[Endurance] 24 heures du Mans 2021

yves kerlo a écrit:

Donc je continue, le temps total d'arrêts des équipes sans gros soucis, moyenne basse, est autour de 50'.
La Metiss a passé 1heure 50' aux stands, soit une heure pleine en plus que les autres. Avec un temps moyen de 1'42" cette heure représente environ 35 tours, mais à ça il faut ajouter le temps perdu dans les chutes, le retour parfois à pied, soit au moins 5 tours.
Soyons indulgents, ils ont perdu au moins 40 tours.
Pour y regarder d'un peu plus près, il faudrait tous les temps au tour de l'équipe, pilote par pilote, les temps de sortie de stand ont parfois de grandes différences, il n'est pas facile d'attaquer franchement après une réparation... Bref avec une lampe de front et des vivres pour analyser tout ça.

Il n'est pas question de refaire le monde car en Endurance la règle c'est quand même d'être endurant, non?

C'est juste pour se faire une petite idée du potentiel sans gros "pâté", ce rapide calcul les aurait amené à une 11è place théorique.
Puisqu'on est dans la discussion de bistrot, cette 11è place théorique n'est pas non plus réaliste puisque bon nombre de très rapides ont abandonné.
Bon voilà, on a refait le match, enfin, une partie du match.
Je pense que pour la Metiss il faut plutôt retenir un réel progrès avec les chronos réalisé par Gabriel Pons, son premier relais qui le fait rentrer aux stand parmi les 10 premiers et avec les meilleures équipes Stock.
Et son dernier relais où il a fallut attaquer malgré la fatigue accumulée!
Dans les trucs intéressants , leur meilleur tour en course, 1'39"4, est effectué au 578è tour, soit au petit matin, ça veut dire que la moto est encore performante malgré tous leurs soucis.
Ils ne devaient pas être trop nombreux à rouler en dessous de 1'40" au lever du jour...
Il est aussi toujours intéressant de voir les relais des pilotes, à quel moment ils ont un coup de fatigue dans les chronos.
Au Mans la vitesse de pointe se prend dans la courbe Dunlop, là aussi la fatigue se voit, pas facile de rester "soudé" à cet endroit quand on accuse le coup en pleine nuit.
Quel que soit votre niveau chapeau messieurs!

panerai a écrit:

C'était déjà un grand classique de Michel (Robert) en pagaille des ruines que de faire aller tout droit ceux qui essayaient de le suivre aux freins, cette qualité des JBB est indiscutable, freiner fort et tard tout en pouvant changer de traj' "pendant"..

Puisque je vois que l'on est accoudé au zinc du comptoir, pour ma part ayant fait les 24H derrière mes écrans (chaines de retransmission, feuilles des temps ITS, live-timing...) c'est plus le TOP 5 qui était possible qu'un TOP10 ou encore moins un TOP15... "SI" le team avait eux autant de problème que la machine d'usine officielle Suzuki victorieuse.
Car vous semblez oublier l'essentiel. On ne roule pas aux tours dans les mêmes chronos et avec la même motivation quand on est au fin fond du classement au bout de 70' de course que quand on est constamment en bataille et dans le rythme de ceux avec qui on est (comme la sublime course des Sarthois de la #66, leader des SST à la 6e place scratch après 13h de course et toujours en bataille pour le leadership de la catégorie avant son problème mécanique à partir de la 18e heure de course).
Même dans une discussion de comptoir il faut avoir un minimum d'argumentaire et d'objectivité dans toute cette subjectivité de comptoir.
Etant donné que la MetisS c'était qualifié en 24e position (position finale à l'arrivée d'ailleurs) et que faute de mauvaise orientation de réglages lors de la Q2 (une des rares machines à ne pas avoir améliorée ses chronos en Q2, qui la fait passer de la 16e position provisoire en Q1 à la 24e position en Q2 juste derrière une certain #66 (classé 23e sur l'épi de départ) pour 1/10 de seconde en temps moyonné).
Certes je suis passionné mais je ne peux m'empêcher dans toutes mes approches d'étudier sérieusement les choses (sinon je ne serais jamais arrivé au bout de mon projet RenNa) en me donnant un maximum de matière et de moyen pour en sortir une synthèse. Ma passion est toujours dominée au final par la réflexion sous couvert de la raison pure (comprendra qui est kantien).
Donc pour moi, et vu le déclassement de la Boliger #8 la MetisS aurait très bien pu viser un TOP5 et un podium de SST et donc de DIT.
Je ne parle même par du meilleur temps en course du Team METISS au petit matin malgré son classement qui ne poussait pas à ce sursaut d'orgueil de la part de Ludovic Rizza (qui s'en voulait terriblement de sa chute de début de course qui a tué la visibilité de la MetisS durant toute l'épreuve) que j'appellerais de sa part plutôt avoir un sacré panache ! Donc même là ce n'est pas  le pilote le plus rapide de l'équipe qui a effectué le tour le plus rapide en course, c'est à dire Gabriel Pons, mais Ludovic Rizza qui découvre cette année la catégorie 1000cc et l'Endurance sur une course de 24H en plus !!!
Et que dire de Mathieu Charpin qui venait de découvrir la machine et qui a provoqué et piégé une fois de plus avec l'efficience du freinage de la MetisS et son entrée en courbe les plus grand pilotes comme S. Guintoli, mais je me rappelle également au Bol 2011 où le légendaire McGuiness c'était également fait piégé lors des essais et était ensuite venu voir dans le stand METISS cette machine redoutable au freinage qui avait un repère de freinage beaucoup trop loin pour sa machine du TT Légende.
Voilà ma conversation de comptoir objectivée et argumentée même si ce n'est qu'une histoire de comptoir malheureusement.

gi7 a écrit:

...sauf que là on nous a vu sortir le moteur et changer la culasse!

On vous aurait refilé des soupapes de M1 de l'année dernière?

gi7 a écrit:

...sauf que là on nous a vu sortir le moteur et changer la culasse!

Vous n'avez donc pas décroché les soupapes.. un ressort pété en revanche me semble bin possib'

...meuh non, y'avait plus d'air dans le rappel pneumatique!

Michel Picard, un proche de Dominique Meliand était présent au Mans ce week-end, il travaillait, entre autre, pour Autonews.

http://www.autonewsinfo.com/2021/06/14/un-peu-dhistoire-sur-lequipe-moto-dendurance-metiss-362772.html

gi7 a écrit:

...meuh non, y'avait plus d'air dans le rappel pneumatique!

Votre retrait vient que ce n' était pas réparable à cause des dégâts ou c' était trop long pour une remise en état correcte ou tout simplement le règlement interdisait cette intervention .

¨Pour ce qui est de l' essence de la Bolliger , tous les Teams connaissent ce problème de variation avec la temp donc à la réalisation du réservoir on ne passe pas à côté surtout que ce n' est pas une variation de quantité phénoménale en moins à prévoir à la construction , je ne classe pas ça dans triche mais négligence .

...il aurait fallu re resortir le moteur!
...et sur une intervention qui peut prendre une heure ou plus,
tu calcules si tu peux remonter dans les points et la décision d'arrêter
implique aussi les partenaires(ex: tu vas pas cramer des pneus
de développement à 1 million de dollars pour rien)..etc...

Pour le règlement tu peux tout changer sauf les carters!
Et concernant l'essence, c'est très facile de se faire piéger quand
tu optimises la capacité du réservoir à 23L99!

Merci Gi7 .

Est-il autorisé d’introduire un «  corps étranger »dans un réservoir un peu trop volumineux pour en réduire la capacité ?

Oui, on ajuste avec des boules en plastique résistantes à l'essence!
J'ai vu des teams mettre des petites bouteilles d'eau qui se percent...

Le problème de capacité du réservoir rejoint celui de la pression minimale des pneus,quand on cherche la limite,c’est la température qui fait basculer d’un côté ou de l’autre.

gi7 a écrit:

J'ai vu des teams mettre des petites bouteilles d'eau qui se percent...  

J’espère au moins que ces teams jouaient la gagne au moins de classe passke sinon.. ce serait génétique!

Bin oui, l'essence se dilate à chaud, et se contracte à froid, et c'est bien connu dans les paddocks :
il faut réchauffer les pneus et ... refroidir l'essence !

Et l'essence est aussi légèrement compressible.

C'est de la branlette que de chercher à gratter deux dés à coudre.. combat d'arrière garde

Quelques images de la 45... de Michel Picard
(Thomas, toi qui sur cette image est songeur devant ton écran, quand auras un instant, tu pourras peut être nous faire une petite analyse...?)

Merci à Michel Picard, article et photos; sympa (et à Yves)

Merci pour les photos .

RenNa : top 5 tu voyais carrément !!!
Je n'ai pas pris le temps de refaire mes "calculs"
-- et j'en reste donc à top 10 AVANT course --
mais je suis bien enclin à adhérer à tes conclusions

yves kerlo a écrit:

Quelques images de la 45... de Michel Picard
(Thomas, toi qui sur cette image est songeur devant ton écran, quand auras un instant, tu pourras peut être nous faire une petite analyse...?)

Et bien, Yves, je crois que je vais simplement relayer le très bon CR de Ponpon diffusé sur Facebook. Il est très complet.
A propos, nous avons tous beaucoup aimé la caricature que tu as posté. Merci!  

Et c'est parti pour le compte-rendu de ces 24 Heures Motos 2021 avec le Fan Team Metiss !
Avant de commencer, un merci spécial à mes deux supers coéquipiers Ludovic Rizza #89 et Mathieu Charpin avec qui j'ai passé une très belle semaine. Il y a eu une superbe complicité entre nous trois, ce qui n'a rendu notre aventure que plus belle. Merci les gars, et bravo pour vos belles prestations en piste !
Cette course avait une dimension toute particulière pour le Team MétisS qui a perdu cet hiver Jean-Bertrand Bruneau (JBB) le concepteur de la moto et la personne responsable de leur présence en FIM Endurance World Championship EWC avec leur sublime prototype. Pour l'occasion, le Team a été Rebaptisé MétisS-JBB et nous portions en hommage des couleurs spéciales, les mêmes que celles de la toute première moto JBB à moteur porteur engagée en Endurance (c'était en 1994 avec un moteur de 750 ZXR). Cela a rendu l'atmosphère au sein du Team assez particulière, et on a souvent entendu "Ah si JBB avait été là pour voir ça..."
Pour ma part, j'ai aussi trouvé ça triste vu que je connaissais bien JBB. J'ai roulé avec les motos MétisS depuis 2017 et de mémoire JBB était présent à chaque fois que j'ai pris le guidon, n'hésitant pas à venir du Mans jusqu'à Nogaro pour dormir dans un camion la nuit et se creuser la cervelle le jour pour développer sa création du haut de ses 70 ans passés (il en avait 73 en novembre 2020 quand il est décédé). La ligne d'arrivée franchie, j'ai versé quelques larmes derrière mon écran fumé quand j'ai pris du recul et que je me suis vu sur cette moto tricolore arborant fièrement l'inscription "Merci Jean-Bertrand".
Comme d'hab', le collectif Métissé (comme on s'amuse à l'appeler avec mes équipiers) a bossé d'arrache-pied et la moto a reçu de nombreuses évolutions depuis les derniers essais. Nouvelle cloche d'embrayage renforcée faite maison, nouveau triangle supérieur avant plus léger, nouvelle épure de suspension avant, nouveaux axes de roue en alu plus légers, nouveau bras oscillant, nouvel ensemble réservoir-selle... Pour passer les détails : la position des roues a été entièrement revue afin de modifier la répartition des masses et corriger les problèmes de grip qu'on avait à l'avant, le réservoir et la selle ont été avancés, la progressivité de l'épure de suspension avant a été corrigée (nous sommes passés d'une progressivité linéaire à un ensemble un peu anti-plongeant en fin de course) et ils ont encore gratté pour gagner du poids. Le tout en un temps record et petite précision, il n'y a dans cette équipe que des bénévoles.
Grande fierté pour le team mercredi lors de la pesée officielle des motos : 171kg en ordre de marche. Ils ont gagné 10kg cet hiver, et sincèrement c'est incroyable. A comparer avec la majeure partie de nos concurrents, tous au-delà des 180kg...
Les essais se sont bien passés malgré une grosse casse moteur mardi matin, distribution cassée. On a éprouvé quelques difficultés à mettre au point la nouvelle géométrie de train AV : impossible d'utiliser la course alors que l'on roulait très souple en ressort, la faute à défaut sur les biellettes de suspension qui induisaient un point dur géométrique à partir d'un certain enfoncement. On eu d'autre choix que de rouler comme ça en qualif jeudi, mais tout s'est malgré tout bien passé : on signe le 16e temps scratch sur les 49 équipages engagés avec de vraiment très bons chronos. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le team retourne "a l'usine", pour fabriquer de nouvelles biellettes d'amortisseur avant en vue de la deuxième qualif de vendredi matin. Malheureusement c'est raté : les nouvelles pièces n'ont fait qu'empirer le problème. Le train avant se verrouille très tôt dans sa course et la moto ne tourne plus ce qui ne nous permet pas d'améliorer. Dommage, nous sommes repoussés au 24e rang par nos concurrents qui ont tous profité des meilleures conditions de piste pour améliorer. Nous décidons pour la course de repartir sur la base de la qualif 1, pas idéal mais pas pire. On a collecté assez d'infos pour régler le problème après la course.
Samedi matin, c'est moi qui prend le départ de la course. Je fais un super relais dans des conditions difficiles car il fait une chaleur écrasante. Je remonte de la 24e place à la 11e avant les premiers arrêts ravitaillement. Au ravitaillement, l'équipe est hyper rapide et nous ressortons en 9e position. Malheureusement, mon équipier part lourdement à la faute au bout de 10 minutes de relais. Il se fait piéger par le combo réservoir plein + train avant verrouillé en fin de course, la moto est salement amochée elle a fait 4 tonneaux. Nous perdons 19 tours sur la tête dans l'opération, et nous retrouvons 45e. A partir de là la course n'a été qu'un long et pénible chemin de croix malgré le fait que nous étions régulièrement parmi les 10 plus rapides en piste. En vrac : embrayage cramé, chaîne cassée, fuite d'essence, problème électrique, problèmes de freins, deuxième grosse chute au petit matin... Au grès de tous ces aléas, nous remontons un peu et franchissons l'arrivée épuisés à la 24e position. Un exploit au vu de tout ce qui nous est arrivé.
Je suis très déçu pour l'ensemble de l'équipe qui ne méritait pas ce déroulement sachant que nous avions le rythme pour un top-10. On est allés au bout à la mémoire de JBB car c'était la moindre des choses que l'on puisse faire. L'endurance c'est vraiment cruel, surtout pour une équipe aussi dévouée. Le Team MétisS déplace littéralement des montagnes avec des moyens (financiers) ridicules et n'ont vraiment pas été récompensés ni en 2020, ni cette année. A ajouter à cela la perte de JBB cet hiver, je suis vraiment triste pour eux aujourd'hui.
Eux n'en ont eu que faire, à 14h30 ils avaient tout rangé et chargé et étaient déjà en direction de "l'usine" pour décharger, ranger et attaquer la conception de la géométrie du futur train avant. Après 15 saisons passées en endurance, je ne sais pas comment ils gardent une telle motivation. A l'arrivée, ils étaient heureux des performances de leur bébé qu'ils fabriquent entièrement de leurs mains, et pensent déjà à toutes les améliorations qu'ils vont pouvoir faire en vue du Bol d'Or... Exemplaire de volonté et d'abnégation !
Merci a tous pour vos nombreux messages d'encouragements, merci à mes partenaires, ma famille, mes amis et à très bientôt pour la suite des aventures !
Crédit pour la chouette caricature jointe : Moteurs Graphiques
ITeM 17 - Innovation Technique Moto Nolan France (Officiel) Vidal Sport - Combinaisons de moto sur-mesure et équipements Circuit Paul Armagnac de Nogaro



Je rajoute juste un mot au sujet du moteur cassé le mardi: Ce moteur avait dans les bielles la course des 24h de l'an dernier, ainsi que tous les essais hivernaux. Il était prévu qu'il fasse également toutes les séances d'essais et qualifications de la semaine des 24h. Il aurait été ensuite révisé pour redevenir le moteur de course du bol d'or. Le moteur de course des 24h passés devenant à son tour, le moteur des essais et qualif du prochain bol.
Il n'y a pas de lien, à priori, avec le montage moteur porteur.

Quant à la photo devant mon ordinateur: Exceptionnellement cette année nous avions embarqué l'acquisition de données durant la course. Le but était de suivre l'évolution du capteur de vibrations installé au guidon gauche. Du reste, on a trouvé ça tellement pratique pour diagnostiquer d'autres problèmes que nous allons probablement l'adopter systématiquement...

Merci pour ce compte-rendu de l'intérieur, très intéressant.

Merci pour ce compte-rendu de course, qui permet de se rendre un peu mieux compte des difficultés rencontrées durant la semaine et la course.

Gabriel Pons n'a pas qu'un bon pilotage, il écrit bien également. Bravo.

Et encore une fois un grand respect pour toute l'équipe MetisS et ses réalisations

Curieux ce problème de cinématique du train AV qui verrouille très tôt ( bloque la course utile de compression je suppose), depuis le temps que des JBB tournent, comment ce fesse?
Dan:lol!:

Merci,nul doute que vous réglerez ce petit problème de train avant (un effet collatéral des modif de cet hiver?)et que vous pourrez vous concentrer sur la mise au point. J’admire la ténacité qu’il faut à une petite équipe pour se lancer dans des modifications,comme celle de l’équilibre avant arrière,avec tout ce que ça nécessite de travail de mise au point derrière pour pouvoir espérer tirer un avantage de ce changement. La compétition est à ce prix! Encore bravo.
Par curiosité,si c’est pas indiscret,qu’est ce qui a lâché dans la distrib ?

Extra! Merci!

Merci pour le compte rendu, belle histoire, toute cette expérience va payer un jour, on sait déjà que ça marche, c'est du concret ce ne sont plus des hypothèses .