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Alexis Masbou arrivait au Qatar pour disputer la première manche du Championnat du Monde Moto3 2014 avec des doutes et une certitude.
Des doutes parce qu’après avoir été greffé du scaphoïde et en conséquence, avoir passé tout l’hiver le poignet dans une attelle, il lui était difficile de savoir si physiquement, il allait avoir du répondant tout au long des dix-huit tours de la course d’ouverture.
Des doutes aussi parce qu’en s’engageant dans le tout nouveau projet du HRC et après des essais hivernaux dominés par les KTM, personne ne savait vraiment où en était cette Honda NSF250R dont on pouvait redouter de légitimes péchés de jeunesse.
En revanche, comme tout au long de sa carrière, Alexis Masbou se présentait à Losail avec la certitude de sa détermination. Convaincu de prolonger en Moto3 pour une saison supplémentaire par Shuhei Nakamoto, le Vice-Président du HRC, l’Albigeois a la volonté de démontrer que le constructeur de Tokyo ne s’est pas trompé en lui accordant sa confiance.
Nous l’avons rencontré pour dresser un petit état des lieux après un premier week-end au cours duquel le Français aura pu prendre toute la mesure des progrès effectués par sa machine entre la fin de la présaison et le rendez-vous qatari.
En quelques mois, le HRC a réussi un véritable tour de force puisqu’après deux ans de domination de KTM, Honda est passé à quelques millièmes d’une première victoire dès la première course de sa toute nouvelle NSF250R.
L’implication du constructeur japonais, lassé de voir son homologue autrichien ridiculiser ses machines, est totale. Tout profit pour le tricolore qui, pour la première fois de sa carrière, peut enfin se concentrer sur son pilotage et rien que sur ça !
GPi : Alexis On ne va plus débattre de tes sensations au guidon de la NSF au Qatar puisqu’on en a longuement discuté tout au long du week-end de course. En revanche, si tu devais estimer ton état de forme, quel pourcentage donnerais-tu ?
A.M : "Au Qatar, c’était encore un peu compliqué. Je pense que je devais être à 85% de mes capacités physique. Mon état s’améliore de jour en jour et je sens que j’ai encore progressé depuis le week-end d’ouverture du championnat. Ma meilleure forme revient progressivement et je pense qu’à Austin, je serai à 95%.
GPi : Le fait d’avoir été opéré et d’avoir passé l’hiver en convalescence t’obligent-ils à travailler différemment ?
A.M : Disons que je suis un peu obligé de m’entraîner comme la saison dernière. Vu que je n’ai pas pu travailler correctement en hiver, je suis obligé d’accentuer certains points pendant la saison afin de tenter de récupérer le temps alors que normalement, pendant la saison, on ne fait que de l’entretien tout en augmentant les charges de temps à autre lorsque ça s’avère nécessaire. Je suis donc en train de travailler pour récupérer la force dans les bras, ce que j’avais également fait la saison dernière mais avec les jambes.
GPi : Parlons de la moto. Vous avez donc reçu une toute nouvelle évolution au Qatar…[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
A.M : En effet, nous avons reçu une toute nouvelle évolution au Qatar : nouveau châssis, nouveau moteur, nouveaux mappings…
GPi : Et avec tout ça, comparé à la KTM qui a archi dominé les deux saisons précédentes, où en est-elle ?
A.M : Je pense que nous avons encore la possibilité de faire évoluer le matériel mais pour moi, nous sommes déjà au niveau des KTM. Après, ce qui nous manque, c’est probablement l’expérience du constructeur autrichien pour mettre les motos parfaitement au point que soit du point de vue du châssis ou du moteur. Mais pour moi, les deux motos sont revenues sur un pied d’égalité. Ensuite, pendant la saison, selon les évolutions des uns et des autres, nous serons probablement mieux sur certains circuits alors que sur d’autres, ce seront les KTM qui auront l’avantage. Nous avons d’ores et déjà accompli un grand pas en avant et c’est rassurant.
GPi : Quels sont les points forts de la Honda ?
A.M : Sans contestation possible et on l’a clairement vu au Qatar, le point fort de la Honda, c’est sa vitesse de pointe. La moto est vraiment très performante sur les cinquième et sixième rapports. A Losail, en fin de ligne droite, les KTM avaient du mal à tenir nos motos. C’est évidemment un gros avantage pour rouler et se bastonner mais il nous reste du travail sur l’accélération car depuis l’avènement des Moto3, c’est le point fort des machines autrichiennes. On a l’avantage en ligne, ils l’ont dans les parties sinueuses, mais cette année, nous nous tenons et c'est évidemment bon pour le spectacle.
GPi : Un compromis ?
A.M : En effet, c’est toujours compliqué d’avoir tout qui fonctionne bien et tout qui fonctionne mieux que chez les autres. Il faut faire des choix et Honda a fait celui d’une moto performante à haut régime. Après l’important, c’est d’avoir des motos équivalentes ou presque et pas comme la saison passée où nous étions complètement largués. Désormais, nous pouvons nous battre devant.
GPi : Le Châssis ?
A.M : Du côté du châssis, c’est la base FTR de la saison passée, reprise et modifiée par Honda pour que les prises d'air passent là où les ingénieurs voulaient qu’elles passent, pour que les mécaniciens puissent travailler correctement sur la moto et tout un ensemble d’autres petites modifications mais qui au final, n’ont pas excessivement modifié les sensations de la saison passée sur le châssis.
GPi : Après ta chute en qualifications au Qatar, tu as publié une photo sur ta page Facebook (voir [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]) montrant un des ingénieurs du HRC en train de contrôler ta moto et tu la commentais en disant «quand tu chutes au HRC, toute la
moto est vérifiée minutieusement! Merci Honda! ». Après toutes les galères que tu as pu traverser dans ta carrière, comment vis-tu ce retournement complet de situation ?
A.M : Je le vis bien, c’est forcément plus facile lorsque vous vous sentez poussé et accompagné par des gens de la compétence de ceux du HRC. Après, de mon côté, mon travail reste le même et donc je reste concentré sur mon job mais voilà, voir le HRC qui s'investit autant, c’est rassurant. Voir autant de personnes dans le box qui poussent pour que ça fonctionne, non seulement ça fait plaisir mais en plus, ça libère l’esprit. C’est clair qu’il nous manque encore des choses mais du côté de la moto, nous ne devons plus douter de l’engagement du constructeur et de sa volonté de nous fournir la meilleure moto possible. C’est évident que c’est un grand changement par rapport à ce que j’avais connu jusque-là dans ma carrière. Au final, j'ai envie de dire que tout ce sérieux et cette compétence autour de moi, ça permet d’évacuer l’excuse du matériel. Je peux me concentrer sur moi-même et mon pilotage sans prendre l’excuse d’une moto peu performante".
Stay tuned!
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