Je vous ai déjà raconté cette histoire il y a quelques années sur Pit Lane .
Donc, pour les petits nouveau , je vous là ressert .
Je précise que pour cet essais , il s'agissait de la MV d'Ago 1968 originale direct sortie de la collec
d'Ubaldo Elly . C'est surtout pour ça que c'est intéressant .
Bonne lecture.
Un rêve de gosse
Nous sommes en 1967, j’ai 18 ans, et je suis en route sur ma Honda CB 72 pour assister en spectateur à ma toute première course de vitesse sur le circuit d’Ospedaletti prés de San Rémo (Italie).
Il fait beau, j’enchaîne les virages de la riviera Italienne, la mer d’un côté, la montagne de l’autre, et sous le Cromwell,
le feulement discret du bicylindre dans les tours .
Bref, c’est le bonheur.
Le Grand Prix de San Remo 1967 est une épreuve Internationale, et sur le circuit, je découvre un monde inconnu.
Des motos d’usine, des pilotes exceptionnels, des mécanos, et surtout une ambiance incroyable.
A cette époque, le spectateur pouvait déambuler dans le paddock et approcher pilotes et machines.
Pour le jeune motard passionné que je suis, c’est le paradis.
J’essaye de repérer les pilotes et les motos dont j’ai lu les noms dans Moto Revue.
Kel Caruthers.
Luigi Taveri .
Giacomo Agostini
et des Paton, Gilera, Honda 4, Benelli, et autres Manx.
Cette découverte d’un monde merveilleux à 18 ans influencera à tout jamais ma vie professionnelle.
Ce qui m’a le plus marqué ce jour là, c’est le son envoûtant des deux MV Agusta en mégaphones descendant
les 6 rapports roue dans roue au freinage de l’épingle.
Cette musique restera ancrée dans ma mémoire toute ma vie.
Juin 2007, j’ai encore et toujours le son du trois cylindres dans les oreilles, mais 40 ans après,
si il s’agit bien de la MV d’usine, le contexte à quelque peu changé.
Je suis à Spa Francorchamps, pour les Biker’s classics, sur le plus beau circuit du monde, au guidon de la MV 500
3 cylindres d’Agostini Championne du monde .
Je sors de la « source », remonte les rapports à 12 500 tours, je plonge dans le « raidillon »,
surtout conserver la bonne trajec, et je remet les gaz 4, 5, 6ème , coup d’œil sur le compte tours,
( Mino m’a dit 12 500, ok c’est 12 500 tr) et le bruit fantastique des trois mégaphones en furie à plein régime (ou presque)
une vrai musique.
Dans la ligne droite entre le raidillon et le S, je repense à mes 18 ans, San Remo, les MV, et je me dis…
c’est pas possible, je rêve.
Je crois bien que j’avais les larmes aux yeux.
Si on m’avait dit en 67 qu’un jour, Ago me prêterais sa bécane, je l’aurais pas cru.
Et bien si, 40 ans après, Ago est bien là, sur ce circuit de Spa, et il m’a prêté sa bécane.
Ubaldo Elli, qui possède une des plus belles collections de motos de course en Italie est venu
avec les MV d’usines trois et quatre cylindres. Sur ce type de manifestation, Giacomo roule avec cette 500
trois cylindres Championne du monde de 1968 . C’est sa préférée.
A cette occasion, Ubaldo à bien voulu me confier la machine pour effectuer quelques tours.
Giacomo me donne quelques conseils :
1) Ne pas tomber.
2) Ne surtout pas tomber
3) Si tu tombe il vaut mieux mourir tout de suite, sinon Ubaldo t’achève.
Régime 12 500 tours maxi, c’est une vieille dame, et il faut la préserver . ( A l’époque, il prenait pas loin de 14 000 trs)
Me voilà donc au guidon du mythe, dans la forêt avec cette musique dans les oreilles.
Dans ce genre de situation, tu oscilles entre le bonheur et la crainte.
Tu a envie d’attaquer, mais tu te dis… si je me bourre, ou je la casse, je pars en courrant à travers la forêt et personne ne me retrouveras plus jamais.
C’est sur, que sur le nouveau circuit de Spa avec ses dégagements,
et son bitume tout neuf, les sensations sont différentes de celles que devaient ressentir les pilotes de l’époque en attaquant les courbes mythiques de l’ancien circuit.
Burnenville, Stavelot, Blanchimont , Masta à fond de six au ras des bottes de paille. (Le grand frisson)
Ago en a des souvenirs fantastiques.
Avec ce bestiau, ça aurait été plus dans le ton.
Mais il manque un rapport à la machine à remonter le temps,et c’est déjà sympa de pouvoir rouler
avec le mythe 40 ans après.
Dans ma carrière professionnelle, j’en ai piloté des bécanes.
Des avions de chasse comme la Yam YZR 500 de Ch Sarron, ou la Ducati de Bayliss Championne d’Angleterre Superbike.
Avec 170 cv ça déménage, et il s’agit aussi de motos historiques, mais la MV, c’est autre chose.
C’est le Saint Gräll, le sang du Christ, la 8ème merveille du monde. C’est comme si tu pilotait le traîneau du Père Noël.
Malgré toute la prudence et la délicatesse que je mettais dans le pilotage de cette déesse,
j’ai quand même pu me rendre compte qu’il s’agissait bien d’un vrai pur sang.
Cette machine est homogène. Couple, puissance, tenue de route, sont exceptionnel. (Pour l’époque. Faut rien exagérer) .
Pour le freinage, c’est… spécial . Faut tirer fort sur le levier, et quand le troisième poil a partir du coude se hérisse, c’est bon.
A l’époque, Ago devait avoir des avant bras de déménageur.
Toutes les bonnes choses ont une fin, et j’ai du rendre le bestiau au bout de quelques tours.
Merci, merci Monsieur Elli et Monsieur Agostini de m’avoir permis de réaliser mon rêve de gosse.
Bon…..me reste plus qu’a essayer la Honda six d’Hailwood
et je peux mourir.
Je parle de la vrai, celle qui est au musée Motegi au Japon.
C’est pas gagné, mais j’ai un plan.
On en reparle.
Hubert Rigal
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