Vendredi 31 mars 2017. En quittant Pau pour Lédenon, j’ai le cœur léger. Demain, c’est l’ouverture de la saison Promosport et j’ai hâte d’assister aux premiers pas d’Alex dans la « grande » catégorie, les 1000, après sa brillante saison récompensée par un titre l’an dernier.
De plus, j’ai encore en mémoire les six tours d’anthologie offerts par Johann Zarco au GP de Losail dimanche dernier. Ma seule inquiétude concerne la météo qui, comme très souvent depuis que je suis le Promosport, est incertaine pour le week-end.
J’arrive en début d’après-midi sur ce circuit atypique perché sur une colline. Dans le box 3, je retrouve la famille Vaucher mais il n’y aura qu’un représentant de la fratrie car Baptiste s’est blessé au ski ; seul Benjamin sera sur la piste. Il y a aussi Rémi, le frère d’Alex, qui poursuit son apprentissage de la compétition avec sa petite KTM 390. Il est un peu désappointé car ses essais libres ont été mauvais. Il n’arrive pas à se lâcher et ses temps sont supérieurs à ceux de l’an dernier. Mathieu Thibaut est là, avec sa fidèle Kawasaki et une nouvelle décoration qu’il a déjà modifiée en chutant ! Heureusement, la moto n’a pas trop souffert.
Mais, pour voir Alex, il faut aller un peu plus loin. Cette année, il est pilote chez Cottard et je m’en vais rejoindre le box 20. Il y a pas mal de pièces de carénage qui traînent, certaines motos n’ont pas encore leur décoration, on sent un début de saison un peu tendu suite à l’arrivée tardive de la nouvelle Suzuki 1000.
Quentin Lévrier et Alex la piloteront en catégorie 1000 Promosport, Margaux Wanham aura à sa disposition l’ancien modèle et Alain Cottard, le team manager, réattaque une saison en Sénior à 63 ans après son titre acquis l’an dernier. Quelle santé ! Il m’indique malgré tout qu’il a un peu de mal à se faire à cette nouvelle génération de machine. « Ce n’est pas facile de perdre ses habitudes à mon âge » conclut-il.
C’est l’heure pour une séance d’essais libres. Alex enfile sa toute nouvelle combinaison bleue ; j’ai l’impression de ne pas voir le même pilote ! Je me place dans la ligne droite des stands. J’aime cet endroit car on voit passer les motos tout près en pleine accélération … et avec la roue avant baladeuse pour la catégorie 1000. Alex passe de plus en plus vite et je le vois s’appliquer à garder le plus possible la roue avant au sol. C’est moins impressionnant que le pilotage de certains mais j’aime cette fluidité.
Samedi matin : il pleut, il fait froid, bref ce n’est pas la joie. Les « anciens » ouvrent le bal avec les essais qualificatifs. Alain Cottard réalise le 2ième temps. Pas mal pour quelqu’un qui me disait ne pas arriver à se faire à l’électronique sophistiquée de la nouvelle génération !
C’est ensuite le tour des 500. Benjamin Vaucher semble déterminé.
L’an dernier, il a montré de très belles dispositions avec une splendide victoire à Pau Arnos et un début de course tonitruant à Magny Cours avant la rupture de son moteur et une blessure qui l’a tenu éloigné des circuits. Malheureusement, pendant les 20 minutes, il navigue entre le 9ième et le 15ième temps qui sera son chrono final. Il a la tête des mauvais jours au retour.
Les 1000 rentrent en piste.
Tout à l’heure, Alex m’a demandé si je ne voulais pas faire la séance à sa place. 200 chevaux à gérer sur un circuit pas vraiment réputé pour son grip sur le mouillé, je comprends que cela ne soulève pas l’enthousiasme…. Je suis tendu, je n’aime pas ces conditions et j’ai la crainte de la chute.
Je le trouve très propre dans ses deux premiers tours et je me retourne vers l’écran qui affiche les temps : 1ière position ! Décidément, Alex, tu m’étonneras toujours ! Et, au fil des tours, il se maintient en tête devant un client sérieux, j’ai nommé Nicolas Souchon. Lors du passage de la Suzuki, je suis étonné par la discrétion du moteur comparé aux rugissements de la Yamaha. En outre, le moteur de la Suzuki semble moins explosif, il me donne l’impression de tracter sans discontinuer . Au final, je trouve que cette douceur (relative la douceur avec 200 chevaux sous la poignée de gaz…) est en harmonie avec le pilotage fin d’Alex. Et cela semble diablement efficace ! Dans les derniers instants de la séance, Johan Nigon claque une pendule et se retrouve en pole.
Alex rentre au stand. « C’est du verglas » annonce-t-il.
La deuxième série s’élance. En effet, il y a beaucoup de pilotes, ce qui contraint la direction de course à organiser deux demi-finales pour se qualifier en finale. Dans cette série, c’est Jérémy Cramer qui obtient le meilleur temps en 1.49.036. Alex a tourné en 1.48.723 devant Nicolas Souchon en 1.48.839. Quant à Nigon, qui a une solide expérience, il a réalisé un temps de 1.46.463.
Les 600 rentrent en piste. J’ai envie de voir quels sont les successeurs potentiels d’Alex cette année. Je pense à Ludovic Rizza, qui a abandonné sa Kawa pour une Yamaha que je pense plus homogène, Thibaut Doutre qui avait réalisé un très bon début de saison avant de s’écrouler, Matthieu Thibault semble aussi pouvoir se mêler aux hommes de tête. Il y a enfin Guillaume Pot qui avait montré sa très grande rapidité l’an dernier. S’il arrive à se contenir, je pense qu’il va être difficile à battre.
Mais, glorieuse incertitude du sport, sous cette pluie persistante, les compteurs sont remis à zéro et je suis sûr, que, sous chaque casque il y a un pilote avec une énorme envie de faire mieux que l’année passée, de montrer aux adversaires qu’ils devront compter sur lui. Tous les espoirs sont permis avant les premières minutes des essais. Malheureusement, les conditions se révèlent piégeuses et elles sont à l’origine de nombreuses chutes avec deux drapeaux rouges pour interrompre la séance. Au final, Ludovic Rizza signe la pole position devant Marc Bachelier et Léo Bauta. Guillaume pot est 4ième, puis vient Matthieu. Thibaud Doutre n’ est que 13ième.
Rémi monte sur sa 400. Je croise les doigts pour qu’il arrive à trouver le rythme. Malheureusement, il chute en bas de la descente avant la ligne droite dès le début de la séance. Il parvient malgré tout à revenir au stand où, dans l’urgence, on redresse sa poignée afin qu’il puisse valider un tour chrono. C’est fait, il est 22ième temps.
Première course du week-end, honneur aux séniors.
Gérald Muteau semble vouloir s’échapper avec sa BMW en ce début de course mais Bernard Cuzin et Alain Cottard réagissent vite. Les trois premiers tours sont rapides et les trois hommes font le trou. Alain me donne l’impression de suivre sans forcer et je commence à espérer un dépassement sur Cuzin qu’il talonne de près quand il chute. Peu après, la nouvelle tombe, Alain est en observation un peu sonné. Plus tard, il est emmené à l’hôpital pour quelques examens.
La première demi-finale des 1000 va commencer. J’emprunte un vélo pour m’installer au fer à cheval. Là-haut, règne un vent glacial et la piste est séchante car la pluie a cessé depuis une demi-heure. Les pilotes semblent sur la réserve. Course un peu monotone sans véritable bagarre. Victoire de Nigon avec plus de 13 secondes d’avance sur Nicolas Souchon.
La deuxième demi-finale va avoir lieu et c’est le moment que choisit mon cœur pour prendre quelques pulsations/minute. J’ai hâte de voir Alex en conditions de course. Il m’a dit se sentir à l’aise sur sa nouvelle monture et le surcroit de puissance de 70 chevaux ( !) par rapport à sa Yamaha ne semble pas trop le gêner mais, maintenant, il va lui falloir se battre au coude à coude avec des pilotes habitués à cette cylindrée. J’ai une pensée pour Billy Cornut, sympathique pilote lui aussi en 600 l’an dernier. Quand nous l’avons croisé tout à l’heure, il paraissait désemparé, n’arrivant pas à trouver le mode d’emploi de sa machine sur le mouillé ; je me dis que cette piste quasiment sèche va peut-être lui redonner de la confiance.
La piste est annoncée mouillée par la direction de course, ce qui veut dire que les pilotes ont droit à deux tours de chauffe.
De mon poste d’observation, je tremble de froid …. et d’appréhension.
Départ ! Alex sort 2ième du triple gauche mais se fait passer dans la descente qui suit. De Laville Montbazon et Cramer sont devant lui mais Alex ne se fait pas décrocher. Je suis rassuré, il a le rythme.
Au troisième tour, les trois pilotes sont d’ailleurs regroupés mais le drapeau rouge est sorti. Interruption de la course.
Quelques minutes après, c’est un nouveau tour de chauffe pour les pilotes et un deuxième départ. Super, Alex a fait un bon départ et se présente en tête avec la Kawa derrière lui. Cramer semble très rapide, il double De Laville Montbazon et se rapproche d’Alex . Noël Roussange au guidon de la nouvelle Honda n’est pas loin derrière les trois hommes.
Dès le deuxième tour, les quatre pilotes font le trou. Cramer est incisif, il passe Alex à l’entrée du fer à cheval, devant moi.
La Kawa se fait insistante mais il résiste au bout de la ligne droite et juste après dans la descente. Le rythme est beaucoup plus soutenu que lors de la première demi-finale avec une piste quasiment sèche maintenant.
Au quatrième tour, De Laville Montbazon sort du triple gauche collé à Alex et tente le freinage dans la descente qui suit, sans succès.
Cinquième tour, Alex n’a pu résister au forcing de la Kawa. Il doit se méfier de Noël Roussange, tout près derrière lui.
Sixième tour : De Laville Montbazon est en tête.
Septième tour : Noël Roussage tente un extérieur sur Alex dans le triple gauche ! Mais ça ne passe pas. C’est fait, il est 3ième devant Alex au fer à cheval. Noël semble particulièrement rapide et lâche Alex .
Huitième tour. Alex est gêné par des attardés au fer à cheval. Pendant ce temps, Roussange a pris la tête. La nouvelle Honda me semble bien née et Noël sait s’en servir !
Les positions restent figées dans les deux derniers tours.
Belle performance d’Alex pour sa première course en catégorie 1000. De retour au box, il explique qu’il a été gêné par le traction control trop intrusif. Il manquait de puissance en sortie de virage. Réglé pour le mouillé, il lui aurait fallu le paramétrer différemment avec la piste qui séchait, mais l’opération est impossible à réaliser en course. Trop compliqué. Voilà un nouveau paramètre à prendre en compte cette année.
La course de Rémi en 400 est difficile. Parti dernier du fait de ses essais compliqués, il ne peut remonter sur les pilotes qui le précèdent. Il devra passer par la consolante pour espérer participer à la finale.
Je rejoins Benjamin avant sa première course du week-end. La tension est extrême dans le box. Quels pneus choisir ? La piste semble quasiment sèche, mais il reste une incertitude pour certaines portions du circuit. Opter pour les secs et ne pas dévier de la fine trajectoire sèche ? Mais quid des dépassements ? Pas facile de se décider. Partant de la quinzième position, il a un coup à jouer. Alex lui conseille cette option. C’est décidé, il laisse les pneus pluie au box.
Du fer à cheval, je reçois quelques timides rayons de soleil au moment du tour de chauffe. Je pense que c’était le bon choix, mais il va falloir ne pas s’enflammer et éviter les éventuelles zones encore humides. Soit prudent dans tes trajectoires, Benji !
1er tour : Benjamin sort très bien du triple gauche et quand il passe devant moi, il est déjà 9ième !
2ième tour : 7ième. Il emmène avec lui le groupe de chasse derrière les échappés.
Devant, on trouve Sanchez, Descours, Estadieu, Delorme, Eruam, Patron.
3ième tour : Benjamin a son style coulé des bons jours. C’est très beau à voir, l’impression que je pourrais tracer d’un coup de crayon sa trajectoire de l’entrée à la sortie du fer à cheval.
4ième tour : il recolle au 38. Devant, les trois premiers sont au coude à coude, c’est chaud !
5ième tour : Cyril Eruam se rapproche des quatre premiers et Benjamin passe en 6ième position ! Le speaker annonce qu’il vient de réaliser le meilleur tour en course.
6ième tour : Benjamin se rapproche peu à peu du groupe devant lui. Il a la piste dégagée et semble mener un rythme infernal.
7ième tour : de nouveau annoncé meilleur tour ! Le speaker parle même de « prestation exceptionnelle ». Il est maintenant au contact de Delorme à qui il fait un magnifique intérieur à l’entrée du fer à cheval. Il a bouffé du lion, notre Benji.
8ième : il descend son temps : 1.40.852 et passe devant moi en 4ième position. Il est maintenant tout près de Descours.
Dans la ligne droite, à l’entame du 9ième tour, il est annoncé à 2.3 secondes du leader. Il est 3ième !
Au 10ième tour, il est dans le pot d’échappement de Sanchez et le double dans la ligne droite de stands. De nouveau meilleur tour en course !
Je le sens déterminé à aller chercher son copain Eruam mais ce dernier est un dur à cuire.
Dernier tour, je le vois sortir superbement du triple gauche collé à la roue d’Eruam. Dans le virage du camion, ils sont côte à côte et Benjamin lui fait le freinage en bas de la descente. Il est 1er !
C’est la victoire après une remontée d’anthologie. Un rythme d’enfer du début à la fin. Chapeau bas, Benjamin ! Tu m’as fait vibrer.
La nuit vient de tomber. Ce fut une journée riche en émotions. Alain Cottard est toujours en observation à l’hôpital. Je suis inquiet pour ce sympathique concessionnaire que j’ai commencé à côtoyer depuis qu’Alex est dans son équipe. Et j’ai encore en tête ces 11 tours de course fabuleux de Benjamin qui m’a ébloui. Pilotage au cordeau avec des trajectoires superbes, sans aucune violence. Je mesure le chemin parcouru depuis ses premières courses, ici, en 2014 où il était déjà très rapide mais également un peu trop sujet aux chutes. Il s’est bonifié, gardant ses qualités de pilotage, les améliorant même avec un relâchement et une intelligence de course lui permettant de ne pas s’enflammer comme auparavant. Il m’a indiqué avoir attendu les meilleurs moments pour dépasser lors de sa remontée.
Pour demain, il y a une bonne dose d’incertitude sur la météo. Le soleil précédemment annoncé ne sera peut-être pas de la partie ; ce sera sûrement plus mitigé avec alternance d’averses et de temps gris, bref l’idéal pour mettre à mal les nerfs des pilotes dans le choix des pneus.
Dimanche matin. Je rencontre Noël Roussange au petit déjeuner. Il me dit qu’il est à l’aise avec sa nouvelle Honda. En fait, il a déjà trois années en catégorie 1000 derrière lui et il avait voulu faire un break l’an dernier car il se sentait un peu dépassé par la puissance de sa Kawa qu’il n’arrivait pas à bien piloter. Sa saison en 600 avec sa Triumph lui a fait du bien et il se sent armé pour affronter de nouveau la catégorie des 1000.
J’aborde avec lui le sujet du traction control qui a perturbé Alex hier. Lui aussi s’est rendu compte de l’amélioration des conditions de piste et la suspension de la course sous drapeau rouge l’a bien aidé. Il a profité de l’interruption pour paramétrer son traction control et a pu réaliser une belle course.
La première course des 600 va bientôt débuter. Matthieu ne veut pas s’emballer car le crachin matinal va donner une piste piégeuse. Dans le box 3, il y a aussi Mickael Speck, un jeune que j’avais vu l’an dernier lors de sa première course à Magny Cours. Avec sa Triumph, il fait partie de ces pilotes passionnés par la course qui naviguent loin de la tête mais dont l’investissement personnel est entier. Après sa chute d’hier, il a remis en état sa moto blanche. Dans le box, il y a aussi Julien Rota Scorlasetti qui roule en 1000 avec sa Kawasaki.
Les 600 entrent en piste. Il pleut et je tente de m’abriter sous mon poncho.
C’est parti ! Ludovic Rizza, parti en pole, est 2ième dans le premier tour. Pot a pris la tête.
Catastrophe, je vois Ludovic éjecté de sa moto à la sortie du triple gauche dans le 2ième tour . Il a l’air sonné, recroquevillé dans l’herbe pendant que sa moto poursuit son chemin dans la descente contraignant les suivants à ralentir et à l’éviter.
Matthieu est alors 4ième et je me prends à espérer une belle course. Mais, il ne passe pas au tour suivant. C’est l’hécatombe et les rangs sont clairsemés. Guillaume Pot a déjà une confortable avance.
3ième tour : Anthonin Vandamme pointe à la 8ième place ! J’avais fait sa connaissance lors de mes débuts en tant que « journaliste » d’Alex en 2014. Un personnage attachant qui faisait quelques épreuves en catégorie découverte au guidon de sa Kawasaki ; et également un cuisinier hors pair qui nous avait fait déguster des frites maison double cuisson divines préparées sur son petit réchaud. Cette année il a décidé de changer de catégorie, « d’être dans cour des grands » comme il dit. Deux tours plus tard, il est 6ième !
Devant, Pot a été passé par Léo Bauta, très rapide. Mais, au 8ième tour, il est 5ième , suite à une erreur de pilotage sûrement. Pot n’a plus qu’à dérouler et termine avec une confortable avance de sept secondes sur Marc Bachelier et dix-sept sur Bauta qui a réussi à remonter. Une course difficile qui a vu l’abandon de pas mal de candidats au titre, Thibaut Doutre ayant également chuté dans le deuxième tour.
En cette fin de matinée, c’est au tour des concurrents de la consolante 400. Rémi doit impérativement terminer dans les 10 premiers pour être retenu. La course est interrompue au 4ième tour par le drapeau rouge et la direction de course décide qu’il n’y aura pas de nouveau départ. Il est classé 10ième…. Ouf !
14 heures. Les 500 vont de nouveau courir. Le vent forcit mais cela a le mérite d’assécher la piste car le crachin persistant a enfin cessé. Que va faire Benjamin ? Il part encore de la 15ième place et il va lui falloir jouer des coudes pour une nouvelle remontée. Je l’ai senti serein, prêt à ne pas tenter l’impossible. On nous l’a changé, notre Benjamin, il devient raisonnable !
Départ : du fer à cheval, je vois un pilote faire un magnifique extérieur dans le triple gauche. C’est Benjamin qui se trouve propulsé à la 6ième place ! Dans la ligne droite des stands, il passe 5ième.
Devant, Descours et Estadieu font le forcing pour s’échapper en tête.
3ième tour : Benjamin est vraiment excellent dans le triple gauche. Je situe son retard sur les deux premiers à environ 5 secondes. Ils vont être durs à aller chercher.
4ième tour : Cyril Eruam, jusqu’alors 3ième, se fait passer par Sanchez dans la descente après le triple gauche. Benjamin est menacé par Meignan au fer à cheval.
5ième tour : Benjamin sort encore une fois très bien du triple gauche et recolle à Eruam. Il finit par le passer dans la ligne droite des stands ; il est 4ième. Je sens le podium possible mais les deux pilotes en tête ont trop d’avance.
Benjamin poursuit son effort dans le 6ième tour et parvient à dépasser Sanchez dans la ligne droite. Aussitôt, il creuse l’écart ; ça commence à sentir bon !
8ième tour. Sanchez revient un peu sur lui. Attention, Benji !
9ième tour : il a repris un peu de champ, je commence à respirer, il ne reste plus que deux tours.
Mon cœur s’emballe quand il fait un travers devant moi à la sortie du fer à cheval. Tout doux, Benjamin, l’écurie est proche !
11ième tour : c’est fait, il termine à une belle 3ième place et se retrouve en tête du championnat après cette première épreuve. Bravo Benjamin, tu as assuré comme un chef !
C’est au tour des 400. Malheureusement, Rémi n’y participe pas. Il m’a expliqué que ses pneus de l’an dernier n’étaient plus homologués et qu’il ne voulait pas payer un train de pneus neufs. Je pense aussi que le moral était un peu en berne ce week-end.
Les courses des 600 et 1000 se déroulent en fin d’après-midi. Je déambule dans le paddock et je croise Patrick Mageot, vainqueur du Promosport 600 en 2015 et qui a réalisé une saison solide en 1000 l’an passé, avec même une victoire lors de la toute dernière course.
Hier, il a été victime d’une grosse chute avec perte de connaissance. Ce matin, il a pu participer à la consolante mais il n’a pu se qualifier. Je réalise, à travers les petits malheurs des pilotes, que la course moto présente des risques. Même en Promosport, ça roule très vite et je suis étonné du niveau de pilotage. Depuis hier, on annonce une centaine de chutes ; heureusement, dans la grande majorité des cas, il n’y a que le matériel qui souffre.
Brève rencontre avec Ludovic Rizza qui a la tête des mauvais jours. Il me raconte sa chute. Tassé par un concurrent dans le triple gauche, il n’a pas réussi à bien gérer ce moment et il est parti à la faute. Je tente de le rassurer en lui disant que la saison va être longue mais je vois bien qu’il n’a pas encore digéré cette première manche tronquée. Il s’en veut manifestement d’avoir déjà utilisé un joker.
Dans le box 3, Matthieu et son père ont patiemment remonté la moto ; elle parait moins fringante mais est déclarée bonne pour le service. La pluie semble avoir abandonné l’idée de rester jusqu’au terme du week-end et les courses devraient voir lieu sur une piste sèche.
C’est l’heure de la pré-grille. Je vais y faire un tour. J’aime y observer l’atmosphère à quelques minutes de la course. Certains ont besoin de parler, de rire, pour évacuer le stress, d’autres sont enfermés dans leur bulle. Alerte, je vois le jeune Mickael affolé avec sa moto qui refuse de démarrer. Une poussette ne donne rien. Martial, un jeune qui aide Martin Naussac , examine dans l’urgence les fusibles. Tout est OK. Il conseille de tenter une nouvelle poussette énergique alors que la procédure de départ des motos est lancée. Ô joie, le trois cylindres se réveille enfin !
Les pilotes en terminent avec le tour de chauffe. C’est parti dans un déchaînement de décibels. Ludovic Rizza sort en tête du triple gauche suivi comme son ombre par Guillaume Pot. Matthieu est 4ième.
2ième tour : Ludo et Pot s’échappent devant, Matthieu est 3ième !
3ième tour : Pot, qui semble très à l’aise est 1er. Matthieu se fait faire le freinage en bas de la descente après le triple gauche.
Au 4ième tour, il est talonné par Romain Pape.
Dans les deux tours qui suivent, les cinq premiers se suivent avec un écart entre eux ; il n’y a pas de bagarre directe.
7ième tour : Kevin Trueb recolle à Ludovic et finit par le passer. Dans la foulée, il imprime un rythme rapide et semble revenir sur Pot.
Au 10ième tour, Matthieu est talonné par Bauta et Chevallier, mais il remet un coup de collier pour éloigner le danger.
Au 12ième tour, les jeux semblent faits. Pot, Trueb, Rizza. Matthieu se rapproche du n°35, il a encore la possibilité d’aller chercher la 4ième place.
13ième tour : grâce à un freinage appuyé au virage du camion, il passe Romain Pape ; il est 4ième !
Au 15ième tour, Trueb ne repasse plus. Ludovic est donc 2ième et Matthieu 3ième ! Mais, Romain Pape le prive du podium à un tour de la fin ; Ils finissent tous les eux au finish jusqu’au drapeau à damier qu’ils franchissent côte à côte. Belle performance de Matthieu qui fait oublier les déboires de la première manche.
Sitôt cette course terminée, je me rends en pré-grille. Alex est assis sur la moto. Je le sens très concentré. Dans sa tête, cela doit quand même bouillonner ; c’est sa première finale en catégorie 1000. C’est l’heure de vérité, il va pouvoir se situer par rapport aux concurrents.
Quelques gouttes s’invitent alors et une légère humidité s’installe. J’espère que la pluie ne va pas venir compliquer les choses. Compte tenu du retard pris tout au long de la journée, la dernière course du week-end est réduite à 14 tours.
Les motos viennent se placer sur la grille de départ.
Alex est en 8ième position. Pourvu qu’il fasse un bon départ ! Il a dû m’entendre car il sort 3ième du triple gauche. Nigon est en tête.
Au 2ième tour, Nicolas Souchon dépasse Alex.
Au tour suivant, je vois Alex talonné par Cramer. Il résiste mais finit par se faire passer au 5ième tour.
6ième tour : il reste au contact du groupe des quatre devant lui.
Au 8ième tour, je le vois reprendre un peu de temps au groupe. La bagarre est intense devant avec De Laville Monbazon qui a pris le commandement, suivi par Souchon.
Au 10ième tour, Alex commence à décrocher du groupe. Nigon reprend la 2ième place.
12ième tour : Alex est gêné par deux retardataires au fer à cheval. Devant, la bagarre est vive et Nigon prend la tête au 13ième tour. Nicolas Souchon, 3ième, fait le forcing mais se loupe. Il parvient à repartir mais Alex l’a passé.
Dernier tour : c’est la libération, je vois Alex franchir la ligne d’arrivée en 4ième position. Quel bonheur !
Il rejoint le box manifestement très heureux. C’est la joie dans l’équipe, d’autant qu’Alain Cottard est rentré de l’hôpital et semble en forme.
Il est 19H30 et il temps pour moi de rentrer. J’ai 500 kilomètres qui m’attendent et le boulot reprend demain. Après un tel week-end, je trouve les ressources pour affronter la nuit et les bourrasques de vent. Mais quel plaisir de me glisser sous la couette à deux heures du matin !
PS : je n’ai pas eu le temps de recueillir les impressions d’Alex. Je viens d’avoir son père au téléphone. Alex a vu qu’il ne pouvait pas se mêler à la bataille avec le groupe des quatre. Par contre, il a pu analyser son pilotage en constatant qu’il rentrait beaucoup plus fort qu’eux en virage mais se faisait reprendre en sortie. Il va donc devoir adapter son pilotage à cette nouvelle catégorie. Je lui fais confiance, il est du genre à comprendre assez vite….