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La victoire de Valentino Rossi au Qatar était certe une énorme performance mais en moto peut-être encore plus que dans d'autres disciplines, la victoire du pilote est aussi le succès d'une équipe.
Et parmi les membres de son équipe, on retrouve un Belge, Bernard Ansiau, fidèle parmi les fidèles du Dottore.
Nous sommes bien entendu revenu avec lui sur ce nouveau succès acquis aux forceps au terme d'un weekend où le travail n'a jamais cessé dans le box 46.
GP-Inside : Bernard, que d’émotions pour une première course, pour les spectateurs en tout cas. De votre côté, en interne, comment est-ce qu’on vit un tel final ?
Bernard Ansiau : Une première course c’est toujours important pour tout le monde, pilotes comme écuries, mais j’ai envie de dire que j’ai vécu ça comme je le vis depuis trente ans. C’est évident que l’intensité était là sur les derniers tours mais comme à chaque fois que ton pilote est en tête où se bat pour gagner.
GPi : Une petite fête pour célébrer l’évènement ?
B.A. : Non, pas du tout ! Nous avons dû tout remballer le plus vite possible car notre avion nous attendait le lundi matin et du coup, la nuit a été courte. On va se retrouver à Austin et nous irons casser la croute tous ensemble mais voilà, rien de plus, ce n’est que le début de saison, derrière il reste 17 courses.
GPi : Tu as longtemps travaillé avec Jeremy Burgess, tu es désormais avec Silvano Galbusera, tu as senti une grosse différence ?
B.A. : Je ne peux pas dire qu’il y a une énorme différence, du moins pour nous. Tout est de toute façon chapeauté par les japonais et je pense que la différence essentielle s’est surtout faite au niveau de Valentino. C’est avant tout une question de dialogue entre lui et Galbu. Pour nous, le travail reste le même et nos relations sont excellentes donc que demander de plus ?
GPi : De l’extérieur, on a parfois l’impression que Rossi compense l’âge par une implication encore plus grande. C’est ton sentiment aussi ?
B.A. : Au niveau physique, il travaille beaucoup, que ce soit à la salle où sur la moto, chez lui, dans son ranch. Il est à 100% physiquement car c’est certain que quand tu avances en âge, tu dois être au top physiquement. Et puis, au niveau de la concentration, il est vraiment au sommet. Il travaille énormément sur ces aspects et je pense même qu’on peut dire qu’il n’a jamais travaillé autant.
GPi : surmotivé depuis le premier jour !
B.A. : Exactement ! A Sepang, nous avons eu quelques petits soucis et nous en avons de nouveau rencontré lors des essais libres au Qatar. Les réglages n’étaient pas top mais nous avons bossé dur, avec une implication énorme et au warm-up, on a pu voir qu’on n’avait pas fait ça pour rien.
GPi : Après la qualification, vous n’étiez donc pas du tout certain de ce que vous alliez bien pouvoir faire le lendemain ?
B.A. : Pas du tout. Après la qualification, nous avons encore modifié quelques réglages et les modifications se sont avérées positives. Les réglages apportés à l’avant de la moto et sur lesquels on avait déjà travaillé en Malaisie, vont probablement nous servir pour la suite de la saison car ils se sont avérés être un réel plus pour lui.
GPi : Valentino était le seul des six premiers à être parti avec un dur à l’avant, c’était le coup de poker ?
B.A. : C’était effectivement le seul mais ce n’est en rien un coup de poker. Vale a toujours roulé beaucoup plus dur que les autres à l’avant. C’est son pilotage qui demande ça et il a souvent choisi l’option la plus dure.
GPi : Pendant tout l’hiver, on a bien senti qu’il était agacé par les avantages accordés à Ducati. C’est une vraie source de tracas que le double podium des rouges vient confirmer ?
B.A. : Oui, en effet, ça le tracasse. On est en Championnat du Monde, il y a des règlements et ils devraient être les mêmes pour tout le monde. Et si on comprend tout à fait qu’on aide des usines qui ont été hors compétition depuis des années, c’est moins compréhensible pour une usine comme Ducati qui est établie en Grand Prix depuis des années. Ils ont une moto qui fonctionne mieux au niveau châssis mais on a surtout vu que c’est en ligne droite que Dovi déboîtait sans le moindre souci, tout ça parce qu’ils ont plus d’essence et qu’ils peuvent laisser la puissance du moteur s’exprimer. Alors que nous, avec nos 19 litres, on doit économiser l’essence et s’il nous reste un demi litre en fin de course, c’est beaucoup. On l’a vu au Qatar, c’est difficile de se battre avec un gars qui a une moto qui peut te déboiter sans même chercher à prendre l’aspiration. Je trouve que Valentino a raison de s’inquiéter de ça car ce n’est pas normal. On est en Championnat du Monde et si les Ducati sont Championnes du Monde en fin d’année, on se posera tout de même de sérieuses questions car ce serait tout de même dommage d’être champion grâce à un avantage.
GPi : En course, pour le moment, il n’y en a que deux mais au final, en qualifications, c’est encore bien pire puisqu’on sait que Rossi n’est pas toujours le plus rapide avec ce format et que derrière, il y a pléthore de pilotes équipés de pneus plus tendres qui peuvent s’immiscer dans la bagarre. Et pour se battre pour la victoire on a coutume de dire qu’il faut s’élancer des deux premières lignes. Ça risque d’être encore plus dur cette année ?
B.A. : Ça va être très dur cette année ! En plus, avec ce système, si à la fin de la FP3 tu n’es pas dans le top 10, tu bascules en Q1 et c’est ce qui nous pend au nez ! Il y a pas mal de motos qui vont bien, il y a de bons pilotes. En qualif, Stefan Bradl peut se retrouver devant nous. Et qui dit mauvaise qualification dit handicap en début de course. Au Qatar, Valentino prend un départ moyen, il se fait fermer la porte au premier virage et le voilà dixième.
GPi : Là, il était dans un bon jour, ce n’est peut-être pas tous les jours qu’il pourra remonter de la dixième place à la première !
B.A. : Exactement. Il suffit qu’un pilote en forme te bloque la porte pendant deux ou trois tours et que pendant ce temps-là, un Marquez s’envole sans espoir de pouvoir le revoir.
GPi : Dans le box, ça se passe bien avec Lorenzo ?
B.A. : ça se passe, ça se passe ! La cohabitation est là et il n’y a pas de problème particulier au niveau des discussions. On a accès à leurs datas et ils ont accès aux nôtres. Ils parlent bien d’une chose ou l’autre de temps en temps mais ils ne passent pas la soirée ensemble. Il y a du respect entre eux et c’est déjà énorme. C’est tout ce qu’on leur demande finalement.
GPi : Et combien de temps va-t-il encore rouler le Dottore ?
B.A. : (rires) A mon avis, il n’arrêtera pas tant qu’il est en mesure de monter sur le podium.
GPi : Donc tu as pris perpet !
B.A. : J’ai la chance de faire quelque chose que j’aime et comme on dit, les voyages forment la jeunesse donc j’ai la jeunesse éternelle (rires).
GPi : Merci Bernard.
Stay tuned!