40 CHAPITRE TECHNIQUE ET FABRICATION DU CHASSIS.
POURQUOI FAIRE SOI-MEME SON SIDE CAR ?????
On peut se poser beaucoup de questions à ce sujet.
SIGMUND FREUD bienvenu chez les fous à PIT LANE (RIRE) (RIRE)
A l’époque où j’ai commencé à courir, il n’y avait pas, ou peu, de fabricant de side-car de course.
Peu après sont apparus des gens comme FIDDAMAN ! Mais tous ces fabricants étaient pratiquement d’origine Anglaise !
Roulant à gauche sur la voie publique, ils faisaient des sides à gauche et moi les sides à gauche, ce n’est pas mon truc.
‘’Pour ceux qui ne l’auraient pas lu ? J’explique dans ce post la raison de mon choix au milieu de la page 13 dans mon chapitre 10 bis ‘’
Même si dans mes premières années de compét, par obligation j’ai fabriqué mes propres side-cars, j’ai cependant toujours éprouvé du plaisir à fabriquer et à mettre au point du matériel nouveau, et cela dans n’importe quel domaine.
Un jour, mon fils, se lamentant de ne pas avoir un outil adapté à son problème, me dit : papa, je fais comment ???
Je lui dis : achète l’outil
Il me répond : ça n’existe pas
Je lui ai répondu : fabrique-le !!!!!
Bien sûr, si on n’est pas du métier, il vaut mieux être bien entouré, mais après ! sur les circuits ! quel plaisir, quand on peut « tordre » des châssis de renommée mondiale ! (RIRE)
Donc, on part sur un side à droite et de conception totalement innovante.
Pas pour le plaisir de dire je suis différent et que je pense différent et j’emmerde tout le monde.
NON, NON bien au contraire !! Le choix que nous avions fait, François BERNARD et moi-même, était de voir comment on pouvait améliorer la tenue de route d’un side-car.
Et là, il y avait du taf !!!
Loin de moi de dire que LCR n’est pas une référence, mais il faut reconnaitre que tout le monde les copie, et que personne ne cherche à aller vraiment dans la démarche de faire progresser l’engin.
On a presque l’impression d’être dans une catégorie mono marque, alors que le règlement est ouvert à la création individuelle.
Seul des gens comme RUDY KURT ont été novateur en matière de châssis, de manière très réfléchie et avec réussite.
Quand en 1974 François a sorti un bras oscillant à variation de carrossage, tout le monde a dit: ça ne marchera pas !!!
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Montage arrière de mon châssis court FB1 de 1974/1975
Moi je leur répondais : mais attend garçon ! Il ne faut pas réagir comme ça, il faut réfléchir et reconnaitre que quand on change d’appuis, une roue qui est tout le temps à plat au sol, c’est quand même mieux qu’une roue qui passe d’un bord à l’autre du pneu, surtout avec un side-car monté à l’AR en 10 pouces de large.
Et il est dommage que les fabricants de side-car, pour résoudre partiellement ce problème de roulis, ont tout bonnement bridé le débattement des suspensions, alors qu’il était assez simple de résoudre le problème ?
Avec François, on n’a rien inventé, il suffisait de regarder autour de soi, et pour ça le barbu avait réutilisé et mis au gout du jour des systèmes qui existaient déjà sur des voitures, comme la Simca 1000 ou la 4 cv de nos parents.
Sur notre châssis 93/96 comme sur le vieux 74/75 on a toujours usé nos pneus bien à plat.
Pour avoir fait le service AVON sur les circuits, j’étais aux premières loges pour constater les énormes usures asymétriques des autres concurrents.
Et c’est là que l’on a pu se confirmer, qu’entre les deux techniques ! Les différences d’adhérence étaient énormes !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sur cette photo du châssis long FB3 1993/1996
On voit très bien le châssis et l’aileron qui penche vers la droite car il n’est pas sous charge !
Par contre on peut voir distinctement que la roue arrière est parfaitement à plat au sol.
Il en sera de même lorsque le passager et le pilote seront dessus ! Ceci est rendu possible grâce à l’épure de suspension, qui permet de toujours garder la roue AR à plat.
Autre exemple :
Quand on a sorti notre side en 1993, beaucoup nous ont chambré à cause de notre spoiler avant ! Et même, ont comparé notre side-car à une tondeuse à gazon.
Venant de certains, il s’agissait d’humour, mais pour d’autres, il s’agissait d’une incompréhension totale, et même en expliquant, on sentait bien un refus de cette nouveauté.
Nouveauté !! qui si elle devait en être une ? ne l’était que pour les side-cars ! Car, dans bien d’autres domaines automobiles, elle est employée depuis des lustres.
En ce qui me concerne, déjà sur le side que je devais avoir en 1976 !!!! Il y avait déjà un tel appendice.
Et presque 40 ans après !! On peut constater que LCR a sorti un carénage avec ce même type d’aérodynamique !
Il en fut de même pour le plancher à effet de sol, que nous avions mis en place depuis 1976.
J’ai constaté que LCR utilisait aussi cette solution depuis quelque temps.
Je sais, je me répète, mais encore une fois je ne veux pas que nous passions pour des précurseurs ou des inventeurs, mais je suis surpris que l’évolution de nos engins ne progresse pas plus vite.
Peut-être que la position dominante de LCR fait qu’ils distillent leurs évolutions plus lentement ? Pour mieux maitriser leurs productions et leurs coûts ????(Ce que je ne me permettrais pas de leur reprocher)
Je finis sur le fait que la finition Suisse, et sa fiabilité, longuement éprouvée, est un must dans le domaine, et ça, il n’y a même pas à en discuter.
Le châssis
Pour ce nouveau châssis on opta pour un châssis treillis en tube, plus facile à construire et, au cas où, à le réparer.
Ce châssis a été fait en tubes acier carré de 20X20 en 1mm d’épaisseur, brasé à l’ancienne avec de la baguette 16F de chez CASTOLIN.
C’est du vulgaire tube à ferrer les lapins, point de 25CD4S ou autres dérivés, pas de sous à mettre la dedans.
Pour info, tous mes autres châssis avaient été faits en tube étiré sans soudure et ça n’a jamais bougé.
Étant conservateur, c’est sur le marbre qu’avait fabriqué François en 1973 que nous avons mis en chantier ce nouveau châssis.
(Navré je ne possède aucune photo de cette époque)
Le train avant
Ayant récupéré le vieux train, il nous fallut le modifier un peu.
D’abord mettre une nouvelle pince de frein plus balaise, car celle en place était une pince de Renault R8 et la vitesse de notre futur engin méritait mieux.
Il a aussi fallu modifier le « dirigeoire » (guidon) qui à l’époque agissait sur la roue avant à l’aide de biellettes, ce qui en 1993 était interdit par le règlement.
Pour être conforme, nous avons fabriqué une fausse demi-fourche Earles, afin de pouvoir diriger la bête.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]A l’époque de sa construction, le porte moyeu de ce train AV, n’a pas été simple à fabriquer,
Cette pièce a été même une des plus belles et la plus complexe qui fut construite !
Compte tenu qu’aucun déport de poids n’est tolérable sur cette pièce maitresse du side !
Mon ingénieur préféré avait décidé une chose fondamentale.
J’explique :
Pour qu’au freinage le guidon ne tire ni à droite ni à gauche, il faut que l’axe de pivot du porte moyeu soit parfaitement centré par rapport à la jante.
Et pour que tout soit parfait, il faut aussi que le disque soit parfaitement au centre de l’ensemble ainsi que l’étrier de frein, bien évidemment.
Centré tout cela à l’intérieur de cet espace réduit a été du grand art.
Et là, pour mieux comprendre je reprends l’explication du docteur es side-car F BERNARD :
Je le site :
« J’ai considéré qu’il fallait que les efforts longitudinaux (trainée de roulement, bosses, freinage) n’induisent pas de couple de braquage.
Donc axe de pivot vertical et centré dans la roue ».[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Plans François Bernard (1975)
Pourquoi tout ce mal pour un truc (side-car) qui de toute façon ne roule jamais droit !
Et bien justement ! Le side-car que nomme très élégamment François (je le site) : « un tripode asymétrique parfaitement instable, il a des principes et des exigences qui permettent de minimiser bon nombre d’effets parasites et ainsi on peut augmenter la stabilité de l’engin, entre autres au freinage et dans les appuis gauches et droits, car la force exercée sur le guidon est la même entre les deux appuis ».
Et là aussi je reprends l’explication du docteur es side-car F BERNARD :
Je le site :
« On peut obtenir un déport au sol nul en ayant un pivot incliné comme sur une voiture, ce qui est plus facile à construire mais cela rend la prise de carrossage dissymétrique en braquage.
Grosse prise en braquage intérieur et l’inverse en braquage extérieur ».
Pour ceux qui n’auraient pas tous compris j’explique :
Sur une auto et je dirai même sur toutes les autos, vous avez ce type de montage.
(Voir plans ci-dessous)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Exemple :
Sur une quatre roues vous n’avez aucun effet parasite dû au déport des axes de pivots au sol.
Pourquoi ? Parce que la barre de direction relie les deux roues. Et donc les efforts s’annulent
Imaginer maintenant que vous enleviez cette barre de direction !!!!
Au freinage il va se passer quoi ?? Les deux roues vont s’ouvrir et avoir un certain strabisme divergent.
C’est comme si sur une moto solo, vous déplaciez la colonne de direction d’un côté et qu’elle ne soit plus en ligne avec le centre de la roue ?? Imaginez le carnage. (rire)
À ce jour encore, que ce soit sur les side-cars de route ou sur ceux de courses, très peu ont un axe de pivot centré.
Pour arriver à ce résultat, cela a imposé entre autres une jante avec beaucoup de déport, qui n’était pas simple à trouver, surtout gratos.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ça réfléchit dur
Ensuite ce porte moyeu il faut le rattacher au châssis.
Bien sûr pour éviter tous les problèmes de rupture de colonne de direction qu’on connut les anciens, il a été prévu deux triangles superposés.
Cela permettait aussi de mieux gérer l’angle de chasse constant ou pas ! La raideur de l’amortisseur et surtout c’était plus rigide.
Le train arrière
Rappelez-vous, on avait récupéré le vieux porte moyeu ; mis à part celui-ci, tout a été à refaire pour le rattacher au châssis par des biellettes triangle de manière à avoir la variation de carrossage que nous désirions.
Les carénages
Là, le patron BERNARD, il n’a pas rigolé.
François, toujours très modeste, connaît cependant pas mal de truc en aérodynamique, mais pour tenter de faire encore mieux, un jour, il débarque à l’atelier de mon patron et me présente un monsieur qui était encore plus érudit que lui en aérodynamique.
Là, il nous donne plein de conseils, et dessine une esquisse de ce que devrait être notre futur carénage.
Plus haut je parlais du moyeu avant difficile à fabriquer, ce fut une broutille à côté des polys !!
Le grand chef stratification a été Philippe OUROUZE (my passager and the best POLYMAN !) dit : le roi de l’eczéma. (rire)
Quand je revois les photos, je me dis: ce n’est pas possible.
Il était tout seul en Bretagne dans son garage de 2m sur 2m à faire un truc qui allait dépasser les 3 m.
Il a fait un truc incroyable avec des moyens dérisoires.
Et comme rien n’est facile, entre 1993 et 1996 nous avons installé dans ce side-car 3 motorisations différentes ! Donc, déjà au départ, trois radiateurs différents.
Plus toutes les modifs étalées sur ces 4 ans, ce qui nous a obligés sur cette période à utiliser 9 radiateurs différents !!!!!
D’autant que nous avons eu des problèmes de température d’eau et ce dès le premier moteur et nous en avons découvert la cause que la dernière année lors du montage du 900 CBR.
En ce qui concerne les carénages, je n’ai fait que donner des ordres. (Rire)
Donc dans le prochain chapitre, je laisse Philippe vous narrer la difficulté qu’il a eue pour réaliser tout ça.
A suivre
)(