement pour celle-ci ; mais si il avait la possibilité de réparer ? (Que ça lui prenne un jour ou voir deux), si il était en mesure de pointer à son heure idéale au départ d’une étape suivante !, il pouvait toujours sans problème continuer la course.
Bien sûr, il était fortement handicapé au classement général, mais pouvait encore briller dans les étapes à venir, et espérer, pourquoi pas ?, gagner une étape.
Quand on voit les investissements faits pour s’engager dans une telle course, je n’aurais pas supporté qu’un concurrent soit obligé de rentrer chez lui dès le premier jour ! Là au moins, il retrouvait la course et ne rentrait pas bredouille et déçu.
Cependant, si l’équipe dirigeante : C LACOSTE- J ENNDEWELL et C KRAJKA n’avait pas l’intention de tout changer, nous avons quand même été rattrapés par les réglementations diverses, et surtout par les autorisations préfectorales qui nous étaient indispensables pour avoir ensuite la main levée de la FFM ! Sans compter les assurances, qui étaient bien d’accord pour nous couvrir, mais à condition que l’on adhère à un organisme reconnu par
eux seuls, et là, en l’occurrence, c’était la FFM.
Cela impliquait beaucoup de choses, entre autre l’obligation d’avoir un encadrement fédéral !
Un directeur de course - un commissaire technique et des commissaires de course pour délibérer en cas de litiges.
Cela obligeait l’organisation à s’étoffer de bénévoles supplémentaires, et donc d’avoir plus de véhicules pour les transporter. Il faut savoir que pratiquement tous les véhicules de l’organisation faisaient environ entre 3800 à 4800 Km dans la semaine.
Il fallait donc trouver le budget qui va avec.
Ceux qui n'ont jamais organisé une manifestation ne peuvent se douter de ce que ça engendre comme problèmes à résoudre !!
Sur les 6 derniers tours, nous étions une bonne cinquantaine dans l’organisation, ça allait du responsable de CH ou CP au directeur de course.
Nous étions organisés en équipes.
Sur la semaine du tour, le patron c’était moi (excusez les chevilles).
Même si il y avait un directeur de course (licencié)!, comme je connaissais par cœur ce que nous avions mis un an à organiser, les différents directeurs qui sont venus nous soutenir me faisaient une totale confiance (si ils lisent ces lignes ? j’en profite encore pour les remercier).
Par contre, connaissant mieux que moi la structure de la FFM, de temps à autres, gentiment, ils me recadraient, mais dans l’ensemble on travaillait en très bonne harmonie.
A leur contact, j’ai appris le métier de Directeur de course, examen que très vite j’ai passé pour assurer le poste légalement.
Ensuite il y avait l’équipe des étapes –
Celle-ci qui était chargée de se rendre d’une étape à l’autre et de vérifier que tout était en ordre pour recevoir les concurrents.
Ça, c’était le rôle de : Christian, Charly et Catherine, et dans les quatre deniers tours Serge, du MOTO CLUB DE VINCENNES, est venu renforcer l’équipe.
Avec le camion de Charles, ils transportaient tout le matériel de communication, dont un grand panneau en agglo qui arborait tous nos annonceurs : celui-ci était fait chez un peintre en lettre (et oui, en 1982, pas d’autocollant informatisé).
Dès leur arrivée, ils devaient aussi installer les banderoles publicitaires confiées par nos sponsors et annonceurs, ils se devaient aussi de trouver un endroit pour le bureau et les réunions avec le staff, pour débriefer, et briefer, et distribuer l’étape du lendemain aux commissaires responsables des CH.
Cette même équipe devait aussi baliser une aire de fin de course sécurisée, ainsi que le parc fermé ; tout cela bien sûr pour qu’il n’y ait pas de problème avec le public et installer un fléchage pour amener les concurrents facilement à cet endroit.
Le travail de Catherine était de contrôler que tous les couchages étaient bien opérationnels, entre autre qu’il y en avait bien le nombre prévu, car il nous est arrivé que les contacts de certaines étapes, n’aient pas pris en compte notre demande correctement et parfois à Catherine découvert qu’il manquait la moitié des couchages ! Et ça ! 5 heures avant que les concurrents n’arrivent.
J’ai même eu pire comme situation à gérer ! Un monsieur très connu dans le monde de la moto (son heure viendra, j’ai un compte à régler avec lui) nous a carrément claqué dans les pattes, et cela 5 jours avant le départ. La semaine avant le départ du tour j’avais reçu plusieurs appels qui nous sommaient de régler d’avance les couchages et les repas (SIC).
Alors que lors des tractations, nous avions eu l’assurance d’avoir la gratuité de ces deux postes.
A l’époque, tout se faisait en tapant dans la main et donc pas de contrat ! Et là, on s’est fait niquer.
Mais pire encore !! les établissements POLY FAY !! Chez qui nous devions aller juste avant l’étape de TULETTE ! (lui, je vais l’habiller de suite pour l’hiver ! comme ça ! ça sera fait) Dans la journée qui précède notre arrivée, ils nous informent que nous pouvons passer notre chemin, car ils n’accueilleront pas le TDF SC.
Explication : pour des raisons dont j’avoue ne pas me souvenir, l’attelage qu’ils avaient engagé n’avait pas été validé techniquement par les commissaires avant le départ, une grosse polémique s’était engagée, et avec seulement 24h de délais, ils nous ont informés qu’ils mettaient tout bonnement 170 personnes à la porte.
Heureusement que TULETTE n’était pas loin, et que Claude LAMBERT et le Maire de l’époque étaient des gens admirables, ils ont réussi à tout recaler pour cette nuit improvisée, et ils ont pu nous recevoir une nuit supplémentaire dans leur village.
Tulette était une étape exceptionnelle, car tous les membres du tour étaient accueillis chez l’habitant.
Même si, encore aujourd’hui, il est à plébisciter toutes ces villes et villages qui ont reçu le TDF SC pendant des années, il a été reconnu par toutes et tous que TULETTE aura été une étape mythique !! Un chapitre spécifique lui sera réservé.
Ensuite il y avait les hommes et femmes des CH.
Là, j’avais avec moi un chef d’équipe pour me seconder, car bien souvent après les briefings, pas tous n’avaient compris ce que j’avais dit ? Peut être que j’étais trop dans mon truc ??
C’était assez rock and roll, car on ne savait jamais à l’avance comment répartir les tâches.
Il fallait faire en fonction des effectifs, des types de véhicules et éventuellement des pannes de voitures ; rarement nous avons eu à traiter de grosses mésententes entre les gens, mais quand on est 7 à 10 heures sur la route, confiné dans une voiture, vous rajoutez à cela la fatigue, il pouvait y avoir quelques soucis ! Parfois, il a fallu que je fasse preuve d’autorité.
Un jour, LACOSTE a même été récupérer un de nos commissaires au commissariat d’Orange : il avait servi de conducteur pour une personne qui ne pouvait conduire, et visiblement ce dernier n’avait pas été à la hauteur de la situation, et le brave bénévole s’est un peu énervé après lui.
Et vous pourrez demander à Christian : quand il a été le chercher, ledit conducteur, au commissariat, il l’a retrouvé attaché menotté à un radiateur (véridique).
Faut dire que le gus avait pété un plomb, excédé par une semaine de mauvaise ambiance, et de plus, c’était un boxeur amateur de haut niveau. Valait mieux le neutraliser, pour qu’il ne fasse pas une bêtise.
Mais dans l’ensemble ça se passait bien, les commissaires (pour certains), se connaissaient déjà, et au départ du tour, les équipes se formaient souvent d’elles-mêmes.
Le travail que j’avais à faire chaque soir ! voire plutôt ‘’chaque nuit’’ ! c’était de répartir les commissaires sur les différents CH ou CP, et surtout organiser le ramassage de tout le monde ! La crainte : oublier un gars sur le bord de la route.
Pour exemple le CH 1 et 2 étaient déposés par le CH 3, et c’était le contrôleur qui donne le départ du CH 0 qui ramassait le CH 1 et 2 et filait à l’arrivée !
Le CH 3 lui récupérait le CH 4 et 5 parfois le 6 ????
Il nous fallait tenir compte de la dextérité du chauffeur, et de son type de voiture, et surtout de la géographie où se faisait la dépose, ou la récupération.
Comme cela, ça parait simple, mais je crois que j’étais un des seuls à arriver à faire la distribution et répartition des CH, car même mon second venait souvent me revoir pour que je lui réexplique
(Francky, je t’aime).
En ce qui me concerne, j’avais aussi à bord de mon véhicule, une pointeuse et mon rôle était de vérifier que tous les CH étaient bien en place à l’heure idéale, et au besoin, si ce n’était le cas, je le remplaçais en attendant qu’il arrive.
Je n’ose même pas vous dire à quelle vitesse je roulais à cette époque pour arriver à suivre la course, et même la précéder. Souvent j’étais obligé de m’arrêter pour régler certains problèmes, et ensuite il me fallait combler mon retard pour être sûr de ne rien louper.
J’ai souvent pu prendre des itinéraires plus roulant que le parcours des concurrents, mais parfois je ne pouvais faire autrement que de suivre le trajet idéal car il était le chemin le plus court.
Un jour, un concurrent que j’avais doublé en pleine spéciale, est venu à une étape voir les pneus de ma voiture. Et il a constaté que malgré les 300g de pression supplémentaire, le pneu était bouffé jusqu’au petit bonhomme MICHELIN.
Juste pour vous rendre compte (et TONTON HUBERT sait de quoi je parle), quand nous avons rendu les véhicules SEAT chez SONAUTO (qui à l’époque était l’importateur de cette marque), je me suis pris un soufflon par le responsable du parc auto, qui pensait que l’on avait soustrait les pneus neufs du départ, par des vieux riblons tout nazes ! En rendant la voiture je n’avais même pas fait attention qu'ils étaient raides ! Sinon j’aurais fait le nécessaire !!!
Devant cette situation ambiguë et gênante (car ce n’est pas le genre de la maison) j’ai immédiatement proposé que le MC BRIE paye 4 pneus neufs.
D’autant que c’était grâce à Hubert RIGAL si on avait pu avoir 8 véhicules pour le TDF SC, et que en plus de cela, la première nuit du tour, on s’est fait détruire un des véhicules sur un parking, véhicule qui a dû partir à la casse.
Pas facile la vie d’un organisateur