Café Racer 800 DR couleur café

L'époque des Martins "original" est passé, je passais des motos, des sides aux mines, maintenant ça à l'air plus difficile, il faut aussi avouer qu'il y a eu n'importe quoi, il faut différencier un Lazareth qui au fil du temps a compris ce qu'il fallait faire, nouer des connaissances qui ont compris le sérieux de son boulot, peut-être que certains de ses clients on l'entregent pour faciliter les acceptations .

Voila mon premier cafrace :

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Et pour le meme prix c'est un quizz, il faut trouver ce que c'est.

Sanglas ,  nom logique pour une moto, ils auraient pu faire des spiders aussi !

Ca tombe bien elle est couleur Whisky .

Pas mal du tout.
Je suis une quiche en quiz.
A part la selle qui me fait penser à Gauthier et le bloc à Sanglas je n'ai pas grand chose à proposer.

PS : ah bin voila, à force d'hésiter à valider ma réponse je me fais faire le freinage. Une quiche, vous dis-je.

Je verrai bien une selle de mono Ducati Desmo
Le réservoir et sa position Un petit coup de disqueuse pour l'encastrer et le raccourcir n'aurai pas fait de mal

Charly a écrit:

Voila mon premier cafrace :

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Et pour le meme prix c'est un quizz, il faut trouver ce que c'est.

Bonjour , sansglass et sans cornet !

Sanglas est une bonne réponse ! Ici un 500 s2 un peu allégé. La partie cycle est d'origine, le cadre (lourd) etait correct, la fourche (Betor ?) aussi, tout comme les freins Brembo made in spain.
Par contre la fonderie des roues etait catastrophique, j'ai rapidement monté une 7 branches des modeles suivants a l'arriere car la 5 branches se voilait de peur..

La selle / dosseret vient effectivement d'un mono Ducati, et c'est elle qui a reçu le coup de disqueuse. J'aimais beaucoup ce reservoir super long. Position parfaite : les repose-pieds sous le cul et le nez entre les compteurs !    

Suppression de la batterie de camion et du démarreur, une paire de bracelets, des commandes reculées maison, un pot court, et roule Raoul !
La tete de bielle etant sub-claquante j'ai profité du démontage pour faire alléger le vilo, ce qui a fait passer les montées en régime de "caterpillar" a "normales".

Techniquement c'etait les années 30 : bague bronze et lubrification par un genre de "doigt" entrainé  par une vis sans fin (autant que je me souvienne). Fallait y mettre de l'huile épaisse et ne pas rester a toc trop longtemps... En fait le concept "a toc" etait completement inconnu des sanglassistes.

fredomono a écrit:

Techniquement, c'était les années 30 : bague bronze et lubrification par un genre de "doigt", entrainé  par une vis sans fin (autant que je me souvienne). Fallait y mettre de l'huile épaisse, et ne pas rester à toc trop longtemps... En fait le concept "a toc" etait complètement inconnu des sanglassistes.

Dans ces belles année folles, des potes étaient partis de seine et marne pour un rassemblement en Espagne, à l'usine si ma mémoire est bonne.
Partis à 7 , 2 sont arrivée en moto

T'as connu le Pére Cani, gourou de la Confrérie Sanglassiste Française ?

(Peut-etre qu'un modo peut déplacer le sujet ? On est en train de pourrir celui du 800 DR..)

Pourrir ?
Peut-être pas tant que ça : Sanglas n'avait pas dans ses cartons un mono de 700 cm3 qui devait être le plus gros mono du monde, avant que la DR 750/800 n'existe ?

Charly a écrit:

T'as connu le Pére Cani, gourou de la Confrérie Sanglassiste Française ?

(Peut-etre qu'un modo peut déplacer le sujet ? On est en train de pourrir celui du 800 DR..)

Non,ca me dit rien

pma a écrit:

Sanglas n'avait pas dans ses cartons un mono de 700 cm3 qui devait être le plus gros mono du monde, avant que la DR 750/800 n'existe ?

Exact, Sanglas aussi revait d'avoir la plus grosse   :

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(Photo piquée sur l'excellent : http://paralleltwins.e-monsite.com/)

Mais c'etait le chant du cygne, ils ont été racheté par Yam qui a préféré monter son 400 twin made in japan a la place du 500 mono. Le 750 n'a jamais été produit.
Il faut reconnaitre la fabrication n'etait pas le point fort de la marque... En merdouillum moulé a la louche dans du sable, les carters ou les culasses pouvaient subir des casses inédites pour les années 70/80. Un vrai piège, car l'aspect massif donnait une bonne impression de solidité et MJ avait titré son essai : "La béhème des monos".

Désolé pour entretenir le 2 pages du 750 parues dans Moto Revue n° 2449 du 14/02/80
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Merci pour cet article, meme s'il n'est pas toujours pertinent.

"rappelons que les 500 S2... se démarrent sans probleme grace a un leve soupape d'echappement et à un puissant démarreur electrique."

Encore des affirmations qui n'engagent que ceux qui veulent bien les croire ! La réalité etait tres différente. Sur le commodo a coté du bouton de demarreur, les Sanglas affichaient cette étonnante étiquette :

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Une particularité qui etait devenue le mantra de la Confrérie. Lors des rencontres entre membres, on se saluait d'un "no pulsar !" et l'autre répondait "sin descomprimir !". J'en souris encore en y repensant..

La pratique etait moins évidente. L'engin avait donc une batterie enorme et un démarreur de Fiat 500. Probablement celui equipant les Seat puisque la conception datait de l'époque franquiste, ou tout devait etre produit en Espagne.  Si t'appuyais sur le bouton (pulsar) sans maneuvrer la commande de décompresseur (descomprimir) le dem amenait le piston en compression et commençait a fumer sans jamais la passer. Meme en calant le pmh a l'envers pour profiter de 2 tours a vide, sans jouer du leve soupape ça passait pas. Il fallait absolument décompresser, laisser le moulbif prendre de l'elan sur une dizaine de tours, et relacher brutalement pour  l'entendre chanter... ou recommencer. La commande de leve soupape consistait en un 2eme levier sous celui d'embrayage, avec un cable vers un systeme d'escargot qui appuyait sur le culbu. C'etait lourd et merdique.
  Heureusement il y avait un kick tout a fait fonctionnel (a condition de bien l'engrener avant de balancer le coup de jarret). J'ai rapidement viré le dem et le pousse culbu, mis une petite batterie de moto et franchement ça démarrait bien, en tout cas plus facilement qu'un XT.

Le 760 Maico ça devait etre quelque chose !

charly a écrit:

plus facilement qu'un XT.

Quelques décennies plus tard, la légende urbaine continue!

Franchement, à moins d'un gros pb technique, un XT démarre au 1er coup de kick!

Bien sûr, comme pour Sanglas, il y a une méthode et une seule. S'en éloigner (ce que j'ai vu je ne sais trop combien de fois) c'est courir au devant des problèmes.

Une anecdote au passage. Un de mes anciens clients, possesseur d'une XT kitée 560 s'est fait payer un nombre incalculable de bières en pariant qu'il démarrerait sa moto... à la main!

C'était devenu un jeu avec les "motards" de passage! Ça marchait à tous les coups et je crois que ça pourrait encore très bien marcher!

Autre légende avec les 1ères KTM Rotax. Certains disaient que KTM voulait dire "Kick Ten Minutes"!

Je n'étais pas trop chanceux avec la XT par contre le démarrage à la main je le faisais très souvent avec la 600 KLR sans problème.

Legende urbaine mon kick !
Je n'ai jamais eu d'XT, mais ma frangine et son mec en avaient chacun un. Ca démarrait toujours bien a froid et a chaud, mais pas à tiède !
Si on faisait une pose de 15-20mn, c'etait toujours le meme délire : la frangine foutait 3 coups de kick infructueux avant de lacher l'affaire dans une bordée de jurons dont je vous fait grace. Pendant ce temps le beauf pédalait au moins 30 coups et quand son piége daignait enfin démarrer, il passait a celui de sa chérie sans jamais s'énerver. Ca repartait pour une looongue série de coups de kick sur fond sonore du premier XT qui tournait gentiment au ralenti.
Heureusement en plus d'etre calme, le beauf c'etait une vraie bete avec des cuisses cycliste sur piste. Enfin surtout la droite hein !

A chaud , je ferme le robinet d essence 200 metres avant l arret pour vider la cuve , sinon coupe contact , gaz en grand, 5-6 coups de kick pour ventiler et c est reparti !

Une XT bien réglée et en bon état démarre au premier coup de kick en effet.
Mais il faut appliquer la bonne méthode.
Chercher la compression au kick, la passer de quelques pouillèmes de course de piston à l’aide du décompresseur.
On a ainsi un tour complet de vilebrequin au bout de la pédale de kick pour faire allumer le bestiau.
Yamaha avait disposé le fameux repère blanc sous son petit hublot pour cela, les utilisateurs des premières versions éprouvant quelques soucis.
Ça pète sans difficulté avec un peu de pratique.
Tous les gros monos 4 T démarrent ainsi.
Ma Norton 16H d’avant guerre fait pareil et sans voyant blanc.
Je trouve que c’est un assez bon antivol pour décourager les fâcheux.

Puisqu'on se dit tout, faut que je vous raconte cette histoire Sanglas mais pas sans péripéties.
C'est dans les années 80 au Havre, que Moto-casse a ouvert. Tenu par 2 tarmots du patelin, Nestor et Miguel. Ce bouclard m'attirait comme un aimant. On pouvait fouiller pénard dans le bordel de brélons, démonter presque tout ce qu'on voulait et au passage a la caisse c'était jamais le coup de fusil. Le bonheur... Dans les trucs tout a fond sous une grosse couche de poussière : le Sanglas.

   Il appartenait au voisin, proprio d'une entreprise de Chaipukoi. Il avait confié la chose en dépot vente a Nestor des l'ouverture de la casse. Je crois qu'il en voulait 5000F a l'époque. Ca faisait cher pour un truc inconnu et plein de poussiere que personne n'avait vu rouler. 2 ou 3 ans plus tard il y était toujours, dans le meme état, dépot vente = pas touche. C'est a ce moment, suite a une sortie de route destructrice pour ma 250 MZ, que j'ai commencé a tourner autour. Nestor etait fortement motivé pour s'en débarrasser car les affaires marchaient pas mal, et il manquait de place. Il voulait pas que je négocie en direct avec le proprio, la tractation a donc commencé a distance. Je suis revenu plusieurs fois discutailler, j'ai sorti la brele, je l'ai ausculté au max. J'ai meme descendu un petit voyant de tableau de bord par le trou de bougie pour voir l'interieur du cylindre.  Ca semblait Nickel.
   J'etais au taquet, mais ça trainait car le proprio voulait pas descendre en dessous de 3500 et moi pas monter jusque la. Ca c'est terminé de façon surréaliste : moi au fond a coté de la brèle, le proprio qui ne voulait pas me parler a l'entrée, et Nestor qui faisait la navette de lui a moi et de moi a lui. L'enervé faisait de grands geste et hurlait a la mort. Nestor a fini par lui dire que j'etais le seul client sérieux depuis 3 ans et qu'il avait pas l'intention d'attendre 3 ans de plus. Il a calculé le montant du gardiennage et l'autre, furieux, a laché l'affaire a 2000 avant de partir en claquant la porte. Ouf !
La carte grise n'étant pas sur place, j'ai laché 500F a Nestor et suis parti en poussant le mono, bien conscient que l'autre furieux pouvait changer d'avis d'une minute a l'autre.

Dans les semaines suivantes je suis revenu avec le solde, mais Nestor n'avait pas pu récupérer la carte grise. Je suis allé directement a coté voir la secretaire/comptable/maman du proprio. Elle a cherché dans les fafs, mais n'a pas trouvé le carton. Elle a promis de chercher plus tard. Je voyais bien qu'elle etait pas tres motivée..
Je suis revenu 2 ou 3 fois. Promesse jamais tenue, comportement de fuite, arguments évasifs. Merde alors ! Les CG de Sanglas ça court pas les PA ! J'ai fini par lui mettre les 1500F en petites coupures sous le nez :

"Je vous propose tout cet argent contre un bout de papier qui ne vous sert a rien sans la moto, pourquoi ça ne vous intéresse pas ?"

Sous pression, elle a finit par me lacher l'histoire :
Son fiston avait acheté le Sanglas aux encheres dans un lot apres le dépot de bilan d'un motociste du coin. Il etait aussi proprio d'un bar de nuit pas tres bien fréquenté et peu apprécié de la maréchaussée. Quelques mois auparavant la tension etait montée d'un cran car il avait collé un bourre-pif a un pandore venu faire le mariole dans son rade. En attendant le jugement, les poulets lui faisait toutes les miseres possibles, notamment bloquer les carte grises. Donc le carton elle l'avait pas, et le duplicata elle l'aurait jamais.

J'ai su bien des années apres que Mr. Bourpif me classait dans son estime entre la chaude-pisse et la diarrhée verte : Nestor ayant engourdi l'intégralité des 50 sacs, il l'avait eu bien profond, se retrouvant Sanglas et sans pognon. Il ne désespérait pas de me mettre la main dessus un jour...

Entre temps, j'avais remisé le mono problématique et quitté LH. C'est a Paname, 3 ans apres, que j'ai remis l'ouvrage sur le métier en passant une petite annonce dans LVM :
Cherche CG ou épave de Sanglas S2
C'est comme ça que j'ai eu mon premier contact avec El Presidenté, qui se présentait sous le nom de «Pere Cani ». Un phénomène...  Il a fallu lui conter toute l'histoire, et lui filer le n° de série, l'animal étant méfiant de nature. Il voulait aussi connaitre mon signe du zodiaque :   
« Gémeau  ? Pas de problème, les gémeaux ont toujours le coté associatif bien développé. »
C'est comme ça que je me suis retrouvé membre de la Confrérie Sanglassiste Française, moi qui revait d'etre apatride et n'avait jamais adhéré a un moto-club ou une quelconque assoce.

Nous étions 20/25 "confreres", avec jamais plus de quelques brelons en etat de marche en meme temps. "No Pulsar Sin Descomprimir" etait le cri de ralliement.  
Le Pere Cani etait postier du coté de Melun, donc a quelques coups de gaz de Paname. Pratique pour moi. Selon ses propres instructions, on lui écrivait sans jamais mettre de timbre et toutes les bafouilles arrivaient nickel, interceptées directement par le récipiendaire.
Il était éperdument amoureux d'une postiere qui le lui rendait bien, et ils revaient d'avoir de nombreux petits postiers. Hélas, la Poste qui les avaient généreusement unis, a l'instar d'une divinité fantasque, les avaient aussi séparés, la dulcinée etant affectée à Angouleme.  
Le pere Cani se tapait donc de frequents aller-retour, chevauchant son rarissime destrier, un 500S. Bien placés pour connaître les lenteurs et aléas de l'Administration,  ils avaient tous 2 demandés leurs mutations, lui a Angouleme et elle a Melun, etant entendu que des qu'un des 2 serait muté, l'autre annulerait sa demande. Peu importe de vivre dans le 77 ou en Charente, l'essentiel c'est d'etre ensemble... Ils ont attendu 10 ans !  Le croirez vous ? Ils ont reçu leurs mutation exactement en meme temps, empechant tout recours.
Il s'est retrouvé a Angouleme, elle à Melun. De quoi se la couper en rondelles et se la servir en salade non ?  Leur amour, écrasé par le poids du destin, n'a pas survécu.

Mais revenons a nos soupapes :

La Confrerie avait racheté les stocks de l'importateur et ils avaient un cadre nu en parfait état avec le carton. Pour 500F j'ai récupéré le bout de ferraille et pu officialiser / assurer la chose.

Dans mon garage du 20eme, j'ai désossé entierement la bete pour tout remonter sur l'autre cadre. Excellente révision. Le moulbif n'est pas vilain mais assez massif d'autant que le réservoir d'origine cache la culasse, réduisant le coté phallique si caractéristique du gromono. Je voulais donc un reservoir qui laisse voir les cache-culbus.
Bien sur, j'en ai profité pour monter des bracelets, virer l'ensemble selle / reservoir, refaire le circuit electrique et fabriquer des commandes reculées. Un petit pot racing et gaz !

La bosse derriere le cylindre cache l'alternateur (idem ford fiesta). Avec des plaquettes tendres ça freinait correctement, et le mono etait, bien sur, sympa a piloter. 2 défauts : une inertie de Caterpillar et une tendance a cogner au ralenti. Tenue de route correcte (bonne fourche) et maniabilité sympa. Globalement ça me plaisait bien.


Le 500S, puis S2 etait un tres proche dérivé du 400 qui avait fait les beaux jours de la Guardia Civil a la fin des années 60. Sauf que le 400 devait cracher 20cv en pleine colere et que les espingoins c'etaient contentés d'augmenter la cylindrée et la compression pour arriver a 35cv sans toucher a quoique ce soit d'autre.  
Les discussions avec les confrères faisaient peur. Une longue suite de casses improbables : culasse coupée en 2 (bulles dans la fonderie), tiges de culbus tordues, bague bronze de vilo qui tourne dans le carter fermant l'arrivée d'huile, pistons explosés, j'en oublie...

J'ai pas tant galeré. Seulement 3 pannes me reviennent :
-Le voile de la roue AR a 5 branches d'origine a augmenté jusqu'a ce que je parte en guidonnage un jour de bourre a 160. J'ai compris qu'il fallait pas insister, et je l'ai changée pour une 7 barreaux du modele suivant, acheté a vil prix a un confrere francilien.

-Le régulateur m'a laché en Normandie, mais j'ai pu rentrer sans probleme sur la batterie. L'electricien auto du quartier l'avait en stock a pas cher, ça a du bon les standards Ford !

-A Carole, ou je mettais les roues pour la premiere fois, j'ai fendu le piston apres quelques series. Pourtant je roulais "pénard". C'est a dire que je mettais du gaz d'Alpha a la sortie de Para, et ensuite je coupais et roulais tranquile jusqu'au tour suivant, pour la laisser refroidir.  Les mecs du club me prenait pour un grand malade, et c'etait pas souvent qu'ils en trouvaient un pire qu'eux meme ! Deja la tete de Cani quand il m'a vu arriver avec le Sanglas en version sport, valait le détour. Bref.
Cette brave bete a fait le retour de Carole a l'atelier (20km) en soufflant comme un cachalot par les reniflards, mais elle l'a fait.

C'etait facile d'avoir un piston, il suffisait d'aller le chercher a coté de Melun chez Cani, El Gobernator. Ca me faisait bien rire de trouver des pieces d'un claquement de doigts pour cette meule quasi unique, alors que les potes galéraient a mort pour des brelons hypers répandus, vieux d'a peine plus de 5 ans.
Du coup j'ai ouvert le moulbif, et confié le vilo a un sorcier qui me l'a dégraissé d'un kilo. J'ai remonté le tout avec un joint d'embase plus épais découpé dans une tole d'alu. Nickel !
Ca montait dans les tours (presque) comme un mono Ducat', le ralenti etait beaucoup plus stable, pas de perte de puissance perceptible. Le bonheur. J'ai roulé un moment comme ça et puis j'ai commencé a flipper...

Les confrères, pour la plupart tres épris de leur mono, et fortement influencés par la parole divine du Gourou, se flagellaient consciencieusement le dos, mettant les problemes mécaniques sur le compte de leurs propres lacunes sans jamais mettre en doute la fabrication ibère. (L'ibère est rude, c'est bien connu). Seuls quelques paiens évoquaient parfois leurs doutes métallurgiques a voix basse, mais uniquement quand El Padre n'etait pas la, car il ne tolérait aucun blasphème.
Apres une casse sévère, un des membres du club avait fait refaire son moulbif par un pote a lui, mécano aviation a la retraite, basé a La Ferté-Alais. Un grand spécialiste des vieux moteurs d'avions. Il oeuvrait sur des Gnome Rhone en étoile qui reprenaient du service et accumulaient les heures de vols sans probleme apres etre passé entre ses mains expertes. La réfection totale ayant pris de tres longs mois, toute la Confrerie attendait, pleine d'espoir.  Le confrere, un mou de la poignée notoire, a pas fait 1000km avant d'exploser le moulbif flambant neuf.
Consternacione en la casa ! Le verdict du chef mécano était sans appel : "on peut pas faire un moteur avec des métaux de merde".
Question blasphème, c'etait du lourd, d'autant plus que ça venait pas d'un bricolo du dimanche. Un grand coup dans le culte !

L'epoque etait néfaste, on etait plus que 3 a posseder un Sanglas en etat de marche. Un qui ne roulait jamais, celui de Cani qui passait pour etre ensorcelé (je ne me souviens plus exactement mais il avait un kilometrage completement improbable, à + 100 000km) et le mien.
Gloups !
J'ai donc décidé de le revendre avant que les soupapes ne jouent un remake de Guernica. L'acheteur avait promis de me tenir au courant de la suite, mais je n'ai jamais eu de nouvelles... si ça se trouve il marche toujours !  

Il y a quelques années, j'ai appris par hasard que le Père Cani avait rejoint son créateur. C'était un pur amateur de motos, un personnage hors norme et tres attachant...  

   P.S. J'oubliais un détail : il fallait surtout pas parler de mono espagnol devant Cani qui reprenait illico le nez-aux-frites :
« Ca-ta-lan ! C'est un mono Catalan, surtout pas Espagnol ! N'allez jamais la bas dire que c'est une marque espagnole. Ca va etre la merde sinon.. »

De la littérature comme je l'aime ! Merci et bravo.

très belle histoire, digne d'être épinglée des les anales des motoclubs les plus obscurs...
possesseur d'un 500SR modifié 535 haute compression qui cliquetait comme un fada juste après les 500km de rodage (enfin en ligne "horizontale") dès que la pente dépassait 3% puis d'un kit Rayer en 93mm de diamètre.
Fallait de la concentration, de l'analyse de la température du moulbif, (froid, tiède ou chaud) avant d'adapter la stratégie du démarrage.

Je crois me souvenir que les allumages du 500 SR étaient capricieux avant de lâcher .

Les histoires de l'oncle Charly!