-Bonjour Clément- Bonjour à tout le monde, et, mieux vaut tard que jamais, bonne année !
- Merci de bien vouloir répondre à nos questions.-C’est avec grand plaisir !
- A priori, tu quittes la catégorie 125 en 2010 et c'est l'occasion de revenir un peu sur ton passé. Tu étais tout sauf un débutant dans cette série. Peux-tu nous y rappeler ton parcours?-J’ai commencé la 125 très tôt. Dès 13 ans, j’ai fait quelques petites courses pour m’entrainer et préparer l’année de mes 14 ans, en championnat de France. J’ai donc eu l’occasion de rouler en championnat d’Allemagne (la moitié du championnat), dans un championnat régional en Angleterre (où j’ai découvert des circuits un peu atypiques : Cadwell Park, Brands Hatch, Sneterton), et en Espagne (2 ou 3 courses du championnat Catalan). Avec mes résultats satisfaisants pour mon âge, Nicolas Dussauge et Alain Bronec, que je connaissais depuis déjà 4 ou 5 ans, m’intègrent à l’équipe de France FFM pour l’année de mes 14ans, en championnat de France. Je termine 4ème (ou 5ème) du championnat final, avec notamment 2 pôles positions (Carole et Albi), 2 podiums (ou 3), et beaucoup de chutes. Je vous épargne de mes courses à l’étranger en fin de saison, je n’étais pas prêt mentalement à affronter une telle concurrence.
En 2006, ND et AB me refont confiance, et j’obtiens le titre avec 5 victoires sur 7. J’ai cette année, eu l’occasion de me frotter aux « best riders of the world » au Sachsenring et à Valencia, en remplacement de Mike Di Meglio. Deux bonnes expériences !
2007, n’ayant pas obtenu de 2ème moto dans leur team de GP, la fédé me redonne une moto pour rerefaire le championnat de France. De gros problèmes techniques sur ma moto, et des soucis internes à l’équipe, que je n’étalerai pas, perturbent mon début de saison, et je me vois à pied après la mi-saison. Je fini la saison avec Michel Petit, et démontre bien que mes piètres résultats n’étaient pas totalement de ma faute. Faute de moyens financiers, je stoppe l’aventure fin 2007. C’était sans compter sur Michel Escudier qui me confia sa moto pour les 4 dernières courses de la saison 2008, pour remplacer Alexis Michel. J’en ai gagné 3. J’ai fini l’année avec une course en CEV à Valence très encourageante, où je me bagarre avec les meilleurs pilotes espagnols. En 2009, on décide donc avec le team PMS de se lancer dans l’aventure Espagne. Je termine à une moyenne 9ème place au classement final, avec 1 podium, une 5ème place, une 6ème, et une 11ème (après avoir calé au départ) mais 3 résultats blancs.
- Quelle différence trouves-tu entre le CEV et le championnat de France?Les différences sont multiples :- une organisation très pro
- une liste d’engagés importante, et donc, la nécessité de se qualifier
- un gros niveau, des équipes aux moyens financiers élevés, et des motos plus performantes
- des circuits plus grands et aux infrastructures plus modernes
- la couverture télévisuelle, mine de rien très importante !
- il fait plus chaud !
(- les hotesses HUNE)
- Quelle différence trouves-tu entre une Aprilia et une Honda?-L’Aprilia est une moto qui est légèrement plus maniable et plus facile à placer qu’une Honda. Cela permet de rentrer plus vite en virage, et surtout d’être mieux placé en sortie de virage pour l’accélération.
Cependant, je pense que la Honda est beaucoup plus accessible pour les « débutants », et elle offre un potentiel très important !
Ce que j’aime aussi sur l’Aprilia, c’est sa position de conduite, plus haute, et plus grande, avec des carénages plus enveloppants.
Coté moteur, il y a tellement de pièces différentes, et elle est si difficile à régler, qu’entre 2 Aprilia, on peut trouver des écarts très importants, que l’on ne trouverai pas sur des Honda. Par chance, l’Aprilia du team PMS marchait vraiment très bien, avait beaucoup de couple et une belle puissance à hauts régimes.
- Cette année, tu as brillé en CEV au sein d'une toute petite structure, le team PMS; comment expliques-tu cela?-Cette équipe est vraiment incroyable. Je m’y sentais comme chez moi, avec des personnes motivées, agréables et compétentes. L’ambiance dans le team a été un point clef, la personnalité de Michel Escudier fait aussi partie intégrante du succès. Il a la capacité de toujours recentrer le pilote sur les priorités, de poser les bonnes questions, et c’est surtout un travailleur énorme. Chaque membre de l’équipe amène sa pierre à l’édifice, fait cela par passion, et la est la plus grande différence avec les autres équipes. Aussi, l’équipe est la pour le pilote, rien que pour le pilote, et c’est une source de motivation supplémentaire.
Enfin, son coté extérieurement fermé permet de n’être dérangé par personne et de rester concentré sur notre objectif, la performance.
- Tu ne sembles pas avoir de coach, à l'encontre des autres pilotes; pourquoi et penses-tu que cela t'ait handicapé?-Mon expérience assez importante fait que je sais maintenant analyser à peu près seul mes défauts. De plus, j’ai roulé cette année sur des circuits que je connaissais déjà auparavant, j’avais donc les bases. Il m’est arrivé pendant l’année d’appeler Alexis, Mike, Nicolas Dussauge, Alain Bronec, ou encore David Sciberras, quand j’avais des questions précises, besoin de conseil, d’un avis ou autre…
En plus, Jean-Marc Perrut, du team PMS, allait de temps en temps sur le bord de piste, lorsque j’avais des choses précises à lui demander, et on travaillait bien.
Cela ne m’a donc pas handicapé.
- On te voit souvent faire ton footing, très tôt le matin, dans les paddocks; tu accordes une grande importance à ta condition physique?-J’essaye d’avoir un niveau physique correct, et surtout, de ne pas trop prendre de poids. Mais je suis loin d’être une bête physique, je préfère favoriser ma force mentale. Pour 2010, je vais être d’avantage préparé physiquement, lourdeur de la moto et les 2 courses obligent.
Le footing que j’effectue chaque matin sur les courses, c’est juste pour réveiller mon corps et pour bien démarrer la journée.
J’essaye aussi de bien m’échauffer avant chaque séance, afin d’être dedans rapidement, et d’éviter d’éventuelles blessures.
- Un conseil pour ceux qui débutent en 125?-J’en ai beaucoup ! Mais tout dépend des objectifs des pilotes. Pour un jeune qui souhaite aller très loin :
-Se faire plaisir, en travaillant
-Ne pas se précipiter
-Avoir des objectifs réalisables
-Ne pas se contenter du minimum
-Avoir conscience que rien n’est gagné d’avance
-Avoir un entourage de confiance
-Etre professionnel, et ne pas aller sur les courses pour voir ses potes
-Enfin, on sait tous que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin, mais ca, on s’en fou ! Faites donc le maximum avec les moyens mis à votre disposition et ne vous attardez pas sur vos adversaires (motos, structures, argent…)
- Un piège à éviter?-Se reposer après une bonne performance.
- Ton meilleur souvenir 2009?-Forcement, mon podium à la 1ère course.
Mais je garderai surtout comme souvenir la bonne entente avec mon équipe, et, aussi, les autres teams français.
- Ton pire souvenir 2009?-Je n’en ai pas, car les échecs et les déceptions font partis du jeu, et contribuent à l’agrandissement de mon expérience, et me rendra plus fort. Je dirai donc la mort du chanteur des 2be3.
- Tu débutes dans une nouvelle catégorie, au sein du team Tecmas; as-tu programmé de nombreuses séances d'entraînement avant le début de saison?-Les séances ne sont pas encore fixées, mais si tout se passe comme prévu, j’aurai plusieurs journées d’essais sur différents circuits afin de me faire le plus vite possible à la 600, et d’arriver compétitif à la 1ère course de l’année. Mais tant que je n’ai pas les dates, je ne peux rien vous assurer…
- Tes ambitions pour 2010?-Je veux jouer le titre dès cette année. Je pense que je n’ai rien à envier aux meilleurs pilotes de la catégorie comme Matthieu Ginès ou Anthony Loiseau. La clef sera d’avoir beaucoup de journées de roulage cet hiver, et que je m’adapte rapidement à cette nouvelle moto. J’ai du travail, et c’est très excitant ! Peut-être que ca ne se passera pas comme prévu, et dans ce cas, je ne veux avoir aucun regret à la fin, je dois donc faire de mon mieux !
- Kenny Roberts mis à part, comment expliques-tu le fait que les blonds soient
moins rapides que les autres pilotes? -Je pense que les blonds sont plus occupés à chercher des filles qu’à faire de la moto. Prenez un blondinet aux cheveux longs, un peu stylé, avec une casquette américaine, un jean qui descend jusqu’aux genoux, habile sur un BMX, un Iphone à la main et une Peugeot 207, vous verrez que ca va pas bien vite sur une moto !
- Merci beaucoup Clément. On te souhaite une excellente année 2010 et on ne manquera pas de suivre tes débuts et ta progression en 600cc!-Merci à vous, continuez comme ça, à alimenter ce super forum et à créer des sujets de discussion intéressants.
Et Quentin, j’y suis pour rien, on m’a tendu une grosse perche ! :p