- janpol84 a écrit:
A propos du twin Suzuki, le plus remarquable, c'est qu'il avait été conçu avec une boite à 36000 rapports, et qu'après avoir été ramené à 6 rapports pour être conforme au nouveau règlement, il a quand même connu le succès pendant pas mal de temps effectivement.
Le twin
Suzuki RT67 avait je crois une vitesse de trop, et en effet il devait en condamner une pour être encore licite post-69 (mais je ne sais plus s'il en avait 7 au lieu de 6 ou 6 au lieu de 5). Il me semble d'ailleurs que Otello Buscherini, dont le Malanca 125 n'était autre qu'un
Suzuki RT67, a été déclassé je ne sais plus où parce que sa boîte avait tous les rapports, et non le nombre légal...
J'avais cherché à une époque à retracer précisément le parcours des différents RT67 usine, mais ce n'est pas simple...
Un jour je chercherai si j'ai gardé des notes là-dessus.
Edit :Bon j'ai fait quelques recherches, et les versions sont assez divergentes.
Je vous livre ici une synthèse mais je continue les recherches et il se peut que je change d'avis...
En 67, les RT67 (numéro de série comprenant "R01"), dernière évolution des twins 125 apparus avec le RT60, sont pilotés par Stuart Graham, Yoshimi Katayama et Hans-Georg Anscheidt. Ils sont quasi identiques aux RT66, mais il semble que les 67 aient eu un cadre alu et non un cadre acier comme les 66, et ils sont équipés d'une pompe à eau (thermosyphon pour les RT66). Leur boîte contient 10 rapports (nés avec 7 rapports, les RT en ont eu de plus en plus, à mesure que la puissance augmentait au détriment de la plage d'utilisation), et le moteur développe environ 35 chevaux à 14.000 tours. Le peu de différences face aux RT66 s'explique par le fait que l'usine, constatant que le twin, à refroidissement liquide depuis le RT64A du GP du Japon 64, précurseur du RT65, ne peut lutter contre les Yamaha RA31-V4 et autres Honda RC149-5, a mis en chantier son propre V4, le RS67, dont la mise au point sera longue et qui n'apparaîtra en course que lors du dernier GP 1967, au Japon, où Stuart Graham finira 2ème et Mitsuo Itoh chutera.
Les RT67 remportent deux victoires, le GP d'Allemagne avec Yoshimi Katayama (après la chute des deux pilotes Yamaha) et le GP de Finlande avec Stuart Graham, mais les dix autres GP de l'année sont remportés par les Yamaha de Bill Ivy (8 victoires !) et Phil Read (2). La fiabilité des twins
Suzuki ne suffit pas, même si, lors du dernier GP au Japon, un certain Hideo Kanaya termine sur le podium entre le RS67 de Graham et le RT67 de Morishita.
Mais début 68,
Suzuki se retire, comme Honda, et c'est bien dommage car les derniers essais du V4 RS67 au banc donnent une puissance de 43,8 chevaux, en février 68. Deux pilotes sont déjà sous contrat pour 68 : Stuart Graham et Hans-Georg Anscheidt. L'usine leur confie deux motos chacun, une RT66 à cadre acier et une RT67 à cadre alu, dans les deux cas avec un moteur 67 et un stock de pièces, à charge pour eux d'organiser un team pour les faire courir.
En 1968, seul Hans-Georg Anscheidt dispute le championnat sur ses
Suzuki RT, n'obtenant qu'une 2ème et une 3ème place.
En fin de saison, il le vend (ou en vend un) à Dieter Braun, sans doute un RT66 à cadre acier, et certainement un à Cees van Dongen (le RT67 alu).
Parallèlement, Stuart Graham ne court qu'en Angleterre avec ses RT. Une source précise que Graham avait notamment un des derniers RT, avec un cadre à double berceau interrompu en alliage léger.
En 1969, Yamaha se retire à son tour de la compétition, et Dieter Braun et Cees van Dongen finissent 2è et 3è du championnat, sur les RT ex-Anscheidt car Graham fait encore quelques apparitions en course avec les siens, en Angleterre, avant de passer à l'automobile. van Dongen remporte le GP d'Espagne, le premier de la saison, et Dieter Braun le GP de l'Adriatique à Opatija, de haute lutte face au nouveau champion du Monde Dave Simmonds sur Kawasaki.
En 1970, Dieter Braun est champion sur son RT, un RT66 cadre acier, avec une boîte spécifique fabriquée par Michael Schneider, (car le nouveau règlement n'autorise que 6 vitesses) et un moteur sérieusement retravaillé par ses mécanos qui deviendront célèbres, Sepp Schlögl et Anton Mang. Braun remporte quatre victoires d'affilée et deux podiums qui lui assurent le titre, malgré les victoires de la Derbi de Nieto en fin de saison.
Aalt Toersen finit 7ème sur un RT, sans doute le RT67 ex-Anscheidt racheté à van Dongen, passé sur Yamaha.
A noter enfin une victoire pour la toute nouvelle Morbidelli confiée à Gilberto Parlotti, dont certains pensent qu'elle a été conçue et réalisée par Franco Ringhini sur le modèle d'une
Suzuki RT64 volée à Assen (voir post de Marc ci-dessus).
Toujours en 1970, Barry Sheene, qui a commencé sa carrière avec des Bultaco, achète les deux RT66 et 67 de Graham, et remporte le Championnat d'Angleterre avec. Il dispute ensuite le GP d'Espagne (le dernier de la saison) et termine 2ème derrière Nieto.
En 71, on retrouve en championnat du Monde deux pilotes engagés sur des RT : Barry Sheene, qui finira vice-champion du monde derrière Nieto (de justesse) en remportant trois victoires, et l'Autrichien Harald Bartol avec l'un des RT ex-Anscheidt (apparemment sur l'ex-Braun mais il est possible qu'il ait aussi racheté l'ex-Toersen), qui est parallèlement en route vers le premier de ses 7 titres de champion d'Autriche 125 (14 toutes cylindrées confondues)
En 72, Harald Bartol est toujours là avec son RT qu'il modifie considérablement au bénéfice de la performance mais au détriment de la fiabilité, mais pas les deux ex-Sheene ; l'un a été racheté par Malanca (fin 72 apparemment) et l'autre par la Scuderia Imperiali. Alberto Ieva sera 2ème du championnat d'Italie avec cette machine en 72, et Silvano Bertarelli marque des points sur un
Suzuki RT au GP d'Autriche, sans doute le même (les pilotes cités sur
Suzuki en 72-73 en Italie sont Ieva, Bertarelli, Di Giacinto et Massimiani.
En 73, Bartol est toujours là avec son RT, et arrive l'usine Malanca avec un 125 qui n'est autre que le RT ex-Sheene, revu et corrigé assez profondément par GianCarlo Librenti : allumage Motoplat, pistons italiens, carburateurs Dell'Orto de ø30. Quant à la boîte, elle reste la boîte 10 d'origine, mais dont les rapports 8 à 10 ont été supprimés ; en revanche, le pignon de 7ème doit être maintenu en place pour le bon fonctionnement de l'ensemble, mais une butée empêche de l'engager. Otello Buscherini remporte deux victoires et finit 6ème du championnat.
En 74, Buscherini finit 4ème du championnat sur son Malanca, malgré un déclassement en Yougoslavie, où l'Italien avait gagné : Nieto, en bagarre avec lui, affirme avoir compté les rapports passés par la Malanca et être arrivé à 7. Après vérification, la 7ème peut en effet être engagée... Difficile de croire à la perte fortuite de la butée condamnant la 7ème, vu avec quelle précision on fait le braquet sur une 125...
Bartol est toujours là aussi, et finit la saison 8ème avec son
Suzuki modifié sur lequel je ne trouve pour le moment aucune précision.
Enfin, PierPaolo Bianchi termine 3ème du GP d'Italie avec un Minarelli Bimm qui n'est autre lui aussi qu'un
Suzuki RT, sans doute celui avec lequel Ieva et Bertarelli roulaient en 72, puis Massimiani en 73, toujours en championnat d'Italie.
En 75, Bartol est à nouveau 8ème au championnat, et PierLuigi Conforti marque quelques points avec le Malanca. Cette fois les twins
Suzuki RT sont dépassés par les nouveaux twins Morbidelli dus à Jorg Möller (Pileri-Bianchi) et les Yamaha OW15 (Andersson-Kneubuhler-Gustafsson) officielles, et même par le Piovaticci (ex-Maïco usine) de Lazzarini et le AGV Condor (ex-Bridgestone) de van Kessel.
En 76, Buscherini finit sur le podium du premier GP de la saison (Autriche) avec le Malanca, puis il signe le record du tour au GP des Nations avant d'abandonner, mais ce sera le seul et dernier exploit des
Suzuki RT. Buscherini se tue lors de la course des 250cc et Malanca se retire de la compétition.
Voilà ce que j'ai pour le moment.
Il reste beaucoup de choses à éclaircir sur le parcours de ces
Suzuki RT, principalement le parcours exact de chacune des 4 motos confiées à Anscheidt et Graham début 68. J'y travaille, parce que c'est quand même exceptionnel qu'une moto datant pour l'essentiel de 1966 soit encore sur le podium en 1976...
Et bien entendu je réunis aussi l'iconographie seule capable de rendre ces récits digestes :)