Bonsoir,
Voici l'histoire de la conception et de la réalisation d'un nouveau projet:
CHAPITRE 1:Depuis Juin de la saison 2017, saison durant laquelle nous avons participé aux épreuves de la catégorie KLASS GP 250, il a fallu admettre qu’il ne fallait plus s’acharner sur notre "bizza", la marche à franchir, pour en faire une moto capable de partager le podium régulièrement, était trop haute.
Nous avions appris les rudiments et engrangé suffisamment d’expérience pour pouvoir se lancer dans un nouveau projet.
Voici le début du cahier des charges :
- Géométrie du châssis conforme aux critères actuels des GP.
- Réduction drastique du poids et du maître-couple.
- Meilleure répartition des masses
- Meilleure efficacité du refroidissement.
- Amélioration de l’accessibilité mécanique.
Ce qui remettait en question la configuration du moteur.
Trop long pour être compatible avec une bonne géométrie châssis.
Le moteur, pas de problème, ça devrait le faire
J'ouvre SOLIDWORKS et crobarde les premières esquisses du nouveau moteur.
Conservant une grande partie des éléments actuels : cylindres/culasses, boite de vitesses, embrayage et je compacte au maximum pour réduire la longueur. Il faut bien sûr refaire les carters, la transmission primaire, j’en profite pour épaissir les vilebrequins et corriger quelques petits défauts de jeunesse.
Par-contre pour le châssis, il y avait encore beaucoup de compétences à acquérir.
Très attiré par la solution train avant de la Métiss, je prends contact avec JBB, ravi que j’envisage l’utilisation de son train avant sur mon proto.
Il me guide énormément dans la découverte du système et réalise même quelques croquis, dont l’un servira de base à mon projet.
Qui dit JBB, dit Yves KERLO, Stéphane MEUNIER et d’autres … Merci à eux pour leur aide précieuse, j’y reviendrai.
Voici quelques esquisses parmi les nombreuses qui ont été réalisées :
VERSION1 CHAINE A DROITE
FP :FP :Yves :Yves :Yves :VERSION 2 CHAINE A GAUCHE
FP :FP :Puis JBB ajoute sa griffe et c’est sa version B qui servira de base sérieuse
FP :Hormis l’intérêt qu’apporte la solution JBB à la cinématique de la suspension avant (chasse dégressive, facilité des réglages multiples, transparence aéro, orientation des efforts dans la moto, faible coût car réalisation en interne) ;
Il m’est apparu entre autres, que les positions relatives de l’articulation du bras oscillant, du pignon de sortie de boite et de l’axe de roue arrière, avaient une importance capitale sur l’exploitation du châssis.
Comme l’un des objectifs était la facilité d’intervention / l’accessibilité mécanique, l'idée m'est venue, qu’il serait intéressant de pouvoir faire varier
rapidement l’altitude de l’axe du bras oscillant.
En effet, les solutions existantes sont ouvrageuses et rebutent une petite équipe de s’y coller à répétition.
En étudiant un peu la cinématique de la suspension arrière, il était évident qu’un simple changement de rapport de chaîne, pouvait faire passer la moto d’une tendance anti-squatt à une tendance pro-squatt.
Ce qui a probablement causé la chute de Bertrand, à Dijon. !!!
Afin de réduire le poids de l’engin, la solution moteur porteur a été retenue. Le train avant type JBB se prête bien à cette conception, pas de colonne de direction, pas de châssis, ou bien minimaliste.
Un groupe de travail s’est naturellement formé, composé de Jean-Bertrand, Yves, Stéphane et moi évidemment.
Une première réunion est organisée à Alès, lors de la dernière course de la saison et je fais connaissance avec Jean- Bertrand et Stéphane.
J’ai apporté le PC et la discussion s’engage devant l’écran.
Le courant passe et un début d’organisation se met en place.
Avec l’accord de Jean-Bertrand, Stéphane me transmettra une partie des dessins de la Métiss de manière à me faciliter l’approche de toutes les subtilités. Il est prêt également à m’aider et à me guider et je lui transmets mes dessins pour vérification et approbation.
Yves propose de construire une maquette à l’échelle 1, ce qui est intéressant car il y a encore une foule de détails laissés de côté, cela donnera l’occasion de les mettre en évidence.
Le dessin est repris et le projet évolue.
En réfléchissant un peu, il me semble qu'il serait plus judicieux de concevoir le moteur avec la sortie de boite à gauche, au cas où quelqu’un envisage de l'installer dans une partie cycle existante…
Un rapide croquis permet de vérifier la faisabilité de l'implantation dans un châssis d’APRILIA RS250.
La conception complète est remise sur l’ouvrage, je re-dessine les carters, retourne la boite, le barillet, le mécanisme de sélection et finalise beaucoup de petites choses qui étaient restées de côté.
Un dernier compactage et c'est 100 mm de moins en longueur
Nouvel envoi des dessins à Yves, à Stéphane et à Jean-Bertrand.
Yves se jette sur la fabrication de la maquette et nous fait passer quelques photos :
Les carters moteur en bois, des vrais morceaux de JBB dedans, de l'alu, du carton …
Une réunion est organisée courant Novembre à Vallabrègues. Je descends avec notre pilote et on découvre la moto grandeur nature.
C’est plutôt positif dans le sens où je prends conscience de la taille réelle de ce que j’ai dessiné et je suis très surpris de la petitesse de l’engin.
Bertrand peut même s’installer dessus et Yves en profite pour retoucher quelques positionnements.
La taille du moteur/treillis porteur est si réduite qu’il va falloir installer un réservoir de 60l pour que Bertrand puisse s’y reposer.
Au moins, il sera possible d’ajuster la position du CdG.
Hélas, des contradictions apparaissent rapidement entre les acteurs principaux, dans la façon de concevoir les choses et j’ai eu l’impression à ce moment que le projet m’échappait.
Les choses s’emballaient trop vite à mon goût et nous avions trop de divergences sur certains choix techniques.
D’un commun accord, nous avons décidé de mettre fin à cette forme de collaboration
J’ai récupéré des morceaux de la maquette, me suis arrangé avec Yves en contrepartie de son travail et me suis remis à l’ouvrage.
La moto se résume à trois sous-ensembles principaux :
La partie avantLa partie centraleLe train arrièreEt quelques accessoires …
CHAPITRE 2Comme vous pouvez vous en apercevoir, je suis rentré assez profondément dans les détails, au grand dam de Yves qui aurait préféré taper dans la butte et rectifier au fur et à mesure.
J’ai choisi de tenter de tout prévoir, afin d’éviter les surprises et d’être obligé de modifier, voire de jeter des pièces coûteuses déjà fabriquées.
Beaucoup de temps passé sur la DAO en espérant n’avoir rien oublié ???
La moto est inhabituelle et les solutions classiques ne s’appliquent pas toutes à mon projet.
La fixation des repose-pieds et des pédales, par exemple.
Il n’y a pas de châssis pour reprendre les platines conventionnelles.
Le dernier morceau « fixe », à l’arrière, est l’axe du bras oscillant !
Il a fallu inventer tout une structure qui permette de supporter les éléments indispensables et de pouvoir les régler.
Trouver des solutions simples, efficaces, légères et résistantes aux sollicitations, ça n’a pas été facile, j’espère ne pas avoir de mauvaises surprises. C’est parfois un peu tiré par les cheveux !
Des détails, il y en a beaucoup beaucoup qu’il a fallu résoudre.
D’aucuns diront que je pinaille tant pis, j’aime ça !
A l’avant, par exemple la compacité et les mouvements relatifs des différents organes de la suspension, laissaient peu de possibilité au passage d’une fixation de carénage, par exemple.
J’ai dû m’y reprendre en plusieurs étapes pour trouver la solution acceptable. Modifier plusieurs fois les pièces voisines, en cascade.
Pareil pour la commande de direction. Stéphane avait crobardé une solution provisoire qui me permettait de visualiser les encombrements, mais JBB et Thomas (Sdvs) ont attiré mon attention sur le besoin en raideur de ce système. J’en ai tenu compte et je suis arrivé à la solution actuelle. J’espère qu’elle sera suffisante.
Il est difficile de transposer l’expérience des Métiss sur cette moto.
Les différences sont énormes : Le poids, la vitesse maxi et les efforts en conséquence.
Durant la conception de chaque pièce, j’avais à l’esprit de garder le poids le plus réduit possible. Et aussi de faire en sorte que la réalisation soit simple et le coût de fabrication raisonnable. Je pense avoir fait au mieux.
L’avenir confirmera ou pas …
C’était le Grand Colin CHAPMANN qui disait : « Toute voiture restant en un morceau pendant plus d’une course est trop lourde. » J’aime assez cette maxime !
SOLIDWORKS est un outil formidable qui permet de vérifier le fonctionnement de tous les organes, de mettre en évidence les interférences éventuelles, de calculer le poids final de la moto par exemple.
A condition d’avoir paramétré la matière de toutes les pièces.
Si j’en crois le logiciel, le poids à vide serait autour des 90 kg.
En parallèle de la conception de la moto, il a fallu aussi concevoir les outillages, les montages de soudure et d’usinage nécessaires pour certaines pièces.
Le bras oscillant :
Le treillis:
Dan42 verra sans doute, que j'ai pris en compte sa remarque concernant la "flexibilité" de certaines zones du treillis.
Cela va provoquer immanquablement des déformations importantes à la soudure ...
Usinage des gueules de loup des tubes supérieurs:
L'outillage de formage des goussets du treillis:
Le basculeur supérieur:
Le bras pivot avant:
A suivre …
Francis.