Ah bé, c'est gentil, ça, Patrick.
Puisque c'est ainsi, je traduis le propos de Joe Dunphy. Y a pas de raison que je ne sois pas gentil moi aussi, non mais. (Bon, j'écrirai peut-être d'étranges choses, mais vous corrigerez les plus affreuses.)
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Joe Dunphy nous parle du circuit.
Le mois de juin ne signifie qu’une chose pour les milliers de pèlerins de la magique Île de Man : les courses du Tourist Trophy, fameuses dans le monde entier, tenues tous les ans sur les 37 milles et ¾ du
Mountain circuit.
Mais cette année, ces courses seront bien tristes pour moi : ce sera la première fois en 11 ans que je n'en serai pas. En 1957, je courus mon premier Manx GP, et en 1963 mon premier TT.
Surprenant, comme le circuit a changé en 11 ans. Un des changements les plus visibles est bien entendu le
Grandstand, quoique les fameux
TT leader boards n'aient pas bougé.
Dans l'ancien temps, Bray Hill était un vrai test d'habileté et de tenue de route, tant la route était bosselée. C'est maintenant bien plus roulant et sans aucun doute beaucoup plus facile ; on peut descendre à fond sur une Manx 500 cm³. En bas, on atteint les 210 km/h, selon bien sûr la vitesse de votre machine, ou si vous avez coupé ou osé faire la descente
flat out. Ensuite, la moto quitte le sol et le compteur s’affole de 500 tr/mn supplémentaires avant que la roue arrière reprenne contact avec le sol.
Mon ultime repère de freinage avant la délicate approche de Quarter Bridge était une petite route qui arrivait, sur la gauche. On doit alors passer de 210 à 60 km/h, pour bien négocier ce difficile virage. Et être attentif en accélérant à la sortie, car le devers dans le coin est vicieux. Menton au réservoir… pour tout de suite freiner à l'approche du célèbre S de Braddan Bridge. J'utilisais la ligne blanche interrompue peinte sur la droite de la chaussée, à un petit mètre d'une boîte aux lettres, comme point de rupture et essayais de me tenir sur la gauche sur le pont aussi longtemps que possible. Attention requise à la sortie, sous peine de se frotter l'épaule gauche au mur !
Union Mills est la réjouissance suivante au programme, et le droite peut être pris à fond, en se relevant tout de suite après, en coupant tout à l'approche des véritables virages d'Union Mills, descendant les vitesses et balançant juste avant une buse ouverte sur la gauche. La moto est à maîtriser quand on change de direction et qu'on s'aligne pour le gauche qui suit.
Après Union Mills, c'est à fond pendant des milles. Glen Vine, une courbe à droite délicate, réclame beaucoup d'entraînement avant d'être prise sans ralentir. C'est important de savoir la prendre comme il faut car ensuite, c'est route ouverte et tous les tr/mn supplémentaires que vous aurez su gagner seront tout bénéfice pour un bon bout de chemin. Inutile de parler de Crosby, qu'on traverse à fond ; de fait, c'est à fond de Union Mills à Highlander Inn et au-delà, jusqu'au moment où une cabine de téléphone apparaît à l'horizon. Cette cabine vous avertit de l'arrivée prochaine à Greeba Castle. La chose étrange avec Greeba Castle, c'est qu'on ne voit pas au-delà, et on doit garder sa ligne pour éviter de taper le mur sur la gauche. Car même s'il est bordé de bottes de paille, je me vois mal m'y frotter à 160, la vitesse qu'on doit avoir dans cette section.
Greeba Bridge a été élargi de plus d'un mètre, mais sa sortie en un dangereux devers rend vraiment difficile d'enrouler quand on en sort.
La paire de droites avant Ballacraine ne présente pas de difficulté si on a la bonne ligne, en utilisant toute la largeur de la piste. Avant, c'était très dangereux et la bécane pouvait se retrouver en travers pratiquement sur tout cet enchaînement mais maintenant, avec la chaussée aplanie, c'est facile.
Pour Ballacraine, on coupe 20 mètres avant un pilier de pierre, à droite. Les deux piliers d'un porche sont un bon point de visée pour être dans la bonne ligne pour ce virage à droite ; on les voit à gauche, et on peut les utiliser comme point de rupture. Ballacraine, élargi et re-surfacé l'an passé, se prend maintenant plus vite. Attention quand même à la sortie, sous peine d'accrocher les sacs de sable qui bordent le mur du pub.
Ballaspur, un vilain gauche au sommet de la brève montée après Ballacraine, peut être pris sans mollir, mais la bécane se retrouve "allégée" à la corde, et vous voilà frôlant l'épais pilier de pierre pendant que vous accélérez vers Doran's !
Doran's est un de ces virages que je n'aime pas, et que je n'ai jamais passé à l'aise. Très rapide, bosselé, aveugle. Si on se tient trop près de l'abrupte bordure à gauche, c'est encore plus cahoteux. Sortez trop large et voilà la bécane entraînée par le devers qui atterrit directement dans le fossé à l'extérieur.
Viennent ensuite, à mon avis, les plus dangereux des 37 milles ¾ du circuit. Hautes bordures, avec pierres aiguës qui dépassent, pas la moindre échappatoire, le tout très cahoteux, c'est un passage très pénible.
Laurel Bank est un de ces virages trop vites pour la première, trop lents pour la seconde. Je m'en sortais avec la seconde, d'habitude.
Puis, alors que vous vous battez avec les ruades et les sauts de la mécanique entre vos jambes, vous devez aviser le garage sur la droite, devant lequel il y a un poteau télégraphique qui porte, d'habitude, une publicité Castrol. Visez ce poteau et balancez à ce moment, puis débrouillez vous pour passer la tête juste au-dessous du rocher en saillie, couvert de verdure, qui dépasse à 2 mètres au-dessus de la chaussée. Ça vous placera dans la bonne ligne pour la courbe à droite suivante.
Glen Helen, toujours dans cette section bosselée, est le problème qui surgit soudain devant vous. Un îlot maçonné devant l'hôtel permet de déterminer la bonne trajectoire. Les premiers soixante centimètres de cet îlot me servaient comme marqueur, au-delà desquels je balançais. Puis on essaie de se tenir à un demi-mètre du mur de pierre qui court au long de la montée vers Sarah's Cottage. Une bosse de la route envoie la bécane vers le talus herbeux à droite, mais balancez au bout du mur sur la gauche, et plongez en rasant le bas-côté sur la droite. C'est un très mauvais coin sous la pluie, car l'eau coule le long de la pente, rendant l'endroit extrêmement glissant.
Si vous arrivez au sommet en dehors de la ligne, vous avez de quoi vous ronger les sangs. Notez que si vous y arrivez en ligne, vous vous rongerez les sangs aussi, mais pas tout à fait autant ! Les poteaux télégraphiques sont de quelque aide, ils permettent, quand on les vise l'un après l'autre, de rectifier la sortie de cette montée torturée et cahoteuse. Une des équipes d'usine japonaises utilise le sommet comme point de signalisation. Dieu seul sait comment leurs pilotes peuvent lire les panneaux, là.
Conk-y-Voddee est si cahoteux qu'il y est pratiquement impossible de se coller le menton au réservoir. Un virage dangereux après l'église peut être pris sans ralentir. On y arrive avec de la pratique, mais une complète concentration reste impérative.
La 11ème borne [
11th milestone] est affaire de bravoure. Prise en 3ème sur une Manx 500, vous vous retrouvez à fond juste après être sorti du S. Bon nombre de pilotes bien connus prétendent la passer sur le plus long rapport. Comme je l'ai déjà dit, c'est affaire d'audace. Handley's est le prochain virage. En 3ème, frôlez le mur de pierre à la corde, à droite, aussi longtemps que possible. Soyez prudent à la sortie, une entrée de chemin vers les champs, en devers, pourrait vous rendre la vie très difficile.
Le second gauche après Handley's a un sale couvert de goudron usé qui peut vous piéger sur le mouillé, si vous l'oubliez.
Nous voici maintenant sur une des portions les plus excitantes du
Mountain circuit, le croisement de Baaregarroo. À l'approche, dévalez sur la droite de la route, jusqu'à l'entrée de la route qui part à droite, puis balancez votre machine à gauche. Ça peut se faire, après pas mal d'entraînement, en
top gear sans dérouler la poignée. À fond, on descend la pente au maximum des tours. En bas de Baaregarroo, un endroit spectaculaire pour le public, les 500 rugissent poignée dans le coin, ou au moins devraient-elles le faire.
La
13th milestone, maintenant. On coupe après le premier poteau télégraphique qui suit le
marker board ]lequel ? Quoi-t-est-ce ?] puis on fonce le long du premier droite puis on rentre en 3ème pour
13th milestone proprement dit. On ne doit pas utiliser toute la route, la moitié suffit. On a toujours un sentiment de déception à la sortie, avec l'aiguille du compte-tours sur 6000, 6200 au mieux. J'ai toujours eu l'impression que j'aurais pu le passer plus vite. L'approche serrée du sommet de
13th commande la vitesse à laquelle on atteint le bas.
On se tient à gauche pour le droite de Kirkmichael, on fait attention aux deux poteaux, un à droite à l'approche, un à gauche à la sortie. Quand les deux semblent un seul, il est temps de balancer pour prendre le droite de Kirkmichael.
On traverse le village sans problème, et quand on en sort, on cherche le couvercle de drain peint en jaune, sur la droite, et on vise pour passer juste sur sa gauche, pour se retrouver sur la bonne ligne pour le gauche suivant. (Ne roulez pas dessus, il est enfoncé dans la chaussée et vous risqueriez un bon coup de guidonnage.)
Encore des poteaux pour se guider sur la bonne trajectoire. À Rhencullen, le viser de loin, c'est y être à coup sûr. Une fois dessus, on balance sec à droite, et on est prêt pour le gauche qui suit. Une fois passé, détendre un peu sa tenue des poignées, car la roue avant quitte le sol et se tortille un poil.
On peut ensuite aligner la série de légers gauches et droites qui vient, et les passer en ligne droite, sans ralentir. Il y a tout de même un mauvais droite qui réclame pas mal de courage pour être passé à fond. Passez-le et tout ira bien jusqu'à Ballaugh Bridge.
À l'approche de ce célèbre saut, il y a un panneau d'avertissement, et au-delà, des arbres en surplomb. Lorsque vous passez en-dessous, il est temps de jeter les ancres ; freiner tard ici peut causer des ennuis.
Après Ballaugh, à fond les gamelles jusqu'aux Quarry Bends. Les vitesses à travers “Quarry” dépassent 160, et c'est important d'être au plus vite car ça détermine votre maximum sur la longue droite de Sulby.
On fonce au long de
Sulby straight, on double le poste de signalisation de MV, à gauche avant le village, puis on passe sur les bosses du village, en cherchant l'indicateur du pont de Sulby. On compte un, deux, trois poteaux télégraphiques après ce panneau et on se relève, on freine, on descend les vitesses, on balance à la bouche d’égout du caniveau. On colle au mur du pont à droite puis on accélère vers Ginger Hall.
Kerroo Mooar ; on balance au poteau marqué d'une ligne blanche, à fond de seconde. Puis
flat out jusqu'à Glentramman. La route devant semble alors disparaître, et on ne voit qu'une barrière à l'entrée d'un champ, mais en fait, la route tourne à gauche et peut être prise à fond. Ce gauche passé, le poteau indicateur Glentramman est en vue. Coupez, descendez une vitesse, enroulez le droite puis descendez en seconde pour la sortie à gauche, en bas de l'approche de la pente.
Mettez le paquet dans Milntown vers Ramsey et la longue montée.
Virage de l'École, rapide et bosselé, en 3ème ou 2nde, on balance au 2ème pilier de porche peint en blanc. L'oreille droite fouette un poteau télégraphique et on en est sorti, en route vers Parliament square. Ça paraît toujours difficile, après de telles vitesses, de négocier des virages aussi lents.
On monte May Hill et la longue escalade commence ; d'abord Ramsey Hairpin, puis Waterworks, Gooseneck et Guthrie's [Memorial]. Puis le Mountain mile, toujours en montée, on est bien replié dans le carénage, épaules et pieds à l'abri.
Passez le Mountain Box et Black Hut, et le terrifiant Verandah, quatre droites à 160 qui se suivent. Vilaine chute si vous sortez de la route à gauche !
Descendez vers Bungalow, sur la ligne de chemin de fer, et passez Brandywell. Voici la 32ème borne, puis Windy corner. S'il y a du brouillard, rappelez-vous les piquets de clôture peints en jaune sur le côté de la route ; quand vous les verrez, vous saurez que le virage vient juste après.
On passe le double gauche à plus de 160, puis la 33ème borne, et Keppel Gate dans la foulée, puis on descend vers Creg-ny-Baa.
Après le Creg vient une des parties les plus rapides et les plus lisses du circuit. Il vous faut atteindre le régime maximum avant le point de freinage pour Brandish.
Hillberry est un cauchemar, terriblement rapide, et bosselé à s'en faire peur. Ici, la moto commande à peu près autant que le pilote. Après Hillberry, à fond jusqu'à la flèche annonçant Signpost Corner. Alors, rentrez tout et faites attention, c'est une approche en descente. Souvent, on y freine trop tard ; heureusement, il y a une échappatoire.
Vient Bedstead, où on prend toute la largeur, puis le Nook, et enfin Governor's Bridge. Quand vous y arrivez, il y a peu de chance que vous ayez encore beaucoup de puissance d'arrêt, alors allez-y doucement. (Et souvenez-vous aussi que si vous devez vous arrêter aux stands, vos freins peuvent mollir, soyez prêt). Puis, on sort de Governor's et on plonge vers Bray Hill, pour commencer un autre tour…
***
Et voilà.