[Endurance] 24H du Mans 2012

Marc a écrit:

Aucune chance d'un quelconque soutien de Suzuki qui ne veut pas entendre parler de la Metiss: "transfert d'image négative"

Effectivement.
Lorsque nous avions fait notre proto voiture sur base de moteur hayabusa, j'avais appelé Suzuki france dans l'espoir d'un petit soutient financier. Ils m'avaient gentiment répondu que Suzuki ne vend pas des moteurs , mais des motos!

Vanter qu'une partie du produit ne les intéresse pas du tout. Ceci dit, ça peut se comprendre...

Le SERT vendait des moteurs plus que préparés à la fin des années 1980 pour les sides.

Edité par Marc

Je me lance pour le cr:

Lundi départ à 9h de Montpellier, je décide de faire un covoiturage avec 2 personnes inconnues. Ça se passe bien jusqu'à Bourges, je crève la roue avant gauche en déposant un des mecs.... Déchargement du coffre pour accéder à la roue de secours. Bref, le changement était rapide malgré ça. J'arrive enfin au circuit vers 18h, je fais connaissance avec quelques membres du team 3d et je pars faire un tour de footing sur la piste pour décrasser du voyage et voir l'état de la piste (elle était bien pourrie!!). Le soir François m’emmène dormir chez sa demi sœur avec lui pas très loin du circuit mais assez loin des "gaulois".

Mardi, le jour J que j'attends depuis des mois pour essayer cette kawa. Je profite de l'expérience que j'ai pu acquérir à Oschersleben pour l'appliquer directement sur cette nouvelle moto. Je sors des stands et... à la chicane dunlop la moto reste droite ! Je l’emmène en forçant un peu et elle se couche de plus en plus vite, ça promet.... Après avoir fait connaissance avec ce joujou je termine la matinée en 1'43 sur quelques wheeling sur l'angle à la sortie du garage vert. L'après midi je termine en 1'42"4. C'est plutôt pas mal pour une première journée, je commence à comprendre l’intérêt de casser les virages avec le 1000. J'ai eu du mal à donner l'info sur le braquet en pensant que j’étais en 2e alors que c'était la 1ère... méaculpa, bref le braquet était beaucoup trop long. J'ai du refaire mes preuves après sur les infos du châssis pour être un peu plus crédible...

Mercredi, contrôle administratif et technique seulement. On essai de s'occuper comme on peut. Je pars faire un tour de piste avec Nelson. Au 2e tour il reçoit un appel pour faire du karting à côté. Donc, on fait demi tour à la dunlop. Je fais un wheeling sans pédaler avec un peu de vitesse évidement mais j'ai pris un vélo qui ne freine pas même avec la poignée en buté... Je vous passe l'épisode des pansements avec les kinés pendant la course.. c’était juste râpé mais il y en avait pas mal. Cyril (mon entraineur du club d'athlétisme venu découvrir notre sport) qui arrive le soir même en train était content d'apprendre la nouvelle !

Jeudi, pendant la séance libre j'apprends à me positionner sur la moto pour corriger le phénomène de dribble due à l’arrière. Je perds aussi l'avant sur le lâché de frein au virage de la chapelle sans tomber. On teste un nouveau réglage au début de ma première qualif et je réalise un chrono de 1'40"4 avec des pneus de course. La je sens que le championnat d’Europe me rend service car je commence à être serein dans la courbe Dunlop en rupteur de 6e sur l'angle (la vrai 6e, je ne me fais pas avoir 2 fois...). Aux essais de nuit j'étais un peu perdu, il faut prendre de nouveaux repères et je rentrais souvent trop tôt en courbe mais c'est agréable de rouler dans ces conditions.

Vendredi il ne reste plus qu'une séance qualif de 30min par pilote. On a chacun un pneu qualif 3x2 tours chrono à mi séance. C'est spécial mais ça se fait bien. Comme mes co-équipiers on décide de refroidir nos pneus sur la piste en faisant un tour lent. Il est difficile d'avoir un tour claire. Le pneu arrière est impressionnant car en plantant les freins avec la moto en glisse elle revient toujours en ligne même debout sur les freins. Dans mon dernier run je fais un tour rapide mais je suis un peu optimiste au freinage du garage vert et je fais une goutte d'eau en allant chercher le synthétique, je termine le tour en 1'40"0...

L'équipe bosse encore pour vérifier une dernière fois la moto de course.



Samedi, le warm up se passe bien. J’essaie de perdre le moins d'énergie possible jusqu'à la course. C'est raté avec la séance de dédicace mais bon on fait avec.



A 13h on met la combi pour la photo de groupe officiel, la photo du team et on en profite pour faire des tests de départ derrière le box en sautant sur la machine. Ça m'a bien servi ! Il me reste 30min pour me mettre au calme et on recommence pour le vrai départ.





Il fait super chaud sous le casque, même l'umbrella girl de notre ligne est tombée dans les pommes !! Une fois en ligne le drapeau se baisse enfin pour le départ, j'arrive à refaire ce que j'ai appris derrière le box et je continu à en doubler au freinage de la dunlop.



J’essaie de prendre un rythme rapide en sachant que j'ai d'autres relais derrière donc avec une petite réserve. Cyril m'aide à faire de la récupération active entre mes premiers relais, ensuite "repas", massage et il me reste seulement 20min de repos avant de remettre le cuir. Fabien a un problème avec le réservoir qui refoule sur le casque quand il est plein donc il rentre pour le changer. Je teste ma condition physique au fil des tours sur le 2e relai. Ma condition est plutôt pas mal donc je mets de plus en plus de rythme. Les relais passent et je me lâche de plus en plus sur les dépassements, je m'amuse à faire l’extérieur en fond de 6e à la Dunlop. C'est l'endroit ou je perds le moins de temps pour doubler. Une fois je suis passé un poil trop prés, les 2 roues ont décrochées au moment ou je me fais aspirer... ce n'est pas grave j'ai juste élargie la trajectoire ! Les "gaulois" commencent à mettre le bordel dans les relais de nuit. On roule avec de la fumée partout au dessus du dernier secteur, ça pique les yeux... Après mon relais à 1h, je commence à me diriger directement sur la table de massage. La c'est plus compliqué car on oublie de s'alimenter correctement. Cyril ma permis d’assurer ce rôle et de me reposer la tête libre sans penser aux temps de récup'. Je peux garantir que le réveil était dur pour le relai suivant avec les courbatures car je commençais a pouvoir bien dormir pendant tout juste 15min. C'est à ce moment précis que je me dis qu'est ce je fous la, il faut déjà repartir.... A 3h du mat' j'avais mal au dos, j'ai commencé en 1'42 jusqu'à que je trouve la position qui me repose le dos. J'ai trouvé mon second souffle et je repars chercher un 1'40"8, régul 1'41. Il y avait beaucoup de mecs endormis sur la piste. Je m'amusais a mettre mon poids sur l'arrière pour corriger le probleme de grip à l'accel sur la piste froide. A la chapelle sur la remise des gaz l'arriere glissait beaucoup, je temporisais et des que l'adhérence revenait je mettais a fond pour sortir tout en dérive... J’étais plutôt content de ce relai et je me suis surpris a me faire plaisir sur la moto. J'ai même dit a certains, c'est bon je repars!!... Pour mon relai à 6h j'ai eu la chance de rouler avec le soleil levant, il est assez joueur. Tout les 2-3 virages il monte violemment sans avoir le temps de voir la transition. J'ai cherché à reprendre ma position qui m'a permis d'avoir le second souffle, la douleur a quand même repris le dessus...

Vers 9h du mat' la boite de vitesse viens de casser... certains sont a 2 doigts de craquer due aux efforts fournis jusqu'à maintenant et d'autres gardent leur sang froid. François et Prep font un rapide calcul sur le classement lorsque la moto repart au bout de 45min d’arrêt. Le podium est loin avec la n13, il faut être 14e stk pour conserver le titre de vice champion. La consigne c'est de rouler jusqu'au damier. C'est dommage de ne plus se battre pour le podium mais l'envie de se surpasser est toujours la. J'utilise toute mon énergie disponible pour les derniers relais, on ne sait jamais des fois qu'il y ait un fait de course devant... Je passe le guidon à Greg qui finira sur le damier. On est remonté 6e stk, le team a pu conserver le titre de vice-champion du monde.



Je tiens à remercier toute l'équipe, il y a une super ambiance. Une bande de pote qui ne se prend pas au sérieux et qui bosse dur quand il le faut. Merci à Cyril qui m'a coaché et panneauté, il a aussi placé une acquis de donné sur moi à partir de jeudi soir (cardio et vitesse gps).
Il trouve que l'endurance moto ressemble beaucoup à l'épreuve du décathlon en athlétisme pour la difficulté et l'ambiance. Pendant toute la semaine suivante il se réveillait en sursaut pour faire un nouveau relai, il veut déjà revenir.
Et merci à pit-lane qui ma permis d'intégrer le team 3D

Cyril fera un petit dossier sur ces mesures le temps de tout analyser. Il m'a juste dit qu'il y a 2 trucs marquants. Le 1er c'est au départ, j'attends devant la moto à 120 bpm, le drapeau se baisse et en 5 secondes seulement je monte à 170 bpm. Il dit que c'est impossible à reproduire dans la vie de tous les jours, même en athlé (c'est vrai j'ai les courbes de mes entrainements) donc ça devrait être l’adrénaline qui rentre en jeu.  Mes relais sont entre 170 et 180 bpm c'est haut mais ça se voit que je suis entrainé car je descends tout de suite à 130 quand je relâche l'effort. Le 2e c'est dans mon relais a 3h du matin en 1'40"8, je suis tout le long à 140 bpm. Il pense que je suis en automatique et que je ne me rendais pas trop compte de la vitesse (donc légèrement endormi).

Je ressors des 24h avec une bonne expérience et une meilleure connaissance de moi même. Ça me servira pour la vitesse.



RDV à Magny-Cours avec le team Garnier en STK600.

Marc a écrit:

Aucune chance d'un quelconque soutien de Suzuki qui ne veut pas entendre parler de la Metiss: "transfert d'image négative".

Yves nous éclairera peut-être plus à ce sujet, mais c'est parfois difficile de tout écrire...

Cela corrobore mes propos tenu dans un autre post...Le marketing à pris le pas sur le sport!!! Et c'est surement une des raisons qui fait que notre Pépé national ne trouve (malheureusement) pas de financement pour son projet.

stephegea a écrit:

Je me lance pour le cr:
...

Vraiment sympa d'avoir le ressenti d'un participant.
Merci de l'avoir partagé avec nous.

Ça c'est un CR!



Outre de vivre un peu de ce que tu as vécu, on y apprend plein de trucs intéressants, comme les battements de coeur.
Vraiment top!
Merci Stéphane!

Salut Steph, à titre d'info, connait tu ta fréquence Max et au repos ? J'ai toujours voulu tester mon cardio à moto, mais je ne l'ai jamais fait!

Trés beau CR , Stéphane , tu as bousculer ton coeur quand même , il faut ce qu' il faut , à Albi j' ai vu une personne d' un calme et d' une gentillesse remarquables , continue comme ça Stéphane tu es dans le vrai , bonne saison 2013 .

merçi pour le cr c'est vraiment le pied de lire cette aventure et je t'en souhaite pleins d'autres

Merci Stéphane

Un mec super sympa, assorti d'un pilote très rapide, on avait vraiment une super équipe !

Un poil timide, pas très habile avec un vélo, super balaise pour faire des faux braquets, mais un pilote vraiment agréable à faire rouler !

Super CR et bravo pour tes chronos !

Top

chriss #333 a écrit:

Salut Steph, à titre d'info, connait tu ta fréquence Max et au repos ? J'ai toujours voulu tester mon cardio à moto, mais je ne l'ai jamais fait!

Mon max se situe vers 195 et mon min est à 48.

En faite sur l'endurance le plus dur c'est d'exploiter correctement les temps de récupérations car on a pas les mêmes besoins de récup' à chaque arrêt.

Merci pour les photos Marc

De rien: elles sont nulles!
Mickey doit en avoir des biens mieux et les mettra plus tard.

stephegea a écrit:

Mon max se situe vers 195 et mon min est à 48.

En faite sur l'endurance le plus dur c'est d'exploiter correctement les temps de récupérations car on a pas les mêmes besoins de récup' à chaque arrêt.

Merci Stephane pour ces précisions et ce retour d'information tres interessant.

Si je me souviens de ce qu'ils disent dans le film "Fastest" :

Biaggi est plutôt aux alentours de 150 Bpm en course
alors que Rossi est stable à 120 . . .


- Effectivement tu gagnerais à être plus relax sur la moto, car 170-180 t'es aux limites du sprint . .

C'est mon mot d'ordre en ce moment : le secret du pilotage, c'est la relaxation.

Et le fait que t'aligne des tours en 1.40.8 avec un BPM de 140 montre que sans effort particulier on peut rouler très vite.

Le plus dur est d'atteindre cet état "d'inconscience",
on peut ressentir cet état parfois, quand on rentre un peu tard d'une sortie. On parcours une route qu'on fait tout les jours, et d'un coup on se rends compte "tiens je suis arrivé" ..

Emil' a écrit:

on peut ressentir cet état parfois, quand on rentre un peu tard d'une sortie. On parcours une route qu'on fait tout les jours, et d'un coup on se rends compte "tiens je suis arrivé" ..

... ou pas!

Emil' a des réflexions délicieuses du même genre que quand il fait un parallèle entre pilotage et musique.
Ça laisse imaginer ce que l'on ressent dans ces conditions et la complexité de la chose

En regardant la photo de Marc, je me demande comment vous gerez les ampoules aux mains. Le strap que vous utilisez, a-t-il quelque chose de particulier ? Appliquez-vous un produit préventif ?

Merci pour le compte rendu inside.

Strap ou pas, j'ai toujours les mains défoncées après une "24h" , mais je n'ai pas un job qui favorise l'apparition de "cornes" sur les mains...
Sinon non, rien de particulier, du strap, c est tout.

Chez 3d on a eu le droit à une double peau avec le strap par dessus
Les pilotes de la 211 avaient un textile prévu pour ca avec un gel intégré qui dure 4 relais mais je n'ai pas réussi à choper la marque.

Depuis que je fais de la moto sur circuit, et même en cross avant,

Alors que je suis en plein run
je me met à cogiter sur la manière de piloter
(souvent après de nombreux tours rapide, quand la fatigue mentale et physique se fait sentir)


Mon mode "auto" se débranche.
et la cogitation commence : "tiens je pourrais accélerer là", "me mettre plus comme ci sur la moto", "mais pourquoi je freine là", "putin j'ai mal aux bras", "la traj faut que je sois plus inter "etc

et en général ça ne loupe pas , au bout de 2-3 tours comme ça, je me fous au tas ....


Quand je sens que ça m'arrive, ça me demande une force mentale terrible pour repousser cette cogitation et tenter de repasser en automatique . . .

Mais j'y travaille
d'un coté relaxation,
de l'autre entrainement intensif de concentration poussée sans faire d'erreur.

Si j'avais le secret pour être de ce mode auto sans difficulté, ce serait chouette


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@ didier : attention j'ai pas dis bourré