Je réponds ici à la question que posait 2strokeman dans une rubrique oldies.
La question est :
"J'interviens un peu tard (le post a vite avancé) mais pourquoi chauffer un pneu pluie ?
On m'a dit l'inverse qu il faut le refroidir un maximum en roulant pou rne pas qu il se detruise rapidement, en effet dans les paddocks pas mal mettent les couverture chauffante sur des pluies, alors qui croire ?"
Pour ceux qui arrivent ici sans lire la rubrique oldies j'avais écrit :
"Ne courant que depuis 1997 et donc très sensible à la question des pressions de racing modernes (cf exemple en bas de ce post), je suis étonné que personne ne parle de ce point pour les racing des années 60 à 80. Etait-ce si crucial qu'aujourd'hui ou bien plus secondaire ?
Un exemple de racing moderne : SBK Pirelli 2013, largeur 120 AV et 190-200 AR.
La pression, qui se prend en sortie de couvertures chauffantes comme recommandée par Pirelli, dépend de la température de la piste pour les slicks et de la quantité d'eau pour les pluies.
Pression sortie de couvertures chauffantes 80°
Temp piste -30° 30°à40° +40°
Slick AV 2,4 2,3 2,2
AR 1,8 1,7 1,6
Pression sortie de couvertures chauffantes 40°-50°
Beaucoup d'eau => peu d'eau
Pluie AV 2,5 2,4 2,3
AR 2,5 2,3 2,1
Certains manufacturiers préconisent une prise de pression en sortie de piste après plusieurs tours, d'autres à froid avec indication à chaud.... L'important est d'avoir la bonne recommandation et de la suivre.
Pour info, une pression mauvaise de 100gr peut détruire un slick en 10mn sur une piste rugueuse et rapide alors qu'avec la bonne pression il peut faire deux heures. Les euros partent vite... Expérience vécue!
Un point important aussi est le nombre de chauffes. Les racings modernes acceptent peu de chauffes, il vaut mieux les garder sous couvertures chauffantes entre chaque session que les faire chauffer 4 fois dans la journée.
Pour ceux qui se demandent pourquoi on augmente la pression des pluies avec la quantité d'eau - ce qui va l'encontre d'une légende de paddock encore trop répandue, la raison est simple et logique : un pluie est fait pour évacuer l'eau, si la pression est basse le pneu s'écrase et les rainures se referment, l'eau est moins bien évacuée.
Pour rappel, un pneu de route de moto (donc ni slick, ni pluie racing) de 140 de large évacue 6 litres/seconde à 80km/h.
Pour les pneus de route de voiture, c'est 26 litres à la même vitesse pour un 175 de large.
Ce sont des chiffres moyens (source Uniroyal).
Pas mal de chutes sous la pluie interviennent à la fin du premier tour ou dans le second tour. La plupart de ses chutes sont dues à la baisse de température des pneus : on sort de la pitlane pneus à 50° en sortie de couvertures, ils adhèrent très bien, dans le premier tour on roule doucement, la gomme refroidit vite au contact de l'eau, en fin de premier tour la température est de 20°, le pneu n'adhère plus et c'est la chute. Ce n'est pas facile, mais il faut avoir un rythme soutenu dès le premier tour sous la pluie.
Ce phénomène est vrai pour les slicks mais comme on est en général plus confiant sur le sec on maintient plus facilement le bon rythme pour les garder à température."
Ma réponse :
Avec les pneus pluie de dernière génération cela dépend du contexte : température de la piste et niveau de pilotage sous la pluie (en partant du principe que le type de pneu choisit est OK pour les conditions).
Avant tout, il faut rappeler qu'un pneu qu'il soit pluie ou pas est fabriqué pour fonctionner (adhérer) dans une fourchette de température.
L'objectif est donc de rouler dans cette fourchette.
Si la température de la piste est basse (moins de 10°) et que le pilote est lent sous la pluie, il ne sert à rien de chauffer les pluies à 50° car le temps de traverser le paddock pour rejoindre la piste, ils auront déjà bien refroidi. On peut alors ne pas les chauffer préalablement mais je préfère les chauffer un peu (25° par ex) pour que le pilote n'est pas la sensation de "pneus carrés" que peuvent donner certains pneu piste très froids. Si le pilote est lent sous la pluie c'est qu'il n'est pas rassuré et lui rajouter une inquiétude avec une sensation bizarre n'est pas nécessaire.
Il va rouler doucement au début sans oser accélérer à fond ni freiner fort, puis il va accélérer le rythme au fur et à mesure et la température des pneus va augmenter avec le rythme. Ce sera OK.
Si le pilote est rapide sous la pluie d'entrée et que la piste soit froide ou pas, il faut chauffer les pneus sous couvertures pour rouler dès les premiers mètres dans la bonne plage de température qui sera conservée par le rythme de pilotage.
Si la température de la piste est élevée comme sous des pluies d'été et le pilote lent sous la pluie, il faut préchauffer les pneus à la température conseillée par le fabricant car même à rythme lent le pneu ne sera pas trop refroidi par la piste.
J'ajouterais que même si on n'a pas confiance sous la pluie il faut se forcer à accélérer à fond sur tous les bouts droits et appuyer les freinages en ligne droite (avec attaque progressive et lâché de frein avant la mise sur l'angle pour ne pas se faire encore plus peur) pour que les pneus chauffent. C'est la vitesse qui chauffe les pneus bien plus que l'angle pris, alors autant aller vite dans les lignes droites.
Faire cela parait évident mais avec des motos de série de 200 cv ou presque, ce n'est pas si simple et il faut vraiment faire un effort pour çà surtout si on ne roule qu'une fois par ans sous la pluie.
Si on fait cela vraiment et même si on est très lent en virage, il faut préchauffer les pneus normalement car ils resteront chauds quelque soit la température de la piste.
J'espère avoir répondu à ta question 2strokeman.