00 CHAPITRE TOUR DE France SIDE CAR 1988
Pour organiser une épreuve comme celle-ci, il y a de nombreux dossiers à constituer pour rédiger le parcours comme il est exigé des autorités.
Ce sont des heures de travail à cartographier à répertorier toutes les villes et villages de passage, ainsi que la numérotation des voies à emprunter.
Comme déjà expliqué dans un chapitre précédent, au départ vous faites ça sur une carte de France et vous réalisez un premier parcours.
Ensuite vous le fractionnez en journées d’étapes.
Puis vous attaquez avec les cartes plus précises pour faire le parcours détaillé. (Sur IGN ou Michelin jaunes, comme prévu dans notre règlement).
Pour des raisons économiques nous avions choisi les Michelin.
Ayant pas mal baroudé, quand je lis une carte, je peux aisément imaginer l’environnement qu’il y a autour d’un parcours et donc voir la diversité des endroits qu’il y a dans notre pays, on n’avait pas de mal à trouver ce que l’on cherchait pour y faire des liaisons attrayantes, sauf dans le nord où c’est tout plat (aïe pas sur la tête)
Ensuite il faut choisir le parcours définitif.
Pour cela on traçait dans un premier temps une ligne droite entre le départ de l’étape et l’arrivée de l’étape.
Ensuite afin d’avoir un parcours varié et sinueux, on s’aidait en y implantant les CH et CP.
Je tiens à préciser que les CH étaient implantés de manière à ce que le parcours emprunté par les concurrents soit le plus court existant.
Prendre une autre route aurait été à 99% de chance plus long que le parcours initial, ce qui évitait l’envie de tricher et nous diminuait l’obligation d’implanter plus de CP
Et, contrairement à ce qui a été dit, un concurrent qui arrivait à contresens du CH, ne pouvait que avoir fait du rab.
Afin de répertorier les villages les hameaux et les routes (N° de voies)
A l’époque ! Pas d’ordinateur ! Tout à la main !!! Pas de GOOGLE MAP !
Dommage car lui vous aurait tout fait et nous n’aurions eu que juste à pousser sur la touche ENTER, pour imprimer le parcours.
Il fallait bien sûr, ne pas se tromper sur l’orthographe et ne pas oublier une route ou un village.
En fait cela ressemblait à ça ! (archive originale)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Et ça ! C’est des heures de taf tous les jours après le boulot.
Ensuite à l’époque il fallait tout recopier à la machine à écrire !! Pas de correcteur et s’il y a une erreur pas possible d’effacer.
Non ! Là encore, c’est au TIPEX que l’on rectifiait.
Pour une étape ça donnait minimum trois pages comme ça !!
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ensuite il faut établir les horaires ! Dans un premier temps pour les traversées de chaque département.
cela donne ça !!
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ensuite il faut faire la même pour les horaires d’ouverture de courses de côte et circuits !!
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Puis il faut préparer les cartons de pointage des concurrents avec l’emplacement des CH
Et faire de même pour les cartons de pointage de nos commissaires qui seront au CH
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Quand vous avez fini tout cela, il vous faut envoyer le tout à chaque département concerné et c’est le département du départ de l’épreuve qui vous centralisera tous les dossiers et qui vous remet le droit ou non de la faire partir votre course.
Cette année-là nous avions eu l’arrêté par le ministère de l’intérieur.
Le problème c’est que cette autorisation, on vous la remet uniquement 5 jours ouvrables avant le départ (GLUPSSSSSS)
Grâce à la préfecture de départ, nous avions pu avoir cette fois ci pas trop tardivement accès à ce qui clochait, entre autres les villages qui nous refusaient le passage.
Il faut se dire, qu’à l’époque il n’y avait pas d’internet, donc pas de mail, juste des FAX ou le courrier, pour faire transiter des dossiers, c’était très limité et peu rapide.
Donc une semaine avant le départ, on avait à revoir tous les lieux où nous étions indésirables ! Entre autres pas mal d’endroits où passaient des spéciales.
Pas déconcentré pour autant, je loue une voiture et je pars avec mon pote Cagot ! Dis Jacquot, de son vrai nom : Jaques
Nous voilà donc pour quelques jours partit pour 2500Km, afin d’allé recalculer sur place le kilométrage des spéciales à refaire, (on the road again, again.)
Cette année-là nous partions de Genève et donc la Savoie (73) était le premier département traversé par le TDF SC.
Nous devions donc nous organiser pour que ces dernières reconnaissances finissent par cette préfecture de Savoie pour en récupérer le sésame (L’arrêté d’organisation).
Au bout de deux jours et très peu de sommeil, nous voilà vers Chambéry sur une autoroute.
Cagot et moi-même, on avait les yeux qui nous tombaient sur les joues et j’ai donc dit à mon fidèle co pilote : à la première aire de service on s’arrête j’en peux plus.
Ayant tout prévu, on avait emmené les duvets et une tente ! Il bruinait, mais pris d’une flemme aiguë, je repère sur l’aire d’autoroute une table avec des bancs et dis à Cagot : comme il ne pleut pas on va balancer le double toit par-dessus la table et on va coucher dessous
Ça ne faisait pas 10 minutes que l’on avait sombré dans le sommeil, que l’on s’est fait réveiller par la marée chaussée.
Messieurs : gendarmerie papier SVP ! Que faites-vous là ? On tente d’expliquer ! Je dirais plutôt de marmonner quelque chose.
Les yeux dans la boue complète, je m’aperçois cependant que l’on avait à faire à des motards
Après leur avoir passé nos papiers ! Au vu de ma CI, il me détronche (comme on dit dans le métier) et l’un d’eux me dit : je m’attendais pas à trouver le pilote Joel ENNDEWELL à faire le clochard sous une table d’autoroute ???
Je leur explique la raison pour laquelle nous sommes dans la région et leur dis que quand on aura récupéré (dans 4 ou 5 heures) on reprendra la route, car là on n’est vraiment pas en condition.
Il nous propose de nous faire le room service (réveil matin) et s’en vont.
À l’heure dite les voilà de retour
Et je vous le donne en mille ! Avec les croissants !! Ça sert d’avoir été champion de France
Fin de cet épisode de reconnaissance
Les étapes de cette année 1988 ont été Genève - Tulle – La Rochelle – Caylus – Albi - Istres – Martigues.
Nous sommes 48 bénévoles au départ, nous répartissant dans 15 véhicules, et dans certaines voitures c’était la crise du logement.
A Genève nous avons été accueillis par Mr Jean-Pierre NAUDON lui-même, Jean Pierre était un grand ami de Claude LAMBERT donc la relation entre lui et le TDF SC fut immédiate.
En plus avec Jean-Pierre quand on lui parle
moto et surtout side-car, il démarre sans START Pilote.
Jean-Pierre a été avec son frère une personne très connue dans notre milieu
moto.
Ce sont des personnages hauts en couleur passionnés par le sport
moto et sous toutes ses formes.
Jean-Pierre est toujours, et depuis des années très actif au
moto Club de Genève.
Je l’ai revu très récemment à l’enterrement de Claude LAMBERT et on avait l’impression de s’être quitté la veille au soir.
On nous parlait tellement de l’Europe, que j’avais toujours eu l’idée de partir d’un pays voisin pour promouvoir notre épreuve et récupérer ainsi des concurrents étrangers supplémentaires.
Déjà en 1987 nous avions déposé notre épreuve à la FFM comme une épreuve INTERNATIONALE.
Bon la Suisse n’était pas le meilleur exemple, car les courses de sport mécanique, quel qu’elles soient, y sont interdites.
Mais bon avec Jean-Pierre on n’y était pas en terre inconnue et avec lui tout fut possible.
Pour le couchage, Jean-Pierre NAUDON avait fait très fort.
Les concurrents et tout le staff du TDF SC on dormit dans un abri antiatomique !!! Moi qui suis spéléo ça ne me dérangeait pas, mais il y a certains, qui claustrophobe, on bien mal dormi
.
Avec tous les concurrents - les assistances et les membres de l’organisation nous avons eu droit à un défiler dans la ville de Genève, le tout ouvert par les motards de la police locale.
Nous avons eu même droit au ministre des sports qui est venue nous saluer.
Ensuite eut lieu le départ de Genève, il s’est fait sur une petite place où il avait été érigé une estrade, la même que les départs du rallye de Monte-Carlo et ce, juste devant la maison mère de chez ROLEX
La classe, car nous, on avait tout juste une KELTON en plastique
Autre petite anecdote :
Nous faisions étape à TULLE, où tout avait été mis en place par un motoclub tout aussi dynamique.
Il y avait une spéciale d’organisé autour de cette ville et à un moment un CH m’appelle à la radio (CB) et me dit :
Joël on a un gros problème on nous tir dessus !!
Un allumé n’aimant pas la
moto et avait pris pour cible les concurrents, ainsi que les gars de chez nous qui tenaient un contrôle horaire (CH)
Je leur dis de se mettre à l’abri et j’appelle par la CB le CH précédent et aussi celui en aval pour neutraliser la course, ainsi que les flics pour qu’ils interviennent.
Je me rends sur place façon Vatanen, on regroupe tous les concurrents au CH suivant et on fait repartir la course.
J’aurai dû penser à équiper les commissaires de Gillet par balle
.
Le poste de commissaire n’était pas de tout repos.
Le gars ou la fille qui se faisait déposer, savait à quelle heure il ou elle devait ouvrir et fermer leur poste, mais après il fallait qu’il ou elle se fasse récupérer par une voiture du CH précédent.
Si le CH était juste celui en amont du leur ! Il n’y avait pas trop long à attendre, mais si c’était celui deux ou trois CH plus en avant, là ça pouvait faire un bail.
Quand il fait beau pas de problème.
Mais quand il pleuvait, quand c’était la nuit et quand le chauffeur ne trouvait pas de suite l’endroit du CH ! Là s’était ROCK AND ROLL
Fallait pas oublier les clopes - la bouffe - la flotte et l’imperméable.
Par contre quand on avait fini le tour, il nous fallait bien 15 jours pour récupérer.
L’entente entre les commissaires se passait bien, toutes et tous étaient très volontaires, il m’a fallu que peu de fois de faire preuve d’autorité.
Les seuls problèmes ont été avec des gens que nous avions pris avec nous pour assurer la communication du TDF SC.
Ce monde de la PUB et de la COM est un monde à part !
Un métier dont certains sont des artistes, des rêveurs et des mytho.
Encore qu’employer le mot ‘’artiste’’ est péjoratif pour les vrais artistes, car il y en a des bons.
Mais cependant chez les artistes on retrouve aussi une population qui ressemble à ce métier de la PUB
Manque de chance on est tombé sur les deux plus mauvais qu’il ne fallait pas rencontrer.
Tous ceux qui me connaissent savent que la relation-publique ce n’est pas mon sport préféré.
C’est comme pour aller chercher des sponsors ! Que ça soit dans l’une ou l’autre de ces corporations, avec ces gens on ne se comprend pas !! Normal il ne parle pas la même langue que moi !!!!
Donc on avait décidé de trouver une personne du métier ou une personne qui avait du bagou pour le faire.
Déjà en 1985 on avait récupéré je ne sais plus comment ? Un mytho énorme !!
Rappelez-vous les téléphones de l’époque, les gros trucs gris ! Ceux où l’on pouvait dévisser le haut-parleur ou le micro
Je me rappelle un jour, chez Claude LAMBERT à TULETTE le type demande à téléphoner à Radio France, pour passer les résultats de l’étape ! Jusque-là tout va bien (rire).
Claude lui indique le téléphone et là on voit le gugusse démonter le micro, et le remplacer par un autre qu’il avait dans sa poche.
Il fait son numéro. Il parle à plusieurs personnes et se fait enregistrer son commentaire pour que ça passe en différé sur Radio France.
Interloquer je lui demande la raison de ce changement de micro et là il nous répond : que c’était un amplificateur.
Passant le plus clair de notre temps en voiture nous écoutions tous la radio, impatient de voir quand on allait parler du TDF SC.
Au bout de 4 ou 5 jours n’ayant rien choppé sur les ondes, je pose la question à notre MYTHO et lui demande vers quelle heure passent les rapports journaliers qu’il donne à Radio France tous les jours.
Là je ne me rappelle pas très bien de sa réponse.
Accaparé par bien d’autres taches sur le tour ! J’ai un peu tardivement compris que ce type était un usurpateur mytho, qui nous avait bernés depuis le début, car un jour !! L’un d’entre nous a pu voir le numéro qu’il composait ! En fait c’était le numéro de chez lui.
Là on a réalisé que tout ça était bidon.
Il voyageait bien sûr dans l’un des véhicules de l’organisation, et l’on m’a rapporté que trop tard qu’il avait eu des conversations et des propos plutôt zarbi.
Ce qui si je l’avais su plus tôt ? M’aurait attiré l’attention sur le fait qu’il n’était pas crédible.
Il fut débarqué un peu avant la fin du tour et mis au premier train vers Paris.
Ce n’était pas bien méchant, mais avec lui on a perdu notre temps !!
Le deuxième que nous avons eu en 1986, était un garçon très gentil, calme attachant et nous avions bien accroché avec lui, je dirais même que c’est le genre de mec avec qui on devient vite copain, voir amis
Comme dirait LACOSTE (le BARON) Ceux-là ce sont les plus redoutables.
Bref celui-là où l’avions non trouvé ? Ça je ne sais plus non plus ?
Il avait accepté de se charger de la COM et de trouver des sponsors.
Il avait du bagou et comme beaucoup dans ce métier, bien sûr il était beau parleur.
Qu’il ait été beau parleur vis-à-vis de moi je m’en fichais car j’étais sur mes gardes, par contre j’espérais bien qu’avec sa tchatche, il réussisse à décider des partenaires.
Un jour au club il nous dit avoir fait affaire avec l’importateur de la société américaine des chewing-gums MIDWAY.
Et nous pose sur la table du club des boîtes de pâte à mâcher (dont j’ai horreur).
Il nous dit avoir négocié une somme ainsi que des produits promotionnels et que le contrat se signerait uniquement 15 jours avant le départ du tour.
Si de MIDWAY nous avons eu les gommes à mâcher et tout l’attirail publicitaire qui va avec, afin de faire la promotion dont nous avions le devoir ! Par contre nous n’avons jamais eu l’argent !!
Pour cette fois-là, nous avons porté plainte au tribunal et avons eu gain de cause.
C’était mon président qui avait été au tribunal et on avait eu quand même pitié de ce garçon, qui ne menait pas la grande vie et avec lequel nous avions quand même passé de bons moments.
Je me souviens que la note à régler avait été payé sur pas mal de mois, afin que la sanction soit comprise, mais qu’elle ne le pénalise pas trop dans sa vie.
Tout ça prouve que nous étions bien léger et crédule et surtout pas méfiant, mais que tellement accaparé par la somme de travail à effectuer pour réaliser un tel événement, que nous ne pouvions pas être partout, de plus à cette époque, il y a 30 ans, on avait encore pour habitude de se taper dans la main et de faire confiance.
Et dans l’ensemble ça marchait très bien comme cela.
Pour nous, on était dans notre sport et dans notre passion, sauf que plus les années avançaient plus on aurait dû se professionnaliser.
Mais ça, nous ne le désirions pas et surtout nous n’en avions pas l’esprit.
Revenons à l’épreuve 1988
Il est à noter que notre accueil à La Rochelle avait été organisé par l’équipage Mme et Mr PERCIER, des gens toujours heureux de vivre et souriant, qui nous ont accueillis dans leur ville comme des rois.
Pour ceux qui ne le savent pas ! Lui : Patrice PERCIER, n’a qu’un bras !! Contrairement à certains il ne se plaignait jamais et il vous envoie la poudre grave.
Comment avec un bras en moins ? il peut comme les autres tenir le rythme d’une telle épreuve ???
‘’RESPECT’’
J’ai essayé de conduire un side à chasse raisonnable avec un bras !! Et bien on ne tient pas longtemps CQFD.
Que faut-il rajouter à cette édition 88 ? Que nous avons eu quelques démêlés avec des équipages membres du CMPN Club Motocycliste de la Police National ! Dont l’un des équipages a déclaré forfait au beau milieu du tour (à suivre un chapitre spécial sur ce sujet).
Je ne sais plus quelle année je suis allé récupérer un concurrent à la gendarmerie !!
Ce dernier avait eu un démêlé avec une femme qui lui avait grillé un stop.
Pris de colère le concurrent a forcé la voiture à se garer un peu plus loin, en a extrait la conductrice de son véhicule et a jeté les clefs de sa bagnole dans la rivière qui passait à côté.
Les gendarmes relativement cool par rapport à l’altercation, on dit Ok !! Pas de sanction mais nous vous imposons d’exclure immédiatement du TDF SC cet équipage.
Ce que nous avons fait, car ce cas de figure était prévu dans le règlement.
Les gendarmes sont repassés à TULETTE pour contrôler que nous avions bien exécuté la sanction.
Très honnêtement j’en rigole encore, car je pense qu’à l’époque, chaud comme j’étais j’aurais été capable de faire pareil. Ce qui n’est pas bien
.
Il est aussi à rappeler que chaque année il y avait de très beau lot à gagner.
Entre autres ! Et ce seulement à partir de la 2 ème édition ! Tous les ans le premier au scratch gagnait un side-car neuf et que les suivants dans le classement, n’avaient pas à être trop envieux, car souvent le deuxième et troisième prix était conséquent.
Que dire de plus ? Que la 8 ème édition du Tour de France side-car se termine sur la victoire de mes amis Alain POURCHIER et Pierre IDOUX.
J’avoue que je m’essouffle un peu, car j’arrive sur la fin de cette belle aventure !
Que j’ai vidé tous mes fichiers de notes de brouillon !
Que j’ai déjà dit énormément de choses et que j’ai dû certainement en oublier ;
Que si j’en retrouve je les mettrai en ligne sans problème.
Et si certains d’entre vous ont des histoires ou des photos à passer, qu’ils le fassent, même après que j’ai fini de raconter l’histoire comme je l’ai vécue.
Rassurez-vous ! là, j’ai narré toute la partie sportive de ces 8 années.
Vous n’allez pas rester sur votre fin, car maintenant je vais expliquer ma version des faits sur la vraie raison de l’arrêt du TDF SC.
Donc ne quitter pas l’antenne, restez à l’écoute
C’est radio TDF SC qui vous parle - à vous les studios