Le sujet de l'avenir des courses d'endurance peut s'aborder selon au moins deux points de vue : il y a le point de vue des teams et celui des spectateurs.
Celui des teams :Le problème vient de la particularité des courses d'endurance qui mêlent équipes d'usines (ou mandatées par les usines), équipes pro ou semi-pro et équipes 100% amateur. Sans ces 3 types de teams, il n'y a pas de courses faute de réunir un plateau de 45 motos au minimum.
Comment satisfaire ces 3 types de teams en leur permettant de de se battre en "intra-type" tout en rendant possible une surprise presque miraculeuse?
La durée de 24 heures est devenue mythique et permet à tous de poser la difficulté mécanique et humaine de l'épreuve. C'est aujourd'hui un bon compromis à bien des égards.
Sur le plan mécanique, les motos actuelles de série et le règlement moteur proche du stock (y compris pour les EWC même si il sont un peu plus poussés) tiennent bien la distance tout en ménageant un suspens car cela n'est pas garantie. De cette façon, on peut dire qu'il y en a pour toutes les bourses et pour toutes les compétences en matière de préparation et de dextérité dans les stands tout en préservant le devenu sacro-saint niveau de sécurité sur la piste et dans les stands.
Sur le plan humain aussi car on peut tenir 24 heures dans les stands sans être un spécialiste du trekking extrême mais cela reste difficile quand même et donne encore plus d'intérêt pour les participants non pilotes auxquels on ne pense pas assez mais réunir pendant 5 jours une quinzaine de personnes n'est pas aisé et leur "donner" un petit exploit à accomplir n'est pas négligeable pour leur motivation à participer. Quant aux pilotes, leur nombre est un point clé. C'est un point clé car si les motos actuelles sont devenues fiables et qu'il n'est pas utile de rouler le stéthoscope coller aux oreilles en permanence, elles sont aussi devenues plus physiques qu'avant (200 cv même en stock qui permettent des vitesses très élevées qui engendrent des freinages très physiques, des accélérations qui obligent à pousser sur les jambes et tenir fermement le guidon à chaque sortie de virage, des pneus qui permettent des angles très fermés qui multiplient les efforts de déclenchements, de mises sur l'angle, de relevé d'angles et de changements d'angles qui sont devenus légion sur les circuits dits modernes où les chicanes y sont plus en plus grand nombre que les spectateurs...). Tout ceci fait que si des pilotes pros peuvent tenir 24 heures à deux, je ne suis pas certain que ceux des teams du troisième type (50% du plateau) tiennent cadence et sécurité.
Le nombre de pilotes est clé aussi car ils sont des apporteurs importants de budget aux teams du deuxième et surtout du troisième type. 2 pilotes et les budgets seraient trop justes, 3 c'est déjà bien mieux, 4 ce serait encore mieux. Je n'ai pas La réponse mais je pense qu'autoriser 4 pilotes pour les teams du troisième type permettrait d'avoir plus de teams engagés en cette période de crise quitte à faire un classement séparé. Le succès des 24 heures de Barcelone (hors championnat) est en grande partie du à cette possibilité de courir à 3 ou 4 pilotes. Bien sûr, la question de la légitimité d'une telle possibilité pour un championnat du monde se pose, mais elle se pose aussi si il y a peu d'engagés.
Celui des spectateurs :On constate une désaffection progressive des spectateurs aux 24 heures du Mans et au Bol d'Or. Des raisons sont bien connues (prix des entrées et des victuailles, guet-apens policier en sortie de circuit, "beuveries" qui rebutent les familles...) et il y en a sûrement d'autres. Je ne sais pas leur importance relative mais force est de constater ce déclin du nombre des spectateurs malgré les efforts des organisateurs (fêtes foraines, concerts, village, animations autour des "runs"...).
Je pense qu'il y a aussi une confrontation des anciens et des modernes. L'âge du public augmente et pourtant bien des jeunes sont intéressés par les courses moto dont les courses d'endurance malgré ce qu'on entend ou lit sur "la jeunesse" n'aime plus la moto. Seulement, ces jeunes ont des façons de vivre les événements différentes, nouvelles. Ils sont habitués à l'info minute, à l'image instantanée, au partage temps réel d'information toutes ces choses que les moins jeunes (élevés aux MJ ou MR qu'il fallait attendre 4 jours pour voir les photos du Bol, à la radio à minuit pour avoir le classement intermédiaire, et où l'informatique se réduisait à HAL dans 2001 Odyssée de l'Espace*) découvrent comme un plus aujourd'hui mais pas comme l'essence d'un mode de vie. Cette différence est énorme!
Mais alors si mon raisonnement sur ce point est juste, que faire? Comment mettre de l'instantané, de l'image, de l'animation temps réel et partagée et le tout disponible pour des spectateurs in situ et non affalés sur un canapé devant internet comme je le suis à présent? Je ne sais pas, je ne suis pas organisateur et ne me suis pas penché sur la question mais je vais me permettre de poser quelques idées en vrac.
Je laisse de côté (ici seulement) les passionnés qui par contre tous les vents viendront car ceux là sont le coeur des spectateurs mais pas le corps. Hélas, peut-être. Pour les autres, au sens propres spectateur dit assister à un spectacle. Je n'ai pas d'idées extra-moto (fêtes foraines, concerts..) qui ont été de toute façon tentées et exécutées.
Le spectacle moto est sur la piste mais pas que.
En endurance, passée la première heure et parfois la dernière heure le spectacle sur la piste est difficile à suivre et tourne un peu au train train pour un non pur passionné, il alors est difficile de capter l'attention des spectateurs pour les 22 autres heures.
Néanmoins, on peut imaginer des concours à l'image de ce qui se pratique aux 6 jours cyclistes. Par exemple, instaurer des primes pour la plus belle remontée entre la 20ème et la 24ème heure par exemple. Idem pour le moins de temps passé aux stands toutes les 4 heures avec primes à la clé (les "usines' étant hors classement ou non). Ce n'est pas facile à mettre en place mais c'est possible et si c'est relayé par des classements sur les écrans géants et ou une radio spéciale 24 heures comme celle mis en place pour le GP de France, cela peut soutenir une attention d'une partie du public et maintenir son esprit à la course pour le faire revenir en bordure de piste les dernières heures de la course.
On peut aussi mettre l'accent sur le travail dans les stands avec des challenges comme "le ravito le plus rapide, le changement de roue AV le plus rapide", cela est fait en partie mais n'est pas communiqué et reste un prix honorifique pour le team en question sans que le spectateur y ait été impliqué et encore moins en temps réel. Filmer ces opérations et les passer sur les écrans géants pourraient captiver des spectateurs. Sponsoriser ces challenges est nécessaire car ces "jeunes" ont l'habitude d'associer une marque à un concours (cf toutes les joutes pseudo sportives sponsorisées par Red Bull ou Mosnter). Que ce soit bien ou mal, n'est pas le propos ici.
On peut aussi, en cas de réparation après chute ou casse, instaurer une prime sur la base d'un challenge temps. On demande à chaud au team manager le temps qu"il estime nécessaire pour réparer, ce temps est "corrigé" par un expert en temps réel et si le team réussit dans le temps imparti, il touche une prime, la réparation est filmée et passer sur les écrans géants et/ou commenter sur la radio in situ.
Le travail au stand fait rêver aussi le spectateur car cela reste un peu mystérieux pour lui qui paie 4 heures de MO chez son concessionnaire pour une vidange et une tension de chaîne. On peut organiser des concours de ravito (liquide non inflammable) ou de changement de roue ou autre ouvert et installer dans un espace dédié et ouvert aux spectateurs. Des teams de course pourraient s'y engager mais aussi des teams non engagés et invités (des teams courant les O3Z, des concessionnaires par exemples). On peut aussi ouvrir un concours pour les spectateurs sur des bouts de motos dédiés (un bras sur un bâti avec une roue, une fourche sur bâti aussi avec une roue) comme ce qui se pratique en NASCAR. Le tout sponsorisé et animé, sinon c'est peine perdue.
Ce ne sont que des idées à chaud, j'en ai d'autres mais il faudrait que je prenne un peu de temps pour structurer tout çà.
* pour les plus jeunes, je vous dirai si vous êtes sages
pourquoi l'ordinateur de ce film s'appelait HAL.