Compte-rendu de la course IHRO en ouverture des 24h du Mans Moto 2016
Cet hiver, lorsque les calendriers se dévoilent, l’IHRO fait escale au Mans en épreuve support des 24h du Mans Moto. Chouette, après 2 ans en spectateur, je vais pouvoir rouler le même week-end. Ce n’est pas aussi prestigieux que l’endurance, mais c’est déjà le même circuit. Et puis j’ai une revanche à prendre, je n’avais pas réussi à y accrocher le podium en Promosport.
Ma situation professionnelle ayant changée, je n’ai plus le temps disponible comme la saison dernière. Je fais donc l’impasse sur les essais libres (payants) du mercredi, ce qui sera la seule séance sèche du week-end. J’arrive le mercredi en fin de journée, la moto est déjà là. Bruno Leroy et Alex Sinclair, mes coéquipiers sur Vincent mais aussi plus sérieux adversaires, ont roulé et Alex s’est permis de prendre une longueur d’avance sur Bruno en ne connaissant pas la piste. Ça promet une belle course !
Jeudi matin, il y a les habituels contrôles et le briefing. 14h30, on est enfin en prégrille pour notre séance quotidienne. Le temps est dégagé mais les gouttes de pluie font leur apparition dès notre premier tour…Après 5 tours, la pluie s’abat violement sur l’ensemble du tracé. Je décide de rester en piste, mais dès la chicane Dunlop, je réalise mon erreur. Une piste fraiche et humide, ça glisse ! Le drapeau rouge est sorti quelques instants plus tard, la grêle ayant raison de nous. Verdict de la séance, j’établis le meilleur chrono devant Bruno et Ian Steltner. Mais où est donc Alex ? En rentrant au paddock, sa moto est déjà sur le banc. Carter moteur fêlé au premier tour ; il n’a aucun chrono. Par chance, nous sommes au Mans. L’usine Godet, qui fabrique ces Vincent, n’est qu’à quelques heures. Bruno charge la moto dans le camion et prend la route. L’idée est de remplacer le bas-moteur à l’usine, puis de ramener la moto. Le laps de temps étant trop court pour la seconde séance d’essais planifiée vendredi en début d’après-midi, je prête mon Egli-Vincent à Alex et j’essaierai la Grey Flash pour ma part ; Bruno faisant l’impasse sur la séance. La fin de journée nous permet de nous balader dans le paddock de l’endurance, regarder les essais de nuit et faire un tour chez les Gaulois, ces motards qui s’installent de l’autre côté de la piste et s’alimentent de bruit et de bières pendant 3 jours.
Vendredi matin et toujours pas de pluie. Les dernières modifications sont apportées suite aux changements de machine. Malheureusement, la pluie - qui nous a laissé tranquille la matinée - se manifeste à nouveau. Nous n’aurons pas le temps de boucler un tour chronométré que déjà la grêle interrompt la séance. La séance repartira 20 minutes plus tard, mais pas moi. J’ai déjà mon chrono « sec » et ce n’est pas ma moto ; je ne préfère pas prendre de risques. Alex fait le meilleur temps de la séance, mais la piste mouillée ne lui permet pas de se placer mieux que 18ème sur la grille de départ. Bilan des essais, les plus chanceux auront couvert une petite vingtaine de tours, je n’en compte même pas dix pour moi. Depuis ma dernière course sur ce tracé, en 2009, seule la PlayStation m’a permis de garder la main.
En fin de journée, Alex récupère sa machine. Tout est prêt, chacun sa monture mais tous la même envie de battre l’autre. Un petit tour pour profiter de l’évènement et tous au lit.
Samedi matin, la météo habituelle. Froid mais sec. La course est plus tôt que les séances d’essais (10h45), on y croit ! En remontant la voie des stands avant d’entrer en piste, j’aperçois quelques connaissances qui rentrent du Warm-Up 24h ; ils m’encouragent. Je me place sur la grille, pole-position au Bugatti, c’est stressant. La piste est fraiche et la course est plus longue que d’habitude (12 tours, autour de 25 minutes), je décide donc d’une stratégie d’attente. Je ne peux pas me permettre de tomber au premier tour pour avoir absolument voulu faire le holeshot !
Les feux s’allument, puis s’éteignent. C’est le départ ! Effectivement, je perds quelques places dans l’accélération. Je me fraie une place à la Dunlop, je suis 4ème. Je trouve le meneur bien excité, il chutera au virage suivant, voulant trop en faire à la Chapelle. Dans la suite du tour, je passe Ian Steltner et sa G50 mais je décide de rester dans la roue de Bruno Leroy. Pas de prise de risques, pas d’excès de zèle, on verra plus tard pour la place finale. Bruno, Moi, Ian ; c’est dans cet ordre que nous bouclons le premier tour. En arrivant au Chemin aux bœufs, j’aperçois Alex dans l’échappatoire. Son carburateur est tombé de la pipe d’admission, c’est la fin de la course pour lui. Au tour suivant, Bruno me montre sa selle, il semble dire « Reste derrière pour rouler ». Ça tombe bien, c’est mon idée.
4ème tour, premier tiers de course. Je regarde quand même derrière moi, pensant que nous avions fait le trou. Je m’attendais à voir la G50 jaune de Steltner au loin, mais c’est une GoldStar rouge qui me saute aux yeux. Ah non ! J’ai arrêté de rouler en GoldStar, ce n’est pas pour me faire battre. John Cronshaw est un bon pilote de Classique, certes plus tout jeune mais toujours présent. Je préfère éviter l’affrontement, sachant que le fils m’a déjà battu il y a quinze jours… Je fais le forcing et passe Bruno dans la foulée. Pas le temps de lui faire signe, j’augmente un peu le rythme en espérant qu’il suive ou qu’il comprenne. Nous passons la mi-course, j’ai quelques longueurs d’avance mais cette satanée pluie fait son apparition. Ça commence à glisser, plus moyen de rouler comme avant. J’observe l’écart avec Bruno et décide de la maintenir pour éviter un retournement de situation, lui étant bougrement rapide sur piste humide. La course devient une guerre des nerfs et les drapeaux jaunes sont de sortie. La piste piégeuse ne fait pas de cadeaux et même en faisant attention, je me fais quelques glisses. C’est un soulagement de voir le damier, une récompense pour l’équipe. C’est une façon de les remercier pour la confiance accordée depuis la saison dernière. Le tour d’honneur se fait au ralenti, j’essaie de réaliser ce qu’il vient de se passer. De retour au bas de la tour de contrôle, les motos sont posées contre le mur et nous sommes dirigés vers le podium. On sent un air de satisfaction, les acteurs de ce week-end sont contents. Nous sommes appelé sur le podium, les trophées en plastique sont remis (j’ai failli ne pas ramener le mien entier !) et la Marseillaise est lancée. Pour moi ! Je savoure ce moment magique sur un podium mythique. Une douche de champagne et tout le monde retourne au paddock, il faut ranger…
Accompagné de quelques amis, je reste pour la grande course, j’ai des copains à supporter. Les déboires et la magie de l’endurance marquent à nouveau cette édition, dont le final me déçoit un peu. Avec de nouvelles règles empêchant les pilotes de s’arrêter entre l’arrivée et le parc fermé, c’est un spectacle qui se perd.
Je voudrais remercier l’équipe Godet, Bruno et Philippe pour leur support dans de cette aventure. En espérant que ce ne soit qu’un début.
Félicitations au Team MB Motors, Johann Macé et Paul Carew qui finissent à la limite du Top20, belle prestation pour un nouveau team.
Et un bon rétablissement pour les pilotes victimes de chute ce week-end, la météo étant très capricieuse et la température proche du gel la nuit.