Bilan de la première manche du CEV en Espagne.
Le championnat espagnol a repris, le 18 avril, sur le circuit de Montmelo, près de Barcelone.
L’occasion de s’intéresser, outre aux relativement nombreuses participations françaises en 125cc, à la catégorie Moto2 ibérique, pour savoir s’il s’agit d’une véritable antichambre des GP, comme se plaît à le proclamer la Dorna, société organisatrice des deux championnats, ou plutôt, et pour l’instant, d’une sorte de « championnat au rabais » n’ayant de Moto2 que le nom.
En 125cc, on peut noter l’absence des deux teams majeurs qui ont servi de piliers à la catégorie durant des années, Aspar-Bancaja et BQR-Blusens, qui préfèrent dorénavant se concentrer sur le mondial.
Sept Français étaient présents ; Grégory Di Carlo et Morgan Berchet, avec l’Equipe de France et ses deux Honda HRC, toujours sous la direction d’Alain Bronec, Pierre Ginieys et Corentin Juilliet, avec une nouvelle structure dénommée DFD (Dussauge Formation Détection), qui alignait deux KTM ex-Red Bull Cup, Alan Techer, remplaçant de Clément Dunikowski au guidon de l’Aprilia RSW de l’ancien team Provence Moto Sport renommé WTR Junior team suite à un accord avec l’équipe San Marinaise de GP, et enfin Robin Barbosa, également sur une Aprilia RSW représentant le team espagnol Hernandez43.
L’Equipe de France s’est qualifié honnêtement (17 et 23), surclassant les deux représentants du DFD team (31 et 32), mais étant devancée par les deux Aprilia de Robin Barbosa (13ème) et d’Alan Techer (8ème).
Durant la course, qui s’est déroulée sous un ciel gris et avec une température assez fraîche pour la saison, les deux derniers cités ont malheureusement complètement raté leur départ, passant le premier virage respectivement en milieu et fin de peloton.
La superbe remontée qui s’en suivit a tenu le clan français en haleine durant la majeur partie de la course ; trop tard pour pouvoir recoller au groupe de tête, certes, mais assez pour retrouver nos deux Français, isolés en 9ème et 10ème positions à quelques tours de la fin.
Pas de statuquo pour nos représentants mais, au contraire, un beau duel avec des dépassements.
Durant le dernier tour, Robin Barbosa, pour pouvoir doubler Alan Techer au freinage suivant, s’extraie trop fort d’une épingle et perd l’avant de sa moto.
On retrouve donc, au classement final, Alan Techer 8ème, isolé devant Grégory Di Carlo 11ème, Morgan Brechet 13ème, Pierre Ginieys 22ème et le débutant Corentin Juilliet, 24ème.
Le vainqueur, Alex Rins, est un jeune prodige venu tout droit de la Metrakit, ayant réussi à creuser un écart confortable de cinq secondes devant les expérimentés Oliveira, Vinales, et Rosell.
Du côté de la Moto2, nos deux représentants n’étaient pas en position de force : Stéphane Duterne n’avait pas encore reçu sa machine et Romain Binoche devait essayer de la finir pour pouvoir lui faire faire ses premiers tours de roues…
Mission ratée pour la première séance (moto refusée au contrôle technique) mais réussie pour la QP2.
Malheureusement, les 40 minutes n’ont pas permis une mise au point de la moto suffisante pour que son jeune pilote puisse se qualifier.
Dès le vendredi, on a pu constate que ce championnat n’était pas le parent pauvre des GP puisque quasiment tous les fabricants de châssis GP y sont représentés ; Suter, avec 4 châssis pour le team Laglisse, FTR, avec deux motos, Harris avec les deux machines du team Harris, Moriwaki chez le team Andalusia, BQR dans le team Hune, RSV chez le team A&R Racing, ICP aux couleurs du team Hernandez43, etc, etc, etc.. En tout, pas moins de 30 Moto2 étaient présentes sur le circuit catalan.
Outre quelques productions espagnoles ayant encore besoin de développement (Arbizu pour l’infortuné Xavier Simeon, très déçu par le comportement de cette moto, Mir Racing, Olivé Racing, SR7, GPE, etc), on a pu assister aux débuts de deux prétendantes censées être plus sérieuses ; les Inmotec, auréolées du nom d’une hypothétique future équipe de MotoGP, et la Gapam italienne dont on ne sait finalement qu’assez peu de choses, si ce n’est qu’elle a été développée par une structure ayant un rapport avec l’ancien champion Lucas Cadalora et que son team, le "Grillini PBR Racing Team", a la volonté de l’engager en Wild Card lors des deux manches italiennes du championnat du mode.
Chez Inmotec, on n’est pas encore près à accueillir les journalistes, loin s’en faut, et on ferme le rideau métallique du boxe aussi souvent que possible.
Si les motos semblent encore avoir besoin de développement et de fiabilité (abandons en course), les performances pures sont d’ors et déjà au rendez-vous, avec une qualification en 6ème position.
La course, elle, s’est résumée à un défilé des deux Harris du Griful team, sous l’œil de monsieur Harris en personne, une fois que la Suter de Ricard Carduz, sponsorisée par Jorge Lorenzo, ait dû baisser de rythme.
Cette première manche était également l’occasion de faire connaissance avec les pneus Michelin, puisque, au grand dam de Dunlop, c’est bien le manufacturier français qui a obtenu le monopole de la fourniture des pneus de Moto2 pour le championnat espagnol.
Si la dimension du pneu arrière Britannique fait quelque peu polémique en GP, il faut savoir que son homologue Français est encore plus large ; 200 contre 195mm !
Par ailleurs, ses caractéristiques sont globalement similaires : pneu bigomme « basse pression » à carcasse rigide, existant en dur et en tendre.
Avec la pression préconisée par le manufacturier Clermontois durant les premiers essais préalables à ce week-end, les pneus n’offraient pas un comportement satisfaisant et il a fallu l’augmenter peu à peu (entre 1.5 et 1.6 aujourd’hui) pour obtenir une température de fonctionnement adéquate.
Quelques teams ont fait des tests de longévité et n’ont noté aucune dégradation particulière, même après 74 tours du circuit de Cartagena !
Enfin, le fait que la pôle position obtenue par Jordi Torres (1:49.079) ait été inférieure au meilleur temps des essais hivernaux IRTA, réalisé par Julian Simon sur sa RSV du team Aspar (1:49.3), est loin d’être passé inaperçu …
Conditions de pistes différentes, développement plus avancé à l’heure actuelle, pneus Michelin supérieurs aux Dunlop ?.
Sans doute un peu des trois avec, reconnaissons-le, un quatrième élément au moins aussi important : si le règlement espagnol concernant la Moto2 impose un moteur Honda strictement d’origine, on est s’en doute loin de l’homogénéité des propulseurs des Moto2 mondiales, et ce d’autant plus que, pour le moment, aucun contrôle n’est effectué sur un banc de puissance…
Ce problème sera réglé pour les prétendants à une des trois Wild Cards envisageables pour chaque Grand Prix… à condition de débourser 12500 euros, somme incluant la location d’un moteur Nippo-Suisse et la fourniture de 12 pneus Dunlop.
Cette première manche s’est donc révélée à la fois intéressante et de bon niveau, conformément à ce que l’on pouvait espérer.
La seule crainte que l’on puisse avoir serait de voir tous les yeux se tourner exclusivement sur la nouvelle catégorie et oublier les crépitements des 2-temps 125cc, pour le moment encore, catégorie reine en terre hispanique.
Tous ces sujets seront développés dans les rubriques adéquates...
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