Je vais vous conter ce que je connais de l'histoire de cette
moto, évoquée dans ce topic aéro, mais aussi dans les découvertes d'Hubert et dans les châssis français ;
Merci au Boss de mettre les liens.
l'essai sur "appel de phare"
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]En 1977, Denis Bacholle, directeur commercial de Motobécane, souhaite promouvoir la Benelli 900 cc 6 cylindres face aux japonaises bien établies sur le marché.
Quoi de mieux que le Bol d'Or ? La base a bonne allure, mais le moteur est une multiplication du Honda 500 Four, avec une réalisation italienne.
l'histoire sur "appel de phare"
Philipp (sans e) Moch vient de battre une trentaine de record de France sur des side-cars de sa conception à moteur Kawasaki, d'inspiration automobile, avec Jacques Marchand comme singe. Son vrai métier est la plasturgie, on ne disait pas encore composites à l'époque. Son bras droit xx Michel était technicien supérieur mécanique et je pense avait conçu ces sides.
Très dynamique, Philipp réussit à obtenir le contrat de fabrication des carrosseries des toutes premières Renault F1 (RS1). Il venait de louer une grande ferme à Chavignon, près de Laon (02).
Je ne sais plus trop quand a été le top départ du programme Bol d'Or, au printemps je suppose.
Pour la conception de la
moto, Philipp demande à Hervé Guilpin, qui après avoir travaillé chez Ligier F1 était projeteur chez Renault Sport F1, et a été le responsable de la conception de châssis de plusieurs F1 (Renault puis Osella puis ATS puis Ligier).
Passionné de
moto comme moi (on est ami d'enfance), il me demande de concevoir la carrosserie, travaillant à l'époque comme ingénieur chez SERA, qui travaillait à l'époque sous la direction technique de Robert Choulet sur la conception aéro et le développement aérodynamique des Ligier F1 (à l'époque JS5 à bonnet phrygien, JS7 et JS9).
Passionné veut dire Travaux gratuits "after hours", heureusement Rockcollection de Voulzy rendait la route Paris Chavignon plus courte.
Un mulet est construit sur la base de la série, pour test du moteur je crois. En aucun cas un proto3 !
Philipp Moch a embauché un ingénieur débutant (Estaca ?) Alain Rageot pour développer le moteur, ce qui a eu lieu sur un banc maison, avec frein à disque, sur un monocylindre, dans la cour de la ferme. Conduit, taux de compression ont été modifiés, les ACT resteraient d'origine. Un gain de 20% de couple aurait été obtenu.
Pour la boite, je propose un ami Joanny Jaillet qui a dessiné et lancé en fab une boite à rapport racing.
Hervé a dessiné cette Benelli avec les techniques F1.
Comme le moteur est large (vous avez dit 6 ?), il doit être placé nécessairement haut, alors le châssis coque alu faisant réservoir d'essence est dessous. Moteur porteur évidement. Monobras pour changer vite les roues.
Les plans d'Hervé effectués à la planche à dessin ont été fabriqué par son ami Donald Foster, anglais bon teint, ex chef d'atelier chez Mc Laren puis Ligier F1 à Vichy, endroit ou Hervé l'a rencontré, qui s'est ensuite mis à son compte à Hauterive pour fabriquer sur plans châssis, suspension et porte roue sur mesure. Orfèvre hors pair !
La carrosserie a été bien sûr réalisée par MOC en kevlar, l'heure du carbone nétant pas encore arrivée.
Les échappements ont été réalisé chez Chabord en Savoie, et Yves Kerlo a fait quelques pièces, à lui de compléter
conception aerol'inspiration du dessin se trouve dans les travaux de la SERA sur les voitures du Mans, cf la première page de ce topic, les travaux de Peter Williams et les Triumph de Daytona ().
Pas le temps ni le budget de faire des essais aéro.
La grande largeur du bloc rendait assez évidente la solution de flancs très galbés "en goutte d'eau".
Prise d'air latérale NACA pour l'alimentation du moteur, radia d'huile dans le museau qui marchait très bien
Un des choix (contestable) est de passer le carénage sur le coté du guidon avec un lâcher de l’écoulement convergent en cohérence avec la rotation du bout des bracelets e arrière de l'axe de direction.
Définition aéro carénage, selle, réservoir, fait par moi-même sur un châssis moteur d'épave, avec un réseau tiges acier brasées pour assurer la continuité des courbes, ensuite rempli de plâtre par un artisan dont j'ai oublié le nom, savoyard je crois, qui travaillait aussi pour Renault F1 pour faire le master, puis moule puis pièces impeccables.
sur la pistela
moto a été finie quelques jours avant le Bol d'Or, je ne me souviens pas de séance d'essai avant !
un amateur de Benelli a scanné l'essai dans MJ
essai
Moto Journal avant
un autre article
Bon, j'ai retrouvé mon cahier conception et course !
Hervé Guilpin était responsable de l'exploitation d'une
moto, moi de l'autre, la n°24 de Baloche et Espié que je connaissait de la coupe Kawa quelques années avant. Mécaniciens Gérard Montel, Jean Paul Trinquoy et Daniel Fertil.
Pneus SB11, poids avec pilote 257 kg, 54% sur l'AR
Le bruit n'était pas génial avec les 6/6, soit 9m de spaghetti !
Les essais : la
moto était lente,
On prenait 8000 t en 5e en braquet 14/36 .
quelques réglages d'assiette, car la
moto frotte en virage
des freins (courses), d'amortissement
aucun défaut majeur, la
moto est saine.
Mais la
moto est lente, comme si on avait un moteur de série, où sont passés les chevaux gagnés ?
qualif environ 40ème
en course, pareil 34è à la 2è heure
Puis les ennui de fiabilité qui nous ont obligé à divers arrêts, rien de grave, juste l'absence de roulage
tout ça fini par un double abandon
les essais presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Moto-revue n°2339 du 10 nov 1977 (du boulot, Yves K !)
l'essai dans "appel de phare"
Je viens de relire mon cahier d'essai, je suis assez d'accord avec ce qui est écrit.
bilan :moto un peu lourde malgré le châssis à 7 kg, et peu puissante donc lente.
un essai récent avec des belles photos sur FATCLUB
Le programme devait continuer, Philip Moch m'a proposé un rôle plus central, mais j'ai décliné.
Et finalement il n'y a pas eu de suite.
Quatre petits commentaires : Philipp Moch a magnifiquement développé son entreprise, vendue un moment au groupe Finuchem et fabrique des composants en composites pour l'aéronautique, comme des couvercles de soute à bagages pour Airbus. Il conserve des hobbies (un violon en fibre de carbone) et s'est lancé dans la restauration des automobiles Voisin, parmi les plus élégantes de conception.
J'ai conduit une SEI de série dans la campagne chavignonaise avec simplement le 6/1, c'était l'opéra de Verdi ! magnifique
mais bien sages les chevaux.
@Hubert : l'aéro marchait-elle ? apparemment oui, Un essai involontaire a été fait au bol vu les interventions mécaniques :
sans les flancs du carénage non remonté par manque de temps, on perdait 500t, même si j'ai du mal à me contenter de cela (un ingénieur adore les chiffres...)
Aventure enrichissante (en expérience !), mais la différence sans le supplément de performance n'est pas mon truc : , des a-priori de conception pas nécessairement fondés (un peu comme la Elf), mais surtout programme trop ambitieux vis-à-vis du planning.
une conclusion : l'expérience est une longue suite d'erreur...