DANIEL ROUGE Pilote/Reporter son histoire

Belle plume en tout cas, très plaisant à lire.

Tout d'abord bravo à Marnix pour cette splendide reconstitution de la SFC du Bol 73, et merci de faire en sorte qu'elle continue de rouler au lieu de prendre la poussière dans un quelconque musée !
Laverda et Morini étaient importées en France par Gabriel Couturier.
Robert Auzard, pilote rapide et sûr, était connu de Couturier pour avoir déjà participé à plusieurs courses d'endurance au guidon de Laverda. De mon côté, je me trouvais disponible après avoir pris mes distances avec l'équipe Honda où, après un début de saison catastrophique, l'ambiance s'était sérieusement dégradée. C'est ainsi que me suis retrouvé à faire équipe avec Auzard que je connaissais depuis longtemps car nous avions fait nos débuts pratiquement à la même époque sur le circuit de Montlhéry.
La moto confiée par l'usine à Couturier était donc un véritable prototype préfigurant la SFC 1974. Si les particularités du moteur n'étaient pas encore connues, cette machine se distinguait du modèle 73 par son échappement 2 en 1, mais également par son freinage désormais assuré par trois disques Brembo. Elle avait fait ses premiers tours de roues en France lors d'une séance de rôdage et de prise en mains effectuée une semaine avant la course sur les 9,800 km du circuit "routier" de Montlhéry.
Son moteur bicylindre de 750 cm3 manquait certes un peu de puissance face aux 1000 cm3 4 cylindres qui constituaient une grande partie des engagés du Bol d'Or, d'autant plus que les 4,400 km du circuit Bugatti comportaient bien plus de lignes droites que de virages.
Ce Bol fut incontestablement le plus humide de tous ceux que j'ai disputés : 16 heures de pluie, 19 heures de piste mouillée, une vraie galère ! Et en plus, il faisait froid... Au cours de la nuit, entre deux relais, j'étais monté me réchauffer dans la cabine du speaker, mon copain Olivier de la Garroulaye avec qui je collaborais à "Champion". J'y avais retrouvé un Thierry Tchernine complètement démoralisé, pas loin de jeter l'éponge alors que sa Japauto pouvait prétendre à la victoire : "On est vraiment dingues de rouler dans des conditions pareilles..." Il y avait pas mal de chutes, et par deux fois, les pompiers de la Sarthe étaient intervenus pour laver le revêtement du "S Bleu" à grands renforts de lance à incendie afin d'évacuer de l'huile répandue sur la piste. Il n'y avait pas de Pace Car, ça restait encore à inventer, ou plutôt à importer des USA où le concept existait déjà dans certaines courses automobiles. On passait au ralenti dans un étroit couloir balisé par des commissaires aussi trempés que nous, et à chaque fois il fallait reprend son rythme avant de recommencer le tour suivant...
Et pour finir, en vue de l'arrivée, la casse ! On saura plus tard qu'un piston avait déclaré forfait, mais il fallait absolument repartir afin de franchir la ligne d'arrivée pour être classé. Après avoir longtemps renâclé, le monocylindre finit par repartir, et après un tour au ralenti, je finis par m'arrêter à la sortie du "Raccordement" en attendant le drapeau à damiers. Et ce Bol se termina à pieds en poussant la SFC tout d'abord, puis assis sur la machine et poussé par les spectateurs qui avaient envahi la piste avant le terme des 24 heures. A la lettre du règlement, j'aurais pu être mis hors course pour avoir reçu une "aide extérieure", mais il ne se trouva personne pour porter réclamation...[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Prise en mains à Montlhéry en compagnie de Jean Claude Fourgeaud (Photo A. Rouge)
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Le repos "tout confort" du pilote d'usine... (Photo Micou)
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Déception et solitude en attendant le drapeau à damiers (Photo A. Rouge)

Et quelques images supplémentaires à l'attention de Marnix[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Après plus de 20 heures de course, à l'attaque sur une piste enfin sèche (Photo A. Rouge)
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Au "Musée", un épisode de la courte bagarre avec Bourgeois (au centre) et Chemarin à demi caché derrière la Benelli de De L'Escaille (Photo A. Rouge)

bartau a écrit:

Bras oscillant riquiqui certes mais à rapporter d'une part à sa longueur, riquiqui aussi et, d'autre part à l'équilibre des forces procurée par la position "classique" des amortisseurs...
Il n'y a pas beaucoup de porte-à-faux là dedans, nécessitant de grosses sections de tube...
et pi bon, 70cv grand max (à prouver!) à faire passer... Pas de quoi fouetter un chat!

Vi, ce devait être fabriqué avec du tube gaz en 15/21 ou 20/27 voir du "tube plein"
Dan

Merci Daniël pour tes souvenirs et photos fantastiques, ils me touchent beaucoup.
Pour être honnête, je pense que si la course avait été sèche, le moteur aurait probablement explosé bien avant la fin de la course.
C’etait vraiment un prototype et surtout les bielles étaient si fines qu'elles abandonnaient généralement et faisaient des trous dans le carter. Seulement entre 5 et peut-être  max. 10 de ces moteurs ont été construits. Moi aussi, je suis conscient du fait qu'à chaque démarrage, ce sera peut-être la dernière. Je surveille méticuleusement l'état du moteur, mais c'est un plaisir absolu de le conduire.
Ces photos sont magnificus, surtout le contraste entre la machine fraîche à Montlhéry et celle avec la machine contre les bottes de paille est immense.

Voici une photo de moi en train de rouler dessus sur le circuit de Varano en mai dernier.
Merci encore!
Marnix

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Daniel, je te taquines, tu avais des guêtres

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Bien sûr, et assorties à la couleur de la moto ! C'étaient des surbottes fournies par le CILAM, galère à enfiler, mais pieds au sec tant qu'elles n'avaient pas frotté par terre... (Photo J.P.Boulmé)

MvdS a écrit:

(...)
Voici une photo de moi en train de rouler dessus sur le circuit de Varano en mai dernier.
Merci encore!
Marnix

Marnix, la barrière était signée Nicolas de Staël !

Vraiment de la bonne lecture, qui remet en mémoire les souvenirs pluvieux de cette édition...

MvdS  , Mas du Clos....2024...

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Trouvé sur FB

Elle est magnifique