[Oldies] L'incroyable univers du "Cheval"! (Part 1)

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Une photo qu'on m'a donnée aux coupes ML, que j'adore et qui me parle beaucoup. En quelque sorte voilà ce qu'elle me dit.
Paddock d'Opatija 1976, dans moins d'une heure Olivier finira ce GP 250 quatrième en me disant « j'ai merdé, mais en 350 je suis sûr que je vais pouvoir en faire pleurer quelques-uns ».
Trois jours plus tôt, nous étions arrivés un peu à la bourre, les moteurs n'étaient pas refermés, les boîtes de vitesses que je j'avais prévues n'étaient pas prêtes.
Ce circuit routier emprunte une route basse qui longe la mer et une autre, haute, qui fait le retour par la colline. À chaque bout une épingle très serrée, la première pour tout arranger matérialise l'attaque de la montée, la deuxième à peu près aussi serrée est un peu moins exigeante parce qu'elle marque le début de la descente. La partie haute est assez rapide, donc le braquet est long, les boîtes de vitesse des TZ ont une première très longue, les moteurs sont très pointus. Il est impossible de sortir correctement de ces deux épingles sans faire patiner sévèrement l'embrayage, ce qui ne semble pas poser trop de problèmes aux pilotes, mais qui ne plait pas du tout à l'ensemble des disques qui partent facilement en morceaux. Le jeu consiste à les économiser en perdant le moins de temps possible. Celui qui a un peu exagéré sait, quand il prend des morceaux dans le coude, qu'il va devoir rentrer aux box à la fin du tour.
Pour finir le décor, c'est un vrai circuit routier, pour poilus des pattes, pas d'échappatoires, des maisons, des rochers, des arbres… Une descente vers l'arrivée un peu taillée dans le caillou, succession de virages plus ou moins serrés avec deux choix si tu tombes : dans le zig c'est le rocher, dans le zag c'est la flotte, à condition d'avoir la chance de passer par un trou de la balustrade à claire-voie
Les modifs essayées l'année précédente n'étaient pas très concluantes, j'avais donc choisi pour 76 de raccourcir les deux premiers rapports. Je pensais trouver des pignons dans la gamme des japonaises, mais la première est taillée sur l'arbre primaire, et l'arbre d'une TZ est très long pour l'embrayage à sec. En fouillant bien, j'ai quand même trouvé à peu près ce que je voulais, j'ai rallongé l'arbre en soudant un morceau d'un de TZ. Je me souviens de l'étagement qui n'était pas au top, avec un trou entre la deux et la trois, mais je me souviens surtout du mal que j'ai eu à ajuster des crabots qui, provenant de boîtes différentes, n'étaient ni en face ni du même nombre. Moralité, en arrivant sur le circuit, je n'étais pas prêt. (Ce qui n'était pas nouveau).
J'ai donc passé deux jours, enfermé dans le camion, à finir cette bricole. Le paddock de ce circuit de cinglés était dans un camping au bord de la page, tous allaient, après les essais, piquer une tête dans une eau limpide, bien que recouverte d'une petite couche de gaz oil, venant du grand port tout proche de Rijeka. L'endroit était magique, est ce pour ça que les pilotes ont supporté de rouler si longtemps sur un circuit aussi débile? . Toujours est-il
que j'entends encore Patrick Pons taper sur le camion « viens donc te baigner au lieu de faire le dentiste » et moi, en sueur, de répondre « tu vas moins te marrer dimanche, banane ».
Ça y est, la course des 350 est partie, après quelques tours, Ago sur la MV est en tête, déjà un peu détaché, si bien qu'on profite bien du son inoubliable de ce moteur. Olivier, rapidement se place bien dans le paquet qui suit. Patrick Fernandez abandonne rapidement sur panne et vient nous rejoindre dans les stands. Olive se détache un peu du groupe, j'ai l'impression que je vais me trouver mal, Patrick encourage et d'un coup "t'as entendu? Elle a des ratés la MV". Le tour suivant, c'est net, elle a vraiment des ratés, puis tellement de ratés, qu'elle ne remontera plus la côte, et là c'est l'enfer, je ne suis pas préparé à vivre cette angoisse. C'est pas possible, on va forcément prendre un truc dans la tronche! Patrick et Joseph me rassurent, j'ai les pattes comme de la laine. Olive royal, passe la ligne d'arrivée en tête et en roue libre depuis 200m....panne sèche! Qui a dit que Jésus n'existait pas?
Reste le podium, nos regards qui se croisent, la Marseillaise, l'émotion....Tu crois qu'à force de tripoter du 25 CD 4S t'hérites de sa solidité, hé bien que dalle!
La boîte a tenu, avec le trou entre la deux et la trois, je ne sais pas si c'était un réel avantage, en plus avec la première assez courte la moto se cabrait beaucoup. Par contre à l'arrivée l'embrayage était comme neuf, je pense que personne ne pouvait m'en montrer un aussi beau!!
J'en ai conclu, peut mieux faire!!, et c'est ce qui m'a poussé à réaliser un peu plus tard, je crois les premières boîtes de vitesses, avec des choix d'étagement pour les moteurs TZ.

on en veux encore

j'y etait presque a ce gp !

Alain, c'est un vrai bonheur de lire ces pages de souvenirs!
Et en plus, pour ne rien gâcher, c'est bien écrit!....
Merci d'avance pour la suite

Que d'aventures et que de bonheur de les lire aussi bien narrées. Encore ! Encore !

Merci Alain Chevallier de nous faire partager ses souvenirs

Oui, encore.
Toujours aussi sympa.

Génial de lire ces souvenirs de course !
Merci Alain de prendre le temps de nous les livrer, c'est vraiment un très beau cadeau que tu nous fais.

Pour ceux d'entre nous qui, comme moi, n'ont pu suivre cette époque que dans les canards, et une ou deux fois par an sur les circuits, découvrir enfin l'envers du décor, la petite histoire derrière les résultats bruts, c'est du caviar.

MERCI

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Opatija 76
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Merci Alain, merci beaucoup pour tout ce que tu nous offre, ce partage d'anecdotes qui à l'époque étaient dans la rubrique " brèves" qui faisait dix lignes et là tu nous donne DES articles , et comme dit Damien, bien écrit, bref que du bonheur , encore merci

Superbe!!! et quelle plume!

Mon cher Philwood, cette photo de Barry et d'Olivier, ce n'est pas Opatija 76 mais le Million 1973 à Magny-Cours. Où diable as-tu eue cette photo ?
Je ne me souviens pas te l'avoir envoyée !

Salut Henri-Michel, la photo d'Opatija est celle d'Olivier avec le numéro 45, et je sais bien que l'autre avec Barry c'est à Magny-Cours, elle fait suite à une autre parue récemment ou l'on voyait Terras Fernandez etc.... C'est de toi???
Amicalement
(hristian

Oui, la photo de Barry et d'Olivier est de moi. As tu le lien ?

J'ai eu l'occasion de faire un tour de l'ancien circuit à Opatija avec Fernand et c'est vrai que c'est un circuit de fada. Mais puisqu'on est en Yougo, voici une photo qui été prise en YOUGO en 86 pendant les essais libre du GP et qui m'a été offerte par Judith Tomaselli (je crois.) la moto qui occupe toute notre attention est bien la 500 Cheval de Didier de Radigues mais qu'est ce qui se passe-t-il?
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ça doit être grave, pour que se soit pif (Fior) qui fasse le toubib!!
on se croirait à la DDE...1 qui creuse et 4 qui regardent!!
Donc Fior aux manettes d'intervention, Bourjade qui guide du verbe, derrière Gilles Chaintron intrigué (Gilles, c'est celui qui m'a supporté le plus longtemps), le coiffé à l'iroquois en négatif c'est, merde j'ai oublié son nom, il faisait des amortos à eau. Enfin le sosie de Presley c'est Jean Marie, fan inconditionnel de Didier, il surveille pour voir si personne ne sabote la moto de son champion.
Bon, Thierry, il y a prescription, qu'est ce que t'avais merdé qui méritait tant de monde pour réparer.

Pinaise, là tu m'épates Cheval!!!!!
c'est bien Mr Glatz qui nous faisait essayer un amortisseur à air et eau ATZ.
Si je me souviens bien Didier n'était pas là car il s'était cassé la clavette et Thierry Espié avait fait une séance avec sa moto et même échangé de monture avec Marco Gentile pour quelques tours. L'amortisseur fonctionnait mais aurait demandé pas mal de mise au point et on avait une meilleure expérience avec celui que Alain Cueille avait fabriqué à La Prazerie donc tu as oublié l'idée de cet amorto pourtant trés léger.
On échangeait pas mal avec Pif et c'était toujours intéressant de vous entendre reconstruire vos motos!
Il y a eu quelques séances de "secouage" de suspension entre vous.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] une demi page de La DH, quotidien belge qui avait un tirage important à l'époque

Mais non, je ne fais pas la gueule, je suis à la pêche, pour les grandes marées...Avec mon vieux frère Michel. Forcément, on est très occupés avec tout ce qu'on attrape. Promis, je me refous au boulot dés que je rentre.

Image complémentaire à celle vue plus haut.
Avec un aperçu du Championnat de fronts dégarnis...!
Alain n'avait pas la pole.

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Je ne me souvenais pas bien de cette photo, mais en fait tout est revenu pendant la pêche...
c'est en 1986 au GP de Yougoslavie, après le grand prix, nous sommes restés le lundi pour des essais libres. Cette année là, nous sommes Rollstar, avec seulement Didier de Radiguès au guidon. Honda nous a donné pour cette saison des moteurs un peu plus performants que les compétition-clients, mais ce ne sont que des trois cylindres et dans le deal nous ne devons pas nous inscrire comme « Chevallier ». En contre partie de cette aide, Honda ne veut pas risquer de perdre quelques points au championnat des constructeurs.
Une autre grande particularité de cette saison-là, c'est que nous sommes les seuls, en 500, à rouler Dunlop...On va avoir des pneus faits pour nous, développés à notre demande, le rêve en keksorte! En fait Dunlop ne dispose que de notre avis pour évoluer et on s'aperçoit rapidement que c'est un peu juste pour leur donner des certitudes d'évolutions. Dès les premiers GP, on va avoir des problèmes de pompage très importants, et qui ne vont pas nous lâcher pendant toute la première moitié de saison. En Autriche, dans le gauche avant la ligne droite des stands, c'est impressionnant, l'arrière pompe sur une grande amplitude. Tout le monde le voit, tout le paddock y est de sa petite explication : pour les uns c'est le châssis acier, pour d'autres c'est la fourche cheval...ça les fait marrer, mais moi je suis un peu tracassé! En peaufinant les réglages de suspension, on arrive à limiter la casse et les chronos ne sont pas trop mauvais, mais visuellement c'est l'horreur, et je voudrais bien me sortir de ce problème.
En course Didier n'est pas ridicule, mais on ne sait pas combien de temps il perd à cause de ce problème, en plus il va chuter en doublant un attardé sur un partie de piste, hors trajectoire, restée un peu humide.
Nous voilà donc à Rijeka, le problème est toujours là, pourtant nous avons essayé de nombreuses modifs: rigidité, longueur de bras, position axe de bras, amortisseur, réglages moteur et j'en passe. Rien n'y fait, enfin pas tout à fait, on a maintenant beaucoup de réglages où c'est bien pire, mais toujours pas grand chose d'acceptable. À la course je ne sais plus bien ce qui se passe, toujours est il qu'on reste le lundi pour des essais, il y a aussi l'équipe Fior et Glatz qui nous fera essayer un amortisseur à gaz et eau. Glatz, de ce que je me souviens, travaille sur la stabilité des réglages en température: la viscosité de l'eau contrairement à l'huile ne change pas en chauffant. Ceci était un peu plus vrai en 86 que maintenant, mais depuis toujours, en course de vitesse, l'amortisseur prend sa température d'équilibre assez rapidement, puis reste stable, donc pas trop de surprises avec l'huile, pour peu qu'on change le réglage dans cette période.
L'amortisseur Glatz a aussi la particularité de ne pas nécessiter la présence d'un ressort, c'est le gaz dans la tige de 30 ou 35 mm de diamètre qui, en se comprimant, remplit la fonction ressort, d'où un gain de poids très important.
Ce lundi, on passe la journée à tester des solutions diverses sans grands résultats. D'où on est dans les stands, on ne voit pas la moto pomper, sur ce circuit elle ne pompe que dans la cassure en 4 ou 5 avant la ligne droite du fond. Par contre on entend très bien les variations de régime au rythme du pompage. Quand le phénomène est enclenché, il est entretenu et parfois amplifié par la géométrie bras oscillant et ligne de chaîne...autrement dit, force est de reconnaître qu'en quelque sorte, on bute sur un effet pervers de la non homocinétie du train arrière.
À ce moment de la saison, on n'a pas de réels doutes sur la responsabilité du pneu, notre moto est suffisamment différente des autres pour qu'on puisse penser que c'est elle la responsable. Peter, chef du développement chez Dunlop pense aussi que c'est « beaucoup nous » les fauteurs de troubles.
Dans l'après midi, quelqu'un lance « et si on essayait Michelop » dans ce cas, pour nous, ce sera Michelin derrière et Dunlop devant (des fois c'est l'inverse, mais ça se dit pareil). Claude Pif alias Fior, c'est peut être lui qui a lancé l'idée, nous refile un pneu arrière, on le monte et c'est reparti pour un nouveau test. On n'a pas besoin d'attendre que la moto s'arrête, on entend très bien....ça ne pompe plus!!
Quelques jours plus tard, lors d'essais à Dijon, on posera une petite caméra embarquée, sous le cale-pied, dirigée sur le point de contact du pneu au sol. La première caméra, posée trop bas, va gicler et se répandre en pièces détachées sur la piste ( c'est pas drôle, ça valait la peau des fesses, heureusement, c'est pas nous qui payent, c'est Éric de Seynes....) mais la deuxième va nous permettre d'écarquiller les yeux, et à Peter de tirer un peu la tronche. Incroyable, le pneu se déforme comme s'il était à plat, le flanc remonte sur le bord de jante et le cache, c'est impressionnant. On comprend mieux, avec une telle variation de rayon et donc de développement pourquoi notre pompage est si audible. La balle est dans ton camp Peter, à toi maintenant de bosser un peu!!!
Moralité, c'est pas forcément un bon plan d'être tout seul chez un manufacturier. Kenny tentera à son tour la même expérience quelque temps après, avec les mêmes incertitudes qui, en fait, doivent aller avec.

Quel texte!
Tout y est; les détails, l'ambiance, mais surtout les sujets dignes d'intérêt, à savoir, pour commencer, le rôle du pneu sur l'homocinéité de fait de la suspension.



Merci!

Et puis un petit commentaire annexe: comment combattre Ailzheimer?
Pit Lane bien sur!
Est-ce que l'usage est remboursé par la sécu?

Alain, à l'occasion, au retour de ta prochaine sortie de pêche, pourrais-tu éclairer notre lanterne sur la rapide disparition de l'habillage "aéro" testé à St Cyr, puis au GP de France?
Sur cette image on a l'impression que Thierry est un peu juste au niveau des poignets, mais ce n'est pas une raison suffisante...

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Alain Chevallier a écrit:

Je ne me souvenais pas bien de cette photo, mais en fait tout est revenu pendant la pêche...

Contre Al Zeimer, il y a la pêche, aussi !
Dis Alain, c'est quand que t'y retournes pour d'autres histoires comme celles-là ?

yves kerlo a écrit:

Alain, à l'occasion, au retour de ta prochaine sortie de pêche, pourrais-tu éclairer notre lanterne sur la rapide disparition de l'habillage "aéro" testé à St Cyr, puis au GP de France?
Sur cette image on a l'impression que Thierry est un peu juste au niveau des poignets, mais ce n'est pas une raison suffisante...

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Cet habillage fait un peu penser à celui de Bolle réalisé par Henrion ou à un modèle MBA du début 80 (efficace mais en cas de chute le tete de fourche était aux premières loges ...)

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Mac