Depuis trente-six ans que je roule à moto, je sais ce que j’aime par-dessus tout dans le voyage. Bien au-delà des paysages, des sites à découvrir, ce sont les rencontres qui m’apportent le plus de bonheur.
Ce vendredi 14 avril 2017, j’en ai encore une fois la preuve. Cela fait 300 kilomètres que je parcours, sur la route du circuit du Mans, et je m’accorde une petite halte.
Alors que je suis en train de mastiquer mon sandwich assis sur un muret, je perçois une silhouette devant moi et j’entends une voix me dire : « Vous allez aux 24 heures du Mans ? ».
Je relève la tête et vois le visage devant moi.
« Mais, c’est Hubert, c’est toi Hubert ! ».
« Et toi, comment t’appelles-tu ? ».
Hubert, c’est Hubert Kriegel. Cet homme a décidé, il y a douze ans, au moment de sa retraite, de parcourir le monde au guidon de son side-car, d’abord avec sa BMW et plus tard avec une Oural. Il a ouvert un magnifique site que je parcours régulièrement avec grand plaisir. http://www.thetimelessride.com/FR/WhereisHubert.html
Et, depuis des années, je visite par son intermédiaire des régions extraordinaires.
Et voilà que, alors que j’ai une chance sur un million de le rencontrer, je me retrouve face à ce voyageur aux lunettes rouges caractéristiques.
« J’ai cru à une apparition » lui dis-je.
Nous passons un petit moment ensemble puis je reprends ma route, complètement requinqué par cette rencontre improbable, inattendue.
Je suis particulièrement impatient d’arriver car Alex va participer à sa première course d’endurance. Et, pour débuter, il a choisi une des plus célèbres avec le Bol d’Or, les 24 heures du Mans. Belle entrée en matière !
16 heures : j’arrive sur le circuit, mais je dois d’abord franchir un parcours du combattant pour enfin être autorisé à pénétrer dans l’enceinte afin d’y monter ma petite tente.
Puis, je m’en vais retrouver Alex et Bruno. Je leur demande des nouvelles. Les essais furent difficiles jusqu’à hier au soir avec deux chutes (Luc et Alex) à cause d’un dysfonctionnement au niveau du frein moteur qui devenait très brutal en dessous de 5000 tours/minute. Le verdict était sans appel avec la moto qui partait en travers et le pilote qui s’envolait. Résultat, beaucoup de mécanique pour remettre en état la moto et la mise à mal du stock de pièces déjà très réduit du fait de la jeunesse de la nouvelle GSX R.
Heureusement, aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre et les essais qualificatifs se sont bien déroulés. Les trois pilotes viennent du Promosport.
Il y a Luc Bibollet qui a terminé second en catégorie 1000 l’an dernier, Thibaut Duchène, lui aussi en 1000 a fini 3ième au guidon de la vieille Suzuki. Enfin, Alex fait ses débuts en 1000 cette année. Seul Thibaut a déjà couru en endurance, le Bol d’Or en 2015 et Le Mans en 2016. L’équipage est homogène, avec des temps au tour similaires. Thibaut, plus expérimenté, est un peu plus rapide.
J’ai le droit de rentrer dans le box de la moto 27. C’st aussi une première pour moi une grande course d’endurance que j’espère pouvoir vivre de l’intérieur. Tout est bien agencé dans cet espace réduit, chacun a son rôle, deux personnes affectées aux pneus, une à l’essence etc…
Le bonheur d’Alex est visible. Luc Bibollet me dit que cette épreuve est un rêve d’enfant qu’il va enfin réaliser.
18 heures. Les spectateurs peuvent déambuler le long des stands. C’est l’occasion de voir les pilotes qui sont mis à contribution en signant les posters de l’équipe. C’est une ambiance de fête, sympathique. Je suis heureux de voir que l’endurance, même au plus haut niveau, n’a pas suivi la tendance du Moto GP inaccessible.
Bruno me fait faire un tour des box. Les machines sont magnifiques, on sent le souci du moindre détail. J’imagine aisément la somme de travail pour arriver à présenter des motos prêtes à s’affronter 24 heures durant.
22 heures. Je suis crevé et me glisse sous la tente pour dormir.
Pas très loin de là, commence un concours de rupteur. Je ne sais combien de motards irresponsables participent à ce « jeu » stupide, mais ils paraissent très nombreux …. et persévérants. En effet, le manège dure une longue partie de la nuit et mes bouchons d’oreilles ne suffisent pas pour arriver à m’isoler.
Je pense qu’une étude sociologique sur ceux qui éprouvent de besoin de massacrer le moteur des heures durant serait intéressante. Pour ma part, j’aimerais savoir ce qui se passe dans leur cerveau à ce moment-là. Peut-être est-il alors au stade ultime, celui qui rejoint le néant, le vide absolu….
Vers cinq heures du matin, le silence s’installe enfin …. jusqu’à ce que deux irréductibles décident de poursuivre cette quête de l’absurdité, en enchaînant les moteurs en surrégime avec les coupures brutales, qui résonnent tel le marteau piqueur dans ma tête.
Ce matin, il y a le warm-up à 10 heures. Le temps est gris, il fait frisquet, mais les nuages ne semblent pas vouloir déverser d’eau sur nos têtes.
Alex me fait part de ses sensations lors des essais : « Tu roules avec les meilleurs, ils te prennent un petit peu à chaque virage, ils sont là, juste devant toi et, à la fin du tour, il te manque 3-4 secondes ».
Luc me dit qu’il a adoré rouler de nuit, avec le sentiment privilégié de se sentir seul sur la piste. D’ailleurs, ses temps étaient similaires à ceux réalisés de jour.
Pendant le warm-up, les trois copains vont roder les plaquettes pour la course.
J’ai réussi à obtenir un passe de Christelle, une commissaire de piste mais il ne me permet pas d’aller dans le paddock du côté des box. Je suis un peu déçu.
Le départ va bientôt être donné. Je m’installe dans la tribune après la courbe Dunlop. C’est Thibaut qui a l’honneur de débuter la course. Les motos font leur tour de chauffe et vont se ranger en épi. J’appréhende ce départ. Soixante motos vont arriver au gauche-droite serré.
Thibaut a effectué un départ moyen et deux pilotes s’accrochent et chutent devant lui. Il n’est alors que 44ième. Moins de 30 minutes plus tard, le pace-car est de sortie, il est 38ième.
Puis, je le trouve dans un très bon rythme dans son paquet où il s’impose peu à peu. Je le vois qui dépasse la Metiss dont l’un des pilotes est Billy Cornut, sympathique pilote concurrent d’Alex l’an dernier en 600 Promosport.
Dans les hommes de tête, le rythme est plus course de superbike qu’endurance. Randy de Puniet est particulièrement impressionnant au freinage après la courbe Dunlop.
Devant moi, il y a un écran géant et je sursaute à chaque fois qu’une chute est filmée. Heureusement, Thibaut n’est pas concerné. Il poursuit sa remontée et pointe 25ième après 45 minutes ! Puis 23ième après 52 minutes.
15H55 : je vois Luc prendre son relais. Il a un style propre et volontaire. D’ailleurs, alors que je me place à différents endroits du circuit, je trouve que le rythme est élevé à tous les niveaux. Cela occasionne quelques erreurs, des freinages trop optimistes qui fleurent le tout-droit.
A 16H45, c’est au tour d’Alex. Je suis ému, ce sont ses premières 24 heures ! Juste avant, j’ai vu passer Billy avec la Metiss ; je lui ai trouvé un style caractéristique que j’ai mis sur le compte de la spécificité de son train avant.
Alex a toujours cette fluidité dans le pilotage et je le trouve très efficace dans la sortie du virage de la chapelle, bien en ligne avec une moto qui ne bouge pas d’un iota alors que beaucoup gigotent énormément au même endroit.
Une chute survient devant moi au virage du musée. Ne pas chuter, les copains, surtout ne pas chuter !
17H30. L’équipage est 24ième alors qu’Alex va en finir avec son relais. Devant moi, il y a la Suzuki du Sert qui hésite à faire le freinage à Alex et s’abstient. Cela me fait un drôle d’effet de le voir côtoyer les plus grands ! Le temps est toujours gris avec un léger fond d’humidité. Je croise les doigts pour que la pluie nous épargne. Tiens, c’est maintenant la Honda d’usine qui colle Alex au freinage.
17H78. Je ne vois plus passer Alex, j’espère qu’il s’est arrêté pour le prochain relais. C’est le cas, je vois Thibaut sortir des stands. Ouf ! Alex a fini son premier relias ; il lui en reste sept à faire … s’ils vont jusqu’au bout !
Je me place à l’entrée de la courbe qui suit la ligne droite des stands. Gros cœur exigé ! Je repense à la peur qui avait saisi Alex lors de sa première course en 600 ici en 2014. Vu de l’extérieur, je confirme que ça rentre très vite et Thibaut en piste y est impressionnant. Il est dans la roue de la Suzuki du Junior Team et ne lâche rien pendant plusieurs tours.
18H25 : la Suzuki 27 est classée 26ième.
J’ai réussi à trouver des voies détournées pour arriver dans le box. Quand je suis motivé, il est difficile de m’arrêter ! Dans le box 38, tout se passe bien après les quatre premières heures de course.
19H25. Ils sont 20ième et 150 tours ont été parcourus.
19H50. Alex est dans le box, équipé. Luc va terminer son relais.
Stupeur, sur l’écran de télévision, on voit Luc s’arrêter, puis repartir aussitôt. Il rentre aux stands ; c’était un déjaugeage, limite panne sèche ! Les pneus sont changés, puis le plein effectué. Ce n’est pas la rapidité extrême des écuries d’usine, mais ça va quand même très vite !
Je réalise à quel point chaque personne de l’équipe est importante, je ressens fortement cette unité du groupe tourné vers un seul but, arriver au bout de cette aventure et le mieux classé possible.
20H10. Double chute sous nos yeux à la télé. Pendant un quart de seconde, j’ai cru reconnaître la moto 27. Mon cœur ne va jamais tenir 24 heures avec toutes ces émotions !
Eric, le concessionnaire à la tête de l’équipe explique calmement que la quasi panne d’essence est venue d’une incompréhension dans le panneautage. « On a eu chaud » conclut-il.
La nuit tombe. Je quitte le box et vais voir Alex au chemin aux bœufs. Il a toujours cette gestuelle fluide sur sa moto, pourtant, quand j’ai quitté le stand, il tournait en 1.41.500. Les nuages ne nous ont pas quittés. Je croise les doigts pour que la pluie ne s’invite pas à la fête. La pluie de nuit en moto, ce n’est déjà pas terrible, en conditions de course, cela doit être l’enfer.
20H50. Je vois Alex tirer tout droit aux S du garage bleu ! Il repart aussitôt et repasse au tour suivant au même rythme. Simple chaleur ; pourtant, je commence à me geler sur le bord du circuit.
22H50. Je suis de nouveau au box. Alex prend son relais. L’explication de son tout droit est simple ; la botte qui s’est accrochée au sélecteur…
23H15. Une moto s’arrête sur le bord de la piste, sous une épaisse fumée. Le safety-car sort.
Minuit. Fin du relais d’Alex. Je sens la fatigue s’insinuer en moi. J’imagine que c’est la même chose chez les pilotes qui enchaînent des relais de plus de 30 tours dans la nuit froide. J’ai pu voir tout à l’heure les difficultés pour dépasser, je pense aux changements d’adhérence avec la piste qui se refroidit.
Alex laisse la place à Thibaut, son visage est un peu plus marqué. Mais, il semble serein, il a roulé une bonne partie de son relais avec Julien Enjolras, ce qui semble le rassurer sur son rythme de course. La moto marche bien, Dom, le mécano dit que c’est la première fois qu’il ne refait pas un rajout d’huile à minuit. Ils sont en 17ième position.
Je pars faire un petit somme sous la tente.
4H00. Je rejoins l’équipe. Ils ne sont plus que 21ième. Ils ont dû s’arrêter deux fois à cause d’une panne …. du feu arrière. Si j’ai bien compris, il y a eu aussi un problème de roulement de roue.
4H45. Thibaut rentre de son relais. La moto est devenue physique à piloter, avec un amortisseur dont le comportement s’est dégradé.
Dans le box, une douce torpeur s’installe ; certains dorment assis sur leur chaise. Devant moi, les quatre écrans continuent à distiller les informations. Deux avec les temps au tour des concurrents et les partiels, un sur lequel on voit des petites pastilles et le numéro de chaque moto parcourant le tour du circuit. Cela permet de savoir où se situe la moto. Enfin, il y a les images diffusées sur les programmes de télévision. De fait, on peut rester dans le box et tout connaitre de l’évolution de la course.
5H45. A quelques minutes du changement de pilotes, le box se remet en mouvement. Chacun s’équipe : cagoules, lunettes de protection, gants ignifugés, casque. Les préposés au plein d’essence, au changement de pneus ou de plaquettes de freins vont se positionner à la sortie du box.
Un peu plus loin, au-dessus de la cabine de chronométrage, les informations sont envoyées chaque tour au pilote : « Box 3T, Box 2T, Box 1T, Box ». Luc arrive, arrête la moto. Un bref échange avec Alex pendant que les mécanos procèdent au changement des pneus. Un geste pour dire que c’est terminé, c’est au tour de la procédure du plein d’essence. Les gestes sont brefs, précis. Alex enfourche la Suzuki et quitte le stand, absorbé par la nuit.
En tête, c’est une lutte acharnée qui se poursuit entre les deux Yamaha, la 7 et la 94 ; 21 petites secondes les séparent après 14 heures de course !
6H10. C’est magique, on voit Alex sur l’écran de télévision derrière la 96 pendant un tour.
Pendant tout son relais, Alex tourne en 1.43 régulièrement. A son retour, il explique que le comportement de la moto s’est dégradé et qu’elle devient difficile à piloter, avec des vibrations dans le pneu avant.
7H45. Thibaut vient de terminer son relais. « ça va ? ». « Non, j’ai très mal au dos, je suis assis trop bas sur la moto, je ne me vois pas terminer avec cette douleur".
Pendant ce temps, Luc tourne en 143. 600. Le jour se lève enfin ; ils ont passé la nuit et parcouru les 2/3 de la course. Il va falloir tenir bon maintenant !
Devant, entre la 7 et la 94, c’est toujours aussi serré, 24 secondes pour être précis.
8H10. Je vois Eric avec des « rehausseurs » de selle à la main qui viennent d’être fabriqués pour tenir compte des observations de Thibaut.
Un nouvel abandon? La 333 tire tout droit avec une fumée importante qui se dégage du moteur. La moto peut renter aux stands par ses propres moyens.
9H15. Je m’installe au virage du musée. Le soleil daigne enfin poindre par intermittence entre les nuages et m’aide à oublier le froid qui me saisit. Alex est étonnamment doux dans cet enchaînement. Il ne maltraite vraiment pas la moto et passe, à chaque tour, tel un métronome, sur sa trajectoire avant de remettre les gaz sans aucune brutalité.
Du côté de la Yamaha 94, à la poursuite de la 7, c’est l’attaque à outrance avec un côté « pousse-toi de là que je passe » vis-à-vis des attardés. C’est un pilotage sur le fil du rasoir. Quel baston entre les deux motos !
La Suzuki 72 du Junior Team fait un violent décrochage à la sortie du virage. La chute est évitée de peu.
9H40. Alex ne passe plus, pas le temps de m’inquiéter, c’est Thibaut qui surgit peu après, dans un style plus incisif ; lui aussi enchaîne les tours avec régularité, sans « se mettre dans le rouge ». Les trois équipiers semblent avoir très bien assimilé l’endurance, ce juste milieu entre la performance et la sécurité, qui permet de rouler dans un bon rythme sans risque inutile et sans solliciter à outrance la moto.
Car, cette dernière souffre, c’est évident. Il n’y a qu’à entendre les montées en régime du moteur dont les 200 chevaux vont être exploités 24 heures durant.
11H15. Mike Di Meglio, après une remontée digne d’un sprint de GP, passe en tête.
Luc Bibollet est au guidon, la moto est alors 18ième mais les quatre motos derrière ne sont qu’à un petit tour. Ce sera serré jusqu’au bout.
11H47. Le préposé à la sécurité a fini par repérer mon petit manège et m’interdit de redescendre dans le paddock. Je suis contraint d’assister à la fin de la course du haut de la tribune au-dessus des stands. Je vois d’ailleurs Alex qui rentre déjà. Problème ? Heureusement, il repart moins d’une minute après. Fausse alerte.
Midi. Ils sont 22ième, dans le même tour que la 212, la 15 et la 44 et à un tour de la 2, la 37 et la 18.
Sur la voie des stands, deux hommes démontent la cabine de chronométrage de leur équipe. Elle n’aura pas pu aller au bout de cette épreuve. Ce matin, j’avais compté 37 motos encore en piste, preuve de la dureté de cette course d’endurance.
12H13. Une double chute survient. Je scrute avec angoisse l’écran géant en bord de circuit. Ouf ! Alex n’est pas impliqué, il passe devant moi. Les trois heures à suivre vont être interminables….
13 heures. Je mange rapidement. Je commence à entrevoir qu’ils iront jusqu’au bout de cette course mythique. Mais je sais que tout peut arriver jusqu’au dernier moment. Dom se souvient d’un Bol d’Or où leur pilote avait chuté dans le dernier tour !Je pense qu’ils ne vont pas aller chercher les trois motos qui les précèdent malgré le faible écart.
La fatigue est en train de me tomber dessus. Le peu de sommeil, le bruit permanent quel que soit l’endroit où l’on se trouve, les kilomètres parcourus d’un bout à l’autre du circuit, la tension souvent présente, cela fait un sacré cocktail dont je commence à ressentir les effets.
Mais quelle joie d’assister au parcours exemplaire des trois pilotes. Je pense qu’ils vont s’en souvenir longtemps de cette semaine de préparation, d’essais, de chutes et enfin de course. L’équipe de bénévoles aussi que j’ai pu voir à l’œuvre, professionnelle, qui s’est investie sans compter durant cette épreuve.
Encore 45 minutes de course. Luc en finit avec son relais et Alex lui succède. Il doit être ému d’être au guidon pour la fin de course. Je compte les tours, regarde l’heure à tout bout de champ, je sens l’émotion monter en moi. Enfin, le drapeau à damiers est agité, Alex passe une dernière fois dans la ligne droite.
La voie des stands est envahie par toutes les équipes, c’est la libération après ces 24 heures de tension. Les pilotes se frayent un chemin au ralenti, félicités, acclamés par toutes ces personnes qui ont participé à cette grande course.
J’ai les yeux humides sous mes lunettes de soleil. Alex arrive et s’arrête près de son équipe ; chose inhabituelle chez lui, il fait un burn pour laisser éclater sa joie. Je me précipite vers le box. On se serre dans les bras, on s’embrasse, c’est la liesse tout autour de nous.
Peu après, on se réunit sous la tente de l’équipe. Eric fait le bilan positif de la course, même si l’arrivée tardive de la Suzuki a obligé à travailler dans l’urgence et a pu avoir des répercussions sur une préparation trop hâtive.
C’est le moment de se quitter. Je ne suis pas triste pour autant car je sais toutes les merveilleuses sensations vécues au cours de ces 24 heures vont continuer à se diffuser en moi sur le chemin du retour. A 21 H30, je finis par trouver un hôtel de libre dans un petit village entre Poitiers et Limoges.
Le lendemain, je m’enquille 550 kilomètres de routes départementales en rythme d’endurance, à savoir quelques brefs arrêts et un pilotage soutenu. Huit heures intensives, mais avec un seul relais pour moi !
PS: la lecture de la feuille des résultats est intéressante car les temps d'arrêt au stand sont comptabilisés. L'équipage 27 est resté 2H22 au stand, c'est beaucoup plus que les concurrents devant elle (souvent plus d'une heure, ce qui représente un paquet de tours!). C'est même 20 minutes de plus que la Metiss qui a eu son lot de problèmes, d'après ce qu'a pu m'en dire très brièvement Billy Cornut alors que je quittais le circuit.
Bref, et c'est quelque chose dont je me rends compte quand je double régulièrement les mêmes poids-lourds sur l'autoroute, en endurance, rouler à un bon rythme c'est bien, mais s'arrêter peu et brièvement c'est encore mieux!