Bon, je me suis intéressé au circuit de Valence...
Si vous voyez des erreurs, n'hésitez pas !
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Le circuit Ricardo Tormo à Cheste, à 20 kilomètres de Valence, est devenu de fait l'épreuve clôturant les saisons de Grands Prix MotoGP. Cela n'a pas toujours été le cas...
L'histoire de ce lieu incontournable remonte très indirectement à l'année 1952, quand Ricardo Tormo naît à proximité de Xàtiva, dans la province de Valence. A l'époque, des courses de motos urbaines y sont fréquemment organisées dans les rues, comme dans les villes environnantes que sont Cullera, Alcira, Guadassuar ou Gandia.
Le jeune homme attrape donc rapidement le virus, quitte l'école dès qu'il peut pour travailler dans l'atelier de son oncle et contrefait la signature de ses parents pour obtenir la licence nationale qui lui permet de courir en tant que pilote du Moto Club de Xàtiva. En 1970, il s'inscrit en cachette à une course à Cullera avec un Derbi à 5 vitesses. Il y termine deuxième, mais son père entend cela à la radio et sa première expérience s'arrête là.
Deux ans plus tard, cette fois majeur et avec l'accord de son père, il débute véritablement la compétition en remportant six épreuves urbaines locales, toujours dans la province de Valence. Certes, les tracés sont rudimentaires, souvent composés de rues à angle droit à peine protégées par quelques bottes de paille, mais des pilotes aussi célèbres qu'Angel Nieto ou Benjamin Grau viennent y chercher les primes de départ...
Ces succès locaux permettent à Ricardo Tormo de participer en 1973 au championnat d'Espagne, qu'il termine en 4e position, puis de s'inscrire au Grand Prix à Jarama qui clôture alors la saison des Grands Prix. Il y termine 10e à un tour sur une Derbi et marque son premier point, dans une course où le troisième concède plus d'une minute aux pilotes officiels Kreidler, Jan De Vries et Bruno Kneubühler !
A titre anecdotique, ce dernier termine 2e le même jour en 50cc, 250cc et 500cc : autre temps, autres mœurs ! Mais revenons à Ricardo Tormo : sa carrière est lancée et il termine du championnat 50cc en 1974 avec une Derbi privée, avant de devenir pilote officiel Bultaco en 1976, avec également une 3e place au classement général.
Imbattable sous la pluie, le Valencien obtient son premier titre 1978 en remportant cinq des sept courses. Hé non, les 50cc ne sont pas au programme de tous les Grands Prix...
En 1979, Bultaco connaît des difficultés commerciales et arrête sa production. Le service course s'arrête également et Ricardo Tormo conclut le championnat en 17e position.
L'année suivante, la RFME (Fédération espagnole) loue le Kreidler van Veen pour Ricardo Tormo en 1980. Il remporte une course et termine 4e du championnat.
En 1981, il ressort ses « vieux » Bultaco d'usine avec son ancien mécanicien Ángel Carmona, et avec le parrainage de Motul et toujours avec le soutien de la Fédération Espagnole réalise l'impossible et remporte un nouveau titre mondial en 50cc !
A partir de là, les choses vont un peu se compliquer. Le Bultaco est dépassé en 1982 et le Valencien n'obtient qu'un podium en 50cc. Il est aussi pilote officiel Sanvenero en 125cc et termine 5e du championnat.
En 1983, “Ricardet” utilise une Garelli semi-privée et remporte à Imola le dernier Grand Prix des « tasses à café », la catégorie passant à 80cc l'année suivante.
1984 doit être l'année du renouveau, en tant que pilote officiel Derbi aux côtés de Aspar. Hélas, Ricardo Tormo se blesse gravement à la jambe gauche lors d'un entraînement dans la zone industrielle de Martorellas (Barcelone), ce qui arrêtera net sa carrière de pilote.
Dès lors, l'homme devenu team manager de l'équipe officielle Derbi n'aura de cesse d’œuvrer pour la construction d'un circuit permanent dans sa région, à Valence, où Jorge Martínez « Aspar » et la Fédération de motocyclisme locale sont très favorables à l'idée d'avoir un circuit de vitesse dans la Communauté valencienne, en égard à son passé plutôt folklorique. L'idée date de 1973 …
Trois municipalités, Guadasuar, Cullera (très motivée de par la présence du président du Moto Club de Cullera, Salvador Gascón, qui est en même temps président de la société valencienne de motocyclisme et de l'entreprise qui promeut ledit projet) et Sagunto, proposent des terrains gratuits. Après moult débats et négociations, c'est finalement Cheste, moins touristique et à proximité immédiate de Valence et de son aéroport ainsi que de l'axe Valence-Madrid, qui est choisie dans les années 88-89 pour accueillir le circuit, dans une zone de riches terres irriguées pour l'agriculture appelée "Cambrillas", composée d'une ferme d'environ 300 ha appartenant à la Generalitat. Cela suscitera néanmoins une manifestation des agriculteurs le jour de l'exposition du projet à la Casa de la Cultura de Cheste, ces derniers craignant des retombées négatives pour leurs activités.
Ricaro Tormo est alors nommé conseiller technique du projet.
La première pierre est posée le 18 octobre 1989 en présence de Jorge Martínez « Aspar », Julian Miralles et Javier Debon, champion d'Europe 125cc, et c'est quasiment tout !
Les travaux n'avancent presque pas, d'une part en raison de la crise économique qui ne permet pas de payer toutes les expropriations et fait passer la construction du circuit au second plan, mais aussi de la découverte de deux villas romaines sur le terrain sur lequel le circuit de vitesse devait être construit.
L'une d'elles a été fouillée et ses vestiges, dont une pierre tombale, ont trouvé leur destination au siège de l'Institut d'études régionales de Buñol, tandis que l'autre, très endommagée, a été laissée telle quelle à l'endroit où elle se trouvait. Elle est aujourd'hui matérialisée par un olivier, à côté d'un virage.
Les années passent et la construction stagne. Les motards locaux se réunissent tous les dimanches pour manifester et réclamer la reprise des travaux, mais il faut attendre l'arrivée du nouveau gouvernement, en 1996, pour que toutes les terres soient finalement expropriées de manière financièrement convenables.
Jorge Martínez « Aspar » s'impatiente : « on ne peut pas comprendre qu'une communauté comme Valence qui a des pilotes aux avant-postes du Championnat du Monde depuis 25 ans n'ait pas de circuit. Vous savez quoi? Il y a cinq ans, 60% des pilotes des grilles de départ des circuits nationaux étaient valenciens. Aujourd'hui, ils sont à peine cinq. Le gouvernement actuel de la Generalitat, que contrôle le Parti populaire, l'a compris et dirige un circuit qui fera, par sa conception et sa structure, l'envie du monde. »
Mais la construction du circuit continue à être lente jusqu'en 1998, soit 10 ans après la décision de construire, où les choses s'animent de façon quasi frénétique. Le circuit Ricardo Tormo de la Communauté de Valence sera en effet finalement construit dans une période de moins d'un an, de jour comme de nuit, de fin 1998 à 1999 !
Hélas, atteint d'une leucémie, Ricardo Tormo ne verra jamais « son » circuit terminé. Il décède le 27 décembre 1998.
Le circuit Ricardo Tormo est inauguré le 19 septembre 1999 par le roi Juan Carlos Ier lors du premier Grand Prix. Ceux qui l'avaient vu courir disaient que Ricardo Tormo était un grand pilote sur le sec mais qu'il était invincible sur le mouillé. Ce jour-là, après une semaine ensoleillée, il s'est mis à pleuvoir. On a dit que "c'étaient les larmes de Ricardo qui n'avait pas pu assister au premier Grand Prix sur un circuit pour lequel il s'était tant battu".
Régis Laconi a gagné la course en 500cc, dernier Français à avoir remporté la catégorie avant un certain Fabio Quartararo...