AMA Zone insolite

Ahlalala, très très bien, Michuz. Bon, c'est la remise dans son contexte général de la carrière de Jim Evans qui m'a d'abord extrêmement botté, mais tu arrives à m'intéresser à Gina Bovaird, ce qui n'était pas gagné. Bravo, merci, encore !

1980, Gina va sur ses 31 ans et vient de prendre une énorme décision, gonflée, risquée, elle veut se frotter à la catégorie reine, elle veut rouler en 500 !


Le passage à la 500 va être un gros challenge pour Gina, habituée à sa TZ 250 de 53 Chevaux et 107 kgs. Elle va devoir gérer une machine plus lourde avec une puissance qui va doubler!  En sera-t-elle capable ?

Yamaha vient de proposer aux pilotes privés une toute nouvelle 500 compé client, pensant arrêter l’hégémonie des Suzuki RG depuis 1976 parmi le plateau 500.  Inspirée de l’0W45, la machine d’usine du champion du monde Kenny Roberts 1979, Yamaha veut capitaliser sur les 2 titres de King Kenny. L’offre semble alléchante.
La TZ 500 G, moteur 2 Temps de 4 cylindres en ligne, avec valve à l’échappement à commande centrifuge, est annoncée pour 110 Chevaux.
Les caractéristiques de la 500 laissaient penser que ses performances seraient équivalentes à la TZ750D de 120 CV,  vu son poids moindre, 139 kgs versus 152 kgs de la 750.



En revanche avec un prix de $ 14.000 - environ $ 60.000 de 2023- avec une caisse de pièces, et bien que les sponsors aient renouvelés leurs soutiens après les bonnes retombées de la saison 1979. La marche est haute et oblige le couple à emprunter auprès de leur banque, qui prendra une hypothèque sur leur maison en garantie.


Cycle News : (trad Gogol)
Est-il vrai que certains coureurs pariaient de l'argent sur le fait que vous ne pouviez pas rouler en 500 à Daytona ?
Ouais. Eh bien, peut-être que je me serais lancé dans les paris aussi, parce que c'était un grand saut. Je sais que je suis une personne très déterminée, et quand je décide de faire quelque chose. Je peux généralement l’accomplir. Mais s’inscrire à Daytona était un geste assez gonflé de ma part, juste pour sauter dedans. Une 500 est une moto très difficile à piloter, et elle va très vite en ligne droite. Beaucoup de gens - des hommes - n'arrivent pas à s’accoutumer aux 250 à Daytona, encore moins aux 500. Beaucoup de choses qui se sont passées à Daytona m'ont fait aller aussi bien que là-bas. L'une de ces choses était que beaucoup de gens disaient que je ne pouvais tout simplement pas le faire. Ça m'a un peu stimulé. Il y avait quelque chose que je devais prouver. La première fois que je suis allé sur l’anneau. Je ne voulais pas non plus garder les gaz ouverts à fond, mais il y avait tellement de pression derrière moi, tellement de monde derrière moi, que je l'ai fait.

Carter Alsop, la première femme à obtenir une licence professionnelle AMA, a déclaré en public que vous aviez obtenu le TZ500 qu'elle aurait dû recevoir, gratuitement, en raison d'une erreur commise chez Yamaha. Comment avez-vous obtenu votre 500 ?

Pour obtenir les 500, tout ce que j'avais à faire était de trouver 14 000 $. J'ai dû passer beaucoup d'appels téléphoniques à Ken Clark (NdR : Ken Clark était le Manager du Racing Team Yamaha USA, il avait importé 20 TZ 500 à distribuer aux USA). Il a d'abord dit qu'il allait m'en donner une, puis m'en vendre une, puis il ne l'a pas fait. Finalement, je lui ai dit que j'allais courir en Europe, et je suppose qu'il a décidé que l'Europe était un bon endroit pour une 500. Fallait venir avec l'argent ... eh bien, j'ai juste dépensé chaque centime que j'avais. Je suis une personne très impulsive. Une fois que l’idée est dans ma tête que je veux quelque chose, que je dois faire quelque chose, alors je deviens dingue jusqu'à ce que je fasse tout ce que je peux pour atteindre cet objectif.
C'est aussi ce qui s'est passé quand j'ai décidé que je voulais courir la course des experts, les 200 miles, à Daytona. Je viens d'avoir l'idée dans ma tête et je n'allais pas l'abandonner jusqu'à ce qu'elle se produise.
Il a fallu beaucoup d'appels téléphoniques à l'AMA. Ils n'avaient organisé que trois courses catégorie Road Race l'année précédente, il n'y avait donc aucun moyen d'accumuler suffisamment de points pour avancer dans trois courses. Ce n'était pas un système équitable. Ils ont annulé deux courses. Je les ai finalement harcelés pour qu'ils fassent une recommandation. Il s'est avéré que beaucoup de gens ont reçu des recommandations qui n'auraient jamais dû être des experts. Mais vous savez, beaucoup de gens disent probablement que je ne devrais pas non plus être un expert.
Mais je pense que j'ai très bien fait à Daytona. Vous avez commencé quelque part, en faisant la course contre des experts. Le 500 s'est plutôt bien passé là-bas, mais j'étais très nerveuse parce que je n'étais pas sûr d'être capable de le faire, et je n'avais jamais fait de 500 auparavant. J'ai toujours eu des doutes. Serais-je vraiment capable d'aller là-bas et de le faire? Je me suis demandé ça tout le temps.
La seule façon d'arrêter d'être nerveuse, la façon dont je l'ai abordé, était d'avoir des temps au tour cible tous les jours.
J'ai pensé que si je pouvais sortir le premier jour d'entraînement et égaler mon meilleur temps de 250 de l'année précédente, ce serait bien.
Comme cela a fonctionné, je suis sorti le premier jour et j'ai facilement égalé mon meilleur temps de 250, ce qui m'a vraiment mis en confiance. J'allais beaucoup plus vite que certaines des personnes contre lesquelles j'avais couru en tant que novice l'année précédente, des personnes qui venaient d'obtenir des 750, donc je me sentais vraiment en confiance.



Gina a atteint 184 mph (296 kmh) à Daytona lors des qualifications pour le Daytona 200, faisant d'elle la rookie la plus rapide et la quatrième rookie au classement général des essais.



La course des 200 miles se finira à mi-parcours pour Gina, qui abandonnera après une chute sans trop de gravité. Mais elle se blessait la main gauche, fracturant son petit doigt.  Cycle News : La première chose que ma mère a dite quand elle a entendu parler de mon accident à Daytona a été "Oh mon Dieu, tu n'auras pas un ongle sur ton petit doigt !"


Cycle World 06.1980: John Ulrich

And at Daytona 1980, Gina became the first woman to qualify for the 200-mile Formula One race, riding a new Yamaha TZ500 tuned by her husband. Tom. The Bovairds took a second mortgage on their house to buy the bike.
Riding a TZ500 at all is serious business, and Gina took that one step farther by riding it fast. Cycle World watched with interest as Gina brought her lap times down steadily, consistently during Speed Week practice.
In qualifying, Gina Bovaird rode her TZ500—a motorcycle she had never ridden before Speed Week, and the largest, quickest, fastest GP road racer she has ever been on—around the Daytona road course in 2 min., 14.634 seconds, qualifying 42nd out of 80.
Significantly, Bovaird’s time was just 0.263 sec. slower than Benny Del Monico,> who qualified at 2:14.371 and finished the 200-mile raee in eighth plaee on his TZ750.
Gina ran in the front half of the held until she erashed. uninjured, about halfway through the race.
Gina has already raced overseas, so to speak, in Jamaica. After Daytona, she left for England to compete in several races with sponsorship from Kelly Girl, a temporary help agency, in addition to her usual group of sponsors, including Castre. Hawaiian Tropic, Castrol and Shoei.
Okay, we’ll admit it. You’re reading this piece because Gina Bovaird is a woman. More than that, she’s the first woman to raee in the Daytona 200, and in doing so she went reasonably fast and passed a lot of guys and did a good job.

Et à Daytona 1980. Gina est devenue la première femme à se qualifier pour la course de Formule 1 de 200 miles, au guidon d'une nouvelle Yamaha TZ500 préparée par son mari Tom. Les Bovaird ont contracté une deuxième hypothèque sur leur maison pour acheter la moto.
Conduire un TZ500 est une affaire sérieuse et Gina a fait un pas de plus en roulant vite. Cycle World a regardé avec intérêt Gina réduire régulièrement ses temps au tour, de manière constante pendant les entraînements de la Speed Week.
En qualifications. Gina Bovaird a piloté sa TZ500 - une moto qu'elle n'avait jamais pilotée avant la Speed Week, et la plus grosse, la plus vive et la plus rapide des motos de GP qu'elle n’ait jamais montée - autour du circuit routier de Daytona en 2 min., 14,634 secondes, se qualifiant 42e sur de 80 partants.
Significativement. Le temps de Bovaird n'était que de 0,263 seconde plus lent que Benny Del Monico qui s'est qualifié en 2 min 14 sec 371 et a terminé la course de 200 milles à la huitième place sur sa TZ750.
Gina a couru dans la première moitié du peloton jusqu'à ce qu'elle tombe, indemne, à peu près à la moitié de la course.
Gina a déjà couru à l'étranger, pour ainsi dire en Jamaïque. Après Daytona, elle part en Angleterre pour participer à plusieurs courses avec le parrainage de Kelly Girl une agence d'intérim, en plus de son groupe habituel de sponsors, dont Castre, HawaiianTropic, Castrol et Shoei.
D'accord, nous l'admettrons. Vous lisez cet article parce que Gina Bovaird est une femme. Plus que cela, elle est la première femme à courir dans le Daytona 200, et ce faisant, elle est allée assez vite et a dépassé beaucoup de gars et a fait du bon boulot.

Gina était invitée en Grande Bretagne pour participer aux courses annexes du match anglo américain par le circuit de Brands Hatch. Elle figurait sur le programme en 250 et 500, avec prêt d’une RG Suzuki. Car à ce moment elle n’avait pas encore obtenue la TZ 500 de Yamaha USA.

Quelques semaines avant Daytona elle participait à une séance de photos à Londres pour la promotion de l’évènement. Avec des motos prêtées par Dave Potter pour illustrer la mise en scène.





Avril 1980, Tom  et Gina ont réceptionnés leurs TZ 250 et 500.




Je n’ai pas trouvé ses résultats aux courses de Brands Hatch d'avril 1980 ?

Quelques jours plus tard Gina et Tom arrivaient à Imola pour participer à la course 200 miglia du 13 avril 1980.  Elle n’arrivera pas à se qualifier.

Gina est bien entourée, Kenny Roberts , Marco Luchinelli  et Graziano Rossi



Gina était de retour aux USA pour participer la course de Loudon, Bryar Motorsports, le 15 juin 1980

Elle retrouvait Wendy Epstein, engagée sur TZ 350. Toutes deux ne finissaient pas dans les 14 classés. Gina était victime d'un coup de chaleur à la fin de l'épreuve qui lui valut un passage à l'infirmerie du circuit.

Un autre gros challenge attendait Gina pour l’été 1980. Elle est invitée au Japon en juillet pour les 8 heures de Suzuka. Un guidon lui est offert par Moriwaki, qu’elle partagera avec le pilote journaliste de Cycle World John Ulrich (celui-là même qui avait signé l’article parlant de Gina à Daytona dans CW). Moriwaki a probablement vu le battage médiatique et retombées qu’avait obtenu Pop Yoshimura, son beau-père, l’année précédente en annonçant le soutien de Carter Alsop au championnat Superbike.

Elle n’avait pas roulé en 4 temps depuis ses débuts avec la Honda et la Morini. Il lui fallait gérer le frein moteur et surtout le poids de la 1000 Kawasaki, qui faisait 40 kgs de plus. Les essais avaient bien commencés, au bout de quelques séances alors qu’elle avait bien augmenté son rythme ce fut la tuile. Le mardi elle chutait et s’âbimait à nouveau la main gauche blessée à Daytona, avec contusions du genou et de la hanche.
Le toubib du circuit décela une fracture au petit doigt mais donnait son feu vert après 48h. Malgré les poches de glace la main gauche restait bleue. Malgré un levier d’embrayage plus long, Gina fut incapable de conduire la moto et devait jeter l’éponge.


Cycle News :
Je courais en Angleterre lorsque j'ai reçu un télex de John Ulrich, du magazine Cycle World, qui m'avait retrouvé à Brands Hatch après trois semaines de recherche. Son télex disait que Mamoru Moriwaki - qui est un ami proche de John - voulait que je pilote une de ses motos dans les Huit Heures de Suzuka, et qu'il (John) serait mon copilote si j'acceptais.
La première chose à laquelle j'ai pensé quand j'ai reçu le télex était 'Geezz, ça sonne vraiment bien. Je veux dire que c'était ma première course sponsorisée. C'était un peu comme un rêve devenu réalité. Vous venez d'arriver sur une piste de course, enfourchez la moto et partez. La moto était préparée pour moi, les mécanos étaient là, ils s'étaient juste occupés de tout. C'était charmant. Je n'ai pas eu à me soucier de l'expédition de la moto. Je n'ai pas eu à me soucier des petits détails. Je pourrais juste m'occuper de rouler. Cela vous rend tellement meilleure si vous ne pouvez-vous soucier que d'une chose : rouler.
Mais c'était tout. C'était une très bonne opportunité pour moi, mais encore une fois, c'était une décision vraiment osée . Je n'avais jamais fait de quatre temps (Ndr : hormis Honda CB160, Morini 125), jamais participé à une course d'endurance. Beaucoup de gens ont dit que je ne serais pas capable de conduire un quatre temps et que je ne tiendrais pas huit heures.
Piloter la moto était différent. Elle était beaucoup plus lourde que ma TZ500, et vous pouvez sentir ce poids en hauteur lorsque vous la balancez dans un virage. Ça ne s'arrête pas aussi bien et ça ne va pas aussi vite, mais ça accélère.

Une chose, quand la moto vous frappe, elle vous frappe. Ces 40 kilos supplémentaires vous donnent vraiment une bonne tape. Ça m'a fait flipper très vite.

Vous parlez de votre accident, bien sûr. Comment est-ce arrivé?

Je suis allé m'entraîner au début de la semaine et j'ai commencé à faire 2 min 42 sec au tour mais fini par faire 2''32. C'est ainsi que j'aime généralement aborder un circuit, surtout un circuit que je ne connais pas, comme Suzuka. Je commence à un rythme lent, vérifie le parcours pour l'huile ou quoi que ce soit le premier tour et réchauffe les pneus. Ensuite, à chaque fois que je passe un virage, je me dis, peut-être que si je prends une ligne un peu plus large là-bas, je pourrais peut-être passer un peu plus vite la prochaine fois. Et j'essaie la prochaine fois. Je dois toujours savoir quels sont mes temps au tour quand j'arrive, même s'il pleut à verse. Je veux toujours savoir parce qu'à partir de là, je peux juger du temps que je gagne et je peux dire si je rattrape un peu de temps ici et un peu de temps là. Je travaille sur des choses pour essayer d'améliorer les chronos.
Mais l'accident ? La première chose à laquelle j'ai pensé a été : 'Comment est-ce arrivé ?' Parce qu'il y avait juste, il n'y avait pas d'avertissement et il n'y avait aucune raison pour que cela se produise. C'est juste arrivé. La prochaine chose à laquelle j'ai pensé était la moto de Moriwaki. Naturellement, la première fois que vous conduisez la moto de quelqu'un d'autre, vous ne voulez certainement pas la jeter par terre. Mais c'est comme ça que ça se passe aussi. Si vous ne le poussez pas... je veux dire, je pourrais sortir et faire 2 min 50 au tour toute la journée et ne jamais tomber, mais si vous n'insistez pas, à quoi ça sert ?

La situation n'était-elle pas similaire à celle celui que vous avez affronté à Daytona, où il y avait des gens qui disaient que vous ne pouviez pas le faire, vous ne pouviez pas piloter un TZ500 après avoir conduit un TZ250 ? Certaines personnes ont dit qu'il ne fallait pas essayer de piloter une 1000cc quatre temps à Suzaka, que c'était trop gros pour vous. Une fois que vous êtes tombé, avez-vous eu peur qu'ils disent « je vous l’avais bien dit »

Non. Ça n'a rien à voir avec une chute. Ce n'est pas parce que je suis tombée que je suis moins bonne pilote. Wes Cooley est également tombé pendant les essais pour Suzuka. Est-ce que cela fait de lui un moins bon pilote? Non. Cela signifie simplement qu'il a fait une erreur et qu'il ne l’a pas surmontée. Beaucoup de gens ont fait des erreurs et les ont assumés.
J'ai entendu dire, cependant, que la première chose que Wes avait dite à John après que je sois tombée était "Je te l'avais dit !"

Mais ma chute à Suzuka n'avait rien à voir avec un effort trop fort. Ce n'était qu'une erreur de jugement. J'ai touché une certaine partie du tracé que je n'avais pas touchée auparavant et je n'avais pas réalisé qu'il y avait des bosses là-bas.

John Ulrich sur la Kawasaki Moriwaki aux 8 heures Suzuka 1980



Le pilote japonais Yoshitada Higiwara remplaçait Gina Bovaird pour la course. Il chutait, se cassant la clavicule, et détruisait la Kawa, partie en tonneaux.
John Ulrich:  If there was anything still usable on the bike, it might have been the carburetors, but everything else—frame, cylinder head, cases, forks, wheels—was destroyed. S'il y avait encore quelque chose d'utilisable sur la moto, c'était peut-être les carburateurs, mais tout le reste - cadre, culasse, carters, fourches, roues - a été détruit.


Cycle World, John Ulrich: Lorsque la pilote Gina Bovaird, avec qui Moriwaki m'a demandé de rouler, a accidenté notre moto lors des entraînements de mardi, les médecins japonais ont diagnostiqué un petit doigt cassé et ont prédit qu'elle pourrait rouler dans quelques jours. Le retard n'avait pas d'importance, et le levier d'embrayage long de 12 pouces (30cm)que  Moriwaki fabriqua pour faciliter le changement de vitesse pour Gina n'a pas aidé. Sa main est devenue d'un bleu profond et sa tentative de rouler un tour jeudi était sans espoir - elle ne pouvait pas tenir le coup. (De retour à Los Angeles, elle apprendrait que sa main était cassée à cinq endroits, nécessitant une intervention chirurgicale immédiate).




La pole position fut l’objet d’une âpre bagarre entre Aldana et Crosby. Aldana  fut le premier à passer sous les 2 minutes 18 secondes, avec 2’17’’69  il délogeait Crosby, qui repartait aussitôt le couteau entre les dents pour claquer  2’17’’62 qui le replaçait en pole.
Les français présents se marraient ; sont fous ces mecs! ils se bagarrent comme des chiffonniers pour décrocher la pole alors que c'est une course d'endurance.

L'interview de Cycle News du 11/03/1981 pour les anglophones, les autres pitlaineux se consoleront en ayant déjà pu lire la quasi totalité avec mes traductions "gogol"

1981. Gina et Tom sont de retour à Daytona pour l’épreuve reine du début de la saison, les 200 miles du 8 mars 1981. La monture de Gina est toujours la Yamaha TZ 500. Avais t’elle le nouveau millésime TZ 500 H ?




Qui dit changement de sponsors dit changement de déco, moto, combi et casque sont aux couleurs du sponsor principal Star Bright Cycle Polish .  
Leurs efforts en recherche de sponsoring a reçu un grand coup de pouce lorsque le couple s’est retrouvé interviewé dans le magazine d’information 20/20 de la grande chaîne de télévision ABC, animée par Hugh Downs.
La vidéo est d’une piètre qualité, mais elle a le mérite de nous permettre de voir Gina et Tom. Le duo étant le fil rouge de l’émission consacré à la speed week de Daytona, et surtout de découvrir Gina en action sur l’anneau.

https://www.youtube.com/watch?v=31qn_l1ZeQo

Gina réussit à se qualifier à nouveau, même si les essais ont été plus difficiles que l’année précédente. 65e temps cette fois au lieu du 42e l'année précédente.




CYCLE WORLD : BOVAIRD FINIT LA DAYTONA 200
Gina Bovaird est devenue la première femme à terminer le Daytona 200, franchissant la ligne d'arrivée de la course de 1981 en 37e position. Elle avait qualifié sa TZ500 Yamaha 65ème sur 80 partants.
Bovaird a installé de nouveaux carburateurs Lectron sur sa moto avant les qualifications et a constaté que les Lectron nécessitaient plus de rotation de la poignée tournante pour ouvrir complètement les gaz que les Mikunis standard. Le peu de débattement supplémentaire de l'accélérateur a rendu difficile pour Bovaird, qui a de petites mains, d'atteindre rapidement le levier de frein avant après avoir complètement ouvert l'accélérateur en ligne droite. Les problèmes qu'elle a rencontrés lors de la transition de l'accélérateur-aux freins- à l'accélérateur- se sont manifestés dans ses temps de qualification, qui ont été plus lents que l'an dernier. En 1980, Bovaird s'était qualifiée 42e, devenant la première femme à prendre le départ de la course exténuante, mais avait chutée avant l'arrivée.
Bovaird a terminé les 200 milles de cette année malgré la chaîne de sa moto complétement détendue, qui a sautée à plusieurs reprises les pignons dans les second 100 miles.
Bovaird est parrainé par Star Bright Cycle Polish.

NdR :  Dans Cycle World Kevin Cameron révélait que Richard Schlachter, également possesseur d’une TZ 500, avait constaté une amélioration notable de la vitesse de pointe après avoir remplaçé les carbus Mikuni d’origine par les Lectron powerjets de diamètre 36mm, identiques à ceux montés sur sa TZ 250.

CYCLE NEWS:
Il y a eu une première qui est entrée dans le livre des records de Daytona 200 : la première arrivée d'une femme pilote. Gina Bovaird, qui est devenue la première femme à se qualifier pour le 200 l'an dernier mais qui avait chuté dans les dernières étapes de la course, a terminé 37e cette année malgré un long arrêt au stand pour ajuster une chaîne très lâche en fin de course. "Je crois que nous aurions pu faire au moins 10 places de mieux en finissant sans le problème de la chaîne", a déclaré Bovaird. "Cependant, je suis juste content d'avoir terminé. Je pense que c'est en soi un exploit. Mon parrain Star Brite (polish) est assez content du résultat."

Après Daytona, Gina entame une campagne européenne en avril- mai 1981.

Elle est de retour à Imola pour la 200 miglia du 3 avril 1981.

Elle y retrouve Richard Schlachter, avec lequel elle avait guerroyée au bon vieux temps des courses amateurs 125 AAMRR de 1971. Richard a lui aussi décidé de tenter sa chance sur le vieux continent. Le championnat AMA délaissait la catégorie Road Race, devenue portion congrue du calendrier US. D'où l'exode des pilotes américains, qui allaient dominer les GP pendant cette décennie.



Gina et Richard échouèrent tous deux aux qualifications d’Imola et des différents GP 500 ;  Autriche-pour quelques centièmes - Allemagne, Italie, France (Paul Ricard).  LA TZ 500 n'a pas fait illusion longtemps, la Suzuki RG restait l'arme fatale du pilote privé.

NdR : Unique représentant des Etats Unis dans la catégorie 250, Richard Schlachter, accompagné par Kevin Cameron pour l'assistance mécanique, aura plus de réussite qu’en 500, il terminait 10e du classement général GP 250 de 1981.


Gina à Hockenheim sur une 125 MBA au GP 125 du 03.05.1981 *  (source www.highsider.com)




Le 27 septembre 1981 à Hockenheim avait lieu la cinquième et dernière manche du nouveau championnat d'Europe. Gina en 500 lors des courses annexes. Peut être à l'invitation de Krauser? un de ses sponsors principaux. (source www.highsider.com)



* NdR : Elle portait un casque AGV modèle KR 2000 à cette occasion, et on distingue ce même casque sur la 125. Alors qu’en début d’année elle portait un Shoei bleu. J’en déduis que la photo de Gina en MBA aurait plutôt été prise en septembre plutôt qu’en mai. Manfred a du se tromper de date de diapos.  Tremblez diptères !  

Changement total pour 1982. La Yamaha TZ 500 est remplacée par une Suzuki RG 500.
Les sponsors principaux sont européens. Gina, casquée par Kiwi et habillée par Segura, a succombée à the French Touch.
Une pléthore de circuits routiers, un public considérable et des sponsors généreux font de l’Europe un Eldorado pour les pilotes transatlantiques. Sans compter le retentissement planétaire d’un titre mondial en GP500 comparé au statut bien trop local de Number one AMA

Kenny Roberts a montré le chemin, il faut aller chercher le pognon là où il se trouve!
Gina ne pouvait faire l’impasse sur les 200 miles de Daytona qui restait une épreuve incontournable pour le démarrage de la saison 1982 des licenciés AMA.

Le résultat ne sera guère brillant,  Gina était réduite à l’abandon au bout de 5 tours. King Kenny ne faisait guère mieux, et elle s’en tirait même mieux que les deux frenchies qu’elle avait devancés aux essais…



Retour en Italie pour la 200 miglia d’Imola du 4 avril 1982.
Elle y retrouve Richard Schlachter, passé aussi sur suzuki RG. Bonne pioche, ils sont tous deux qualifiés !
Gina aura plus de réussite que son compatriote Rich’ qui lui abandonnait dans les 2 manches (27e/30e). Elle réussissait à terminer classée, 18e au cumul des 2 manches de 32 tours.




Source photos Manfred Mothes  www.highsider.com


Tom et la RG dans le box



NdR : J’ai zoomé cette photo tirée du bouquin La 200 miglia di Imola d’ Angelo Dal Pozzo-Claudio Ghini.

On reconnait Gina et Tom, la RG sur la Pit lane où se dirigeait Franco Uncini.



Gina rentrait aux stands sur celle-ci


L’édition de ces 200 miglia donna lieu à un gros baston entre le trio Crosby/ Yamaha 750, Uncini/Suzuki 500 et Lucchinelli/Honda 500. Ce dernier, champion en titre avec le numéro uno sur la Honda, terminait second au général à 22 secondes de Crosby. Lors de la remise des trophées sur le podium, il s’en était pris violemment à Crosby, l’accusant d’avoir eu un geste anti sportif lors de la 2ème  manche, lui fermant toutes les portes.  Puis il s’en prit à Gina, accusée de l’avoir retardée lors de ses dépassements successifs. Franco Uncini, représentant des pilotes, en rajoutait une couche prétextant que la présence de Gina était néfaste pour la sécurité. Ils demandèrent à l’organisateur de ne plus accepter son engagement à l’avenir.



Il est certain qu’avec le nivellement du matériel mis à disposition des privés, TZ750 et RG500, les écarts avaient fortement diminués depuis l’époque ou Ago, Hailwood, Read étaient habitués à mettre plusieurs tours à leurs suivants immédiats. Le niveau de pilotage avait progressé, et il y avait beaucoup moins de chicane mobile comme était qualifiée Gina.
Toutefois on ne m’enlèvera pas de l’idée que le fait que ce soit une femme qui venait bousculer un ordre établi déclenchait l’ire des plus machistes du plateau. Lorsque Barry Sheene trouva George Fogarty sur sa trajectoire lors de son mano a mano de 1979 à Silverstone avec Kenny Roberts, il était furax sur le coup mais avait reconnu ensuite que c’était juste un fait de course qu’il aurait pu mieux anticiper.

Gina continuait sa quête des qualifications aux GP 500, sans succès....

....Et puis vint l’heure du GP de France à Nogaro, le 9 mai 1982. Comme vous le savez, une quinzaine de pilotes 500 décidèrent de suivre la décision de boycott engagé par Kenny Roberts, qui avait un compte à régler avec l’organisateur et mena la fronde, prétextant que le revêtement n’avait pas été resurfacé comme prévu et qu’il était trop dangereux de courir sur ce tracé bosselé.

Décision heureuse de conséquence pour les privés, habituels laissés pour compte des qualifications.
Gina parvenait à se qualifier, et allait se retrouver pour la première – et dernière- fois sur la grille d’un Grand Prix 500. Sorte de quête du Graal pour tout pilote moto.

Elle était classée 27e aux essais, avant dernière, devant le brésilien Marco Greco. Ndr : dans le tissu d'ânerie colporté par certains historiens moto auto proclamés d'internet, j'ai lu que Gina devait sa qualification au prêt d'une machine d'usine par Yamaha (sic). Ben oui les gars, impossible sinon pour une meuf de se qualifier sans avoir bénéficié d'un avantage sur les mecs.

Marco Greco et sa RG avec Gina, en 1981, devant le camion de Barry Sheene


Etait-ce un problème de carburation ? le stress ? le départ de Gina fut ca-la-mi-teux ! Enfin partie bonne dernière alors que la tête de course avait accomplie un demi-tour, elle se retrouvait esseulée et finissait par chuter.

Quoiqu’il en soit les 10 tours parcourus en terre française la feront rentrer dans les tablettes FIM.

Gina est à jamais la première, comme dirait un Marseillais.


Eh oui, depuis on n’a plus jamais vu de femme au départ d’un Grand Prix 500 ou d’un MotoGP !

Avis aux boomers qui étaient présents à ce GP de Fance 1982. Vérifiez si parmi vos photos il n’y aurait pas une RG bleue # 47. La presse de l’époque avait complètement ignorée la présence de Gina, focalisée sur le phénomène du boycott.

La presse US s'était quand même fait l’écho d'un petit évènement passé inaperçu.


Gina avait aussi le # 47 au qualification du GP d’Italie


Gina retrouvait l'italien Guido Paci à la course inter de Raalte, 13 juin 1982.



Paci, surnommé la pantera rosa, vu sa déco. L’un des rares privés à avoir réussi à tirer de bons résultats d’une TZ 500 (6e du fameux GP France 1982, 5e Imola 1982 ). Comme le hollandais Jack Middelburg, qui avait réussi l’exploit en 1980 de gagner son GP à domicile, à Assen.


Cette année 1982 est la dernière où l’on voyait Gina et Tom dans un paddock. On les vit une dernière fois le 5 septembre dans le paddock du GP de San Marino.  Puis ils disparurent des radars, définitivement !


Leurs motos furent mises en vente. Achetées par les pilotes nationaux US Martin Morrison et Bill Himmelsbach. Le premier possédant la RG ex Nogaro, le second le mulet.

Martin Morrison avait conservé le # 95 en course.



A 33 ans pour Gina, 38 pour Tom, le couple avait décidé de tourner la page. Il est temps de voyager, fonder une famille.

Fort de ses diplômes en études orientales, Tom postule au Foreign Service of the State Department (ministère des affaires étrangères) et obtient un poste de fonctionnaire. Ils partirent s’installer à l’étranger. Dans plusieurs pays, avec notamment un long séjour au Pakistan.  
De retour au pays, ils divorçaient au début du nouveau millénaire. Gina redevenait Virginia Durfee.
Revenue à sa première passion, l’équitation, elle se spécialisa dans le dressage de chevaux.


Aujourd'hui Gina vit dans une belle propriété en Floride, à une heure et demie en voiture de l’anneau de Daytona son ancien terrain de jeu.
Elle est sollicitée pour des manifestations de motos anciennes ou d’équitation.
On la voit ici entre les organisateurs d’une manifestation huppée de collectionneurs auto moto en septembre 2019.

https://radnorconcours.org/



Elle était l’invitée d’honneur de la partie moto. Et eut le plaisir de revoir plusieurs de ses machines. Les 2 RG religieusement conservées par leurs proriétaires depuis 1983, la 125 Morini de ses débuts et la 125 Yamaha TA.

Le « mulet » de 1981 a remporté un prix ainsi que la 125 Morini à cette occasion

 The list of Motorcycle Winners for 2019

JAPANESE:            1981 Suzuki RG500 Mk6 (ex- Gina Bovaird) Presented by William Himmelsbach      
Spirit of Radnor:            1966 Moto Morini 125 racer ( ex- Gina Bovaird) Presented by David Najarian  

La 125 TA Yamaha

Martin Morrison penché sur la RG ex Nogaro


La Morini avec un sticker qui rappelle la belle époque




Gina avait été nominée en 2022 pour l’intronisation au Hall of Fame AMA. Le choix s’est porté sur Effie Hotchkiss, ce sera pour une prochaine fois!

https://americanmotorcyclist.com/hall-of-fame-class-of-2022

NdR : Visiblement elle est restée en bon terme avec Tom, vu qu’elle ne voit pas d’inconvénient à utiliser encore le patronyme Bovaird. (qui est aussi celui de sa fille, domiciliée à Brooklyn)


Voilà pour les portraits des 3 pionnières licenciées AMA PRO Road Race, that's all folks !    

Merci beaucoup Dukasuz, super intéressant et beau travail

Merci Michel
Bô travail !

Mêmes remerciements !!!

Bonne rétrospective sur la belle Gina .

merci les gars, content de voir certains pitlaineux partager mon intérêt pour le sport moto des ces années passées  

Prochain portrait, Lynn Griffis. La personne qui m’a inspiré l’idée de ce topic.
Pas de soucis pour trouver des photos pour cette femme qui trusta TOUS les podiums AMA pendant quasi une décennie. Si si, j’ai bien dit tous les podiums et j’ajoute de TOUTES les disciplines, Road Race, Dirt Track, Half Mile…

To be continued

Lynn Griffis en couverture avec Carter Alsop

Merci M'sieur !

Belle histoire, beau (et gros !) boulot, merci beaucoup Dukasuz.

Oh punaise, Lynn sur une 1200 Laverd' !!!

Merci Dukasuz,grace à toi je vois enfin qui est cette fille que je voyais partout dans les revues sur les podiums aux US quand j'étais ado

il y a même une page facebook qui lui ai dédié:
https://www.facebook.com/profile.php?id=100063718171164

Avertissement : pour éviter tout souci au forum, et au taulier, j’ai masqué autant que possible les logos des marques de tabac sur les prochaines photos. Bien qu’actuellement d’innombrables photos circulent sur le web, le forum Pitlane biz démontre ainsi son intention de ne pas faire de propagande pour le tabac. Vu ce qui est arrivé à nos amis de Bike70, je précise que la majorité des illustrations ont été récupérées sur internet, sans mention des auteurs, et des archives du magazine Cycle News.
Dans la mesure du possible je m’efforcerais d’éviter la répétition des marques de tabac dans mes commentaires (pour éviter aux algorithmes de recherche IA d’y associer Pitlane biz, on devient paranos avec tous ces ayatollahs!)

Ceci étant dit, comme nous allons évoquer une période bien antérieure à l’application de la loi Evin (1991) nous espérons l’indulgence en cas de loupé.

Faire le portrait de

Lynn Griffis

dans ces conditions est une gageure. Figure du monde moto américain de l’AMA – elle était surtout connue sous son surnom- Miss Camel, puis Miss Winston. Chuuut, j’l’ai pas dit fort…  




Préambule (long, je vous l’accorde) nécessaire pour bien planter le décor :

Au début des années ‘70 les cigarettiers investissent massivement dans la promotion de leurs marques en choisissant comme support les sports mécaniques.
Depuis les années ‘50 la majorité des sponsors étaient directement reliés aux activités sportives mécaniques. Autos, motos, arboraient progressivement les logos de pétroliers et autres fabricants de lubrifiants, pneus, freins…

La révolution eut lieu en 1968. Non à la Sorbonne, mais outre-Manche. Le génial Colin Chapman décidait de troquer la livrée british racing green - so chic-  de ses Lotus 49, pour les couleurs rouge blanc et or représentant une marque (feuille dorée in french) du cigarettier britannique Imperial Tobacco avec lequel il venait de signer un contrat de sponsoring pour son équipe de Formule 1, how shocking !



Restons outre-Manche, c’est en 1972 qu’on découvrait des motos de course d’une écurie d’usine* décorées aux couleurs du sponsor principal. De couleur bleue et blanche. Norton s’était associé à une autre marque d’Imperial Tobacco, JP. (* NdR  aucun souvenir d’une écurie privée l’ayant fait avant, me trompe je?)

Le team Norton 1972, G à D Team manager Frank Perris, Phil Read, Tony Rutter et Peter Williams



Toujours en 1972, en Grand Prix motos c’est le logo d’une marque de cigarettes du groupe américain Philip Morris qui apparaissait. Pas sur les machines, mais uniquement sur les combinaisons de plusieurs pilotes,  d’abord Giacomo Agostini, Alberto Pagani, Angel Nieto puis Jarno Saarinen… et Christian Bourgeois. Premier français à se retrouver dans l’équipe de mâles barrés en rouge et blanc (au grand désespoir de Jeanne Mas).

En France, le premier sponsor extra sportif * important en moto qui vient à l’esprit est Baranne, le fabricant de produits d’entretien du cuir.  Associé en 1970 à la SIDEMM, importateur Kawasaki, il permettait à son patron Mr Xavier Maugendre d’engager deux H1R en Grand Prix 500, avec Eric Offenstadt et Christian Ravel à leurs guidons.
En 1974, Olivier Chevallier, excellent dans la pêche aux sponsors, ramenait dans ses filets une marque (inconnue de nos ancêtres les Gaulois) appartenant au monopole français SEITA , Service d'exploitation industrielle des tabacs.  Grâce à son généreux pilote, l’importateur Yamaha Sonauto, serait associé durant deux décennies à ce sponsor. En 1975 les machines et pilotes du team avaient une déco uniforme très identifiable. Après le départ d’Olivier, le nouveau duo de pilotes Patrick Pons-Christian Sarron furent vite surnommés  « les deux mégots».
En 1976 ce sera au tour de la F1 française Ligier d’être associé à la SEITA, avec Jacques Laffite, (patronyme peu répandu dans la communauté gitane me souffle-t-on). Ah le fabuleux chant du V12 Matra.
*Pour peu qu’on soit dans le cirage, on soupçonnerait le conflit d’intérêt avec l’entretien de l’équipement en cuir des pilotes.

Outre Atlantique, L’IMSA - International Motor Sports Association- organisme américain de compétition automobile basé à Daytona Beach, Floride, gérait plusieurs championnats auto de diverses catégories depuis 1969.
En 1972  le groupe R. J. Reynolds Tobacco Company, cigarettier établi en Caroline du Nord, proposait à l’IMSA de parrainer leur championnat IMSA GT pour voitures issues de la série, ou bataillaient Corvette C3 et Camaro contre Porsche 911 et autres Datsun 240Z.  Le championnat était rebaptisé Camel GT Challenge, mettant en avant l’une de leurs marques, symbolisée par la mascotte Smokin’ Joe.



En 1974, R.J.R. décidait leur incursion dans la course moto US. L’AMA -American Motorcyclist Association- recevait une proposition de R.J.R.  
Qui dotait une série de 3 épreuves nommées Camel Pro Series de la coquette somme de 15.000 $ de prime (environ 90.000$ en 2023, quasi autant en Euros) à se partager pour les dix premiers pilotes AMA engagés en Grand National Championship couvrant cinq disciplines ;  mile dirt track, half-mile, short-track, TT steeplechase et road race.

La retombée publicitaire étant satisfaisante. R.J.R réitérait leur proposition, mais plus pour trois courses mais pour la saison 1975 complète. Avec 75.000$ (env 425.000 $/ 2023) de primes à distribuer aux treize premiers pilotes. L’AMA Grand National Championship était désormais renommé Camel Pro Series. Smokin’Joe faisant aussi du 2 roues.

Pour un pilote moto licencié au championnat américain AMA de 1975 à 1982, rencontrer Lynn Griffis après sa compétition signifiait à coup sûr une montée sur le podium, des poches remplies de dollars, et la victoire si Lynn lui offrait la bouteille champagne, en plus des cartouches de cigarettes.  
Voici celle qui fut sans doute la personne la plus emblématique du championnat AMA à son apogée, et la plus photographiée dans la presse moto américaine…

Lynn- Grif - Griffis

La première apparition de Lynn Griffis- alias Miss Camel- dans le monde de la course moto américain AMA eut lieu durant l’été 1974. Elle était missionnée par R.J.R. pour remettre les récompenses aux podiums des 3 épreuves du tout nouveau trophée Camel Pro Series comprenant ;
- road race de Laguna Seca, Californie, le 28 juillet 1974.
- short track de Santa Fe, Illinois, le 9 août 1974
- Half Mile de Terre Haute, Indiana, le 22 septembre 1974

Laguna Seca, avec Pat Hennen vainqueur de la course annexe



retrouvailles au Santa Fe speedway avec Kenny Roberts qui avait remporté la course principale de Laguna Seca et remporterait le trophée Camel à l'issue des 3 courses, et conserverait sa plaque de Number One AMA à l'issue de l'épreuve de Terre Haute.
Laguna Seca road race (1er Roberts 2e Duhamel 3e Romero)
Santa Fe short Track ( 1er Roberts 2e Gerald 3e Hateley)
Terre Haute Half Mile ( 1er Keener 2e Roberts 3e Aldana)



Avec Billy Schaeffer, vainqueur de la course annexe Santa Fe Trophy

Lynn Griffis avait été embauchée par R.J. Reynolds JR après avoir remis un CV à la course IMSA de Talladega ( 5 août 1972).
Sa première prestation en tant qu’hôtesse Camel eut lieu (le 24 septembre 1972) pour le championnat auto Camel GT à l’occasion des 3 hours Bryar, Loudon.
A cette occasion elle remettait le trophée au canadien Maurice Carter, assisté de Paul Nichter.

Le 10 juin 1973, Lynn retrouvait Maurice Carter (D) sur le podium, vainqueur des 500 miles de Pocono (avec une autre copilote, Tony Delorenzo, mais toujours à bord de sa Chevrolet Camaro)



Le 4 juillet 1973, c’était une autre Camaro qui remportait les 250 miles Paul Revere à Daytona, avec Gene Felton, venu en famille célébrer l’Independence Day sur le podium.



Le 19 mai 1974, au côté de Peter Gregg interviewé, vainqueur de l’Ontario 4 hours au volant de sa Porsche 911 Carrera RSR.



Le 2 février 1975, Peter perfect Gregg remportait les 24 heures de Daytona pour la seconde fois, avec son coéquipier Hurley Haywood. Gregg avait déjà gagné en 1973 avec la Porsche 911. Il allait encore remporter les éditions 1977 - BMW 3.5 CSL  et 1978 -Porsche 935.


NdR ;    4 fois vainqueur 24h Daytona, 2 fois champion NASCAR, 6 fois champion IMSA GT, Peter Gregg participa de nombreuses fois aux 24 h du Mans. Vainqueur de son groupe et 3e au général en 1977 avec le pilote français Claude Ballot Léna. En 1973 il avait terminé 3e de son groupe avec une autre français, Guy Chasseuil, sous les couleurs de SONAUTO.
Alors qu’il se rendait au Mans par la route le 10 juin 1980 au volant d’une Porsche 924, avec le peintre Stella (qui avait peint la BMW M1 art car de P.Gregg en 1976) ils eurent un accident en sortant de Paris. Sans gravité pour le passager, en revanche Gregg allait souffrir consécutivement de troubles neurologiques et troubles de la vision. Au point que son pilotage en fut gravement affecté et qu’il ne retrouva plus son niveau de performance habituel. Il est probable que le refus de cette déchéance annoncée fut à l’origine de son suicide par arme à feu 6 mois plus tard, le 15 décembre 1980.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Gregg


En dépit des heureuses rencontres que Lynn avait pu faire durant les compétitions automobiles comme … Paul Newman



..…elle choisissait l’offre faite par R.J. Reynolds de se consacrer exclusivement au nouveau championnat moto C.Pro Series pour la suite de la saison 1975.  Elle déclarait préférer l’ambiance plus décontractée de l’univers moto découvert l’été ‘74. Il y avait bien moins de pression médiatique et d’argent en jeu. Les pilotes motos étaient plus terre à terre, ce qui convenait bien à cette fille du Sud des USA, et majoritairement de sa génération… il fallait résister aux facéties de Dave Aldana, Gene Romero et Skip Aksland, entres autres. Mais tout cela restait bon enfant, sans mauvais geste,  et l’ambiance devint vite familiale en quelque sorte.

mars 1975, 200 miles Daytona

Avec Skip Aksland


et le pilote HD Gary Scott

Gene Romero célébrait sa victoire

Au cours du week-end il y avait une quantité de podiums avec toutes les catégories AMA représentées, Junior, Novice, Pro. Pendant la décennie de son règne de Queen AMA, elle fut le témoin privilégiée de l’éclosion d’une génération de pilotes US qui aller bientôt dominer la compétition moto mondiale en Grand Prix.

De 1975 à 1982 , avec une moyenne de 28 week ends par année, elle allait côtoyer les jeunots Jim Evans, Pat Evans, Randy Cleek, Skip Aksland, Mike Baldwin, Dale Singleton, Wes Cooley, Pat Hennen, Randy Mamola, Eddie Lawson, Wayne Rayney… edit; Freddie Spencer ! la liste est longue et j’en oublie
les jeunes vieux Kenny Roberts, Steve Baker et les anciens Gary Nixon, Gene Romero, Dave Aldana, Ron Pierce… pfff

En Dirt c’était tout aussi impressionnant, Gary Scott, Scott Parker, Hank Scott, Mike Kidd, Alex Jorgensen, Randy Goss, Rex Beauchamp, Steve Morehead, Jay Springsteen, Corky Keener, Steve Eklund, etc…

Lynn adorait l’ambiance roots des courses de dirt, flat track, son épreuve favorite était le Mile.




En février 1975 à l’astrodome de Houston, Texas, un gamin d’une dizaine d’années avait rejoint Lynn sur le podium pour célébrer avec son père concessionnaire Yamaha la victoire du local Darryl Hurst en short track sur 360 Yamaha. Intimidé mais fier le petit Kevin Schwantz  

La frimousse du jeune supporter Kevin Schwantz, 1er à gauche dans la tribune au côté des 2 gamins de de Darryl Hurst.