On a qu'à le faire à plusieurs
Je commence :
La société Morbidelli Benelli Armi a été fondée fin 1975 par Giancarlo Morbidelli, Paolo Benelli et Innocenzo Nardi-Dei, beau-frère de Benelli.
Son objet initial était de construire et commercialiser des répliques compétition client des fameuses Morbidelli 125, conçues par Jörg Möller, qui dominaient les GP depuis leur apparition sur les circuits.
1. LA GENESEA) MORBIDELLIGiancarlo Morbidelli, président d'une société de machines à bois passionné de
moto, avait créé une machine et une écurie de compétition en 1967 à Pesaro. La première Morbidelli était un 50cc équipé d'un moteur Benelli, mais dès la fin 1968 Morbidelli débauchait Franco Ringhini de chez Guazzoni et une seconde version du Morbidelli 50, à moteur maison cette fois, apparut en 1969. Ringhini allait être le concepteur de toutes les premières Morbidelli de compétition, mais également un des pilotes.
Très rapidement, Ringhini allait réaliser aussi un twin 125, très inspiré des Suzuki RT65-67, au point que certains diront que Morbidelli avait récupéré en douce une RT usine. D'après Philippe de Lespinay, qui a travaillé pour Morbidelli quelques années plus tard, ce n'est pas exact, mais en revanche Ringhini a eu libre accès à la Suzuki RT66 de Dieter Braun quand il a conçu sa 125, ce qui expliquerait tant les similitudes indiscutables entre ces deux motos que ... les courses disputées plus tard par Braun sur des Morbidelli.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Contrairement à ce qu'indique la photo, il s'agit de 1971 (en 1970, Parlotti roulait pour Tomos): Morbidelli 50 et 125cc. La moto numéro 24 est celle de Gilberto Parlotti, la 45 celle de Franco Ringhini. Cette année-là Parlotti a gagné le championnat d'Italie en 125cc. Photo Virgilio Casetti[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Alberto Ieva, champion d'Italie 1971 50cc.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Moteur du 50cc[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]19 mars 1971: à gauche, Monsieur Morbidelli, au centre Dave Simmonds, à droite, Phil Read devant la 125cc. Le tout à la fête de San Giuseppe où a eu lieu une course organisée par le Moto Club UISP de Modène.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Gilberto Parlotti, Morbidelli 125 - Imola 1971. Crédit photo : Arnaldo Amaducci[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Moteur 1971 de Parlotti Gilberto Parlotti, pilote fétiche de Morbidelli, semblait pouvoir jouer le titre 1972, puisqu'il était en tête du championnat du Monde quand il s'est tué au TT de l'Ile de Man, auquel il participait malgré l'avis défavorable de Giancarlo Morbidelli. Il est vrai que le TT comptait alors pour le championnat du Monde, et le boycotter coûtait des points, au moins tant que d'autres ténors y allaient, notamment Chas Mortimer sur sa Yamaha YZ623C officielle, alors second derrière Parlotti au championnat.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Parlotti à Ramsey square. Crédit photo : Nick Nicholls PierPaolo Bianchi a piloté cette machine en 1972 à Ospedaletti, finissant 8ème à un tour du vainqueur (Chas Mortimer sur Yamaha)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]PierPaolo Bianchi sur la grille de départ à Ospedaletti Angel Nieto, champion du Monde 72 sur Derbi, est engagé par Morbidelli pour la saison 1973, et les deux hommes essaient de convaincre Jan Thiel de les rejoindre, mais le Hollandais ne veut pas lâcher Jamathi et refuse (il dit aujourd'hui qu'il a commis une erreur).
Nieto connaît une saison catastrophique, ne finissant que 7ème du championnat, loin derrière les nouvelles Yamaha OW15 de Andersson et Mortimer.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nieto, GP de France 1973. Crédit photo : BC71 C'est précisément en 1972-1973 que Franco Ringhini se mit à travailler principalement sur un projet beaucoup plus ambitieux, une Morbidelli 350cc 4 cylindres constitué d'un double twin horizontal à admission par disques rotatifs. (d'où peut-être un désintérêt pour la 125 et la volonté de Morbidelli de chercher un autre technicien pour cette catégorie)
Deux versions ont semble t-il existé, la première avec les deux twins côte-à-côte, formant donc un quatre cylindres en ligne, avec l'admission au-dessus, et la seconde avec les deux twins superposés formant un quatre cylindres en carré, et admission sur le côté, une sorte de mix entre les 4 cylindres en carré Suzuki et la SMZ250 et ses cylindres superposés.
Une seule apparition en course de cette Morbidelli 350, en 1973 aux essais du GP de Nations à Monza, aux mains d'Angel Nieto, mais l'Espagnol ne prit pas part à la course.
Cette
moto non seulement ne devait jamais être au point, mais elle fut le catalyseur d'une rupture entre Ringhini et Morbidelli.
Ici Martin Mijwaart, le "ma" de Jamathi, sur la Morbidelli 350 de Franco Ringhini, lors d'une visite des ateliers Morbidelli par l'équipe Piovaticci, en 1975.
C'est à ce moment que Morbidelli a embauché Jörg Möller, qui s'était fait remarquer en préparant les moteurs des rapides Kreidler 50cc du team van Veen.
Rolf Minhoff a disputé quelques courses de début de saison en 1974 en tant que pilote officiel Morbidelli sur l'ancienne version, puis l'équipe Morbidelli s'est retirée et Minhoff a repris un Maïco RS.
Mais à la surprise générale l'équipe Morbidelli a réapparu, toujours avec la vieille 125 sur laquelle Jörg Möller a commencé à travailler, au GP de Hollande, avec Paolo Pileri comme pilote, mais cette première course s'est soldée par un abandon (allumage).
L'équipe Morbidelli est retournée travailler à l'atelier pour revenir ensuite à Brno, où le twin s'est montré beaucoup plus performant, Pileri décrochant la pole position avant de se casser la clavicule lors d'une chute aux essais. Courageux, il prend le départ (à la poussette rappelons-le) et mène largement le GP, avant de tomber en panne d'essence et de franchir la ligne deuxième, en poussant sa Morbidelli (avec une clavicule cassée rappelons-le), non sans avoir battu le record du tour au préalable.
Giancarlo sera impressionné par la force de caractère de son pilote, et lui restera fidèle toute sa carrière.
C'est PierPaolo Bianchi, jusqu'alors pilote de l'ex-Suzuki RT67 de Barry Sheene devenue Minarelli Bimm sous les couleurs de la Scuderia Imperiali, qui prendra le guidon de la Morbidelli au GP de Yougoslavie, en remplacement de Pileri, mais il sera victime d'une casse moteur, puis au GP d'Espagne à Montjuich (chute).
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]PierPaolo Bianchi à Montjuich (noter qu'il a encore son cuir aux couleurs Minarelli) 1975 fut l'année du triomphe, Pileri et Bianchi écrasant leurs adversaires, notamment les Yamaha YZR125 0W15 officielles de Kent Andersson et Bruno Kneubühler (et Leif Gustafsson).
Pour l'anecdote, on a dit qu'afin d'éviter une lutte fratricide, Giancarlo Morbidelli aurait décidé que celui de ses deux pilotes qui serait devant l'autre au championnat à l'issue du premier GP de la saison serait premier pilote, désigné pour le titre, l'autre ayant l'obligation de ne pas lui prendre de points.
Surexcités par l'enjeu, tant Pileri que Bianchi chuteront lors du premier tour de ce premier GP au Castellet, mais Pileri parviendra à remonter en selle et à finir 3ème derrière les Yamaha officielles de Andersson et Gustafsson, scellant le destin de son coéquipier.
Selon d'autres sources, ce n'est qu'à la veille du 3ème GP de la saison que Möller aurait donné cet ordre à Bianchi.
Toujours est-il que ce dernier, furieux, passera l'année à filer seul en tête, et à ralentir très ostensiblement pour laisser passer Pileri en fin de course, non sans avoir au préalable signé pole et record du tour.
A la décharge de Pileri, ce dernier n'avait aucune raison de prendre le moindre risque, puisque seule une blessure pouvait le priver du titre. Et d'ailleurs, une fois le titre assuré, il a gagné encore plusieurs GP et claqué des records du tour, histoire de montrer qu'il n'était pas aussi lent que Bianchi essayait de le faire croire.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Paolo Pileri, devant sa moto.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Tout nouveau moteur... Les deux pilotes ont fini la saison une jambe dans le plâtre...
C'est cette domination, et l'absence à l'époque de compé-client compétitives, qui a donné l'idée à Giancarlo Morbidelli de lancer la fabrication d'une série de machines sur le modèle de la 125 championne du Monde.
Mais Giancarlo Morbidelli ne souhaitait pas démarrer lui-même cette nouvelle activité, et se tourna alors vers Paolo Benelli, président de Benelli Armi, son ami de longue date, notamment depuis l'aventure Motobi.
B) BENELLI ARMICréée en 1967 comme une division de la marque de
moto Benelli, la société Benelli Armi était le résultat du rapprochement entre la passion pour la chasse des frères Benelli, propriétaires de la marque de motos à laquelle leur mère Teresa avait donné son nom, et d'un ingénieur Italien, Bruno Civolani, qui avait inventé un mécanisme révolutionnaire dit "à ouverture de culasse retardée" utilisant l'énergie cinétique pour recharger les fusils de chasse.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les frères BenelliBenelli Armi, notamment grâce à cette avancée technologique, allait devenir un des grands noms de l'armement, jusqu'à sa cession à Beretta, en 1983.
La branche
moto de Benelli, en grande difficulté malgré le titre 250cc décroché par Kel Carruthers en 1969, a été cédée à Alejandro De Tomaso en 1970, et la famille gardait une nostalgie de sa grandeur passée, d'autant que les Benelli 350 et 500 4 cylindres continuaient d'être compétitives au début des années 70, et se sont notamment illustrées aux mains de Saarinen qui a battu à deux reprises Agostini et sa MV dans des courses du championnat Italien.
Paolo Benelli accepta de s'associer avec Morbidelli pour créer de toutes pièces une nouvelle usine et une nouvelle société de fabrication de motos, utilisant l'expérience de la famille Benelli dans la fabrication de motocyclettes pour gagner du temps et éviter des erreurs dans la conception et la mise en place d'un outil de fabrication en petite série. (pour info, environ 700 machines compé-client sont sorties de l'usine au total)
Morbidelli conservait son équipe officielle dont les victoires soutenaient la réputation du twin de Bologne, et MBA se contentait de commercialiser les compé-client, tout allait bien.
Malheureusement, les choses allaient tourner au divorce à l'italienne...
[suivant ! je cherche les photos pour illustrer cette première partie en attendant]