L'interview de Carmelo à Solomoto (Merci, Marc, pour la traduction) ne laisse pas de place à l'ambiguité : ici on parle pas de sport mais de commerce !
Bon Ok, c'est pas un scoop, mais là il se lâche, le père. C'est la version hispanique de la célèbrre formule de Laurent Fellon "On n'est pas des danseurs de claquettes ... ". Sportifs et/ou naifs passez votre chemin.
D'ailleurs, le mot "sport" n'est pas prononcé une seule fois dans l'interview. En revanche, "argent, générer de l'argent, contrat, dépenser de l'argent, offre et demande, coût raisonnable, nous ne pouvons pas dépenser plus, à nos conditions ... " là, il y va à donf.
Donc pour moi, ni cynique ni super intelligent : gestionnaire modèle. Il fait fructifier au mieux des intérêts de la maison mère (Bridgepoint) les fonds de commerce qu'on lui a confié et pour lesquels il doit rendre des comptes (bénéficiares de préférence).
Amoureux de sport à l'ancienne vous pouvez pleurer.
C'est plus la version moderne du Continental Circus, c'est devenu le PMU. Je ne critique pas ou ne regrette pas d'autres temps, je constate.
Dorna (MotoGP) et Infront (SBK), deux "Marques" du Groupe Bridgepoint, possèdent les droit d'organisation et télé des courses moto et ré-organisent le bouzin pour que chaque championnat ait son créneau et ne vienne pas marcher sur les plate-bandes de l'autre. Une sorte de Groupe PSA de la course moto (en mieux géré et plus rentable, peut-être ?).
En plus de positionner chaque championnat, on organise le bizness à l'intérieur de chacun d'eux. Régles pour l'entrée et le maintien des constructeurs, fournisseurs uniques par appel d'offres (pneus, carburants), numérus clausus pour les teams participants et pour le nombre de pilotes (un mal nécessaire, tant que les motos ne sont pas télécommandées) dans chaque catégorie. L'organisateur local (circuits) n'a probablement trop le choix lui non plus s'il veut que le circus s'arrête chez lui. Et pour l'argent de poche on se garde la pub, une partie des droits télé, le marketing et le paddock-club.
Tout ça est calibré, organisé, optimisé pour que les comptes soient dans le vert et que "chacun vive bien". "Chacun" des heureux élus, bien sûr. Jeûnes loups animateurs passionnés des formules de promotions espérant pouvoir emprunter l'ascenseur socialo-sportif, armés de votre seul talent, laissez-nous votre CV, on vous écrira ... Il y aura bien sûr quelques élus pour montrer que le système fonctionne et ne pas trop décourager l'ensemble du vivier.
Et si ça renâcle à signer les contrats ("à nos conditions") ou si ça gronde dans les paddocks, il suffit d'abattre la carte finale, maîtresse, celle qui tue et n'a pas d'antidote connu : "
c'est la crise, mon bon monsieur !" L'argument imparable qui justifie tout (pour combien de temps encore ?) et étouffe dans l'oeuf toute vélléité de changement ou de modification de l'ordre établi.
Et que peut-on répondre à ça alors qu'on nous le serine à longeur de temps depuis des années et dans tous les domaines : c'est la cri-seu ! Elle est partout et on y peut rien, ça va durer et faut s'y faire. L'Inde a ses castes et on ne peut pas en changer, l'Occident a la crise. Avant, mais ça c'était avant, y avait la guerre, maintenant, il y a la crise (et la guerre, quand ça suffit pas).
Donc, Carmelo est à sa place dans le rôle du Capitaine qui maintient le cap à tout prix au milieu de la tourmente et de la crise.
Les
fournisseurs dûment habilités, fournissent, selon les termes de leurs contrats.
les
sponsors, sponsorent si ça génère du bizness en retour.
Les
teams dûment habilités, achètent aux prix impôsés le matériel impôsé. Il leur reste la liberté d'acheter des mécanos pour faire fonctionner le tout et de vendre aux pilotes le droit de courir.
Les
spectateurs et les internautes achètent des places, des pass, des packs, des smartphones, des box, des abos illimités all-inclusive et des extensions Gold aux forfaits illimités Premium.
Le prix du rêve, en somme. Et encore, on a du bol d'avoir encore les moyens de rêver alors que c'est la crise.
Alors, le Madrilène, grisé par le pouvoir et tenant entre ses tentacules "les choses" de ses partenaires sous contrat, ou bien bluffant en voulant consolider la boutique et en espérant que "ce qu'il affirme deviendra la réalité" ?
Comme l'ami Fügner, j'observe et me demande si (quand ?) le couvercle va sauter. Mais si ça doit péter un jour c'est peut-être pas par là que ça va commencer.
Vive le Sport, quand même et bonne saison à tous !
Lucide et sans trop d'illusions, mais positif malgré tout.