24 CHAPITRE HONDA essais side de route
Pour les raisons que vous devinez, à l’époque, pour HONDA France, j’étais un peu la référence en matière de side-car. J’avais donc été contacté par eux pour tester des motos de tourisme attelées à un side-car.
Le but de l’opération étant de faire subir des tests de contraintes aux ensembles, afin de les valider pour être homologués par les Mines.
Je me souviendrai toujours du premier essai, fait à Montlhéry sur le routier.
Honda avait attelé un 1000 GL K1 ou K2 (les tout premiers modeles à roues à rayons) à un side-car Précision.
Du side-car, ne restait qu'un plateau en acier, sur lequel ils avaient fait monter un groupe électrogène de 2000 watts, et un enregistreur à bandes.
Sur le cadre de la moto, étaient dispersés environ 90 capteurs (jauges de contrainte), qui permettaient d’enregistrer toutes les contraintes et déformations du cadre à différent endroits.
C’est la société le CETIM qui avait été chargée de ce montage, ces gens-là étaient spécialisés dans tous ce qui est flexion (ponts, viaducs, et divers…)
L‘ensemble était camionnesque, le tout pesait à vide 750 Kg.
Avec une fourche d’origine et un guidon d’origine, je ne vous dis pas ce que les bras ramassaient.
Le but était de faire le tour du routier sur le circuit de MONTLHERY le plus vite possible, pour que l’ensemble de l’attelage en prenne plein la gueule, mais le problème, c’est qu'il fallait reproduire pratiquement les efforts à l’identique sur tous les tours, car à chaque tour il fallait s’arrêter, décharger les données dans un ordinateur, et permuter 8 jauges par 8 jauges, car la bande enregistreuse ne pouvait capter que 8 secteurs de jauge. Hé oui, on était dans les année 70, les ordinateurs n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui.
Ok ! Il n’y en avait que 90, des jauges ? Et on aurait put croire qu’en 12 tours, l’affaire était bâclée !!
Pas du tout !! On y a passé 2 jours !!
Après cela, j’étais prêt pour le TT (des bras en BÉTON)
Petite anecdote.
Mon interlocuteur pour cette opération chez HONDA France, était Mr BUZONI ! Il avait en charge les homologations, et ce dernier m’avait prévenu qu'il passerait voir comment se déroulaient ces essais.
Dès son arrivée sur place!, une vague discussion démarre quant au déroulement des essais, et me voilà reparti, imperturbable, enchaîner tour après tour à DONF. Lors d’un déchargement et de changement de capteurs!, il me dit : « Je ferai bien un tour avec vous pour voir comment ça ce déroule sur le terrain. » Hiiiiii l’inconscient !!
D’un côté, je n’avais rien à lui prouver, mais de l’autre, les essais sont les essais, donc on va faire un tour en réel ! C’est-à-dire : GAZZZZZZZZ.
On lui trouve un casque, des gants, il monte derrière moi, et je lui dis de se caler entre l’enregistreur, qui est sur le side, et moi, pour éviter d’être éjecté.
On part bon train, je commençais à connaitre la piste et les trajectoires par cœur, et nous voila arrivés à la bosse de Couard, qui enchaîne sur la contre-courbe des Gendarmes (uniquement pour les connaisseurs)
Et c’est là que tout a commencé à mal tourner ! A la bosse de Couard, j’arrive a fond, comme mes tours précèdent, et là, ça décolle en tournant à droite.
Mr BUZONI s’est retrouvé en lévitation au-dessus de la selle, et comme j’ai enquillé en même temps dans le droite, au moment où il est retombé sur la selle!, cette dernière, traitresse, s’était déplacée sous ses fesses, et n’était plus du tout à la même place! Houuuuuuuuuuuuu, on n’est passé pas loin de la bavure.
De mon bras gauche, j’ai réussi à rattraper mon passager ! Par je ne sais où ? Tout en continuant à diriger le side d’un seul bras, le droit !! Comme on était deux à bord, et dans un droit!, le side commençait à lever dangereusement malgré l’enclume que l’on avait dans le panier, je parle du matos électronique qui valait 1000 milliards de $$$$, pas de Mr BUZONI ! Heureusement que derrière ce virage droit, on enchainait sur un gauche.
Comment j’ai fait pour rattraper Mr BUZONI ?, et en même temps, pousser sur le guidon pour que les 750 kg de ferraille arrivent à négocier le gauche qui suit ? je ne le sais pas encore !! Je pense que ce sont les reflexe dûs aux heures passées à bord de ces engins qui nous ont sauvé la mise.
Après avoir remis un peu d’ordre dans cette situation un peu désespérée, et le mot est faible, moi, imperturbable, j’ai fait comme si de rien n’était
Mais, Heuuuuuuuuuuuu, aujourd’hui, je me dis !!!!: Ouf, on n’est pas passé loin de la bavure, et sur ce coup là!, on va dire : avertissement sans frais.
Il eu été mal me connaitre que l’on soit rentré au pas, et j’ai continué à enquiller, mais 20% en dessous, en prenant bien soin de vérifier que mon passager était bien calé, de manière à ce qu’il ne descende pas avant la station ‘’les Deux Ponts’’ (vous ne trouverez pas cette station sur un plan de métro)
Bien plus tard fin année 1970, Mr BUZONI m’a demandé de faire d’autres essais, entre autre sur les premiers 750 Four F1, le modèle avec le pot 4 en 1.
Mais là, il m’a demandé de faire l’impossible ! Non pas que faire 25 000km me posait un problème, ce qui me posait un problème, c’était le temps imparti pour le faire, qui à l’époque était incompatible avec mon entreprise.
J’aurai été, comme aujourd’hui, à la retraite, je chargeais la tente, le réchaud à gaz, et je partais faire un tour de l’Europe.
En 1980, ça a été un peu la première idée que j’avais eue, mais comme dit ci-dessus, j’ai été obligé de revoir les ambitions à la baisse, et j’ai alors proposé à HONDA de faire un tour de France rapide en hiver, et de savater la bête au maximum.
La proposition fut acceptée, mais comme rien n’est simple!, je reçois quelque jour après un appel de chez SONAUTO qui me demande : si je suis disponible pour faire le même type d’essais sur un XS 1100 YAM !! hèèè les gars, j’ai que deux bras, on fait comment ?
Je contacte donc
- Luc PATRIN
- Samuel CHARAIRE passager de C DOUNIAUX
- Christian LACOSTE pour la logistique
Avec moi qui serai le patron de l’équipe, nous voila 4 types affutés, pour faire un truc hors du commun.
Comme dit ma femme :
« Joel a toujours une idée à la con, et ça, toutes les minutes ! »
Ou !
« Avec Joel, c’est minimum une aventure garantie par jour ! »
Même à mon âge.
Je propose donc à mes camarade de jeux de partir pour un raid de 4367 km, et dont le départ et l’arrivée sera DUNKERQUE/DUNKERQUE
Sans oublier l’allez et le retour Paris/DUNKERQUE-DUNKERQUE/Paris
On réunit le matériel
- 1 750 F1 HONDA fournit par HONDA
- 1 XS 1100 YAM fournit par SONAUTO
- 1 side car JEWELL prêté par JEWELL
- 1 side car JEWELL (le mien)
Je me fais toutes les attaches prototype afin d’atteler les ensemble, et nous voila prêts.
Pour moi, les deux souvenirs les plus marquants de cette folle aventure furent !:
• Le changement de paysage si rapide. Tu démarres dans le plat pays à DUNKERQUE à 6h du matin, et le soir tard, tu descend des montagnes dans le midi, et te retrouves dans les champs d’oliviers ! MAGIQUE comme sensation.
• Et l’autre souvenir : on faisait des quarts comme les marins, et quand t’avais refilé le guidon à ton collègue, tu t’enfilais dans ton duvet trempé, et là tu sombrais dans un sommeil profond.
Au bout d’un moment qui te semblait cinq minutes !, ton collègue te secouait comme un prunier pour te dire « C’est à toi » ?? « Comment ça : c’est à moi ? ça fait à peine 5 minutes que je dors », et lui de te répondre : « Pas du tout ! ça fait 4 heures que tu pionces ! »
Quand c’est sur l’autoroute, où il n’y a pas un virage, tu te dis c’est normal de ne pas avoir été perturbé dans ton sommeil.
Mais quand tu sais que c’était dans les Alpes ! tu te dis: le salopard ! il a enquillé comme un malade et moi, j’ai dormi comme une marmotte de montagne.
C’était vous dire la somme de fatigue que nous accumulions.
Pour la suite de l’histoire, je vous laisse lire l’article de Moto Journal de l’époque, qui a été fait sur le vif et donc plus explicite que ce que je pourrais vous narrer à ce jour.
Bonne lecture
Ps : Et pas d’inquiétude, je reviendrais sur le Tour de France side-car plus tard
A suivre . . .
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