25 CHAPITRE 1975 ENFIN LE TITRE MERCI LUC PATRIN
Comme on dit souvent à la douane : sur ce début de saison, rien à déclarer ! Les courses s’enchaînent naturellement.
Vu la finalité de la saison 1974, on est assoiffé de victoire, en côte, comme en circuit et on gagne tout ce qui nous est mis sous la main.
Encore cette saison, nous faisons écurie avec Luc PATRIN, qui a pu profiter de toutes mes modifications moteur, ainsi que du surplus de pièces que HONDA me donnait.
De plus, TOTAL, très énervé de la saison précédente où le titre nous a échappé, nous a doublé le budget carburant, ce qui nous permet de faire profiter LUC de tous les avantages qui nous ont été donnés par nos sponsors.
En 1975 !!, la vengeance allait être terrible.
Je l’ai déjà dit : IL NE FAUT PAS FAIRE CHIER ENNDEWELL quant il pleut ! mais aussi quand c’est sec
A la mi-saison, on a déjà bien assommé la concurrence, qui souvent ne se bat que pour la troisième place.
Au mois de juin :
J’ai déjà engrangé ! 4 victoires sur circuit sur 8 courses que comporta la saison ! et 7 victoires en courses de côte.
Et Luc : Une 3eme et une 2 deuxième place sur circuit ! Et en côte, 1 deuxième place - 3 troisièmes places et 2 quatrièmes places.
Et là, on arrive au moment crucial où je vais terminer ma carrière ! Ça se passera sur le circuit de la CHATRE.
C’était à l’époque un petit circuit pas très attractif ! Il était fait de virages très lents, et pratiquement tous à droite ; aux essais, on fait le meilleur temps et on part en pôle, et je crois que Luc part en deuxième ou troisième position.
A la course, je suis en tête sans problème, et à un moment, au bout de la ligne droite, un peu avant l’entrée d’un virage à 90°, je vois une énorme trace d’huile et un amalgame de
side-car, planté dans les bottes de paille.
J’ai appris par la suite que le concurrent qui avait mis de l’huile plein la piste était un doux rêveur, qui avais mis une bougie à la place de son bouchon de vidange, car c’était le même filetage et, qui cervelle de moineau, n’avait pas réfléchi qu’en roulant, la porcelaine allait se casser. Et bien évidement, il a vidangé son carter.
Je tente comme je peux de me frayer un passage entre les collègues en vrac au milieu de la piste, quand, à la sortie du virage !, je glisse un peu trop sur l’huile ! Et me frotte un peu fort au carénage de l’abruti vidangeur.
‘’Et c’est là que le bordel va commencer !!!’’
Je m’aperçois très rapidement que le flanc gauche de mon carénage ne tient plus, et je tente, comme je peux, de le tenir à la main; sauf que, de temps à autre, il me faut mes deux mains pour aussi tenir le dirigeoire (guidon).
Dans la grande ligne droite, le carénage s’est mis à vibrer très fort, et le bas du nez de celui-ci, qui faisait un retour vers le bas du pneu avant !, a été littéralement avalé par la roue : ‘’en fait j’ai roulé sur mon carénage’’, avec Sylvain on a fait un bond en l’air ; mais effet salvateur ! Je n’avais plus à tenir la carène bringuebalante! Toujours en tête de la course, je fais donc GAZZZZ vers la ligne d’arrivée, quand dans le tour suivant, je vois la jauge d’huile qui barre en RTT et le moteur qui me casse une bielle.
Explication : lorsque le carénage s’est cassé, le poly a fissuré ma durite de retour d’huile, ce qui fait que la pompe à huile a avalé de l’air au lieu d’avaler de l’huile et donc, j’ai descendu mon moteur ! Ceci se passa juste avant l’endroit maculé d’huile, et avec mon élan, j’ai pu passer le virage critique, et me stationner bien comme il faut, à l’intérieur de la fin du virage.
Là, je saute du
side et cours vers le virage en prenant soin, au passage, de récupérer un seau de ciment (à l’époque, on traitait l’huile avec du ciment). Je commence à en mettre sur la piste, quand arrivent deux commissaires en RTT (car il n’avait rien vu de l’ampleur du désastre) qui se ruent sur moi, en me hurlant que je n’ai pas à faire ça, car il n’y a pas d’huile sur la piste. A l’époque je roulais en gants blancs (la classe chez DADA cuir), et avec la main, je racle le bitume pour leur montrer que ce que j’avais sur les gants, n’était pas du mou de veau.
Une très brève discussion s’en suit, et là, les deux lascars me prennent chacun par un bras pour m’évacuer des lieux.
Ne pensant qu’à la sécurité, j’arrive à m’échapper de mes gardiens qui me rattrapent et s’en suit une bagarre ! Moi casqué et visière fermée, muni de mes gants de course, je distribue joyeusement avec mes petits points rageurs, et finis par récupérer le seau pour allez continuer le travail. Les commissaires à ce moment-là, conscients de leur grosse bêtise, ont abandonné l’affaire.
Mais ce ne fût pas la fin de l’épopée ! Quant je rentre au parc, le quidam arroseur d’huile vient me voir et me dit : « tu m’as massacré tout mon carénage, il va falloir me payer la réparation. » !! Là ! Direct, sans réponse de ma part !, mon poing droit est parti tout droit dans sa gueule, et il s’est couché par terre en me déchirant le flanc de ma tente.
Vu l’acompte, et le règlement qu’il avait perçu !, pour moi, l’affaire de la réparation de son poly était terminée! D’ailleurs, il n’est pas venu réclamer le solde de tout compte ? Bizarre !!
Ensuite, il nous a fallu récupérer les morceaux du carénage, pour voir s’il était réparable, et surtout récupérer le compte-tour KROBER qu’il y avait dessus.
Impossible de le trouver !! disparu ????
Remontés comme des coucous suisses !, on va donc avec Sylvain à la remise des prix ! Et bien déterminés à récupérer notre carénage.
On pose la question à quelques officielss et là ! pire que les Corses ! L’omerta complète ! La seule réponse bien légitime que l’on obtient : vous avez cassé la gueule à nos commissaires, vous n’aurez pas votre carénage.
Alors là, on fout un bordel pas possible, en hurlant comme des malades ‘’au voleur’’ et bien d’autres insanités (dont je suis parfaitement capable), afin de perturber la remise des prix ! Quand arrive un lascar qui avait décidé de nous faire évacuer des lieux !! Erreur pour lui !! comme on était bien chaud !! On lui met le marché en mains : c’est le carénage, contre arrêt immédiat de notre part de mettre plus la panique !! hihihihi l’inconscient ! il réitère : « Messieurs vous sortez ! ». Et là, comme dans Astérix ! Paf, une droite de plus dans le Romain !! Et là ! comme par enchantement le gars nous dit : « OK ! OK ! Arrêtez ! Je vais vous redonner votre carénage. »; celui-ci était planqué le long du circuit, sous la bâche d’une tonnelle qui avait été démontée.
Bien sûr, je suis passé en conseil de discipline de la Fédération, qui, ces derniers, m’ont ôté ma licence pour 6 mois ferme.
Et j’ai aussi fait un tour par le tribunal, car les trois personnes que j’ai molestées avaient porté plainte
Et oui ! pas de bol le président du club moto organisateur de l’épreuve ! n’était autre que le président du tribunal de LA CHATRE (là , je n’avais pas misé juste)
Pour ce qui est de la décision de la FFM !, Gérard Jumeaux et Yves Letoumelin, avaient bien tenté d’argumenter en ma faveur pour une peine avec sursis, mais ce fut mission impossible, il avait été bien décidé que, encore cette année là, je n’aurais pas le titre, et là ! il tenait un argument de taille !
Pour ce qui est du tribunal, je ne me rappelle plus de combien j’ai écopé, mais je me rappelle très bien de ce que m’a argumenté le juge (le même qui était président du moto club) il m’a dit : « Monsieur, j’ai toujours été admiratif de votre pilotage, et je m’étonne qu’un garçon si doué que vous, n’arriviez pas à maîtriser vos nerfs ! »
Ce qui fut le plus drôle, c’est que dans le tribunal j’avais repéré « un de mes trois sacs de sable d’entraînement à la boxe ». Celui-ci est parti avant la prononciation de la sentence, et quand je suis sorti du tribunal, il était dehors sur les marches à regarder les oiseaux.
Je lui ai dit : « Ce n’est pas la peine de faire celui qui ne m’a pas vu » et là, immédiatement, il m’a répondu : « Mr ENNDEWELL, je suis vraiment embarrassé, car si j’avais su que ça irait si loin, je n’aurai pas porté plainte, car nous étions vraiment responsable de l’erreur et ça aurait put être très grave; et j’espère que vous allez me pardonner de ça.», et lui de rajouter : « On nous a obligé à porter plainte » (sic)
Je ne lui ai pas fait la bise, mais on est allé boire un verre, et ça s’est terminé comme ça.
Par la suite, François BERNARD s’est rendu à la Châtre, il y a 4 à 5 ans, et il m’a fait savoir qu’il y avait encore une photo de moi sur les murs des bureaux de la Châtre, comme quoi, pas rancunier les gars.
J’ai donc arrêté à ce moment-là ma saison, et me suis concentré à aider Luc PATRIN à finir la sienne.
Ne nous voilons pas la face, il n’allait y avoir que 8 courses pour le championnat ! Comme j’en avais gagné 4, il ne fallait surtout pas qu’un autre pilote en gagne 4 aussi, car il aurait eu ex-aequo, sauf qu’il aurait eu toujours un résultat de plus que moi.
Et oui, le championnat ne se jouait pas sur les points totaux accumulés sur chaque course de la saison, mais aux meilleurs résultats, plus 1.
La chance a voulu que les 4 dernières courses aient été remportées à chaque fois par des pilotes différents. Et que j’ai donc quand même été champion de France en 1975.
Ce qui a bien mis les boules à la FFM !
Là aussi, la remise de médailles en fin d’année a été folklorique.
Bien entendu, avec Sylvain, on a reçu les médailles les plus petites de la soirée, de mémoire style taille porte clefs ! Que l’on s’est empressé de jeter dans la salle, pour le plus grand bonheur des collectionneurs
Certains vont dire : cet ENNDEWELL, jusque là il nous a été bien sympathique et il nous a fait rêver et nous a raconté des trucs sympas.
Mais en fait là !! On découvre que c’est un voyou de banlieue !!
Peut-être ? Je vous laisse remettre tout cela dans son contexte, et vous laisse seul juge.
Seule chose que vous devez savoir, c’est que je suis brut de décoffrage, et je ne me voyais pas raconter mon histoire, sans irrémédiablement parler de cette période (qui rassurez vous ne m’a pas fait rire)
De toute façon si je l’avais occultée, il y en aurait bien un de vous qui me l’aurait fait remarquer (normal)
Et c’est déjà fait voir plus haut.
Je n’ai rien a cacher, je raconte les choses du début à la fin comme elles se sont réellement passées et J’ASSUMERAI.
Pour terminer : il n’était plus possible pour nous de repartir faire une autre saison dans les mêmes conditions. Bien sûr, nous avions gagné plein de courses, et on avait donc les meilleures primes qui tombaient, on avait des annonceurs qui nous on suivis contre vents et marrées, mais ça ne suffisait pas pour remplir la caisse, et surtout pas suffisamment pour allez tenter les GP.
En plus techniquement chez HONDA !, je ne pouvais espérer aucun moteur : en 500cc, il y en avait bien un qui avait été fait par un ingénieur du HRC sur la base du CB 500, mais cela avait été une initiative personnelle et on a eu beau demander à Mr GUILLOUX, ce ne fut pas possible d’obtenir un tel moteur.
De là, on a cherché dans une autre marque, et tout naturellement, nous nous sommes retrouvés dans le bureau de Mr Jean-Claude OLIVIER (SONAUTO à l’époque), ce dernier nous faisait un prix super cool sur un moteur, mais il nous en aurait fallu 2 ‘’des moteurs’’ plus les pièces qui vont avec, et quand on sait le nombre de pistons et cylindres qu’il faut passer dans l’année, les comptes on été vite faits.
On a vendu notre matos, et on a investi dans les cannes à pêche.
Là, s’est arrêté notre aventure, mais j’ai très vite rebondi en ressortant mon matos de plongée, et cette même année, j’ai rencontré des spéléos qui m’ont fait découvrir la plongée spéléo, discipline que je pratique encore après 40 ans.
Discipline très technique, où j’ai encore aussi bien bricolé, entre autre pour notre organisme du SSF (SPELEO SECOURS FRANÇAIS)
J’y ai fabriqué
- Une civière spécifique capable d’évacuer un blessé dans un siphon ,
- des bobinoirs pour dérouler du fil d’Ariane,
- des caches robinetteries pour ne pas abîmer les robinets des bouteilles et éviter qu'elles tapent dans les endroits étroits.
- un accouplement de deux scooters sous marin, pour tracter la civière dans l’eau
ETC
Si les modérateurs me le permettent ? je ferai un petit hors sujet pour vous présenter une discipline largement aussi technique que nos ferrailles à trois roues.
Rassurez-vous, je n’ai jamais oublié la course, et je ne l’oublierais jamais ! Car aucune discipline ne me fera oublier ce grand plaisir que j’ai eu à piloter de tels engins, et c’est la raison pour laquelle, en 93, j’ai remis le couvert ! 18 ans après ! c’est vous dire la passion que j’ai toujours pour ce sport
Je vous parlerai bientôt de mes saisons 93/96 (à suivre),
RÉSULTATS saison 1975
Courses de cotes
Luc PATRIN Champion de France montagne
Joel ENNDEWELL vice-champion de France montagne
Circuit
Joel ENNDEWELL champion de France vitesse
Luc PATRIN vice-champion de France vitesse
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