17 CHAPITRE FABRICATION DU FB 1
Sur la base de ce que François voulait faire sur son propre side, il affine donc la même stratégie de fabrication et l'on démarre le FB1.
François était très en avance sur beaucoup de choses, et a été le seul que j’aie rencontré, qui n’a pas voulu faire d’un side-car!, une voiture ! Genre un truc où tu prends une voiture à laquelle tu enlèves une roue.
Certes il a appliqué des techniques de l’automobile, mais toujours adaptées à la géométrie side-car.
François parle et écrit couramment la langue side-car, il ne pense pas moto ! Ni auto ! Son analyse a toujours été de trouver les géométries d’épures uniquement adaptées à ce type d’engin, il restait toujours concentré sur la meilleure manière de faire tenir la route à ce tripode asymétrique, tellement débile.
François a été formidable, si j’ai été en haut des tableaux des résultats, c’est bien sûr grâce à Christian FOURMEAU, mais aussi c’est beaucoup grâce à François.
Il m'a fait un side-car extraordinaire, un vélo, un truc d’une facilité à piloter déconcertante, cet attelage pardonnait tout.
Nous avions un moteur 4T relativement solide, et qui n’avait pas le problème de serrage que pouvaient rencontrer les deux temps de l’époque, surtout les moteurs à refroidissement à air, et aussi surtout si on jouait trop avec la carburation.
Ne rêvons pas, il a fallu quant même bosser sur notre moteur pour qu’il devienne fiable. Malgré que celui-ci n’était pas le plus rapide du Parc, la qualité du châssis a fait que nous avions un ensemble homogène et efficace, taillé pour la gagne.
Bon, revenons à notre châssis.
Pour la partie pratique, dans la journée, François très dévoué, préparait les pièces pour assembler le châssis, et moi, le soir après le travail, je soudais.
Nous avons pu ainsi fabriquer et assembler ce side-car assez rapidement.
Pour le châssis lui-même, fini la grille de jardin du grand-père, que l’on pose à plat par terre pour en faire un side-car.
François, dès le départ a imposé ce qui était fait dans le sport auto (la chasse au poids et le centre de gravité le plus bas possible).
Mais pas que ça, il a aussi imposé que, géométriquement, il y avait sur un side un triangle fatidique, dans laquelle il faillait tout concentrer (essence, huile, batterie, pilote, passager etc.) et pas n’importe comment SVP !!
Aussi, il a insisté pour que le pilote et le passager soient le plus bas possible ! Finit les genouillères à 20 voire 25 cm du sol, le dessous de mes genoux était au raz du dessous du bas du châssis ! Après c’était le bitume !
Exit les roues désalignées, comme c’était souvent le cas sur les sides, qui utilisaient à l’époque des pneus plus larges que les 16 pouces d'antan.
Pour réaliser ce châssis, on a choisi tout simplement du tube étiré de 1mm, beaucoup me diront : tu n’as pas fait ça en 25CD4S ??? A l’époque, si tu n’avais du 25CD4S, tu étais un pauvre.
François et moi-même ! Les idées préconçues, ce n’étaient pas le genre de la maison, et on était loin de s’occuper des "qu'en dira-t-on".
François ramène à l’atelier un marbre en fer (oui je sais ! la phrase n’est pas logique) et là, on commence à aligner les coupes, les gueules de loup et les soudures et en voyant le châssis se monter, là je comprends rapidement pourquoi le 25CD4S n’aurait pas été un gros plus pour cette réalisation.
François avait dessiné un truc triangulé d’une telle façon que ça ne devrait pas bouger de sitôt ! Mais comment on a pu faire pour ne pas y penser plus tôt ?? Réponse : on n’était pas ingénieur.
La fourche
Elle fut faite en tôle d’acier de 1mm, sauf que nous étions des débutants, et on ne savait pas qu’il ne fallait pas assembler et souder sur des angles, mais rabattre ces angles, pour toujours souder sur des faces planes, Yves Kerlo dirait : ah ben oui, c’est sûr !! Sauf que c’était en 1973, et que l’on découvrait toutes les techniques de chaudronnerie. En cours de saison, nous avons entièrement refait le haut de cette fourche en tube carré et nous n’avons uniquement conservé en tôle, que le bras oscillant.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]1kg350 qui dis mieux
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Partie haute qui a été refaite en carré.
Petit plus, François nous avait fait faire un truc réglable, pour ne plus subir le phénomène de plongée au freinage.
Le bras oscillant (BO) train arrière
Celui-ci avait pour fonction de garder toujours la roue AR à plat, quelle que soit la gîte du châssis. Peu de personnes à l’époque avaient compris ce que l’on avait fait, et même à ce jour, ce concept de roue arrière n’a pratiquement pas été repris sur les sides-car, ou, en tous les cas, pas correctement.
Un des pilotes de l’époque a voulu copier, mais il a mal copié et a déclaré que ça ne marchait pas mieux qu’un bras traditionnel.
Et pourtant, il suffisait de regarder autour de soi !! Le principe était simple. Les 4CV et R8 de l’époque avaient le même principe ! Il fallait faire un bras oscillant dont l’axe de pivot avait (on peut le dire aujourd’hui) un angle de 18° afin qu’il rattrape la gîte du châssis.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]BO AR avec axe de BO de 18° D'angles
Tout cela calculé par le patron. Cet angle était une résultante de la longueur d’entre axe roue AV roue AR, ainsi que de la voie et de l’avancement de la roue side par rapport à la roue AR.
(Je fournis le tube d’aspirine)
Finit les louvoyages de châssis, dûs au fait qu’en courbe, la roue arrière passe de "à plat", à "sur le coin du pneu" ! Je me répète, mais dans n’importe quel virage, droit au gauche, la roue était toujours parfaitement au sol, et on pouvait y passer la puissance comme on voulait, sans risquer de partir en effet de lacet.
Grâce à ça, sur le circuit de KARLAND, circuit qui était typique d’avoir des appuis très changeants (un vrai grand huit), je me souviens que mes petits camarades de jeu étaient déconfis de voir la feuille des temps après les qualif, c’était, de mémoire, 5 secondes au tour sur le deuxième.
Je me rappelle encore aussi du grand droite après la ligne de départ, où je passais en 4 (sur 5 vitesses à l’époque) alors que tous les autres rentraient deux vitesses pour passer en 3eme aux mêmes endroits.
Ce virage était plongeant vers une descente, et je me rappelle très bien de la sensation de passer du sec au verglas, en plein été avec 30° ça fait bizarre.
Ensuite il a fallut bien entendu habiller la bête.
Pour cela il nous fallait trouver des produis finis. Chez FIDAMAN (fabriquant british des fameux side-car du même nom) Nous avons donc commandé des roues - des freins - des carénages - nez de side et une aile.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je vais avoir un peut de travail pour rendre cela roulant
Les roues ont fait l’objet d’une fabrication spéciale sur la base des roues FIDAMAN, il a été demandé de faire une entretoise centrale, pour avoir des roues plus larges d’un demi pouce, par rapport à la taille des pneus, ceci avait pour but de tendre les flancs de la carcasse afin d’avoir une meilleure rigidité de l’ensemble.
Il sortait de l’école le François, mais il avait déjà tout compris de la technique.
Il ne manquait plus que les amortisseurs ! Pour l’avant on aurait pu monter des trucs standards ? Avec François, pas question de ça, on arrête le bricolage, ‘’oui PATRON’’, par contre pour l’arrière il y avait un tel bras de levier, qu’il fallait du sur mesure.
François m’avait déjà adoubé chez DECABON pour le side de DOUDOUNE.
Et nous revoilà de retour au service développement, voir MR ADEL de chez DECARBON pour se faire faire des nouvelles seringues.
Bien entendu, François avait tout préparé pour la fabrication, et j’ai remis à Mr ADEL une feuille comportant tous les paramètres de fonctionnement de ce que l’on désirait.
Heuuuuuuu de mémoire, il y avait au moins 12 à 15 lignes de paramètres ! Enfoncement – pré-compression, ETC ! Un langage inconnu pour moi, à ce moment là.
Il faut savoir qu’à l’époque les établissements DECARBON développaient des amortisseurs pour les motos de série, et qu’ils étaient super contents de travailler avec nous, car ça les aidait au développement, tout du moins pour les amortos AV, car pour l’AR, celui-ci était fabriqué sur une base d’amortisseur auto. Notre amortisseur arrière devait avoir des contraintes techniques spécifiques ; les établissements DECARBON, toujours aussi performants, ont pu résoudre le problème.
Mr Adel, et toute l’équipe de chez DECARBON, ont été des collaborateurs précieux, de plus en cas de SAV ! Un amortisseur apporté le lundi était rendu 2 jours après, ils savaient ce qu’était la course et vivaient parfaitement dans le bon rythme.
Premiers tours de roues.
Après avoir mis sur ses roues ce nouveau châssis FB1, nous avons satisfait à la presse, car Christian BOURGEOIS (MOTO REVUE) avais fait le déplacement pour présenter la bête (ça !!ça fait classe hihihihi)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo C BOURGEOIS copier dans le livre de SALVAT
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous voilà débarquant en semaine à MAGNY COURS et comme mon passager travaillait ? C’était LA CREME, un des nombreux passagers de Mémé, qui monta sur la planche, on fait chauffer et 4 tours après ! Direction les stands. Un bruit inquiétant était apparu que l’on soupçonnait d’être ‘’chaîne d’arbres à came’’ on monte le mulet ! 5 tours après idem !
Bon ça commençait mal car ce jour là on avait plein de truc à régler.
Cependant dès les premiers tours de roues, j’ai pu constater que le side était hyper sain, que je pouvais le placer où je voulais facilement, et qu'enfin, j’avais des trucs qui ressemblaient à des freins.
Merci qui ? Merci François ! !
(FRANCOIS : approche que je te fasse la bise).
En résumé, et encore une fois, et à la façon ENNDEWELL !
A l’époque, j’étais dans l’action à 300%. Et en écrivant ces lignes, je fais surface et je prends seulement conscience qu’on a eu un jouet extraordinaire ! Et beaucoup de chance de rencontrer tous ces gens, passionnés, compétents, et dévoués à la course.
A suivre