Encore une fois, plus un carnet de route qu’un reportage sur les courses, que l’on ne suit jamais aussi bien que devant son écran de télévision, dûment informé par les journalistes d'Eurosport…Un GP de France au
Mans, ce n’est plus une nouveauté pour moi puisque ces deux dernières années, j’ai eu la chance d'y être en tant que membre du VTC qui alignait son pilote en Wild Card.
Sauf que cette année, plus de 125cc pour le VTC (maintenant en STK 600), plus de Wild Card et donc, à priori, plus de GP, ayant un peu passé l’âge de traîner dans la foule et la poussière, surtout après avoir « pas dormi » à cause des « kékés » qui ponctuent la nuit d’incessants bruits de moteur au rupteur: au passage, bravo, à Grex et jb_mrush pour leur motivation, propre à la jeunesse!
Je m’étais donc résigné à suivre tout cela à la télévision...
... quand Karim "H" m’informe que nous avons deux pass paddock pour le vendredi.
Ni une, ni deux, réservation d’hôtel (pas facile les jours du GP) et on prend la route après 3 heures de sommeil pour arriver vers midi sur le circuit, après avoir franchi les accès au parking P2 « au bluff », ce qui est toujours plus facile le vendredi.
Bon, nous voici dans le circuit où les choses se mettent en place pour la grande fête:
Tout ça, c’est bien joli, mais qu’est-ce que l’on fait dans un paddock quand on ne fait pas partie d’un team qui court ?
Et bien on alterne les séances en haut de la tribune des stands, pour voir les essais (en s’abîmant les oreilles), et plus particulièrement ceux des Moto2 où les chances de victoire françaises sont les plus grandes, malgré les nombreux adversaires de Jules prêts à en découdre...
...et des kilomètres de marche au milieu du paddock, entrecoupés d’innombrables rencontres avec des intervenants du monde de la compétition ; pilotes, mécaniciens, team managers, journalistes, photographe, etc.
Et là, coup de chance, on tombe presque tout de suite sur Valentin « 53 » Debise, dont les parents nous prennent en charge d’une façon vraiment on ne plus accueillante ; le problème du pass pour les jours suivants sera résolu et le couvert sera assuré à l’hospitalitie du WTR San Marino Team pour les trois jours ; un immense merci et chapeau bas pour tant de gentillesse !
Tiens, à propos de l’hopitalitie bleu ciel et blanche ; j’y rencontre un autre membre du forum, Fabien, avec son boss, Michel Augizeau, qui me parle des derniers rebondissements du projet de Pépé…
Celui-ci étant assez grand pour le faire, je lui laisse le soin d’écrire ce qu’il veut à ce sujet, mais sachez que le ciel semble se dégager peu à peu...
L’après-midi se passe donc à suivre les essais libres, et plus particulièrement ceux des Français. Ils ne sont pas très bons pour :
Randy...
Mike, dont le visage fermé ne laisse aucun doute sur son mental actuel; malgré le changement de châssis, ça doit cogiter sévère sous le casque...
Valentin, en proie à un train avant qui s’échappe en sortie de virage...
Alexis, qui cassera un moteur,
Ils sont bons pour;
Jules, tout de suite dans le coup...
Johann, qui arbore un casque décoré pour faire plaisir au président...
... et honnêtes pour :
... Louis.
Les 125cc Wild Card ne sont pas encore tout à fait réglées mais, à juste titre, on reste confiant dans le camps français où Morgan Berchet prend la tête sur l'Equipe de France.
La fin d’après-midi est consacrée à ces dernières et on converse au milieu des camping-cars en compagnie des sympathiques familles Di Carlo, Szalaï et Berchet.
Plus tard, nous dînons avec Christian Le Badezet, ancien pilote et journaliste émérite, et son pilote de fils, ce qui nous permet de finir de refaire le monde…
Ou presque, puisque quelques heures y seront encore consacrées au bar de notre hôtel en compagnie d’un photographe anglais et d’un concurrent à la course Conti du samedi...
Samedi matin, après un réveil quelque peu difficile, il me semble impossible de ne pas refaire la même chose que la veille, tellement nous avons vu de personnes.
Et pourtant, ce sera bien un nouveau défilé, toujours enrichissant, de personnes passionnés et compétentes.
Sur la piste, Randy rassure son monde et fait parler la poudre,
Jules construit son week-end de façon intelligente (tests d’endurance des pneus le matin, recherche de performance l’après-midi),
Mike se cherche toujours...
Valentin règle peu à peu son problème de train avant et commence à prendre du plaisir à piloter sa Moto2,
et les 125 tricolores Johann en tête se qualifient toutes, relativement facilement, malgré une piste sèche comme une route trans-saharienne, .
Un peu plus tard, les petites Conti s’affrontent sur le Bugatti durant 8 tours!
Un peu perdu au milieu de la grande ligne droite, un trio creuse rapidement le trou et la lutte sera acharnée jusqu’au dernier virage ; amusant de voir Nelson Major, le représentant de la marque, chercher la moindre fraction de kilomètre/heure face des « boutchoux » qui font à peine la moitié de sa taille.
Il devra utiliser toute son expérience pour arracher une victoire in-extremis aux poids-plumes de la catégorie…
Patricia Conti, toujours souriante, nous donnera toutes les informations concernant le nouveau modèle de la marque ; une 125 équipée d’un moteur Rotax à distributeur rotatif vraiment très sympathique !
Bon, là, ce n'est pas Patricia qui sourit, hein, mais Nelson; on est d'accord?
En fin d’après-midi, pas question de rater l’opportunité de passer sur la pit-lane pour aller « espionner » un peu les motos en train d’être préparées pour le lendemain, et, pour échapper aux « hommes en noir » de la Dorna, je possède mes propres armes ; cheveux blancs, veste de photographe, appareil en bandoulière et cordon de pass dépassant à peine du tshirt …
Occupés par le show mécaniques qui remplit les tribunes, ils me laissent tranquilles...
Un peu plus tard, Randy, sportif de haut niveau, s’entraîne derrière son campers, isolé par la musique de son MP3.
La veille, il avait fait 10 tours du circuit...
Le soir tombé, une rencontre avec Martial Garcia et Jean Louis Millet (responsable de Devil)m’entraînera dans le box MZ puis finira assez tard dans la nuit, tellement la discussion sera passionnante!
(Au passage, Ralf Waldam est vraiment quelqu'un qui respire la sympathie...)
Sans vouloir tout dévoiler, et en attendant que l’intéressé s’inscrive sur ce forum, je peux quand même vous informer que les choses bougent pas mal du côté de la frontière Franco-Suisse et que l’on peut s’attendre à voir rapidement une nouvelle machine française sur la piste.
J’en ai d’ailleurs tenu quelques composantes dans mes main ; du très beau boulot !
A un moment, Xavier Simeon est venu participer quelques minutes, ce qui a été l'occasion d’en savoir plus sur sa nouvelle Moriwaki « faucheuse de moto ».
Tard, vraiment très tard, nous devrons encore chercher notre hôtel, en fait un harras, perdu dans la noire campagne mancelle…
Un lieu très romantique, certes, mais dont nous ne pourrons profiter que quatre heures avant de se lever pour le jour J !
A peine réveillé, je me précipite pour regarder dehors...
... le ciel est sans équivoque; les tribunes seront complètement remplies et chauffées à blanc pour ovationner les champions!
Et pas question d’être en retard puisque j’ai passé un pacte avec un concurrent en 125cc : échange de pass « piste » contre photos…
Nous passons donc par l'entrée Sud, en empruntant un tracé mythique qui me remplit de souvenirs...
Départ des 125 :
Deux « E.T. » s’en vont en tête, suivis de cinq furieux parmi lesquels ne figure malheureusement aucun Français.
Il faut attendre encore un peu avant de voir Johann Zarco...
... suivi de près par Alexis Masbou, revenu après un très mauvais départ,
...puis Louis Rossi avec un moteur qui, à l'oreille, semble rechigner à prendre ses tours,
... puis la bagarre Lambretta VS Equipe de France, Kévin Szalaï prenant l’ascendant sur Grégory Di Carlo, ce dernier se faisant une petite chaleur à Chapelle en essayant de revenir sur son coéquipier,
et enfin Morgan Berchet qui, malgré son relatif manque d’expérience, possède vraiment un beau style.
Pendant le podium, je retourne rendre le pass et m’installe chez WTR pour suivre les courses de Jules et Valentin.
En ce qui concerne Jules, pouvant le dire puisque je le connais un peu, et vu les conditions, j’avais annoncé, haut et fort, la victoire ou la chute.
Il est toujours facile de parler derrière écran mais je considère cette chute comme une erreur grossière, à la limite de la faute « professionnelle » (ceci n’engage que moi).
Quand on est deuxième derrière Elias, en ayant fait le trou sur les suivants, soit on est « limite » et on attend les derniers tours pour essayer de passer, voire, au pire, se contenter q'une deuxième place pour se relancer au championnat, soit on est à l’aise et on s’en va peu à peu. Mais certainement pas en prenant une quinzaine de mètres en deux virages, face au vieux renard espagnol qui ne semble jamais au maximum, et en commettant exactement la même faute qu’il avait commise il y a plusieurs années en championnat d’Europe!
Je suis d’autant plus sévère avec Jules qu’il fait évidemment partie des pilotes qui ont toute mon admiration et que je suis un fan presque inconditionnel.
J'avais tellement envie de le voir gagner ou finir sur le podium; ne dit-on pas, qui aime bien châtie bien?
Décidemment, il faudra un jour que l’on aborde ce sujet sur le différentiel d’appréciation entre le bord de piste et derrière la bulle du carénage; pour info, et à sa décharge, Jules a réalisé le meilleur temps en course et semblait donc effectivement "facile"…
Au contraire, Valentin m’a vraiment agréablement surpris et je le voyais déjà dans les points quand il était 19ème…
Un effet de son nouveau casque?
Quoi qu'il en soit, ce n’est pas tant sa place à l’arrivée qui est satisfaisante, la meilleure cette année, certes, mais bien sa progression constante durant tout le week-end puisqu’il est passé de bien plus de trois secondes en essais libres, à 2.2 secondes en qualifications et 1.7 en course!
De plus, contrairement à certains, il est de plus en plus décontracté et naturel, et semble profiter pleinement de sa nouvelle vie.
Il a dû quitter le circuit juste après sa course et je lui enverrai donc une interview écrite pour qu’il nous raconte son week-end.
Quand à la course des MotoGP, vous l’avez sans doute mieux vu que moi, affalé chez WTR et observant avec toujours autant d’étonnement les professionnels du milieu plier bagages sans y prêter plus d’attention que cela…
J'ai juste vu que Stoner a du mal avec le nouveau moteur, que Lorenzo est toujours autant énervant malgré son talent (un jour, il faudra essayer de lui apprendre ce que c'est que "la classe") et que Randy "a fait le boulot".
Une dernière anecdote (pour le moment) ; une fois la course finie, Laurent Fellon et Johann Zarco se lèvent pour partir et viennent me serrer la main alors qu’ils ne me connaissent pas du tout. Un petit rien, mais qui dit long sur le respect professionnel de certains.
La journée s’achève par une dernière discussion devant le campers de Randy puis nous reprenons la route, une fois les embouteillages dissipés.
Voilà, c'est fini; un beau week-end, bien rempli de rencontres avec des gens soit attachants soit intéressants, soit les deux.
Quelques petites frustrations, bien sûr (Alain Bronec ou Jacky Hutteau trop occupés pour que j’aille oser les déranger plus de quelques secondes, le manque de photos de piste en Moto2 et MotoGP, etc, etc, etc) mais, comme dans la vie, il faut savoir apprécier à sa juste valeur ce que l’on a et oublier le reste.
Et ce que j’ai vécu au
Mans, une fois de plus, je ne suis pas prêt de l’oublier...
A suivre...
Tous les sujets techniques seront développés dans leurs rubriques adéquates.