Mon point de vue, strictement personnel et sans langue de bois, sur les pilotes français rencontrés et/ou observés au Portugal.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ici, Louis Rossi, Jules Danilo et Alan Techer
Randy De Puniet : Fidèle à lui même. Professionnel. On sent une petite lassitude de se retrouver à ce niveau.
En course, il s'est fait passé par Espargaro puis a tout fait, centième par centième, pour le remonter et le le repasser.
Parvenu dans son sillage immédiat, il a élargi au freinage de "Parabolica intérieur" puis n'a jamais été en mesure de combler son retard, ses blessures le faisant alors souffrir.
Les Aprilia sont à priori équipées d'un moteur moins puissant d'une petite vingtaine de chevaux qu'en SBK et non équipés de la cascade de pignons.
Johann Zarco: Un monstre de travail. Toujours concentré et plongé en permanence dans ses pensées mais suffisamment professionnel pour venir saluer les journalistes.
J'ai longuement parlé avec Laurent Fellon. J'ai cru percevoir quelques tensions entre ce dernier et Johann à qui est imposé une pression à la mesure de l'investissement mis sur ses épaules.
Johann a visiblement adapté sa position de pilotage en virage à la Moto2. Il est maintenant aussi déhanché que Redding et Elias.
Il monte incroyablement vite en puissance dans cette catégorie où le niveau est vraiment extrêmement relevé et son début de course était fabuleux.
Du bord de piste, j'interroge Louis Rossi en lui demandant si ça va tenir au niveau des pneus.
Réponse de l'intéressé:" Début de course 20/20, gestion des pneus incertaine."
Au fil des tours, effectivement, son pneu arrière, plus tendre, ne lui permet de lutter pour le podium (en particulier dans la parabolique avant la ligne droite, où la moto chassait visiblement) mais, quoi qu'il en soit, il a marqué un grand coup à Estoril: il est dorénavant au plus haut niveau!
Et ça, ça fait vraiment plaisir!
Mike DiMeglio :
Après avoir résolu quelques problèmes familiaux, il est dans une bonne spirale ce qui lui permet non seulement de signer de belles performances ponctuelles mais de s'installer comme un prétendant potentiel au premier tiers du tableau.
Cela le soulage visiblement et il apparaît maintenant assez décontracté.
De mon point de vue, c'est une bonne chose à condition de ne pas partir trop loin dans ce sens.
Un exemple.
Qualification Moto2, dans les dernières minutes. Comme beaucoup trop de pilotes, Mike roule au ralenti à la sortie de la chicane afin de prendre une roue avant la parabolique qui conditionne la ligne droite.
Je n'aime pas cette technique, car elle est à la fois injuste et dangereuse, mais elle est très fréquente.
Sauf que lui le fait pendant plusieurs tours, se retournant à chaque fois tout en accélérant dans le droite des Esses".
Cela dure au moins 3 tours et, au quatrième, la moto part en guidonnage et Mike se retrouve par terre (ben oui, pas facile de maintenir une Moto2 en accélération quand on regarde en arrière, voire, d'une main...).
Le soir, je plaisante:"alors, tu n'avais pas de rétroviseurs?"
Il prend cela plutôt bien et rigole.
Sans méchanceté aucune, cela me laisse à penser qu'il lui manque un "Fellon pour lui mettre des coups de pieds au cul", à l'image de Valentin l'année dernière.
Je trouve ça un peu dommage car le pilote est certainement rapide...
Louis Rossi: Visiblement, il est heureux. Le week-end ne s'est pas bien déroulé pour lui mais cela n'entâche pas la confiance qu'il a en lui et en son équipe.
Ce qui est remarquable, c'est qu'il a abandonné une sorte de langue de bois qu'il utilisait il y a encore une année pour s'exprimer en toute franchise; le signe évident d'une sorte de sérénité.
Exemple, après la séance de qualification qui se sont déroulées moyennement: "Alors, Louis?
- ça de va pas. On n'a pas trouvé le bon setting.
- Précisément?
- La moto est sans doute trop haute et trop dure. Je n'arrive pas à la faire tourner.
- Alors tu sais quoi faire pour demain?
- Oui et non. On va essayer un truc au warm up mais ce sera un peu quitte ou double. En fait, on avait un bon setting en début de saison mais nous n'aurions pas dû nous en contenter. On aurait dû faire des essais pour observer comment dérégler la moto et essayer de la comprendre.
Maintenant, on est un peu perdu et on perd du temps.
On est également un peu juste en moteur.
- Mais, vous n'êtes pas censés avoir tous le même moteur Honda?
- Si, mais réglages ou pas, je remarque juste que je rame en ligne droite...
L'homme est lucide et analyse donc parfaitement toutes les facettes de son métier.
Quoi qu'il en soit, le sourire reste présent à tout instant car Louis SAIT qu'il faudra compter avec lui très prochainement.
Alexis Masbou : Le garçon est solide.
Du moins psychologiquement, puisque physiquement, il se promène toujours avec sa béquille...
Mais quand il monte sur sa NFS bleue, il n'est jamais très loin des meilleurs.
Il le doit à sa, maintenant, grande expérience de la catégorie.
Qualifié 10ème au Qatar où il se fracture le pied, il revient à jerez fortement diminué ce qui ne l'empêche de partir en 4ème position et de finir 5!
Au Portugal, il part encore 10 et finit 9. Bref, du solide, qui ne manquera pas de s'améliorer dès qu'il sera rétabli. Tout comme Louis, il nous permet d'espérer au moins un podium durant cette saison.
Et puis, ce qui ne gâche rien, il est toujours souriant!
Alan Techer : Il nous a très heureusement surpris par son extrême rapidité à s'adapter à la catégorie. 11 au Qatar pour son premier GP, il termine 14 à Jerez et 17 au Portugal.
La courbe n'est évidemment pas ascendante, même si les performances restent tout à fait honorables.
Faut-il s'en inquiéter?
Sur la piste, Alan fait toujours preuve d'une combativité évidente et d'un pilotage spectaculaire.
En arrivant à Estoril, il était même content d'avoir trouvé un moyen d'améliorer ses temps et sa confiance dans la moto, en chargeant un peu plus l'avant.
Cependant, pendant la qualification, puis la course, les choses ne se sont pas passées au mieux.
J'ai cherché les explications auprès de l'intéressé mais aussi dans son environnement .
Il semblerait que, d'une part, la concurrence progresse méthodiquement et que, d'autre part, le fait que son responsable technique soit un Japonais, donc s'exprimant en anglais, ne soit pas forcément un avantage pour le jeune pilote de Cannes.
Alan est encore très jeune (17 ans) et montre le potentiel pour une grande carrière.
Il doit cependant améliorer rapidement son bagage technique dans la langue de Shakespeare pour pouvoir espérer se battre rapidement dans le top 10.
Simon Danilo : Autant j'avais fait remarqué, dans ce forum, que je ne sautais pas au plafond quand Jules avait fait sa 14ème place au CEV (simple honnêteté) autant la progression de Simon en Red Bull Cup est assez prometteuse.
S'il n'a ramené que trois points de la campagne de Jerez, il ne doit son résultat blanc au Portugal qu'à une malchance certaine.
A la régulière, il s'est battu entre la 9 et la 8ème position en première manche, ne devant son abandon dans le dernier tour qu'à un pot d'échappement dessoudé (pour rappel, les motos sont fournies au hasard par l'organisation), alors qu'une chute collective a ruiné ses espoirs lors de la seconde course .
Le résultat est certes maigre, mais le potentiel est bien là.
Son entourage est confiant et a bien perçu la progression de Simon.
Une place dans le top 10 ne devrait logiquement plus tarder...