Les
24 heures du Mans !
La dénomination a changé pour un plus anonyme « 24 heures Moto » mais la course reste mythique et fait encore rêver plusieurs générations.
Appellation, lieu, durée, niveau des concurrents, dernière épreuve du championnat ; en cette année 2012, tout était réuni pour, une fois de plus, écrire une intense histoire sur les tablettes de l’ACO.
Mais, au-delà de ces classiques et froids composants, ce qui fait la magie de cette épreuve, ce sont bien les aventures humaines poussées à leur paroxysme.
Il y a les aventures médiatisées, comme celles des hommes du SRC et du SERT, luttant avec moins d’écart au bout de vingt heures qu’en MotoGP au bout d’un tour, aventures suivies consciencieusement par tous les envoyés spéciaux et tous les objectifs des photographes.
Ce sont de belles aventures...
Mais aussi celles, plus anonymes, de chaque team ayant osé remplir la feuille d’inscription à cette impressionnante épreuve.
Cette année, Pit-Lane.Biz oblige, j’ai eu le privilège de pouvoir suivre trois de ces « histoires d’hommes » et il me semble la moindre des choses de vous en faire profiter comme je les ai vécues.
Alors que j’avais renoncé me rendre au Mans, préférant y déléguer Mickey et sa vigoureuse jeunesse à même de venir à bout de ces infernales 24 heures, je reçois un message d’Yves Kerlo, vendredi après-midi, m’informant que Martial Garcia avait un Pass Paddock pour moi…
Ni une, ni deux, j’expédie les affaires courantes, prépare mon matériel se résumant à un petit appareil photo, un duvet et un oreiller, puis décolle de chez moi à 6 heures du matin après une nuit blanche.
A 8 heures, j’arrive au pré-barrage de la porte Sud et j’appelle « TimK ».
Evidemment, vous ne connaissez pas vraiment « TimK »…
En fait, il s’appelle Cédric, travaille au Mans et officie bénévolement pour l’ACO.
Spontanément, il avait aidé Valentin (Debise) lors de la manche mancelle du SBK en lui fournissant un scooter pour se déplacer dans le paddock.
Un « simple passionné », donc, mais qui écrit la première ligne d'une longue liste de gestes humains qui ont émaillé ce week-end, en venant m’apporter un Pass Parking et une entrée générale.
Est-ce vraiment utile de dire que je l’en remercie ici?
Barrage de la Porte Sud franchi, véhicule stationné, j’appelle Martial pour récupérer mon sésame sans lequel rien n’est possible.
Il est en train de boire un café à l’hospitality du Yart.
Premier café et première rencontre avec un membre Pit-Lane pas encore prolixe; Christian Giglio, ancien pilote et mécano en 250cc, ancien dessinateur humoristique et actuellement Directeur Technique du Yart, m’agresse tout de suite ; « c’est infernal ton forum ! Si on commence, on n’arrive plus à s’en décoller! »
Christian Giglio et Martial Garcia
J'explique lâchement que ce n’est pas de ma faute, mais de celles de tous les autres, et surtout celle d’Yves Kerlo qui assure notre promotion à travers tous les paddocks de France et de Navarre…
Exemple de dessin réalisé par Christian; j'en ai beaucoup d'autres et on fera un sujet spécial quand il se décidera à écrire ici!
Malgré une proposition indirecte, je décide de ne pas vivre les 24 heures au Yart : même si je « sais me tenir » dans un box pour ne pas gêner le travail de chacun, le team joue dans la cour des grands et je n’y connais que trois personnes.
De plus, il faut bien l’avouer, je ne suis pas certain que la mentalité autrichienne soit ce qu'il y a de mieux pour vivre une intense aventure humaine…
Tiens, justement, à l’opposé de la hiérarchie, je vais rendre visite à la sympathique #113 inscrite par le concessionnaire Yamaha de Vitrolles, Moto Racing 113, alias Fabrice "VDV".
Sympathique car peu de moyens mais surtout car il s’agit du seul roadster engagé : ne faut-il pas être un peu « fada » pour aligner une moto sans carénage à une épreuve de 24 heures?
Détaillons un peu cette moto :
- Bras oscillant adapté sur mesure par MG Compétition, plus large, permettant les changements de roue rapides.
- Réservoir réalisé sur mesure par MG Compétition à partir de tôles de Yamaha R7.
- Moteur de R1 2008 stock avec suppression des coulisseaux d’admission.
Pilotée par Franck Tauziede, Mathieu Charpin et Cyril Carrillo, c’est ce dernier qui m’interpelle pour me confier qu’il est évidemment en manque de roulage et qu’il y a sans doute plus facile pour une première course de 24 heures...
Malgré l’excellente ambiance qui règne dans l’équipe (merci pour le Pastis dans le camion!), la course de la #113 sera tout sauf un long fleuve tranquille; durant l’après-midi estival, elle s’arrêtera deux fois en surchauffe jusqu'à 117°, sans doute à cause de son radiateur non caréné et sous-dimensionné pour un 1000cc.
Pas grand-chose à faire pour remédier au problème ; on vérifie les durites, on purge et on croise les doigts.
Cela ne suffit pas et à 19h30, à l’heure où les ombres semblent s’allonger à l’infini et le circuit commence à se remplir des fumées des baraques à frites, créant ainsi une atmosphère bien particulière que l’on ne retrouve que durant les courses de 24 heures, celle-ci devient particulièrement lourde dans le box de la #113; après un ravitaillement tout à fait normal, les partiels de la moto ne s’affichent plus sur les moniteurs du circuit alors que le speaker annonce un pilote marchant sur la piste et percuté par une autre moto.
Crise de larmes de l’amie de Cyril qui pilotait à ce moment, rapidement prise en charge par l’imposant chef-mécano, quelques longues minutes de tension extrême puis on voit enfin apparaître la Yamaha blanche et rouge à contre-sens dans la pit-lane.
Ouf !
La moto est montée sur la table, un coup de démarreur, une fumée bleue par l’échappement accompagnée d’une forte odeur d’huile brûlée avant un laconique « piston » lâché par Martial.
Qu’à cela n’y tienne, à Marseille, on n’est pas fait du bois de l’abandon et on se lance dans le changement des pistons.
A 20h12, le moteur est sorti du cadre...
Le speaker se déplace et interroge Martial sur la longueur prévue de l’intervention : « minimum 3 heures!»
Même les « anciens » du TT Legends, dans le box d’à côté, sont un peu incrédules mais admiratifs et ne cachant pas leur respect devant tant de détermination!
20h18...
20h29...
20h34...
23h01: on remet le moteur dans le cadre...
Finalement, la moto repartira à travers la nuit et franchira la ligne d’arrivée sans autres encombres supplémentaires qu'une petite chute sans gravité de Cyril et un tout droit de Franck, permettant à ses pilotes de monter sur la seconde marche du podium « Open ».
L’émotion et la récompense sont bien là, après tant de stress, d'efforts et de travail, remplaçant les larmes et la fatigue par des larmes de joie...
CR à suivre, avec d'autres aventures...