18 CHAPITRE PILOTE HONDA ET TOTAL ET MON MENTOR Michel ROUGERIE
Courir avec le peu de moyens que nous avions n’était pas facile ; car, quand en plus on truste les premières places, si on veut rester au niveau, on ne peut faire les choses à moitié.
Encore une fois, si je n’avais pas fait les bonnes rencontres, la suite de l’histoire n’aurait pas été pareille.
Effectivement, nous avions les bons ingrédients de départ ! Le bon passager et le bon coup de GAZ ont fait qu’en 69/70, et fin 72, on s’est fait remarquer. Mais après ???? On fait quoi ?
Robert DARCOS et Gilbert VASSEUR on été remarquables d’efficacité, ce qui nous a permis d’approcher les personnes influentes de la moto et de la compétition de l’époque.
Robert avait le magasin ‘’MOTOMECANIQUE’’, et était concessionnaire Honda, Gilbert son mécano était devenu très copain avec Pierre Laurent CHAUVET (HONDA France), et bien évidement, un jour, on s’est retrouvé à Bagnolet, chez HONDA, dans le bureau de Mr GUILLOU. A l’époque, il était responsable technique et assez vite est devenu responsable course pour Honda France; ce jour-là, il nous annonce que, pour la saison, je disposerai de quelques pièces du KIT DAYTONA clients.
En 73, on a eu 1 ACT et diverses pièces (je ne me souviens plus exactement).
Ensuite en 74 ! HONDA a sorti le grand jeu, car ils ont mis à ma disposition ; comme base de départ un moteur de série, et tout le lot de pièces DAYTONA Full option, y compris boîte de vitesses et carbus racing. Comme déjà évoqué avec Hubert RIGAL, je disposais du fameux ACT plus compétitif qu’un DAYTONA client ! Qui, dixit Mr GUILLOU, avait était celui démonté de la moto qui avait gagné DAYTONA ; ce que Hubert a confirmé.
Cerise sur le gâteau!, HONDA à cette époque, était en partenariat avec TOTAL pour son réseau clients. Mr GUILLOU nous a donc adoubé auprès du service PUB de chez eux.
Nous nous sommes retrouvés chez TOTAL dans le bureau feutré de Monsieur ST GENIES, qui gérait la COM-PUB course de l’époque. Grâce Mr GUILLOU, ce dernier, va nous allouer pour notre camion de transport, plusieurs carnets de tickets de carburant gratuit, ainsi que tous les lubrifiants dont nous avions besoin pour le
side-car;
Comment faire mieux ? Quant j’y repense ! J’en plane encore aujourd’hui !
je me rappelle encore que l’huile que nous avions, était dans des bidons sans étiquette, il y avait juste écrit dessus une référence.
Comme j’étais très copain avec Michel ROUGERIE, un jour en discutant ensemble au salon de la compétition de la place de la Bastille, il me demande : « Comment se présente ta saison 1973 ? »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]De droite à gauche : TCHERNINNE derrière lui, BOINNET, à droite de lui, BOURGEOIS, en dessous de Christian, ROUGERIE, et au micro votre serviteur. Vous pourrez remarquer que l’autographe de Michel ne laisse aucune ambiguïté de l’amour qu’il avait pour moi
Je lui explique que pour aller à la chasse au sponsor, je suis un gros nul, et que ça n’a jamais été mon truc, car je ne parle pas la même langue des interlocuteurs qu’il me faut rencontrer, CQFD. (Je connais mes limites).
Il me demande alors : « Que te manque-t-il pour ta saison ? », et moi : « heuuuuuuuu ? cuirs - bottes - gants - casques et des sous ! »
Pour les sous, il me répond que ça ce n’est pas facile et qu’il ne pouvait pas m’aider ! Par contre, il avait bien tenté de m’introduire chez MACH (des jeans de l’époque) mais ça ne l'a pas fait.
Ensuite il me dit : viens avec moi, on va te trouver un costard, et un galure pour toi et ton passager. Si, si, Michel parlait souvent très bien la banlieue de l’époque, il avait même un langage très imagé que j’adorais (Michel, déjà rien, que pour ça, tu nous manques).
Nous voila déambulant dans le salon, et on s’arrête devant un stand, le top du top de l’époque : ‘’DADA CUIR’’. Je dis à Michel : « Ça va pas la tête, t’es fou ! ». J’ai dû entendre un truc du genre : « Ferme ta gueule et laisse moi faire ! ».
Ca s’est à peu près passé comme cela !
Michel : « Salut Albert, j’ai deux copains va nu pied qui courent en
side-car et qu’il faudrait équiper ».
Albert : « Oui Michel il passe au magasin et ça fera $$$$.$$ »
Michel : « T’a pas compris c’est des va nu pieds ! Ils n’ont pas une tune »
Albert : « Bon ok ! je leur fais à 50%... »
Michel : « Albert fais moi confiance, c’est des super bons, ils gagnent plein de courses, ils ont des photos sur les journaux où on y verra ta pub ! Fait confiance je m’en porte garant. »
Albert de capituler et a dit : OK ça sera gratos.
Par la suite, Albert est devenu un bon copain ; en vacance, on le retrouvait dans son havre de paix en Ardèche, à SAMPSON le haut, là, j’ai découvert le vrai Albert, l’ancienne petite main de chez HERMÈS, le sculpteur, le peintre et le batteur, il faisait des piges avec des orchestres très connus à l’époque.
Albert n’a jamais été déçu des prestations et des visuelles que nous lui avons permis d’avoir dans les revues spécialisées,
Et il nous l’a bien rendu.
Il n’y avait entre nous aucun contrat de signé. Souvent, je lui rendais visite à son magasin pour lui annoncer nos résultats, et ce fut à ma grande surprise, que de temps à autre, Albert ouvrait le tiroir caisse, et nous apportait financièrement son soutien.
Spontanément, comme ça, au feeling !
De nos jours ? Ça ! Vous oubliez ! Très rare !!
Ensuite avec Michel, on a continué notre marché, et on a été chez les casques LEVIOR ; Là, Michel fait à peu près la même présentation, sauf qu’il avait un atout supplémentaire, j’étais devenu DADA cuir depuis 5 minutes, et à l’époque, les deux comparses DADA- LEVIOR fonctionnaient ensemble.
Les deux équipementiers préféraient que les pilotes soient habillés uniquement de leurs produits, pour être plus représentatifs (j’en ai appris des choses avec Michel ROUGERIE).
A ce jour, j’ai toujours mon cuir ‘’non je ne rentre plus dedans, vos gueules !!’’. Par contre il est toujours aussi souple et pourrait presque resservir.
Quant à mon casque, je l’ai donné à repeindre à un type et je ne l’ai jamais récupéré.
Qu’il soit fier de me l’avoir volé ! S’il me l’avait demandé, je pense que j’aurais été capable de lui donner, et même de le lui dédicacer.
Avec Michel et Sylvain (mes deux Pass) on a vécu de très belles troisième mi-temps. A chaque fois que ça lui était possible, Michel ROUGERIE n’oubliait jamais de nous inviter à leurs soirées, combien de fois après Montlhéry, on a fini à Orly au restaurant d’Alain BELTOISE (le frère) où il y avait entre autre Jean-Paul FARGUES, son mécano, et pas mal d’autres pilotes du haut du pavé de l’époque, Impossible de me souvenir précisément qui était là ? J P BOINNET peut-être ?? Après ????
Une fois aussi, il y a eu une épopée à NOGARO et LA ! Ce fut quelque chose !
En gros pour faire court.
Une bande de voyous (des vrais) rentrent dans le restaurant, et s’assoient à une table proche de la nôtre. Au bout de quelques minutes, ils commencent à chambrer l’un des nôtres en le traitant de tapette, etc, etc. Je ne sais plus qui était visé ??
Toujours est-il que, après que nous ayons essuyié quelques jets de différents mets culinaires, un des types s’est levé, et est venu vers l’un d’entre nous ; il faut savoir que dans la bande des pilotes présents, il y en avait qui pratiquaient des sports de combat !
Manque de chance pour le gars, il s’est dirigé vers celui qu’il ne fallait pas ; et en réplique à un début de tentative de coups de poing!, il a sa tronche qui a rencontré un pichet d’eau en terre cuite, façon PASTIS 51 de l’époque, le type est tombé raide !! Bien sûr, ça a vite dégénéré en bagarre générale.
Les gars se sont fait démolir, et sont partis du resto.
Autant dire que les clients avaient fui le restaurant, et qu’une partie du restaurant était à refaire ; ça avait été très violent.
Le tauliert qui était parti se réfugier dans sa cuisine, revient vers nous, et nous dit : cette bande fait la loi dans la région depuis pas mal de temps, et ni nous, ni les flics arrivons à nous en débarrasser. Messieurs, je vous remercie pour ce que vous avez fait ; ma femme et moi on va reconstituer une table pour vous, et pour l’addition, c’est nous qui vous l’offrons.
On a quand même eu droit à la visite des flics.
En fin de saison, souvent je faisais l’assistance pour Gégé JUMEAUX au rallye des Coupes de l’Armistice. Cette épreuve est plus une endurance que de la vitesse, son concept me plaisait énormément. Elle se faisait vers le 11 novembre, à l’époque des premiers verglas, des betteraves, et du brouillard, toutes les conditions que j’adore.
Cherchant une moto pour faire cette course, et en ayant parlé à Michel ROUGERIE, j’ai pu encore grâce à lui, être présenté à Mr LECOMTE qui était importateur VELOCETTE et HARLEY DAVIDSON. Encore une fois, mon mentor et copain, Michel ROUGERIE, a encore frappé.
Il me présenta donc à Mr LECOMTE, et je suis reparti avec une petite 125 Harley enduro pour participer à cette compétition. Tout cela était déjà très beau, mais en plus, cerise sur le gâteau, Jean Paul FARGUES est dépêché par Mr LECONTE pour me faire l’assistance.
Héééééé les gars, me voila pilote d’usine chez HD ! Sur la même marque de moto que Michel ROUGERIE ! AVEC comme mécanicien ! Celui de : ‘’MONSIEUR ROUGERIE !!!’’ La classe quoi.
Cette compétition avait pour but de faire 600 km autour de Paris par les départementales pourries, mais aussi les chemins de terre.
Le but était de faire le parcours, une fois dans un sens et quant on avait fini cette boucle!, il fallait faire la même, mais cette fois-ci dans l’autre sens : soit 1200km.
Il n’y avait aucun fléchage et on ne connaissait pas à l’époque le dérouleur façon DAKAR.
Pendant les 3 mois qui précédaient, on reconnaissait le parcours le soir après le boulot, ou les WE.
Il fallait avoir une mémoire sans faille du trajet.
Sur cette course, on était en selle pendant 24 heures, à se geler les doigts et les couilles.
Un jour, avant la course, pendant les reconnaissances du trajet, (trois jours avant l’épreuve !), arriva ce qui devait arriver. Je me suis un peu loupé et j’étais allé tâter le fossé ; fourche HS, j’ai fait 5 Kms à pied, de nuit, pour retrouver mon assistance. Je rapporte la moto à Mr LECOMTE, qui au lieu de me passer un savon, m’a juste dit : et bien, il vaut mieux que ça soit arrivé là, que le jour de la course !!
Pendant la course, je me souviens qu’à un contrôle horaire où je devais être ravitaillé en essence, Jean Paul et son copilote (pilote de renom qui courait en 50cc ????) n’était pas là. Ce sont des potes de la police nationale qui m'ont fait le plein, et qui m’ont expliqué de ne pas m’inquiéter, que Jean Paul a eu un petit problème de sortie de route, et qu’il serait là au prochain ravito.
Tu parles d’une sortie de route !!
l’ancien s’était un peu loupé, et avait fini l’avant de la voiture dans une mare à canard. Ce sont d’autres flics de l’équipe du CMPN qui se sont dévoués pour se mettre à l’eau pour aider à sortir la voiture de sa fâcheuse position.
Bref, ça marchait fort pour nous, car dans la classe 125, j’étais le seul qui pointait à zéro partout, donc était en tête et on pouvait même gagner le général : "ça en a énervé quelques uns ‘’
A l’arrivée, avec jean Paul, on jubilait, on était comme des fous !! On a vite déchanté, car j’avais loupé un CP ‘’contrôle de passage’’, et malgré que j’avais fait plus de kilomètres que par le parcours idéal, j’ai été mis hors course.
Très sportif, Mr LECOMTE, sachant ce qu’était la course, ne nous en a pas tenu rigueur, car on avait fait forte impression avec la petite HD.
Le seul jour où Michel ROUGERIE et moi-même on s’est fait remonter les bretelles par Mr LECOMTE!, c’est un jour où, au Castellet, Michel me demande de lui faire faire un tour de piste en
side-car.
Nous voila parti, et au bout de trois tours, on voit son patron légèrement agité au bord du muret. Michel me fait signe qu’il pense qu’il est temps de rentrer, pour prendre un bon soufflon.
Et oui, Michel à cette époque était pilote Harley Davidson, et Mr LECOMTE, bien légitimement, ne voulait pas qu’il prenne de risques supplémentaires à faire le con avec un sidecariste, et je rajouterais que sur ce coup-là : Michel n’avait pas besoin de moi pour ça, car pour faire des conneries, il allait bien !!
Ce qui, je pense, a bien dû parfois faire transpirer Mr LECOMTE.
Ps : petit hommage a JP FARGUES
Avec ta gouaille de titi parisien, ton dévouement égale a ton mauvais caractère et ton eternel clope que tu fumais aussi vite que tu en rallumais une autre
Toi aussi tu nous manque
À suivre