Le niveau sonore des machines posant de plus en plus de problèmes sur les circuits, je vous détaille la solution que j’ai expérimentée le week-end dernier à La Châtre.
Ma CB93 avec un arbre à cames racing, un taux de compression élevé, 12000tr/mn et deux mégaphones est franchement bruyante malgré sa faible cylindrée. Plus que la CB77 elle aussi en mégas, mais au moteur moins poussé.
Je voulais donc diminuer le bruit, mais sans modifier le comportement du moteur, en ne changeant l’esthétique qu’au minimum et sans faire de dégradations pour que la solution soit réversible afin de rouler comme avant sur les manifestations historiques qui n’imposent pas de limite de niveau sonore.
Pour diminuer le bruit, il faut détendre progressivement les gaz d’échappement, soit avec des chicanes qui créent des chambres successives dans les pots, soit avec des matériaux absorbants type laine de verre, de roche, de céramique, paille de fer… pour être le plus efficace il faut combiner les deux et du volume si on ne veut pas trop étouffer le moteur.
Je ne cherche pas à entrer dans le cercle vicieux qui abaisse un peu plus le niveau exigé chaque année sur certains circuits, juste à faire preuve de bonne volonté .
La solution absorption me semble la plus à même de ne pas étouffer le moteur, je décide de prolonger les coudes d’échappement à l’intérieur des mégaphones, par un tube perforé d’un diamètre un peu supérieur aux coudes et de remplir l’espace avec de la laine.
La situation de départ :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La question qui se pose est de savoir comment faire tenir ce tube dans le pot….sans faire de trous ni de soudures et que ce soit démontable.
L’idée est d’utiliser le contre cône pour bloquer le système en terminant le tube perforé par une sorte de grosse rondelle qui aurait la taille exacte du pot à son diamètre maxi et donc ne pourrait pas sortir par le diamètre réduit du contre cône. Comme cette pièce doit rentrer dans le pot pour installer le système, j’imagine de faire un tronc de cône en tôle avec les bords qui se chevauchent et qui pourra se resserrer pour passer l’entrée.
Un morceau de carton, un compas, et après essais de la maquette, on obtient ça que je découpe dans de la tôle de 0,8mm avec une petite cisaille.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Pour pouvoir le resserrer et l’écarter, un peu comme un diaphragme, je fais deux petits trous pour y passer une pince à circlip ouvrante ou fermante:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Présenté en place, ouvert au maxi, je trace le chevauchement des bords pour fabriquer un verrouillage dans cette position avec un écrou brasé sur l’extrémité interne et un trou pour une vis de 5 dans l’autre, ce que l’on voit sur la photo précédente.
Une fois dans cette position, le « bouchon » ne peut pas sortir du pot.
Pour éviter qu’il ne se mette en crabe, je décide de le braser au tube perforé, qui devra donc pouvoir lui aussi se resserrer et s’ouvrir, je le fabrique donc en tôle perforée avec un chevauchement suffisant des bords.
Pour la tôle perforée, j’ai pris ce qu’il y avait en stock chez le marchand de métal du coin, c’est du 1mm d’épais avec des trous de 2mm de diamètre. Si je dois en faire d’autres, je chercherai plutôt du 0,8, voire moins, avec des trous de 3mm.
L’intérêt sera un poids moindre (donc moins de contraintes sur les fixations avec les vibrations,
), une plus grande facilité pour l’ » ouvrir et le fermer » avec les pinces et une rigidité suffisante.
Découpe avec un disque fin d’après un gabarit en carton, ça ne déforme pas comme la cisaille, mais il y a d’ autres solutions si on est équipé, roulage à la main et au maillet sur un tube pour arriver au diamètre où il bute sur le coude en étant calé au fond du mégaphone.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ensuite, une brasure à l’extrémité pour le maintenir en forme, mais pas sur la longueur.
En présentant le cône sur le tube, on obtient ça: que je braserai en place avec le tube bien enfoncé et le cône bloqué en position ouverte avec la vis de 5.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Pour braser le cône sur le tube, je fais des points plutôt qu’un cordon pour favoriser la souplesse nécessaire au resserage.
Avant d’ enrouler la laine autour du tube, je fais des essais à vide en resserrant le tube avec un serflex jusqu’à ce que ça rentre et en bloquant la position avec un petit trou dans les deux couches du cône ou je mets une vis à bois en guise de verrouillage pour pouvoir déposer le serflex qui serait inaccessible une fois l’ensemble en place.
C’est peut-être plus clair en photo…
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ensuite, il faut emmailloter le tube de laine, ni trop, ni trop peu, la maintenir avec un petit fil de fer et enfiler l’ensemble en place.
S’il y en a trop et que ça force, ne pas insister, ressortir et en enlever. J’ai mis des chutes de laine de verre que j’avais sous la main, il existe des matériaux plus résistants genre laine de céramique, mais comme j’envisage de démonter fréquemment, ça fera l’affaire.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ensuite, retirer la vis à bois, écarter le cône avec la pince circlip ouvrante et visser la vis de 5:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les opérations de pose et dépose sont un peu laborieuses, et seraient sans doute facilitées avec un tube en tôle plus mince, engager en ligne la vis de verrouillage est plus facile si on supprime les premiers filets :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ensuite, du mastic souple en cartouche, noir de préférence, autour du cône et dans les perçages pour éviter les vibrations.
Bien entendu, ce genre de réalisation est sans doute trop léger pour un usage intensif, mais rien n’a bougé sur les deux machines équipées après cinq séries de roulage:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Pour ce qui est de l’efficacité, la différence est très nette à l’oreille, on avait amené un sonomètre….de chez Parkside ! Donc peut-être sujet à caution. Cet instrument avait indiqué plus de 110db à Moto Légende dans des conditions approximatives, on a fait les choses au mieux cette fois ci et relevé comme valeurs maxi sur la 93:
À 6000tr/mn: 92 db
À 9000tr/mn: 94 db
À 12000tr/mn: 98 db
Et contrairement à l’année dernière, les riverains ne se sont pas manifestés !
Question comportement moteur, à part que l’on entend plus de bruits mécaniques, j’ avais roulé la semaine précédente en mégaphones à Mornay et nous étions là à La Chatre, circuit que je connais très bien, avec les mêmes réglages moteur que précédemment. Le fonctionnement est peut-être un peu plus linéaire sans l’effet mégaphone à haut régime, mais la machine atteint le même régime aux mêmes endroits sans percevoir une baisse de performance, même chose pour la CB77 qui avait eu le même traitement.
En contrôlant les bougies, elles sont peut-être un peu plus sombres, on serait donc un peu plus riche ce qui voudrait dire que le moteur ne serait pas capable d’avaler tout à fait autant d’essence à carburation identique qu’en mégas ?
Dans le cas de nos deux machines, avec des pots droits et des volumes assez importants, la situation était idéale. Pour équiper des pots cintrés, il faudrait mettre le tube en forme, par suppression de secteurs, pliage et brasure en gardant la possibilité de resserrer sufisamment de longueur terminale. C’est ce que j’avais fait sur la twin, mais le contre cône démontable simplifie les choses.
La limite du truc, c’est un contre cône très petit et des pots peu volumineux.