[Oldies] L'incroyable univers du "Cheval"! (Part 1)

philwood a écrit:

Raconte Gull, raconte..................

ma mémoire n'est pas fiable à 100%, elle est stupéfiante. ni dates, ni faits répertoriés, mais du feeling, des choses vécues et un peu mélangées.

Hiver 87, Rachel se verrait bien taper plus haut que les championnat de France et par les ouvertures de l'époque ( pas de rookies à la mort moi le pneu) a la possibilité de s'inscrire en GP. il a bien un super mécano ( Fabrice Petit dau sujet duquel j'ai posté quelques lignes ) mais celui ci vit en haute Marne, et sur Paris rachel est un peu seul. Je bosse dans une boite en rapport avec l'électronique, je ne suis pas dispo à 100%, mais je me propose de lui filer un coup de main. on usine des pièces pour lui à l'atelier, je joue à l'attaché de presse, et commence à faire tout ce qui l'emmerde. un soir à l'apéro, il me dit qu'il a rencontré un gars qui fabrique des motos drôlement chouettes, qu'il va en acheter une, qu'on va tous les pourris, à nous les podiums, les putes Russes et la vodka à flots. Et comme on va faire les GP, on va avoir des sponsors et qu'il est où le problème. J'enjolive, mais c'est à peu près ça. d'ailleurs, la semaine prochaine je vais à Vendôme voir la pétoche, et j'ai besoin de ton avis. à moi. Rachel me demande mon avis...
On revends la Suz, la belle affaire, il manque des pions. plein. On saute dans la BX, et zou on va voir LA moto. On arrive dans un atelier, pas une moto, des Porshes démontées, Lahoud est dans sa période 928, on nous remarque à peine et on nous indique dans un coin ousqu'est la meule. Là, j'ai un moment de flou. Moi à cette époque je n'y connaissait rien en meules de course, mais suffisamment pour me dire que le truc n'était pas "plug & play". pas de moteur, des caisses de pièces, et il fallait regarder le tout avec les yeux de l'amour pour y voir une affaire. Sauf que c'était une Chevallier, tu te rends compte: UNE CHEVALLIER! non, pas trop. négociations, affaire conclue, Lahoud promet du rab de pièces, et surtout de finir de l'assembler pour le début de la saison, bon OK.

on rentre, on fait les budgets pour la saison, avec 1600 000 F on est justes pour faire les GP, et l'Open 500 pour lequel Jacadi veut qu'on cours le titre. On obtient la Ville de Plaisir comme sponsor, Jacadi, Sam outillage, et les copains, Moto Plaisir, Impec cadre ( qui aura du boulot avec nous). en jouant politique, le garage Renault nous prete un Master. On a 300 000. Moins la Chevall, on a que dalle. on se regarde, caisse qu'on fait? ben quoi? on avait pas dit qu'on faisait les GP?, alors on y va.

tu t'étonnes après ça que je sais que Bady siphonnait les groupes électrogène pour rentrer chez lui, je faisais la queue avec mon jerrican.


Notre première course avec la Chevall était l'ouverture de l'open au Mans. on avait la moto depuis 10 jours: déco au Vénilia ( c'est une manie qui a perduré) cyliondre fendue, cullases piquées, un super amortisseur Withe Power sous dimensionné, pas de local pour la mécanique, donc je fais de la place chez ma môman, qui héberge Fabrice, nous nourris, et on remonte la moto dans le garage, en bricolant un extracteur de roulement dans un vieux parapluie, pour te donner le ton.
ce qui a fait dire à Rachel que la première personne qui l'a aidé en GP, c'est Supermôman.

on est à la bourre, on démarre la moto la nuit avant de partir à 3H00 dans la résidence, mal calée, on re- démonte, et essais dans la rue à 4H30. Roulez en 500 dans une résidence à 4H30, le lendemain, faut être diplomate...

ëtre Rock N Roll te pose un Homme aussi sûrement qu'être de Garenne te pose un Lapin aurait dit Pierre Desproges...

Ben, ça démarre pas mal, M'sieur Gull.

C'est Nowell, y a sûrement une suite ...
On l'espère tout au moins.

je voudrais pas pirater l'univers du Cheval non plus...

Pense tu !! y'a de la place pour deux
Ou encore mieux : ouvrons un topic " l'incroyable univers du Gull"

Et pourquoi pas "Les voyages de Gulliver" tant que vous y êtes?

Mais bon, il y a une Chevall dans l'histoire, alors...

je ne me souviens pas de ce qu'on fait à cette course, les résultats doivent se trouver sur le net ou dans une pile de MJ, et je passerai les détails sur les discussions houleuses avec la personne nous ayant apporté les pièces moteurs qui faisaient partie du lot. on a un assemblage de pièces qui font un moteur, mais le tout n'est pas virulent, la partie cycle n'est pas exactement aussi performante qu'on voudrait, on touche à tout, c'est pire, on part dans tous les sens et on arrive à rien. et en plus , elle chauffe. Nos espoirs de Vodka et de putes Russes sont pour le moins ébréchés.

"Il n'est pas nécessaire de croire pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer". La meule c'est pas ça, mais Rachel fait le reste. Et ce mec avait une faculté d'analyse et de mise au point incroyable, si bien que petit à petit...

On rentre donc à Plaisir, et le premier GP était 2 semaines plus tard. Rachel est seul, Fabrice est retourné chez lui pour bosser, moi,j'ai mon boulot aussi, mais bon, il y a une charette en cours dans ma boite et je négocie mon licenciement à la place d'un collègue plus agé, marié et tout. c'est très sport de ma part, mais j'ai 25 ans, et une grosse envie de faire les GP avec Rachel. et puis à l'époque, les ASSEDIC me paie grassement [size=7][et longtemps)/size] je deviens donc assistant de Rachel à plein temps. Changer d'air me fera le plus grand bien.

On touche notre nouveau Master, il est en rodage, on le charge à ras la gueule, on a récupéré une caravane qu'on pourrait qualifier "d'occasion" si elle n'était pas complètement pourrie, Fabrice arrive, et Hardi petits, Jarama, nous voilà!

c'est loin à 70km/h....

on descend dans le calme, et comme l'endroit où il y a le plus de place c'est derrière le volant, je conduis. Du coté de Pau, il fait nuit, je jette régulièrement un oeil dans le rétro pour surveiller la petite loupiote de la caravane, et pis, à un moment, ce que je vois, c'est le toit de la caravane, et plus bas, des gerbes d'étincelles. merdalor, la flèche est pliée. On démonte des piquets de clôture en L dans le champs voisin, on sangle, on repart. on se dit que c'est semi raisonnable de faire les deux GP comme ça, donc on entre dans une ferme au petit matin et on demande de l'aide au fermier, de la cornière si possible. OK mais il n'a rien d'autre, pas d'outil. pas de problème, on sort la servante, le flambard et tout le toutim dans la cour.
" Ah ben vous êtes drôlements outillés!"
"Ben vous savez quand on roule avec une vieille caravane comme ça, faut être prévoyants."

He ben avec toutes ces histoires ,je sens qu'on va pas s'ennuyer cet hiver

Excellent !
Merci Gull

Fin avril '88 donc, Grand prix d'Espagne à Jarama. Nous on est puceaux, premier GP et pour certains, premiere sortie hors de France. On commence par se perdre dans les rues de Madrid en cherchant le circuit, avec notre GPS en papier d'un mètre carré, et si vous voulez vous faire les bras, je vous conseille Madrid avec un Master et une caravane, vous n'aurez pas affaire à des ingrats.
On fini par trouver, Jacky Hutteau nous parque illico dans le fond du paddock, dans l'herbe. on a droit à un minimum d'égards, comme on roule en 500, sinon il nous aurait jeté en pâture aux side caristes dans les oubliettes. ils nous auraient sûrement dévorés.

Comme je parle 3 mots d'Anglais, je suis élevé au grade de diplomate, team manager 3 ème Dan avec palmes et fourragères, ou tout titre honorifique qu'il faudra pourvu que je me démerde pour la paperasse, l'inscription, aller chercher un truc chez les sidecaristes qui foutent les miquettes, et faire des courses passque on commence à avoir un ptit creux , là.
Comme je fais remarquer que l'anglais et l'espagnol on des racines très éloignées, on me répond qu'il y a des anglais à Gibraltar, que c'est en espagne, donc tu vois que tu parles espagnol.

Me voilà donc cuisinier chez Nicotte, et accessoirement apprenti mécano, jouant alternativement de la fée du Logis et du vénilia sur les carénages...

je ne serai jamais vraiment mécano, mais toujours à leurs petits soins, et ce rôle indéfinissable fait qu'on a toujours dit que j'était mécano chez Nicotte à défaut de vraiment savoir ce que je faisais.

l'année suivante je rencontre chez Sonauto un grand gaillard (Robert Waltz?) qui fait tout et rien comme moi, mais lui me dit que ça porte un nom:

Nous sommes "Coordinateurs"...
Je vous en prie, restez couverts...

Il y a une très bonne épidémie sur ce sujet

Et pour celle là on à du bol, y'à pas de médocs

philwood a écrit:

Et pour celle là on à du bol, y'à pas de médocs

Pas mal d'herbes médicinales tout de même....
Ce changement de vie intervenait pour moi au bon moment, j'avais arrêté la came quelques mois auparavant, trouvant un palliatif dans l'apéritif anisé, mais passer de camé à alcoolique me semblait un statut sans avenir. Nouvelle activité, nouvel entourage, que du bon.

Ainsi donc nous voici en GP, on est vraiment des débutants, mais on s'adapte. Rachel trouve rapidement le chemin de l'infirmerie, et à nous la démerde pour trouver sur le paddock l'outil ou la petite pièce à emprunter. On fait connaissance de mecs encore plus tarés que nous venant de tous pays. notre cas n'est pas isolé, loin de là. Il y a un gars, un Irlandais avec un vieux Mercedes immatriculé en Belgique, un petit sponsor Hollandais, sa femme est Grecque. Un vrai européen! il est seul. Il conduit, se fait à bouffer, mécanique , et roule. quand sa femme à des vacances, elle le rejoint. du coup, je lui fait à bouffer aussi. Plus tard dans la saison, en lui portant sa gamelle, il me dit qu'il n' arrive pas, que sa moto ne tiens pas la route, alors je l'aide à régler ses suspensions. Il n'arrete pas de me dire qu'il faut peut être que j'y aille, qu'il y a surement du boulot sur la moto de Rachel, alors je lui dis que non, il y a un mécano, moi, je ne suis que le cuisinier. il a l'air un peu surpris. le lendemain aux essais, il améliore de 3 secondes, et du coup m'en paye un. " Comment tu sais régler une moto si tu n'es que cuisinier?" " ben tu sais, ils font la mécanique dans la cuisine, alors j'écoute, je regarde du coin de l'oeil, et j'apprends"

Alors là Gull, chapeau bas!
Ton niveau de "racontage d'histoires de paddock" est particulièrement élevé.
Alain a intérêt à bien s'appliquer pour la suite car il a là un adversaire de taille (enfin là c'est une image quand on te connait!)
Et puis comme ça concerne une 500 Cheval en GP, surtout continue...

Oui, pour moi c'est juste complémentaire.

Cheval + Gull, je peux poser mon San Antonio

« ça, faut reconnaître, c’est du brutal ! »

Merci, vous êtes biens urbains. Je cragnais de vous umportuner avec mes singeries Byzantines.

Gull a écrit:

Merci, vous êtes biens urbains. Je cragnais de vous umportuner avec mes singeries Byzantines.

Continuez l'ami, continuez. Toi comme Alain, vous avez vraiment le ton pour raconter ces anecdotes , en plus vous avez l'air d'avoir une sacré memoire tous les deux,
perso ,je me régale

Hé Alain? A discuter deux heures dans le froid de Carole il m'a semblé que coté anecdotes hein????Allez hop, au clavier
Bon, ça peu attendre l'année prochaine, on est pas des boeufs..................

philwood a écrit:

Hé Alain? A discuter deux heures dans le froid de Carole il m'a semblé que coté anecdotes hein????Allez hop, au clavier
Bon, ça peu attendre l'année prochaine, on est pas des boeufs..................

Bon, c'est vrai que je me suis un peu lâché ce jour-là, mais pour une fois que je tombais avec des gens qui parlent la même langue que moi, et ça faisait des lustres que ça ne m'était pas arrivé.... et ça fait du bien.
Mais les écrits, c'est quand même quelque chose, vous ne trouvez pas ? cette période que racontent Alain et Gull, je suis comme vous, je ne la connais pas non plus, j'étais parti de la Prazerie vers d'autres aventures, et comme vous assurément ,je me régale à la lecture de ces récits.

Eh les gars des histoires comme ça, si y'avait pas Pit-Lane, ou pourrait-on les lire?
Merci

Alain, pour partir de la Prazerie, il a bien fallu que t'y arrive Et t'es pas resté juste pour prendre l'apéro Alors raconte nous , à ton rythme, sur PL il y en a quelques -uns qui parlent le Cheval trottinement Gull se lance avec bonheur Kerlo en a sous le pied............Alors nous attendons ,avec gourmandise ,ton histoire de la Prazerie

Finalement, "le cheval de fer" n'est pas si éloigné que çà de la vérité... il y manque seulement ceux qui bossaient pendant que leurs valeureux pilotes étaient mis en vedette.

Merci 1000 fois de nous rapeler cette époque bénie, où le manque de moyens pouvait simplement servir de stimulant pour contourner l'obstacle...

L'époque ou on pouvait pas s'arréter pisser le long d'une nationale sans que toutes les motards s'arrètent, et ou on était obligé de siffler une canette avec son sauveteur pour pouvoir mettre de l'essence dedans et remettre un fond de plein dans le réservoir histoire de pouvoir rejoindre la station service la plus proche.

Le GP d'Espagne se termine, si on est pas derjo, c'est tout comme, mais on a fait le GP, et terminé. On est déjà bien contents. Dimanche soir, Les Français passent nous voir, enfin les privés, Bertin, Selini, et Bady avec la smala. l'apéro et chaud.
Le lendemain,on remballe, et on taille vers Jerez. pas de jolie route comme maintenant, et comme on ne connait pas, on va au plus court, en prenant des voies largement défoncées. la flèche de la caravane tiens le coup, la caisse a juste tendance à se désolidariser du châssis ( elle attendra la tcheco pour se barrer)

Jerez, le circuit est Out feuneu, voir à peine fini. comme d'hab, on a cherché le circuit en centre ville, il a fallu dételer pour décoincer la caravane dans une ruelle. on nous parque dans le fond, et rebellotte.
Rachel en prend une bonne aux essais qualif le samedi soir, il faut tout démonter, la meule a mangé gros. je me retrouve avec le cadre nu a un point d'eau pour le nettoyer, un type m'aborde pour me parler de ce cadre, on reste une vingtaines de minutes à discuter, en anglais, avant de se rendre compte qu'on créchait à 20 bornes l'un de l'autre, et que de fait nous pourrions continuer cette discussion en Français.

un petit badaboum au warm up pour faire bonne mesure, le temps de redonner au carénage forme humaine et c'est la course.
Rachel fini 13, putain 13, tu te rends compte? notre deuxième GP, et on marque des points! Ok, il n'y a pas énormément de 14ème, mais ils avaient qu'à rester sur leurs roues devant, et pis c'est tout!
3 points en 500, on fête ça dignement, et on fait bien, car ça n'arrivera plus.

mais on ne le sait pas encore, pour l'heure je suis au volant, on rentre, j'ai roulé toute la nuit en discutant avec Fabrice, Rachel dort derrière, le jour se lève et illumine le désert, aujourd'hui, j'ai 25 ans, et je souris...

passionnant et super-bien écrit, que demander de plus