René Bischoff vient de m'envoyer la traduction, merci à lui
Nous avons sans doute en France beaucoup à apprendre de ce qui se passait au delà de la ligne bleue des Vosges.
Classic motorrad est une mine à cet égard. La 125 Tsé tsé y était depuis longtemps mais internet de cesse de s'enrichir
Par Rudolf Speth l'histoire des TseTseC'est avec plaisir que je vous donne quelques indications sur leur origine – pour autant que je puisse m'en rappeler, c'était déjà au millénaire dernier et ce sera forcément un peu édulcoré.
D'abord retournons quelques années en arrière : les prémices des motos de courses actuelles proviennent des Rimi, œuvre de pionnier de deux grands mécaniciens, Michael Schneider et Rudolf Rollinger. La 125 Rimi a été pilotée, partiellement avec succès, les premières années par Xavier Heiss et Michael Schneider qui pilotaient également des NSU Sportmax.
Le Rimi 125 cm³, 2T, 6 vitesses, refroidi par eau, carters moteurs en fonte grise et voilà venir le problème avec l'âge ! Celui çi n'était plus étanche après de nombreuses années de bons et loyaux services. Lorsque je l'ai acheté en 1967 à Xavier Heiss pour le décortiquer, je l'ai essayé sur le Nürburgring en 1968 pour voir ce qu'il avait dans le ventre.
Mais ce n'était pas grand chose. Lorsqu'on ouvrait les gaz souvent on le noyait ou il toussait. Et lorsqu'il tournait le régime restait désespérément trop bas pour pouvoir rouler correctement. Et la vitesse se réduisait à celle d'un bon cyclo MSU Quickly de série.
Mais bon je n'avais besoin que de quelques pièces pour reconstruire une 125. Avant 1967 existaient déjà deux TseTse : une 125 à air et une 250 bicylindre liquide. La 125 était pilotée par Wilhelm Atterer et s'était très bien comportée lors du GP de Hockenheim en 1966. Cette moto « maison » fut utilisée plus tard par plusieurs pilotes (propriètaire Michael Schneider) par exemple Heinz Buder et Werner Kratzat durant notre « vie commune »
Wilhelm Atterer 1966 avec la première 125ccm TseTse à Hockenheim
La 250 a également été pilotée par Wilhelm Atterer et je n'oublierai jamais le Nürburgring 1965 où il termina le premier tour devant Phil Read. Durant les années 70 elle a aussi été pilotée par Uli Ammann.
Dans la tète de Schneider et Rollinger à Ausbourg poussait le besoin de construire quelque chose de nouveau. On créa alors deux 125 sur base MZ (peut être des copies de MZ) pour Uli Ammann et ma petite personne.
Financièrement je n'aurais jamais pu m’offrir ça. C'était à des années lumières de mes possibilités. Je gagnais un peu moins de 1000 DM en tant que serrurier qui suffisaient à peu près à finir mon mois. Alors acheter une moto de course – et son entretien ? Je vivais seul et pas l'ombre d'un sponsor ne se profilait à l'horizon. D’où venait donc l'argent ?
Entre autres j'ai venu ma moto de route et mes disques qui étaient des pièces recherchées. Ma mère m'a dit à cette époque : « La course moto, je suis contre, mais tu est assez grand (27 ans) pour savoir ce que tu veux ». Elle m'aida quand même en me prètant 2000 DM que je lui ai complètement remboursé en neuf mois. Ainsi le feu passa au vert pour la course.
Le cadre a été réalisé par un maître serrurier de Königsbrunn. Les deux spécialistes Schneider et Rollinger m'ont fourni un moteur complet avec les échappements. Michel qui avait des années d'expérience de la compétition, qui était le mécanicien spécialiste des carters moteurs et des cylindres et Rudi en tant que roi des boites de vitesse se complétaient parfaitement : le moteur complet m'a couté 1500 DM.
Rudolf Rollinger avait déjà modifié la boite du 125 Suzuki de Dieter Braun pour la passer de 9 à 6 vitesses et celui çi était devenu Champion du Monde l'année d'après !
Quand je repense à la construction du moteur, c'est toujours incompréhensible pour moi le temps passé, la patience et le travail dépensé par les deux créateurs, dans les entreprises où ils travaillaient pour le plus gros, puis dans la buanderie de Michel pour la finition et les détails, je ne peux que témoigner de mon respect pour leur grand idéalisme et les remercier.
Quasiment chaque jour la paire œuvrait dans ce petit local où il y avait plus d'odeur de lessive que d'oxygène, et qu'est ce qu'on y trouvait : une perceuse à colonne, un établi avec un étau et un poêle (parce qu'ils travaillaient en hiver). Ils chargeaient le poêle avec du charbon et du bois et il s’éteignait souvent avant la fin du travail. Uli et moi, on arrivait parfois avec de gros pulls et des caleçons longs pour servir de main d’œuvre d'appoint pour, par exemple, limer et polir les canaux du cylindre. Michel disait toujours : « plus c'est poli, plus la bécane avance vite ». Les doigts me font toujours mal aujourd'hui... Parfois on faisait l'école buissonnière et l'on n'allait pas à la buanderie mais au ciné ! Il y faisait plus chaud... C'est Michel qui nous a rappelé à l'ordre après une de ces désertions en nous rappelant l'urgence de la situation. Nous avons eu des remords et promis de nous améliorer parce que les deux nous faisaient un peu pitié en travaillant si dur dans l'odeur de lessive.
Entre temps Uli et moi avions réalisé ou acheté les autres pièces. Réservoir, selle et garde boues ont été réalisées en composite. Les amortisseurs, la fourche, l'allumage Kröber durent être achetés. J'ai repris le carbu BVF de la Rimi, un vrai bijou en provenance de la RDA d'alors. Avec des relations on peut tout faire !
Avec la commande au guidon on pouvait régler le mélange air-essence sans changer de gicleur. On avait besoin d'un ou deux gicleurs plus petits et plus grands. Les jantes Borani, le frein double came Oldani et la roue arrière venaient également de la Rimi. L'embrayage venait d'une NSU Max de série. Après le montage de pneus Dunlop triangulaires – ce qu se faisait de mieux à l'époque – nous avons fait en 1969 notre premier roulage à Stadteisenach. La nouvelle 125 Tse tse était prête : 6 vitesses, refroidie par eau, allumage batterie ou magnéto, distributeur rotatif, etc.
C'était un événement extrêmement exitant pour moi et la nervosité était grande. Ce n'était pas très facile pour moi de monter la bête à son régime d'utilisation et de l'y maintenir. C'était entre 9500 et 11000 t/min. Michel insista encore lors du départ : « plein gaz et fais patiner l'embrayage jusqu'à ce qu'elle tourne correctement ». C'était entièrement nouveau pour moi. Je devais vraiment me forcer pour brutaliser ainsi le moteur. Et j'ai souvent eu des problèmes de départ parce que je relâchais l'embrayage trop tôt. Hop la bougie s'huilait ! Et après les crachotements, refaire patiner l'embrayage et c'était reparti. L'embrayage de NSU Max était solide et n'avait pas de problèmes avec ça.
Après que tout le peloton soit parti devant moi, j'ai mis en œuvre une tactique vache et me mis à chasser impitoyablement les fuyards devant moi. -qui ont joliment mis les gaz ! Qui se sent en sûreté quand il est poursuivi par une dangereuse mouche tse tse ?
Les Maico étaient irrattrapables. Alors notre équipe eut l'idée de remplacer le piston Mahle d'origine par un piston Maico à segment en L, ce qui augmenta le régime de notre Tse Tse de 1000 t/min, 12000 tours à la fin.
L'échappement étant sur l'arrière nous devions tourner l'ergot du segment de 180° ce qui créait un point faible. Les ergots se défaisaient souvent, le segment tournait et la musique s’arrêtait lors des essais ou de la course. Il y eut beaucoup de casse et l'argent pour de nouveaux pistons, cylindres, disques distributeurs, etc. dut être difficilement trouvé.
Mais cette époque m'a apporté beaucoup de joie, principalement celle de retrouver tous mes bons copains lors des courses. Je n'ai pas eu énormément de bons résultats car dans ma petite tête une litanie tournait ; « ne casse rien , les DM ne sont pas nombreux ! »
Mais une fois j'ai été devant : Ochsenfurt 1969 où j'ai fini quatrième de la plus longue course du Junior Pokal (80 km) et j'ai gagné de la grosse monaie. Je crois que c'était 70 DM.
Complément : à l'origine était les Rimi que voilà :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Et pour les pit-nailleurs : Michael Schneider
http://www.eggersdorfer.info/schneider/michael_schneider.htm