Concernant les 125, l’année 1965 sera particulièrement riche puis qu’apparaîtront trois nouveaux modèles.
On peut supposer que sous la pression des deux temps (et des pilotes!) la consigne donnée aux équipes travaillant sur différents projets a été : trouver des chevaux !
Une 4RC146 remplace la 2RC de l’année précédente et elle affiche trois chevaux de plus que sa devancière soit 28, ce qui est considérable.
Quand on regarde les données techniques dont on dispose,on constate que rien n’a changé, ni le rapport alésage x course de 35,26x32, ni le diamètre des soupapes à 14,5mm et 13mm. Par contre le régime de puissance a considérablement augmenté de 15500tr/mn à 18000tr/mn.
On peut donc penser que le moteur a simplement été « gonflé » avec des arbres à cames plus méchants (le diagramme de distribution n’est pas mentionné) au détriment de la plage d’utilisation et de la fiabilité.
Visuellement, à part les couvercles d’arbres à cames légèrement différents, il n’y a pas de modifications.
Le 4RC146
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]On dispose de vues du moteur démonté, toujours superbe mais sans spécificités particulières.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un autre 125 sera essayé cette saison, le RC147 vraisemblablement issu d’une équipe différente.
D’un point de vue « thermique », il annonce des cotes toujours plus super carrées avec 36,4mm d’alésage x30mm de course. Et dans une logique que je qualifierais « d’avant Irimajiri » de soupapes plus grandes avec des diamètres de 15,5mm et 13,5mm.
La puissance gagne un demi cheval par rapport au quatre cylindres concurrent au même régime de 18000tr/mn soit 28,5cv.
Bubu et Dga nous apprennent que ce moteur dont il n’existe aucune photo connue était à commande de distribution latérale et très petit.
Je vais donc me livrer à un exercice de mécanique-fiction et ce qui va suivre n’est que suppositions de ma part!
On a vu que depuis l’abandon des commandes de distribution par arbre, Honda a choisi la cascade d’engrenages au centre du bloc sur les quatre et six cylindres et tant qu’à faire, la prise de force de la transmission primaire y a été accolée.
Cette solution est mécaniquement logique parce qu’elle répartit au mieux les contraintes sur des arbres longs mais surtout faits de tronçons assemblés.
Elle présente comme inconvénient la nécessité d’avoir un arbre intermédiaire supplémentaire entre embiellage et boîte de vitesse servant à ramener la force motrice au niveau de la transmission primaire, c’est à dire la cloche d’embrayage.
Honda à « rentabilisé » cet arbre en lui faisant entraîner la magnéto et la pompe à huile.
Sur les cinquante bicylindre, dès le début , et avant même l’arrivée d’Irimajiri, la cascade de distribution est restée latérale comme sur le mono cylindre. Cela permet à un pignon unique d’entraîner la transmission et la distribution sans arbre intermédiaire et en faisant l’économie d’un palier sur le vilebrequin.
L’inconvénient est que la partie thermique est en quelque sorte en extension sur la prise de force et subit des contraintes de torsion, maîtrisables apparemment dans le cas du bicylindre.
Si l’on raisonne de la même façon dans le cas des six cylindres ,on constate que trois d’entre eux sont à chaque fois en extension par rapport au pignon central, et c’est là que j’ai compris l’intérêt des manetons différenciés découverts au moment de la réalisation des replicas.
Vous, je sais pas, mais moi la phrase qui en parle m’a toujours semblé obscure :
« Prenez le vilebrequin. Cette pièce est fascinante. Les manetons sont de diamètre différent :18mm au centre du moteur, puis 17mm, et 16mm aux extrémités…. Cela répond à une théorie évidente, si la charge diminue en bout de vilebrequin, on peut diminuer la taille des manetons, mais il faut oser le faire. Ce vilebrequin est flexible, au sens mécanique du terme. Mais il trouve la rigidité nécessaire une fois en place dans ses paliers rapportés. Ce qui impose ….une précision d’assemblage absolue. »
Pourquoi des manetons soumis à la poussée d’un même piston et encadrés par les mêmes roulements supporteraient ils une charge différente au centre et à l’extrémité du vilebrequin permettant de diminuer leur diamètre en s’éloignant du centre ?
Il me semble que la formulation est mauvaise : la charge qui varie est le couple de torsion appliqué sur les emmanchements des manetons, il correspond à la poussée d’un, puis deux, puis trois pistons en se rapprochant du centre. Le moyen de résister à ce couple croissant est d’augmenter la surface de contact de l’emboitement donc le diamètre du maneton en se rapprochant du centre. Finalement la flexibilité évoquée est plus problématique en torsion ou elle ne dépend que des « deux fois six » emmanchements de part et d’autres du pignon central et non des paliers.
D’ailleurs, lorsqu’on assemble un embiellage à la presse, on règle l’alignement en frappant sur les masses avec une massette en cuivre selon le même axe que la poussée du piston .
On remarque donc que cette utilisation de manetons différentiés s’ajoute à la suppression des volants d’inertie pour assurer le maintien de l’alignement des embiellages dans le temps, ce qui devait donc être un point critique.
Avant d’être interrompu par moi même, je parlais de la commande de distribution latérale du RC147,un quatre cylindres donc. L’intérêt en terme de refroidissement ne me semble pas évident et la dissymétrie qu’il créerait irait plutôt en sens inverse.
La possibilité d’économiser un palier de vilebrequin, et peut-être un pignon, permettrait un gain de largeur, mais je pense que le plus intéressant serait de se passer de l’arbre intermédiaire ce qui raccourcirait et allégerait le moteur…et cadrerait avec le qualificatif de « très petit »employé.
Plutôt que de tenter une description, voici la vue d’un moteur, beaucoup plus moderne, utilisant la distribution et la transmission primaire en bout et sans arbre intermédiaire:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]On voit donc que : en quelque sorte, toute la partie motrice est en extension sur la prise de force et que les contraintes de torsion sont maximales. J’ai donc tendance à imputer les vibrations excessives dont parle Dga à des desalignements de l’embiellage.
( il me vient à l’esprit l’image des longues manivelles des crics de voitures à parallélogramme qui semblaient souples quand l’effort était important. À l’inverse le côté qui portait la douille pour dévisser les roues était lui le plus court possible pour être efficace.)
Sur le moteur moderne en coupe, le vilebrequin monobloc ( en plus du refroidissement liquide) élimine les problèmes évoqués dans notre cas.
On notera aussi que quand Honda commercialisera un quatre cylindre, la CB750 bien sûr, il passera pour la première fois au vilebrequin monobloc alors que les Twins resteront très longtemps en embiellages assemblés.
Toutes ces digressions pour expliquer pourquoi le RC147 n’était peut-être pas viable. Mais je le répète, il ne s’agit que de suppositions qui n’engagent que moi.
Le dernier 125 engagé cette saison sera le RC148 qui utilisera, multipliée par cinq, l’unité thermique développée sur le RC115….