MotoGP : Comment revenir d'un Grand Prix à Misano sans parler de l'enfant du pays?
Impossible, d'autant que nous avons passé le week-end ensemble...
Bon, ok, il ne s'en est pas aperçu, mais moi, si!
Cela a commencé par son arrivée au karting le jeudi soir, en retard mais reposé et semblant étonnamment jeune par rapport au visage qu'il a après une course.
Tenue à ses couleurs impeccable jusqu'aux bottines (contrairement aux autres pilotes venus "en civil") tout le monde était là pour lui.
Les cris fusent, les photographes mitraillent.
Il ne peut se déplacer sans entraîner avec lui une horde de journalistes-photographes-fans.
Un garde du corps imposant, en tenue VR46, est toujours à portée immédiate.
Cela ne semble pas gêner Valentino; cela fait partie de sa vie publique...
Dès qu'il se tourne vers le public, la foule hurle son nom.
Il est là pour s'amuser, mais comme tout pilote, il se prend au jeu.
Sur la piste, il soigne ses trajectoires mais n'hésite pas à pousser ses adversaires s'il le peut.
Le regard est aux aguets, les trajectoires pures; il veut gagner, c'est indéniable.
Les essais terminés, encore casqué, il court jusqu'à l'unique moniteur de chronométrage pour voir combien il est.
Damned! Encore quatrième!
La course se passe et il finit encore 4.
Peu importe, on le convie au podium et les spectateurs exultent.
Après un spectacle de drift parfaitement maîtrisé par Miki Pianosi, Rossi redevient un enfant et veut essayer.
Il est impressionnant mais un ton largement en-dessous du professionnel de l'exercice.
Peu importe, il s'amuse.
La BMW dérape, mais fait également des têtes-à-queue.
Elle finira même par taper légèrement.
Rossi n'en a que faire, il roule, encore et encore, et s'amuse, sans aucune pression.
Le public commence à déserter à cause de la fumée des pneus qui gêne la respiration.
Il continue jusqu'à plus soif.
Comme un enfant...
Le lendemain, on le voit peu sur le circuit, ne sortant de son incroyable camper orné d'un immense numéro 46 (Adrien, si tu as une photo, j'ai oublié) presque uniquement pour aller en conférence de presse.
Après cet exercice obligatoire mais détendu, tous les journalistes essaient de lui arracher un mot, tous les photographes une photo; bousculade... zut, l'autofocus n'accroche pas sa cible.
Vendredi, les choses sérieuses commencent.
Durant un week-end de course, il y a la piste, bien sûr, et il y a le paddock.
S'il est facile de voir Valentino sur la première, son passage est attendu dans le second par des dizaines de fans qui font, en permanence, le pied de grue devant la barrière tendue entre les deux camions bleus Yamaha Factory Racing.
Ce week-end là, Valentino attaque dès le début des séances et, si le style est clairement moins spectaculaire que ceux de Lorenzo ou de Marquez, les chronos sont au rendez-vous, du moins assez pour que le champion soit visiblement satisfait de ses prestations.
Le wheeling est habituel, le coup de poing de satisfaction beaucoup moins...
Dans le paddock, l'Italien ne rechigne pas à signer quelques autographes (il a toujours un feutre sur lui!), ou à poser pour une photo (prise la plupart du temps avec un téléphone portable), toujours avec un sourire professionnel.
Il utilise néanmoins l'effet de surprise pour se déplacer au guidon de son scooter, ne partant et ne s'arrêtant que dans des zones interdites d'accès au public (sinon, ce serait l'émeute en quelques secondes).
On le voit, on crie son nom mais c'est déjà trop tard, il a disparu...
Dimanche, la Rossimania est à son apogée, et pas seulement dans la tribune réservée à ses fans; tout atour du circuit, dès que les écrans géants montrent Valentino, ne serait-ce que très furtivement, c'est une clameur mêlée aux cornes de brumes qui fait littéralement vibrer l'air; très impressionnant!
Je vous laisse imaginer ce qui s'est passé quand il a dépassé Marquez en course...
La suite, on la connaît: un problème sur le pneu avant, Marquez qui repasse, Valentino qui finit encore une fois quatrième.
Le public est déçu mais le public est fidèle; la piste se couvre de jaune, Vale débriefe avec ses techniciens puis vient saluer.
La piste restera jaune bien longtemps après que Vale ait quitté son box...
Le champion est certainement déçu de cette nouvelle quatrième place car, à domicile, il espérait sans doute faire mieux.
Personne ne connaît l'avenir mais une chose est certaine; si ses sourires et sa communication ne laissent rien au hasard, sa détermination à revenir au premier plan est tout autant inébranlable...