Bon allons y, c'est dimanche, il n'y a pas d'actualité cuisante,
et j'ai un peu de(ux) temps...
Avant d'en arriver aux deux 125 de vitesse construites en 77... le pourquoi du comment!
Au début de ce périple il y a Jean Pierre Camino, rencontré à Levallois en août 76 alors que je livrais
des échappement pour Rougerie.
Camino me propose de l'accompagner au GP d'Allemagne pour la Motobécane d'Usine
et Michel Baloche.
J'accepte bien évidemment, une occasion pareille ne se refusant pas.
RV est pris à Pantin 2 jours plus tard pour charger le Fiat 238
et partir, ouais enfin, c'était un peu plus "subtil" que ça!
Les
motos sont "presque" finies, une
des deux est posée sur la caisse à outils, la béquille étant restée on ne sait pas où...
J'y découvre John Changeux
et Martial Garcia, l'ambiance est assez tendue, les conneries s'étant accumulées tout au long de la saison.
Offen n'est plus là
et Jean Bidalot vient de prendre ses fonctions, il n'apprécie guère l'équipe en place.
Me voilà parti dans l'usine Motobécane à la recherche de tube pour fabriquer une béquille, en plein mois d'août, quasi vide.
On va zapper la "préparation" de l'épreuve à Pantin, le chargement,
et le voyage, très mouvementé avec seulement Camino, les autres allant par leurs propres moyens sur place, ou pas.
Sources Motobécane Information
Archives Rémy Louvel
Photos Roger Duvivier
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sur place avant de décharger,
et une quasi nuit blanche, Baloche grimpe avec nous dans le Fiat
et ses
motos,
et nous voilà partis faire 2 tours de découverte du grand Nurburgring. Quelques pilotes l'apprennent en moto de tourisme, dont Lucchinelli sur une Laverda qui nous double assez vite, alors qu'il est en short!
C'est dans ces moments là qu'on regrette de ne pas avoir d'appareil photo.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sur place Jean Pierre me présente Rémy Louvel, rédacteur en "chef" de Motobécane Information, la revue interne de l'usine, qui découvrant mes activités de fabrication artisanale me propose de construire pour l'Usine une 350 destinée à Abidjan Nice.
J'avais vaguement entendu parler de cette épreuve.
Totalement inconscient, j'accepte, ce travail, qui va m'assurer de quoi manger quelques mois.
Je n'y connais absolument rien en TT, mais c'est pas grave on verra bien.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]De mon côté, une moto neuve m'est livrée,
et je construis à Chartres cadre, réservoir, échappement,
et tous les bouts qui vont autour, à Levallois Camino prépare les moteurs, car il a "vendu" à Motobécane le passage de la cylindrée à 400 comme une Kawa 3 cylindres, les carbus Mikuni, etc.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une demie douzaine de 350 neuves ont été livrée à Levallois pour le développement.
En fait de développement les
motos servent surtout à rouler dans Paris, avec quelques testeurs, Alain Terras entre autres, mais aucun changement de cylindrée ne sera effectué.
Il fallait parfois aller récupérer les
motos abandonnées dans Paris au gré
des sorties nocturnes.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Rémy aidant un pilote en Coupe Motobécane, Pierre Schrike, il est décidé d'engager une 125 en "parallèle", mais celle ci est "préparée" à Levallois.
Je suis tout ça d'assez loin dans ma campagne sans vraiment me rendre compte de ce qui est entrain d'arriver.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je rejoins la fine équipe à Levallois pour les derniers préparatifs fin novembre avant de mettre tout ça dans le bateau direction Abidjan...Sur place je prends un peu conscience que ça va être pittoresque, mais sans plus, présentation à Arbonne dans les carrières,
et chargement dans la rue à Levallois.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]C'est à cette occasion que sera prononcée la célèbre phrase de Siffleur, qui lui ne nous accompagne pas en Afrique, voyant Camino s'énerver pour sangler le matériel: "Ha, ha, ça va pas être triste, Jerrican..."
Il faut dire aussi que Louvel vient de décider de prendre avec nous Jean Pierre Boulmé, le Toyota n'ayant que 2 places assises, on va lui construire un arceau là bas, pour qu'il prenne place dans la caisse derrière la cabine.
Il avait été écrit lors
des finitions sur place, sur les portières du Toyota, "Dépanneuse de Confiance, S'en fout la Mort".
C'est Classe, non pour représenter une usine, inscription inspirée par notre taxi qui traversait à fond les carrefours d'Abidjan sans sourciller, car nous disait-il :"On ne craint rien, je n'ai pas senti la Mort...!"
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous n'étions absolument pas prêt, mais ça ne nous perturbait pas plus que ça, sur place nous aurions une semaine pour finir la "préparation", construire un arceau, trouver un siège de R12 dans une casse,
et une ceinture de "sécurité" pour Méboul,
et vogue la galère.
Totalement inconscient (je l'ai déjà dit, mais c'est nécessaire de le répéter)
Louvel avait déjà participé à cette épreuve en 125, sans gros soucis, tout étant relatif.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous étions royalement accueillis dans les ateliers de Motobécane Côte d'Ivoire, mais je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait, un gigantesque abri en tôle ondulé, avec
des ouvriers locaux aussi nombreux que dévoués, soudure à l'arc sans masque, tour à courroie, qui sautait en permanence, il fallait avoir l'oeil vif.
Bon on était partis, on partait..
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]En fait on est seulement partis, car ça s'est arrêté à quelques kilomètres d'Abidjan,
et des pannes à répétitions.
Les
motos s'élançaient quelques heures avant, puis les véhicules d'assistance, enfin assistance, un bien grand mot.
La 350 est béquillée sur le bord de la route,
et Louvel étendu à l'ombre, un peu crispé.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je vais éviter de trop charger Camino puisqu'il n'est malheureusement plus là pour se défendre, nos tâches ayant été réparties en fonction de nos compétences, que nous n'avions pas ni l'un ni l'autre en l'occurrence...
C'est sur Jean Pierre que c'est tombé en premier, mais il l'avait un peu cherché.
Pour que la poussière ne rentre pas dans l'allumage électronique, il avait totalement obstrué toutes les aérations, d'où bien évidemment... tout grillé.
Au moment de changer cet allumage, "merde, l'extracteur est resté sur l'établi à Levallois, pas grave on va changer le moteur...", mais une fois dans le cadre, damned, c'est le moteur serré qui a été chargé!
Grand moment de solitude...
C'est là que prenait toute sa valeur l'expression du Siffleur à Levallois: " Ha, ha , Jerrican..."
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Soyons clair, nous aurions eu d'autres soucis par la suite si Camino n'ait pas commis ces boulettes, mon filtre à air était ridicule,
et le réservoir sur le point de se déchirer... découvertes effectuées plusieurs mois plus tard, au retour du matériel.
En attendant je "craque" un peu, sur place, la nuit tombe, je les abandonne sur place
et rentre à Abidjan en 2CV, un coopérant s'était arrêté discuter avec nous.
Ils chargeront la 350 dans la benne, pour la ramener chez Motobec Abidjan...
La suite est racontée dans un numéro de La Moto par Jean Pierre Boulmé, n'y étant plus j'aurais du mal à le faire de mémoire.
François Gomis a répéré ce numéro,
et on cherche l'original.
Avant d'écrire
des conneries (oui je sais c'est déjà fait), je vais relire cet article,
et aussi en parler avec Rémy.
Pierre Schike est également joignable, rencontré à Vincennes en novembre, enquêtes en cours.
La 350 a été restaurée,
et on va la livrer avec Rémy Louvel au Musée Motobécane fin février.