A propos d'une sentence arbitrale rendue le 20 mai 2010 entre la Société de l'agent Doug Gonda, Protac Inc, et la société de Ben Spies, Speez Racing LLC.Ben Spies est managé depuis le début de sa carrière par ... sa maman.
Les Spies ont créé une société à responsabilité limitée pour les activités professionnelles du petit Ben, société dénommée Speez Racing LLC.
Quand les Spies ont commencé à vouloir poursuivre la carrière de Ben en dehors des USA, ils ont conclu un contrat d'agent avec Doug Gonda et sa société, Protac Inc.
Doug et les Spies et Kevin Schwantz ont travaillé dur pour essayer d'imposer Ben en MotoGP chez Suzuki, choix logique puisque les trois titres AMA superbike consécutifs de Ben Spies avaient été conquis sur Suzuki.
Mais ça ne s'est pas fait, et Spies a trouvé un accord avec Yamaha, consistant à passer un an de purgatoire en superbikes le temps de lui faire une place en MotoGP.
Comme vous le savez tous, ce purgatoire s'est avéré un formidable tremplin pour Spies, qui a sidéré tout le monde en imposant sa Yamaha R1 pour le titre d'emblée, tout en découvrant les circuits, les pneus, la moto et ses adversaires... Et puis Yamaha a respecté ses engagements et donné à Spies une place de choix, aux côtés de son compatriote Texan Colin Edwards II, a priori la meilleure place possible pour faire son apprentissage des GP...
Seulement voilà, derrière cette histoire idyllique, avec Ben Spies dans le rôle du héros parfait, il y a des choses beaucoup moins glamour, et notamment le fait que les Spies ont résilié le contrat avec Doug Gonda, sans lui payer grand'chose...
Comme ce contrat comportait une clause d'arbitrage, Protac Inc a attaqué Speez Racing et Ben Spies, pour rupture abusive de contrat et non paiement de la commission de 15% due à Protac sur des contrats conclus pour Spies par Gonda.
Les arbitres ont donc rendu leur décision le 20 mai, et elle est sévère pour Spies : Speez Racing et Ben Spies personnellement vont devoir payer 1.900.000 US$ à Protac Inc pour résiliation abusive de contrat, plus les frais d'arbitrage.
Les arbitres constatent qu'au lieu de payer, Mary Spies a notifié à Protac la rupture du contrat pour des manquements de Protac, sans aucune précision quant auxdits manquements.
Speez Racing et Ben Spies ont fait plaider que Gonda n'avait pas rempli sa mission en ne trouvant pas de guidon en MotoGP pour Spies, et qu'il n'avait droit à aucune commission puisque les contrats n'étaient que des prolongations d'accords conclus précédemment. Speez Racing ajoute que Protac coordonnait mal la logistique internationale pour Ben Spies, et qu'il y avait eu des problèmes à l'occasion de trois courses disputées outre Atlantique par Spies, avant rupture du contrat.
La décision des arbitres, qui est définitive, c'est à dire qu'on ne peut pas en faire appel, est sévère :
"... les arbitres considèrent que le contrat a été rompu sans justification, faute de tout manquement substantiel. Dès lors, la rupture du contrat par Speez Racing est fautive." Pire encore, les arbitres ajoutent avoir trouvé dans le dossier "de nombreuses preuves d'une propension de Spies/Speez Racing à conclure des contrats avec des tiers, puis à les remettre en cause en raison de prétextes juridiques connus de Spies/Speez Racing lors de la signature du contrat. Ces faits corroborent le constat d'un modus operandi de mauvaise foi utilisé par Spies/Speez Racing consistant à exploiter des tiers en signant des contrats et en obtenant des services de ce fait, sans intention de les payer."
Les arbitres ont également considéré que, contrairement aux allégations des avocats des Spies, Ben Spies n'est pas un employé de Speez Racing. Il a été jugé personnellement responsable des activités commerciales de Speez Racing. Ben Spies n'avait pas de salaire de Speez Racing, il mélangeait les fonds de cette dernière avec les siens et, plus généralement, "il n'a pas conservé les actifs de la société séparés des siens".
Pendant l'instruction de l'affaire, Ben Spies "a refusé de répondre aux questions des arbitres concernant ses relations financières avec Speez Racing, ou a prétendu ne pas savoir ou ne pas se souvenir de ces questions, ce que les arbitres ne considèrent pas crédible".
Selon le témoignage de Mary Spies, confirmé par les documents soumis aux arbitres pendant les audiences qui se sont tenues les 20, 21 et 22 janvier à Los Angeles, Mary Spies détient 51% du capital de Speez Racing, Ben 48% et sa soeur Lisa 1%. Mary Spies a déclaré avoir un pouvoir de représenter Ben Spies, et gérer toutes ses affaires et tout son argent.
Ben Spies a déclaré de son côté avoir découvert que sa mère détenait la majorité des parts de Speez Racing LLC, et contrôlait la société, lors de la procédure arbitrale.
Comme le contrat entre Protac et Speez Racing portait sur 2009-2010-2011, les arbitres ont alloué à Protac 15% de l'ensemble des revenus professionnels de Ben Spies liés à la course en 2009, plus 15% d'une estimation de ses gains 2010-2011.
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