CONCEPTION, RÉALISATION ET CARACTERISATION DYNAMIQUE D’UN
AMORTISSEUR MAGNÉTO-RHÉOLOGIQUE
Asma Kotrane1, Marc Thomas1, Sadok Sassi2
1. Département de Génie Mécanique, École de Technologie Supérieure, 1100, Rue Notre-Dame West, Montréal, QC,
H3C1K3, Canada
2. Département de Physique et Instrumentation, Institut National des Sciences Appliquées et de Technologie, Centre
Urbain Nord, BP 676, 1080 Tunis Cedex, Tunisie.
SOMMAIRE
Durant les dernières années, les amortisseurs magnéto rhéologiques ont fait l’objet d’une
attention particulière, en raison de leurs caractéristiques, incluant simplicité mécanique, gamme
dynamique élevée, basse alimentation électrique, grande capacité de force et robustesse. Cet
article présente les différentes étapes de conception, réalisation et caractérisation d’un nouvel
amortisseur intelligent qui était à l'origine un amortisseur passif classique et auquel on a appliqué
des transformations reliées à la technologie magnéto rhéologique, pour être utilisé comme
élément de base des suspensions semi actives.
Après une vue d'ensemble des dispositifs exploitant la technologie des fluides MR, seront
examinés en premier lieu les effets des vibrations sur le corps humain. Ensuite, les différents
détails de conception, de réalisation et de caractérisation du nouvel amortisseur intelligent seront
donnés. Le prototype réalisé et rempli de fluide MR est testé expérimentalement pour différentes
vitesses et sous différentes valeurs du courant. Les résultats expérimentaux obtenus prouvent
clairement que, lorsqu’un courant est appliqué, la force produite et par conséquent les
caractéristiques d'amortissement pourraient être augmentées d’une façon très significative.
1. INTRODUCTION
Une des premières études portées sur l’amortissement a été entreprise par Krasnicki [1]. Dans
cette étude, un système à un seul degré de liberté avec un prototype d'amortisseur semi actif
employant le modèle « skyhook » est comparé aux résultats obtenus à partir de simulations. Le
système était soumis à des entrées harmoniques et aléatoires; la transmissibilité a été comparée à
celle obtenue par la simulation. L’amortissement semi actif a bien joué un rôle dans l’atténuation
des vibrations.
Des systèmes semi actifs ont aussi été examinés sur un gros camion suite à une étude réalisée par
Ahmadian [2]. Dans cette étude, des amortisseurs semi actifs ont été mis sur chacune des six
roues. Le camion a été testé sur la route et l’amortissement semi actif a bien montré des
améliorations.
474
Dans une étude développée à l'université du Nevada [3] [4], ont été réalisés la conception et le
développement d’un amortisseur MR pour des véhicules tous terrains ou HMMWV (highmobility
multi-purpose wheeled vehicle). Une analyse par éléments finis, électromagnétique et
tridimensionnelle ainsi qu’une modélisation se basant sur la mécanique des fluides ont été
réalisées pour prévoir le comportement de l'amortisseur MR.
Des systèmes d’amortissement semi actifs ont également été employés pour d’autres types de
suspensions, tels que les sièges de véhicule. Dans les études entreprises conjointement entre le
laboratoire de dynamique de véhicule de Virginia Tech et Lord Corporation, le dispositif MR le
plus réussi d’un point de vue commercial est le RD-1005-3 [5]. L'amortisseur est monotube, avec
une longueur de 200 mm en détente et de 150 mm en compression. Il est capable d'avoir une
force d’amortissement de 2500 N pour des vitesses supérieures à 50 mm/sec et pour un courant
de 1 ampère. Lorsque le courant n’est pas appliqué, l'amortisseur a une force inférieure à 750N à
200 mm/sec. L’amortisseur RD-1005-3 est employé dans un système de suspension de siège
appelé ''Motion Master semi-active damping system''. Le système de contrôle d’amortissement est
composé d’un amortisseur contrôlable, un contrôleur avec sonde intégrée, un commutateur et un
microprocesseur. Les bobines électromagnétiques pour cet amortisseur sont situées au niveau du
piston autour des orifices. L'algorithme est conçu pour fournir de faibles amortissements lorsque
le déplacement détecté est faible. Sur des routes relativement lisses, l'amortisseur est actionné en
mode passif en n’actionnant pas le champ magnétique. Quand la suspension rencontre des
mouvements relativement grands, l'algorithme détecte la position relative du siège et de son
changement par rapport au temps, et produit une commande en courant appropriée. Un
commutateur à trois positions est également intégré dans la conception; cela permet au
conducteur d'ajuster la commande en plaçant l'amortissement à l’une de ces trois positions :
faible, moyen, ou fort.
Les amortisseur MR peuvent aussi être utilisés dans des prothèses pour genoux, ceci selon des
études qui ont été menées par Biedermann OT Vertrieb, un fabricant de dispositifs prosthétiques
[6]. Cette prothèse permet aux amputés de marcher d’une manière plus naturelle et de monter
l'escalier plus facilement qu'auparavant. La caractéristique principale de cette prothèse consiste
en un faible temps de réponse de l’ordre des millisecondes.
Les ingénieurs des travaux publics dans l'industrie de construction incorporent la technologie des
fluides MR dans le domaine de la construction. Un système d'amortissement utilisant les
amortisseurs MR travaille de la même façon qu’un amortisseur d'automobile protégeant les
structures ou les ponts contre les tremblements de terre et les vents de tempête. Des amortisseurs
intelligents sont actuellement employés sur le Pont de Dongting en Chine.
Des amortisseurs MR plus imposants ont été réalisés en collaboration entre Lord Corporation et
le laboratoire des structures dynamiques et de contrôle séismique (The Structural Dynamics and
Control/Earthquake Engineering Laboratory ) à l’université de Notre Dame [7]. Ils sont utilisés
dans les constructions parasismiques. Ces amortisseurs permettent de garder la construction
intacte même après un séisme.
Dans le domaine industriel, la compagnie Lord a développé un amortisseur pour machine à laver
qui réduit considérablement les vibrations transmises tout en consommant très peut d’énergie
475
électrique [8]. Ce système est également développé dans la réduction des vibrations d’autres
machines.
Parmi les produits MR, les amortisseurs ont bénéficié du plus grand intérêt et ont même été
fabriqué pour des applications commerciales. Le succès des amortisseurs MR a été atteint à
travers le système ''Motion Master'' de Lord Corporation. Cet amortisseur a été conçu
conjointement entre Delphi et Lord Corporation. En 2002, la Cadillac Séville STS fut la première
voiture à utiliser ce type d’amortisseur suivie en 2003 par la Chevrolet Corvette sous le nom de
"Magnetic Selective Ride Control" [9]. Trois autres modèles de la Cadillac sont équipés en option
(modèles XLR, SRX et DTS) ainsi que la Buick Lucerne. Des amortisseurs MR sont disponibles
aussi sur la nouvelle Ferrari GTB 599 Fiorano ainsi que sur le concept Audi Shooting Brake qui
est un avant goût de la future TT. Il devrait équiper 4 autres modèles d’ici 2007 [10] [11].
Actuellement, l’amortisseur MR est utilisé sur six types de véhicules en Amérique et deux en
Europe. Cependant, ce produit n’équipe, pour le moment, que les véhicules de luxe.
2. ANALYSE DES EFFETS DES VIBRATIONS SUR LE CORPS HUMAIN
Dans le domaine des transports et particulièrement dans le domaine automobile, le confort
devient une préoccupation à part entière. L’étude du marché actuel prouve qu’il s’agit d’un
argument décisif dans la vente de véhicules.
Si, dans le domaine automobile, les amplitudes de vibration transmises restent relativement
faibles et ne constituent qu’un risque faible concernant les maux de dos si la durée d’exposition
journalière n’est pas élevée, il n’en va pas de même pour les engins industriels et pour les
camionneurs, qui sont sujets à des risques de maux de dos après plusieurs années de travail et qui
peuvent subir des vibrations d’amplitude élevée [12, 13]. Les vibrations ont donc, selon leur
sévérité, un impact sur le confort, comme c’est le cas en automobile, ou sur la santé comme c’est
le cas pour les engins industriels.
2.1. Effet des vibrations sur le corps humain
Plusieurs études ont été réalisées sur les troubles apparaissant chez les catégories professionnelles
soumises aux vibrations de façon quotidienne. Selon la littérature, quatre groupes d’organes
peuvent être affectés chez les populations soumises à des environnements vibratoires: l’ensemble
musculo-squelettique, le système digestif, le système nerveux, et le système vasculaire [14].
3. MODÉLES MÉCANIQUE DES AMORTISSEURS MR
Il existe différents modèles pour décrire la performance d’un amortisseur ER.
3.1.Modèle de Bingham
Stanway a proposé en 1985 [15] un modèle mécanique idéalisé basé sur le modèle de Bingham,
pour le comportement des amortisseurs électro-rhéologiques. Le modèle de Bingham se compose
d'une force de coulomb en parallèle avec un amortisseur visqueux. Dans ce modèle, f0 est une
force qui tient compte de la position moyenne non nulle due à l’accumulateur.
476
F = fc sgn(x) + c0x + f 0 (1)
où co est le coefficient d’amortissement et fc est la force de friction.
Figure 1 Modèle de Bingham
Ce modèle simpliste ne permet pas de simuler correctement le fonctionnement de l’amortisseur
aux faibles vitesses.
3.2.Modèle de Bouc-Wen
Pour pallier ce problème, d’autres modèles ont été développés, notamment celui de Gamota et
Filisko [16]. Pour tenir compte de l’hystérésis, il est préférable de se baser sur le modèle de
Bouc-Wen [17] qui est extrêmement souple et peut traiter une grande variété de comportements
par hystérésis. Un schéma de ce modèle est donné à la figure 2.
Figure 2 Modèle de Bouc Wen [17]
Pour ce système, la force est donnée par :
F c x k (x x ) z o o = + − + α 0 (2)
où z est une variable qui évolue selon l’équation :
z x z z x z x z Ax n n n = − − − + − − γ β β 1 1 (3)
En ajustant les paramètres du modèle β, γ, n et A, on peut contrôler les linéarités dans les
périodes de transition pré-contrainte et post-contrainte.
477
3.3.Modèle de Bouc-Wen modifié
Pour mieux prévoir la réponse de l’amortisseur, une version modifiée du modèle de Bouc-Wen
(figure 3) a été élaborée par Spencer, Dyke, Sain et Carlson [18].
Figure 3 Modèle de Bouc Wen modifié [18]
Pour obtenir les équations correspondant à ce modèle, seulement la section supérieure est
considérée.
Les forces de chaque côté de la barre rigide sont équivalentes :
c1y =α z + k0 (x − y) + c0 (x − y ) (4)
La variation de la variable z est donc donnée par :
n 1 ( ) n ( ) z γ x y z z β x y z A x y − = − − − − + − (5)
( ){ ( )} 0 0
0 1
y 1 z c x k x y
c c
= α + + −
+
(6)
La force totale générée par le système est alors la somme des forces des sections supérieures et
inférieures du système de la figure 3:
( ) ( ) ( ) 0 0 1 0 F =α z + c x − y + k x − y + k x − x (7)
( ) 1 1 0 F = c y + k x − x (8)
La simulation numérique du modèle donne les courbes montées aux figures 4 et 5.
Les paramètres choisis sont α = 963 N/cm, C0= 53 N.s/cm, K0 = 14 N/cm, C1= 930N.s/cm, K1=
5.4 N/cm, g = 200 cm-2, b = 200 cm-2, n = 2 A = 207 et x0 = 18.9.
Le modèle a été calculé pour une excitation sinusoïdale avec une fréquence de 2.5 Hz et une
amplitude de 15 mm. Le modèle d’amortisseur proposé prévoit très bien le comportement de
l'amortisseur dans toutes les régions, incluant la région où l'accélération et la vitesse sont de
signes opposés et celles où les valeurs des vitesses sont faibles.
478
Figure 4 Courbes de la force en fonction du déplacement
pour différentes valeurs du courant
Figure 5 Courbes de la force en fonction de la vitesse
pour différentes valeurs du courant
479
4. CONCEPTION EXPERIMENTALE D’UN NOUVEAU PROTOTYPE
D’AMORTISSEURS MAGNETO-RHEOLOGIQUES
4.1.Nouvelle conception des amortisseurs MR bitubes
L'objectif ici est d’augmenter les performances d’amortissement d’un amortisseur MR. Ceci
dépend en partie de la concentration du champ magnétique dans l'espace de passage du fluide, et
dépend aussi de la surface active, c'est-à-dire celle où le mouvement du fluide est perpendiculaire
au flux magnétique. Dans les études antérieures réalisées, le bobinage est situé au niveau des
orifices à l’intérieur du piston. Le champ magnétique créé par les bobines est concentré aux
parties axialement opposées au mouvement du fluide à travers les orifices du piston limitant ainsi
le passage du fluide d’une chambre à l’autre, ce qui aboutit à une région active limitée. La
variation d’amortissement se fait donc en limitant le passage du fluide.
Une conception optimale du circuit magnétique exige de maximiser l'énergie du champ
magnétique dans l'espace de passage du fluide et de la réduire dans les régions non actives. Par
conséquent, un nouveau système magnétique est adopté où les bobines sont situées sur une pièce
au niveau de la tige. Le fluide ici va fonctionner en mode de cisaillement, c'est-à-dire qu’au lieu
de limiter le passage du fluide d’une chambre à une autre, on va créer localement une contrainte
de cisaillement supplémentaire entre le stator et le cylindre intérieur de l’amortisseur pour
modifier la viscosité du fluide [19]. Pour cela, un amortisseur bitube hydraulique a été utilisé. La
transformation, qui a été faite par le fabriquant de l’amortisseur (Société Industrielle
d’Amortisseur SIA’AM), est qu’un couvercle a été conçu au niveau du corps de l’amortisseur
afin de nous permettre de démonter ses parties interne : piston, tige, cylindre intérieur,
clapet...(figure 6).
Figure 6 Modifications réalisées sur le corps de l’amortisseur
Les modifications ont été réalisées au niveau de la tige afin d’y adapter un dispositif permettant
de générer un champ magnétique perpendiculaire au déplacement du fluide. C’est au niveau du
stator que se base toute la génération du champ magnétique puisqu’il est le siège des bobines. Il
doit aussi avoir une forme extérieure qui s’adapte au mouvement de l’amortisseur et au
déplacement de la tige et du fluide et donc générer un effort maximum de résistance. Comme il
est le siège du champ magnétique généré, il ne peut avoir une surface extérieure de forme
cylindrique fermée car le flux magnétique resterait alors confiné à l’intérieur de celui-ci. La
surface extérieure sera donc décomposée en secteurs cylindriques distincts dans un nombre égal à
480
celui des bobines. La tige de l’amortisseur passera à travers le stator, il devrait donc y avoir un
trou au centre.
Quand les bobines sont alimentées par un courant continu, elles créent un champ magnétique
normal à la direction du mouvement du fluide sur une surface relativement large. Les lignes de
champ sont situées entre le cylindre intérieur et la pièce conçue pour le bobinage. Cette
disposition fournit une orientation du champ perpendiculaire au sens de l’écoulement. Ainsi, dés
que les bobines sont alimentées, les chaînes de particules se forment autour de la pièce considérée
et la viscosité du fluide MR à ce niveau augmente considérablement.
Le fluide utilisé est le MRF-132 AD. Il présente un temps de réponse très rapide, une grande
résistance sous contrainte, une large plage de température de fonctionnement et il est non abrasif.
Les matériaux auxquels il s’adapte le plus, sont ceux qui sont à faible teneur en carbone et ayant
une perméabilité et une saturation magnétique élevée. Dans le cas idéal, la teneur en carbone de
l'acier devrait être inférieure à 0.15%. Les catégories acceptables incluent: AISI-12L14, AISI-
1008, AISI-1010 et AISI-1018 [20].
Dans le but d’avoir des lignes de champ qui s’opposent au mouvement du fluide, la perméabilité
magnétique du stator doit être inférieure à celle du cylindre intérieur, ceci afin que le champ
passe à travers le fluide MR pour atteindre le cylindre intérieur. Le matériau qui a été choisi pour
le stator est l’AISI 1020.
Les simulations réalisées sur le logiciel de simulation électromagnétique MAGNET, ont permis
d’avoir les résultats présentés aux figures 7 et 8.
Figure 7 Modélisation de la densité du champ magnétique H [kAmp/m]
481
Figure 8 Modélisation du champ magnétique B [T]
Les résultats obtenus montrent clairement que les lignes de champs sont perpendiculaires au
mouvement du fluide. De plus, l’intensité du champ magnétique varie entre 0.57 T et 1.14 T à
l’intérieur du fluide, ce qui correspond aux conditions optimales d’utilisation du fluide MR.
La modélisation du système a permis de déterminer l’intensité du champ magnétique qui va
régner autour du stator.
5. PROTOTYPE REALISÉ
S’il est établi, à travers les développements précédents, que les suspensions passives ne peuvent,
au mieux, que réaliser un compromis entre les impératifs du confort vertical pur, et ceux relevant
de la tenue de route et du contrôle de la caisse, on peut comprendre l’avantage technique
incontestable des suspensions semi-actives qui permettent de moduler les paramètres
d’amortissement en fonction du contexte. Afin de mettre en oeuvre une telle suspension, un
prototype a été réalisé avec différents paramètres. Dés lors, on s’intéressera d’abord aux
différentes procédures qui ont permis de réaliser ce prototype. Il serait intéressant de présenter,
ensuite les différentes étapes qui ont abouti à la réalisation et à la caractérisation de ce prototype.
L’objectif ici est de préciser les caractéristiques de l’amortisseur mMagnéto rhéologique sous
différentes variables.
5.1. Réalisation du bobinage
L'aspect le plus important de la conception du circuit magnétique est que la région où
l’inductance sera la plus élevée est là où le fluide magnéto rhéologique sera activé. Une bonne
conception fournira un nombre raisonnable de spires pour chaque bobine. Un grand nombre de
spires dans un électro-aimant ne garantit pas nécessairement un circuit magnétique puissant
(densité élevée de flux). Un compromis entre le nombre de spires et l’intensité du courant qui
peut être atteinte par une source d'énergie doit être considéré. La réduction du diamètre du fil
aura comme conséquence, un plus grand nombre de spires, mais aux dépens d'une résistance
électrique beaucoup plus élevée ce qui diminuera l’intensité du courant. Ceci peut sévèrement
482
limiter la densité électromagnétique de flux. Réciproquement, un fil de plus grand diamètre
réduira le nombre de spires, mais augmente l’intensité du courant. La solution qui a été choisie
est celle qui favorise de maximiser le nombre de spires par rapport au courant. Ainsi 400 spires
ont été prévues pour chaque bobines et pour atteindre un courant maximal I = 1.45 A.
5.2. Présentation du prototype
Les principales modifications réalisées sont au niveau de la tige. La figure 9 présente la tige
originale de l’amortisseur ainsi que la nouvelle tige comportant les deux stators.
Figure 9 Photo de la tige avant et après modification
Les modifications de la tige ont toutes été réalisées à l’ETS. Le bobinage ainsi que l’assemblage
des stators et le dégagement des fils d’alimentation à travers la tige ont été réalisés à la société
Moteurs Électriques Ste Rose.
Figure 10 Photo des différentes pièces de l’amortisseur MR
Les huit bobines utilisées sont toutes indépendantes, c'est-à-dire qu’il y a 16 fils d’alimentation
en sortie, deux fils pour chaque bobine. Le fait d’avoir des bobines indépendantes permet d’avoir
plus de flexibilité au niveau des essais. Cela permet en plus de tester les bobines séparément afin
de contrôler le comportement de l’amortisseur. Pour manipuler facilement les fils d’alimentation,
un boîtier de commande a été fabriqué (figure 11). Il permet de mettre les bobines à ON ou à
OFF en utilisant des interrupteurs.
483
Figure 11 Photo du boîtier de commande des bobines
Afin de vérifier l’efficacité du modèle réalisé, il faut évaluer l’intensité du champ magnétique que
peuvent générer les bobines utilisées. Ceci permettra aussi de valider les résultats obtenus avec
MagNet. La mesure expérimentale consiste à mesurer d’une manière quantitative, la valeur du
champ magnétique délivrée par chaque bobine. Ces mesures ont été effectuées au sein du
laboratoire d’électricité de l’ETS en utilisant un bloc d’alimentation utilisé comme source de
courant constant, un gaussmètre et un système d’acquisition (figure 12).
Figure 12 Mesure du champ magnétique
Le boîtier de mesure comporte un réglage du zéro, qui peut en outre être utilisé pour compenser
l'effet perturbateur du champ magnétique terrestre. En déplaçant le gaussmètre le long de la règle
graduée, on peut mesurer la répartition spatiale du champ magnétique. Deux types de mesures ont
ainsi été réalisés, des mesures radiales (figure 13) et des mesures tangentielles (figure 14).
Comme on pouvait s’y attendre, une partie du champ magnétique passe d’un stator à l’autre dans
la direction de l’axe. Néanmoins, la valeur de ce champ est très faible et on peut donc le négliger
face aux valeurs des autres champs. Enfin, comme on peut le voir sur les figures 13 et 14, la
simulation est valide. On trouve la même forme de signal et le même ordre de grandeur en
amplitude. On considère donc que les simulations effectuées pour l’amortisseur monté sont
bonnes et que les stators vont donc développer un champ magnétique tel que calculé.
484
Figure 13 Mesure et simulation du champ radial sur la périphérie du stator
Figure 14 Mesure et simulation du champ tangentiel sur la périphérie du stator
6. ESSAIS REALISÉS ET EXPLOITATION DES RESULTATS
L’amortisseur est monté verticalement sur la machine d’essais dynamiques MTS (figure 15).
L’extrémité de la tige est fixée sur la traverse supérieure. L’embout de fixation, solidaire au corps
de l’amortisseur, est fixé sur la traverse inférieure. L’énergie motrice est transmise à la traverse
inférieure et ainsi au corps de l’amortisseur. Au cours des tests, seule la traverse inférieure est
animée d’un mouvement de translation. Donc, c’est le corps de l’amortisseur qui se déplace
tandis que la tige reste fixe. Les vitesses de l'essai sont programmées à partir du PC. Dans cette
étude, on s’est intéressé au comportement de l’amortisseur à très basses vitesses (0.03 m/s max)
485
Figure 15 Photo de la MTS
Deux séries d’essais ont été réalisées :
la première correspond aux essais effectués avec un seul stator actionné, ce qui
correspond à quatre bobines et
la seconde avec les deux stators, c'est-à-dire huit bobines.
Pour cette série d’essai, on impose un déplacement à l’amortisseur avec un signal triangulaire
(rampe) à vitesse fixe. À partir des valeurs maximales et minimales de la force pour différentes
valeurs de la vitesse et du courant, les courbes de la force en fonction de la vitesse sont tracées.
6.1. Essai avec un seul stator
Les résultats des mesures de la force en détente et en compression sont montrés à la figure 16.
Afin d’appliquer un modèle de Bingham aux courbes obtenues, on détermine le coefficient de
frottement visqueux, la force de friction reliée à la contrainte de cisaillement du fluide (τ0(H)), et
l’amortissement. La comparaison entre le modèle théorique et les essais est montrée à la figure
17. On peut constater les lacunes du modèle de Bingham à basse vitesse.
486
-2000
-1750
-1500
-1250
-1000
-750
-500
-250
0
250
500
-0.03 -0.02 -0.01 0.01 0.02 0.03
Vitesse [m/s]
Force [N]
I=0A I=0.25A I=0.5A I=0.75A I=1A I=1.25A
Figure 16 Force de détente et de compression en fonction de la vitesse pour 1 seul stator
Figure 17 Comparaison entre les résultats expérimentaux et le modèle de Bingham
pour 1 seul stator
Bingham
487
6.2. Essai avec deux stators activés
Les résultats des mesures de la force en détente et en compression sont montrés à la figure 18. La
comparaison entre le modèle théorique et les essais est montrée à la figure 19. On peut constater
les lacunes du modèle de Bingham à basse vitesse.
-2000
-1750
-1500
-1250
-1000
-750
-500
-250
0
250
500
750
-0.03 -0.02 -0.01 0.01 0.02 0.03
Vitesse [m/s]
Force [N]
I=0A I=0.25A I=0.5A I=0.75A I=1A I=1.25A
Figure 18 Force de détente et Compression en fonction de la vitesse pour deux stators
Figure 19 Comparaison entre les résultats expérimentaux et le modèle de Bingham
pour 2 stators activés
Bingham
488
Les courbes obtenues pour chacun des essais avec un seul ou deux stators montrent bien qu’au
fur et à mesure qu’on augmente le courant, il y a accroissement de la valeur de la force. On
observe aussi au niveau des résultats obtenus une différence du coefficient de frottement
visqueux assez importante entre la détente et la compression. Une modélisation de type Bingham
a été réalisée et elle montre bien une cohérence à la fois en détente et en compression entre le
modèle théorique et le modèle expérimentale, pour les vitesses supérieures à 0.01 m/s.
Une seconde simulation a été réalisée avec le modèle de Bouc-Wen modifié. Les résultats
obtenus sont donnés à la figure 20.
Figure 20 Comparaison entre le modèle théorique et les résultats obtenus
expérimentalement
Le modèle de Bouc Wen modifié suppose une symétrie entre la détente et la compression, ce qui
est rarement le cas en pratique. En comparant les résultats en détente, les courbes obtenues
représentent bien le modèle théorique, mais pas en compression. Ceci montre donc une lacune du
modèle de Bouc-Wen modifié et la nécessité de développer un nouveau modèle qui tienne
compte des différences de force en compression et en détente.
7. CONCLUSION
Conscients de l’importance du rôle de l’amortisseur dans la tenue de route de la voiture et de son
effet direct sur le confort du passager et sur la stabilité de la suspension, un prototype
d’amortisseur MR a été conçu dans le but d’être réalisé et testé expérimentalement. Ce nouveau
Bouc Wen
Mesures
489
prototype propose une forme particulière des bobines électromagnétiques qui permet de générer
un champ magnétique qui s’oppose directement au mouvement du fluide MR.
Après une vue d'ensemble des dispositifs exploitant la technologie des fluides MR, cet article
examine les différents détails de conception, de réalisation et de caractérisation de l’amortisseur
MR qui est à l'origine un amortisseur passif classique ayant subi des transformations reliées à la
technologie magnéto rhéologique pour être utilisé comme élément de base des suspensions semi
actives de voiture.
Le comportement dynamique de ce prototype MR est testé expérimentalement sur une machine
d’essais dynamiques de tension- compression MTS pour différentes vitesses et sous différentes
valeurs du courant. Le but de ces essais est de dégager les lois de comportement de ce prototype
et d’expliciter ses règles optimales de fonctionnement lorsqu’il est rempli de fluide MR et soumis
à l’effet d’un champ magnétique. Les résultats expérimentaux obtenus prouvent clairement que,
lorsqu’un courant est appliqué, la force produite et, par conséquent, les caractéristiques
d'amortissement sont augmentées d’une façon significative. De plus, la comparaison avec le
modèle théorique de Bouc-Wen prouve clairement la concordance des résultats pour la zone de
détente. Par contre, le modèle de Bouc-Wen s’est avéré déficient à prédire les forces de
compression car il suppose une symétrie. A cet égard, le modèle de Bingham s’est avéré meilleur
pour des vitesses supérieures à 0.01 m/s. Par contre, le modèle de Bingham est incapable de
prédire les forces pour des vitesses inférieures à 0.01 m/s. Cette étude montre donc la nécessité de
développer un nouveau modèle de prédiction qui soit capable de prédire une hystérésis
asymétrique.
Ce travail est en fait, à une première étape d’une série de travaux qui pourraient être
ultérieurement menés pour perfectionner le prototype. Les perspectives de ce travail consistent
d’abord à prévoir une solution pour les problèmes d’étanchéité rencontrés lors des essais. Il serait
intéressant d’étudier la commande de l’amortisseur MR pour envisager des essais sur un véhicule
tout terrain. Enfin, il faut installer l’amortisseur sur un véhicule et comparer les résultats entre un
amortisseur ordinaire et un amortisseur MR. Ainsi nous aurons atteint la totalité de nos objectifs.
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