[Oldies] Pat Hennen

philippe7 a écrit:

(...) Quand même, il ne fallait pas avoir peur de bouffer du kilomètre... de Salzburg jusqu'en Toscane pour le Mugello, puis retour en Autriche en re-traversant les Alpes pour Zeltweg (à côté de Graz) et dans la foulée Autriche - Nogaro... tout ça en trois semaines...

Je viens de jeter un coup d'œil sur les promeneurs de ce printemps 1976, d'après ce que je peux en savoir. Ils sont encore un petit paquet à faire des zigzags intra-européen, tout de même.

Songe que Patrick Fernandez était au Salzburgring, aspirant au GP du 2 mai - pour s'y faire refuser par le très spécial Dr. Bauer, Führer local. Il était au Mans le 25 avril, à Mettet le 9 mai, au Mugello le 16, à Opatija le 23, à Nogaro le 30, et ça continue, encore, encore... Idem les Sud-Africains North, Ekerold, Ballington. Et des Suisses comme Stadelmann, etc. Le Continental Circus way of life n'était pas encore mort.

et nous journalistes et photographes, on se faisait l'a/r entre paris et ces villes chaque week-end car il fallait ramener textes et photos
ça faisait des bornes .. Salzbourg 1100 bornes, Opatija presque 1300, Barcelone pas loin de 1000 - Assen un bon 800 - l'aller ça allait mais le retour de nuit le dimanche soir en charrette c'était dur, et y'avait pas l'autoroute partout - c'était rarissime qu'on prenne l'avion dans les années 70

Oh oui, oh ça te va bien d'adopter ce ton geignard maintenant alors qu'à l'époque tu étais en plein usinage dans la fabrique à souvenirs dont tu peux hic et nunc nous régaler, eul'bubu de nos cœurs.

(Hormis cet ultime cri d'amour que je n'ai pas pu réprimer, je vous signale, messieurs, que je n'ai rien trouvé sur cette Castrol Silver Cup de l'Österreichring - ou Zeltweg, comme on voudra -, du 23 mai 1976, à part l'article du Salzburger Nachrichten. Pas la moindre photo, pas le moindre autre article ou plus petit vermisseau...)

Pas de traces de Pat le 6 juin, en particulier il n'est semble-t'il pas à Chimay. Ni non plus le 13, ou sauf erreur il n'est ni à Raalte, ni à Mallory Park pour les post-TT races. Si certains pit-laineux en savent plus, qu'ils se fassent connaître !

Eh bien si, Pat était bien à Raalte le 13 juin ! C'est une photo de Jan Burgers qui nous le confirme. Mais pas de précisions sur son classement ( c'est le "géant blanc" Wil Hartog qui l'emporte )

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C'est donc le 20 juin que nous retrouvons Pat, engagé dans une épreuve inter sur le célèbre circuit du Norisring, dans la banlieue de Nüremberg …. et si je dis "célèbre", ce n'est pas tant pour le circuit en lui-même qui est peu sélectif et assez dangereux, mais pour le site historique chargé d'un passé funeste que rappellent les kolossales tribunes de marbre qui font office de gradins pour le public.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Reichsparteitagsgel%C3%A4nde

Une vue aérienne du circuit, en parallèle avec le tracé. Un peu moins d’une minute au tour pour les meilleurs.

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Le compte-rendu de la course sur le site du Norisring, traduit à quatre mains avec Rupert ( Rennmax)

Pat Hennen, en 0.59.3, signa au guidon de sa Suzuki 500 RG le meilleur temps des essais devant John Dodds et Read (tous deux sur 750 TZ) Un bon résultat pour Hennen, qui était quand même l’un des meilleurs pilotes du Championnat AMA (troisième à Daytona 1976) et qui, il y a quelques semaines, avait vu son engagement refusé pour les Mai Pokal à Hockenheim ! Agostini (750 0W 31) prit le meilleur départ devant Cecotto et Read. Mais la course de Cecotto ne dura que six tours, avant qu’il ne s’arrête pour “problème d’embrayage”. Pat Hennen, remonté depuis la sixième place, se retrouva second et, tour après tour, recolla Agostini. Après une brève bagarre, il prit la tête, réalisa le meilleur temps absolu en course, et termina vainqueur avec plus de dix secondes d’avance. Mais la surprise du jour fût le français Roger Ruiz. Il déposséda Read de la troisième place, et le laissa à 24 secondes à l’arrivée. A noter cependant que ce dernier n’avait plus beaucoup de freins pendant les 10 derniers tours, ses plaquettes étant usée jusqu’au métal au démontage à la fin de la course. Lansivuori dût malheureusement abandonner sur bris de chaîne alors qu’il était sixième, et John Dodds cinquième était le dernier pilote dans le même tour que le vainqueur.

Au départ de la deuxième manche, manquaient Braun et Cecotto. Si l’absence de big Dieter était compréhensible ( il souffrait encore des séquelles d’une mauvaise fracture de l’épaule) celle de la jeune star Cecotto l’était beaucoup moins, car il ne prit même pas la peine d’essayer de faire réparer sa machine entre les deux manches. Une apparition bien courte et pourtant très chère pour les organisateurs, que le bon Johnny serait bien inspiré de ne pas renouveler trop souvent s’il ne veut pas se mettre à dos le public et les organisateurs. Ce fût Dodds qui prit le meilleur départ, devant Agostini, Pat Evans et Ruiz. Mais il ne résista pas longtemps à Ago et Evans, et se retrouva vite troisième. Read abandonna dès le troisième tour sur problème de boite, et Hennen en fit de même sur souci de carburation, après plusieurs arrêts au stand n’ayant pas permis de régler le problème.  Agostini continua à tourner en tête sur un bon rythme, établissant un nouveau record du tour en 0.58.1, et gagna cette seconde manche haut la main, remportant ainsi la victoire au classement général. Ruiz passa Evans pour la deuxième place, Lansivuori finit quatrième devant Dodds à un tour, Findlay, Fau et Nielsen.

Un commentaire personnel de Rupert, qui était présent dans le public : “ Pour moi toutes les stars étaient surtout là pour l’argent, ce que l’on peut comprendre puisque c’était une épreuve hors championnat, et sur un circuit plutôt dangereux. Mais il y eut deux exceptions, dont il était évident pour les spectateurs qu’ils attaquaient vraiment fort : Pat Hennen et Roger Ruiz.”

Ah, c'est un gentil hommage à Roger Ruiz, ça, merci pour lui.

Zut, je ne retrouve pas la photo du podium avec Agostini et Ruiz.

Aaaaaaaaaaaaah, chouettos ! Merfi, Pierre.

Si ce n'est pas une joie communicative qu'on lit sur le visage de Roger, hein...

Sur le très recommandable site d'histoire du Norisring dont Rupert nous avait plus haut donné l'adresse pour les récits des courses de 1976, on trouve aussi, toujours pour ces 19-20 juin 1976, une gallerie de photos avec quelques clichés intéressants, ici :
https://www.norisringhistorie.de/1976a/76a_03.htm

philippe7 a écrit:

Un commentaire personnel de Rupert, qui était présent dans le public : “ Pour moi toutes les stars étaient surtout là pour l’argent, ce que l’on peut comprendre puisque c’était une épreuve hors championnat, et sur un circuit plutôt dangereux. Mais il y eut deux exceptions, dont il était évident pour les spectateurs qu’ils attaquaient vraiment fort : Pat Hennen et Roger Ruiz.”

Deuxième en première manche, et vainqueur de la deuxième avec le record du tour, il me semble qu'Ago devait attaquer aussi..

Ici d'autres photos

http://www.classic-motorrad.de/galerie/thumbnails.php?album=455

Read porte un joli t-shirt...

J'aime bien celle-ci.
Au soir du meeting, couronne et coupes sur les valeureuses machines du Team Airelec-Motul...
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... avec de g. à d. celles de Vic Soussan (3ème 500), Christian Huguet je supp' (6ème 500), Patrick Fernandez (1er 350) et Roger Ruiz (2ème 750).

.... et on peut aussi montrer celle-ci de Pat Hennen (c'est son sujet après tout) devant Old Jack.

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philippe7 a écrit:

... et on peut aussi montrer celle-ci de Pat Hennen (c'est son sujet après tout)

Pardon, c'est vrai.

philippe7 a écrit:

... devant Old Jack.

Qui fera 9ème et 6ème des manches, et 5ème au général.

Le 26 juin, le Championnat du Monde reprend ses droits à Assen pour le Grand Prix des Pays-Bas. L'épreuve se déroulera sous une chaleur accablante. Pat se positionne rapidement en troisième position derrière Sheene et Hartog, puis deuxième en délogeant le grand Wil, de nouveau troisième quand Ago déchaîné sur sa 500 RG le passe.... Mais Mino cassera au tout dernier tour, permettant à Pat de récupérer sur le fil la deuxième place et de signer par là même son premier podium en Grand Prix.

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Pat devant Barry ..... ce dernier pressentait-il déjà que ce garnement allait un jour mettre en péril sa position privilégiée chez Suzuki ?

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Une semaine plus tard, on se retrouve à Spa pour le Grand Prix de Belgique. Pas d’étincelles pour Pat, qui expliquera sans faux semblants avoir eu un peu de mal à trouver ses repères dans les grandes courbes impressionnantes de ce circuit difficile à maîtriser, et ensuite avoir été handicapé par un moteur peu performant une fois le tracé à peu près mémorisé. Il signera le 13ème temps des essais, et terminera la course en huitième position, ce qu’il considère (déjà….) comme une contre-performance.

Mais l’évènement de ce Grand Prix pour les frères Hennen, c’est de voir débarquer à l’improviste dans  le paddock leur vieux compère de courses californiennes de l’AFM, Frans Vandenbroek, celui là même qui avait terminé juste derrière Pat lors de sa première course sur route à Laguna Seca en 1972 ! Frans venait de terminer ses études d’ingénieur, et s’était offert une année sabbatique qu’il consacrait à parcourir l’Europe en moto. Se trouvant pas loin de Spa ce week-end là, il avait réussi à rentrer dans le paddock, et y retrouver ses deux vieilles connaissances ….. il fût sur le champ embauché (sans salaire, naturellement) par les frangins, trop contents de s’assurer l’aide d’une paire de mains supplémentaires, et parlant anglais de surcroît ! Le mécano amateur Frans se révéla d’ailleurs tout à fait compétent, à tel point (on anticipe un peu mais bon …..) que Pat le fera recruter par Suzuki GB la saison suivante pour assister Mike Sinclair sur ses machines officielles.

Un personnage intéressant d’ailleurs ce Frans, ceux qui souhaitent en savoir un peu plus sur lui – et qui lisent l’anglais naturellement - peuvent jeter un oeil à ces deux articles récents qui lui sont consacrés.

https://www.motorcyclistonline.com/man-on-vintage-german-nsu-racer-motorcyclist-magazine-megaphone/

https://www.cyclenews.com/2018/06/article/lowside-column-20/

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Frans, Pat et Chip


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Ces deux photos couleur sont du pitlaineux "justin"  

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Philippe,c'est a nouveau le classement d'Assen 1976 ,juste au dessus...

Je ne veux pas détourner le sujet mais c'était le dernier GP de Phil Read

Voilà le classement 500 à Francorchamps :
500cc : 10 tours – 141,200 km 1. John Williams GB (Suzuki), 39’ 22” 8, 215,13 km/h, 2. Barry Sheene GB (Suzuki) à 7” 4, 3. Marcel Ankoné NL (Suzuki) à 17” 0, 4. Michel Rougerie F (Suzuki) à 28” 6, 5. Teuvo Länsivuori SF (Suzuki) à 38” 6, 6. Dieter Braun D (Suzuki) à 41” 1, 7. Chas Mortimer GB (Suzuki) à 56” 5, 8. Pat Hennen USA (Suzuki) à 57” 7, 9. John Newbold GB (Suzuki) à 59” 9, 10. Helmut Kassner D (Suzuki) à 1’ 3” 9, 11. Alex George GB (Suzuki), 12. Tom Herron NI (Yamaha), 13. Boet van Dulmen NL (Yamaha), 14. Jean-Philippe Orban B (Yamaha), 15. Philippe Chaltin B (Yamaha), 16. Kees van der Kruis NL (Yamaha), 17. Étienne Geeraerd B (Yamaha). 30 Start, 17. Ziel. [jj ajoute les abandons de Bruno Kneubühler CH (Yamaha), Giacomo Agostini I (Suzuki), Víctor Palomo E (Yamaha), Karl Auer A (Yamaha), Bernard Fau F (Yamaha), Philippe Coulon CH (Suzuki), Jack Findlay AUS (Suzuki), Takazumi Katayama J (Yamaha), Olivier Chevallier F (Yamaha), Nico Cereghini I (Suzuki), Jules Nies B (Suzuki).]
Tour le plus rapide, Williams 3’ 52” 6 (CN, Sido], 218,538 km/h.

Les deux articles donnés en liens par Philippe sont du plus haut intérêt, et, disons, atypiques. Merci.

et comment qu'ils sont chouettes ! un volontaire pour les traduire ?

218 km/h au tour !!!

bubu a écrit:

et comment qu'ils sont chouettes ! un volontaire pour les traduire ?

Un peu longuet à faire mais puisque tu en parles, je m'y mets.

Il y a la traduction Gogole qui n'est pas si catastrophique. Le premier article.........


L’homme sur la NSU Racer allemande vintage
Chaque image raconte une histoire.

Par Frans Vandenbroek
18 novembre 2015

Cette photo vieille de 60 ans d’un homme en course en Indonésie, accrochée dans un magasin d’automobiles californien, relie les points d’une histoire remarquable.Motocycliste
La photo accrochée dans le hall de l’atelier de réparation automobile de Geoff Mesman à Mission Viejo, en Californie, montrait un pilote CBR600 creusant un virage au Fontana Raceway – c’était Geoff, âgé de 44 ans, s’amusant un peu sur la piste. Voir cette image a déclenché un flashback à Surabaya, en Indonésie, en 1956. J’avais huit ans quand mon père m’a emmené voir une course de moto. Nous y sommes allés sur sa NSU 250 allemande. Papa a souligné un concurrent, également sur une NSU: « Dat est Mesman. Hij rijd est parti. » Vraiment. Mesman a remporté la course.

L’Indonésie était une colonie néerlandaise depuis 400 ans. Les mariages mixtes ont créé un sous-groupe de Néerlando-Indonésiens. C’était nous. Et les Indonésiens nous méprisaient. En 1958, les choses sont devenues violentes et, avec nos vies en danger, papa a emballé la famille et a immigré en Californie. Y avait-il un endroit plus idéal pour un jeune homme pour poursuivre une passion de moto?

Quelques jours après avoir eu 16 ans, j’ai acheté une Honda CB125 92cc d’occasion. Je l’ai pilotée pendant deux ans, puis j’ai décidé de la piloter. Puis une lettre est arrivée: « Vous êtes par la présente ordonné de vous présenter pour l’incorporation dans les forces armées des États-Unis. » L’armée avait besoin de mitrailleurs de porte pour sa flotte d’hélicoptères Huey au Vietnam.

J’ai effectué ma première mission de combat en avril 1968, à l’âge de 19 ans. À la mi-mai, j’avais perdu trois hélicoptères et deux pilotes à cause de l’ennemi et d’un accident. Pour décompresser du combat, certains de mes collègues se sont tournés vers l’alcool, les prostituées, l’herbe ou pire. J’ai pris un chemin différent. La nuit, je me penchais sur une pile de magazines de motocyclistes et rêvais du jour où je roulerais à nouveau.


Frans Vandenbroek avait huit ans lorsqu’il a vu pour la première fois l’homme sur la vieille photo en noir et blanc, en course contre son père en Indonésie.Motocycliste
En mars 1969, un deuxième accident d’hélicoptère m’a renvoyé chez moi. J’ai obtenu un emploi en usine en embouteillant du jus d’orange pour 1,35 $ l’heure et j’ai dépensé chaque centime pour une Yamaha Roadracing 250cc. Après que les leaders m’aient fait un tour dans la course Novice 250 à Daytona en 1972, j’ai vendu la Yamaha et je me suis inscrit à l’université.

Quatre ans plus tard, diplôme en poche, je me suis dirigé vers l’Angleterre et j’ai acheté une Honda CB400 à 250 $. La CB m’a emmené à l’île de Man puis au Grand Prix de Belgique où j’ai rencontré le pilote américain Pat Hennen. Pat avait besoin d’un mécanicien; J’avais besoin d’une aventure. Trois semaines plus tard, Pat remporte le Grand Prix de Finlande, le premier Américain à remporter un championnat du monde. Pat a remporté deux autres GP avant son tragique accident à l’île de Man en 1978, qui a mis fin à sa carrière et nous a renvoyés tous les deux à la maison.

De retour en Californie, j’ai rejoint Kawasaki pour développer les moteurs qu’Eddie Lawson et Wayne Rainey ont pilotés lors de plusieurs championnats Superbike. Pendant mon temps libre, j’ai construit une 750 endurance. En 1982, le copilote Roger Hagie et moi avons remporté les 6 Heures AFM à Riverside. Enfin le succès de la course ! Puis une soprano nommée Karen a volé mon cœur. Quand deux bébés sont arrivés, mes jours de conduite étaient terminés.

Aujourd’hui, Sara a 24 ans et pratique un double sport Husky, tandis que son autre fille, Hilary, préfère une Honda Civic. C’est ainsi qu’au début de 2014, je me suis retrouvé dans la boutique de Geoff Mesman. Alors que les souvenirs de l’Indonésie de 1956 revenaient, mes yeux se sont égarés vers une deuxième photo sur le mur. Et j’ai gelé. L’impression en noir et blanc délavée montrait un jeune pilote penchant une moto de course vintage – une NSU – dans un virage.

« Qu’est-ce que c’est, Geoff? »

« Mon père », dit-il. « Il a couru à moto en Indonésie dans les années 50. » Je n’arrivais pas à croire les mots qui sortaient de sa bouche. « Papa a 77 ans et il ne roule plus, mais il est propriétaire de ce magasin. Il sera là la semaine prochaine. »

Cinquante-huit ans plus tard, j’ai déjeuné avec Harry Mesman, le coureur NSU qui a lancé ma passion pour la moto. J’ai aussi mis une place à la table pour papa, mais il ne s’est pas présenté. Papa est décédé en 2002. Pourtant, j’aimerais penser qu’il était là. Après tout, qui d’autre pensez-vous aurait pu organiser cette réunion?

...Et le second....


La patience est sa propre récompense
La semaine dernière, j’ai déjeuné avec un charmant monsieur nommé Frans VandenBroek.

Frans, diplômé en ingénierie, faisait un tour d’Europe à moto lorsqu’il a décroché un emploi inattendu (non rémunéré) en travaillant avec la légende du GP Pat Hennen, son frère Chip et le Kiwi Mike Sinclair sur le circuit GP dans les années 1970. Mais avant cela, il y avait une autre histoire, qu’il vous raconte dans ses propres mots ici. Je me suis senti obligé de le transmettre.

Enfin, Frans a sa CB160 rouge.
Enfin, Frans a sa CB160 rouge.
« Dans une mer de Hardy-Table-Sons, la petite Honda CB160 se démarquait comme un pouce endolori. Un pouce rouge vif. Avec des ailes argentées et des éclaboussures brillantes de chrome. Mais lors de la réunion d’échange de moto à Long Beach, en Californie, les garçons Hardy n’ont pas prêté attention au petit jumeau. Ils avaient peu d’utilité pour son moteur de 160cc, construit en 1965, qui ne pouvait probablement même pas rassembler le couple nécessaire pour démarrer leurs puissants V-Twins. Moi, par contre, j’ai vu de l’or pur. La CB160 était la moto que j’ai toujours voulue.

En 1964, le California Department of Motor Vehicles a accordé des permis d’apprenti conducteur pour conduire une voiture à l’âge de 15 ans et demi. Les permis permettaient également de conduire une moto. Au moment où j’ai atteint l’âge magique, j’avais économisé 200 $ en livrant des journaux pour acheter mon premier vélo. Et celle que je convoitais était une CB160 rouge avec des ailes argentées et des éclaboussures brillantes de chrome.

Malheureusement, le maximum que 200 $ pouvaient acheter était une Honda 125 d’occasion, trouvée dans un parc de voitures d’occasion. La moto que j’ai toujours voulu devait attendre.

« Pendant deux ans, j’ai perfectionné mes compétences sur la 125 et après avoir eu 18 ans, j’ai décidé de la piloter. Mais avant que je puisse le faire, une lettre est venue de la Selective Service Administration. La lettre commençait par : « Salutation. » Et puis: « Vous êtes par la présente ordonné de vous présenter pour l’incorporation dans les forces armées des États-Unis. » Quinze mois plus tard, j’étais un hélicoptère de l’armée américaine au Vietnam. Mon siège était un tabouret en toile dans la cabine ouverte où j’étais assis avec une mitrailleuse M60 dans mes mains. J’avais 19 ans. J’ai effectué ma première mission de combat en avril 1968 et, à la mi-mai, j’avais perdu trois hélicoptères et deux pilotes à cause de l’ennemi et d’un écrasement. Pour faire face au stress du combat, la nuit, je me recroquevillais dans mes quartiers avec une pile de magazines de moto. Je me suis penché sur chaque mot de chaque page, j’ai regardé les publicités sur papier glacé et j’ai rêvé d’une CB160 rouge, m’attendant sûrement dans « le monde ».

« 'Le monde'. C’est ce que nous avons dit quand nous voulions dire « chez nous ». Presque tous les jours, quelqu’un criait : « Trente jours pour le monde ! » Ou plus respectueusement : « J’ai une fille dans le monde. » Ou j’espère : « Quand je reviendrai dans le monde, j’achèterai une moto. » Nous vivions pour le monde et adorions la date de notre retour prévu. Pour moi, cette date est arrivée de façon inattendue.

« Le 23 mars 1969, mon hélicoptère a plongé vers une position ennemie avec des canons flamboyants, puis a plongé dans une rizière et s’est désintégré. Et après avoir survécu un an dans les airs, j’ai été évacué médicalement du Vietnam, une victime de la guerre âgée de 20 ans. La récupération a pris un an, mais à ce moment-là, j’avais économisé suffisamment pour acheter une CB160, seulement pour trouver les rouges épuisés. Je me suis contenté de l’argent. J’ai roulé sur la moto dans la rue pendant un moment, puis je l’ai inscrite à une course et j’ai remporté un trophée de première place. Personne n’a revendiqué la deuxième ou la troisième place; L’autre entrée de ma classe s’est cassée.

« Dans les années qui ont suivi, j’ai dépassé la CB160 et une succession de motos plus grandes sont allées et venues. Environ 30 sur 45 ans. Aujourd’hui, à 69 ans, je conduis une Yamaha FJ09, la meilleure moto de mon écurie de huit. Mais cette écurie est incomplète; il manque celui que j’ai toujours voulu. Une CB160 rouge avec des ailes argentées et des éclaboussures brillantes de chrome.

« La rencontre d’échange de motos de Long Beach est mieux patrouillée par paires, pour nous protéger de nous-mêmes. Mon ailier Darrell, un jeune chiot de 41 ans, est impulsif. Un char rouillé, un garde-boue courbé, une coque de phare, attireront l’attention de Darrell et videront son portefeuille. La passion de Darrell est de transformer les déchets en motos, que ce soit dans son garage ou dans sa tête. Mon travail consiste à le maîtriser. Quand Darrell doigte encore une autre partie peinte, je donne un conseil: « Éloigne-toi D, éloigne-toi simplement. Si vous ressentez toujours la brûlure quand nous partons, nous l’aurons à la sortie. » Mais quand Darrell m’a remarqué en train de regarder la CB160 rouge, il a pris son tour: « Éloigne-toi Frans, éloigne-toi... ». Et c’est ce que j’ai fait.

« Au cours des deux heures suivantes, Darrel et moi avons continué nos tournées, mais la CB160 ne m’a pas quitté l’esprit. Puis il était temps de partir et nous nous sommes dirigés vers la sortie – Darrell portant maintenant une roue Akron de 18 pouces dans une main, un carburateur Yamaha à 10 $ dans l’autre. Darrell ne m’écoute pas toujours. Mais au moins, il a convenu que nous devrions jeter un dernier coup d’œil à la petite CB160 rouge. Nous nous sommes donc promenés à son endroit et l’avons trouvé, parti. Darrell a offert une consolation: « Si le vendeur l’a apporté ici, il est probablement sur la liste de Craig. » Cette nuit-là, mon PC a bipé avec un message de mon bourgeon : « Je l’ai trouvé ! » Il suffit de cliquer sur le lien.

« J’ai attendu deux jours pour donner à 'la brûlure' une chance de s’apaiser. Le troisième jour, j’ai contacté le vendeur et lui ai demandé ce qu’il savait de la moto. Ce n’était pas une histoire heureuse. Le vendeur a dit qu’il était le troisième propriétaire; Le deuxième propriétaire a trouvé le vélo lors d’une vente immobilière. Le propriétaire d’origine, un jeune homme d’environ 18 ans, a acheté la moto en 1965 et l’a conduite avec soin. Il n’y avait aucune marque sur les leviers, les poignées ou les chevilles; la CB160 n’était jamais tombée en panne. Le compteur kilométrique indiquait seulement 949 miles et le jeune homme aurait sûrement enregistré plus. Mais un jour, une lettre est arrivée. de l’Administration du service sélectif. 'Salutation...' »

Finalement, le jeune homme a été envoyé au Vietnam et a sûrement passé de nombreuses heures à rêver du jour où il reprendrait sa moto. Pour lui, la CB160 rouge signifiait littéralement le monde. Et même si je ne l’ai jamais connu, nous aurions beaucoup en commun. Sauf pour ceci : je suis rentré à la maison.

Dans un coin sombre d’un parc de Washington DC, un mur de marbre noir énumère les noms de 58 000 hommes perdus au Vietnam. L’un de ces noms appartient à un jeune homme qui ne voulait rien de plus que de conduire à nouveau sa CB160 rouge. Quand il est devenu clair qu’il ne le ferait jamais, sa famille a rangé le vélo pendant 46 ans. Pas parce que c’était mémorable; parce que c’était un mémorial. Finalement, le domaine a été vendu aux enchères et la CB160 a changé de mains deux fois jusqu’à ce qu’elle me trouve. La moto que j’ai toujours voulue, cette moto, est maintenant dans mon garage.

« À un soldat inconnu sur le Mur : Je m’appelle Frans ; J’étais chef d’équipage d’hélicoptère au Vietnam. Je suis le nouveau steward d’une moto rouge vif qui a des ailes argentées et des éclaboussures brillantes de chrome. Il vous appartient. Mais ne t’inquiète pas mon frère; votre Honda CB160 est maintenant entre de bonnes mains. Roulez en paix. ~Frans VandenBroek. CN

Le premier, https://www.motorcyclistonline.com/man-on-vintage-german-nsu-racer-motorcyclist-magazine-megaphone/ avec DeepL au gros œuvre et quelques broutilles de fignolage de mézigue.

L’homme sur ce vieux NSU racer d’époque. (Chaque photo raconte une histoire.)
Par Frans Vandenbroek (18 novembre 2015).

La photo accrochée dans le hall de l’atelier de réparation automobile de Geoff Mesman à Mission Viejo, en Californie, montrait un pilote de CBR600 négociant un virage à Fontana Raceway - c’était Geoff, âgé de 44 ans, en train de s’amuser sur un circuit. En voyant cette image, j’ai eu un flashback vers Surabaya, Indonésie, en 1956. J’avais huit ans lorsque mon père m’a emmené voir une course de motos. Nous y étions allés sur sa NSU 250 allemande. Papa nous avait montré un concurrent, lui aussi sur une NSU : "C’est Mesman. Hij rijd goed." Et en effet. Mesman gagna la course.

L’Indonésie était une colonie néerlandaise depuis 400 ans. Les mariages mixtes y avaient un sous-groupe d’Indonésiens néerlandais. C’était nous. Et les Indonésiens nous méprisaient. En 1958, la situation est devenue violente et, nos vies étant en danger, papa a plié bagage et immigré en Californie. Y avait-il un endroit plus idéal pour qu’un jeune homme poursuive sa passion de la moto ?

Quelques jours après mes 16 ans, j’ai acheté une Honda CB92 125cc d’occasion. Je l’ai conduite pendant deux ans, puis j’ai décidé de faire de la compétition. C’est alors qu’une lettre est arrivée : "Vous êtes par la présente sommé de vous présenter pour être incorporé dans les forces armées des États-Unis". L’armée avait besoin de tireurs d’élite pour sa flotte d’hélicoptères Huey au Viêt Nam.

J’ai effectué ma première mission de combat en avril 1968, à l’âge de 19 ans. À la mi-mai, j’avais perdu trois hélicoptères et deux pilotes à cause d’actions ennemies et d’un crash. Pour décompresser du combat, certains de mes collègues se tournaient vers l’alcool, les putes, l’herbe ou pire encore. J’ai pris un chemin différent. La nuit, je feuilletais une pile de magazines Motorcyclist et rêvais du jour où je roulerais à nouveau.

En mars 1969, un deuxième accident d’hélicoptère m’a renvoyé chez moi. J’ai trouvé un emploi dans une usine de mise en bouteille de jus d’orange pour 1,35 $ de l’heure et j’ai dépensé chaque centime dans un road racer Yamaha 250 cm3. Après que les leaders m’eurent doublé lors de la course Novice 250 à Daytona en 1972, j’ai vendu la Yamaha et me suis inscrit à l’université.

Quatre ans plus tard, diplôme en poche, je suis parti pour l’Angleterre et j’ai acheté une Honda CB250 à 400 dollars. La CB m’a conduit à l’île de Man, puis au Grand Prix de Belgique, où j’ai rencontré le coureur américain Pat Hennen. Pat avait besoin d’un mécanicien, moi d’aventure. Trois semaines plus tard, Pat a remporté le Grand Prix de Finlande, devenant ainsi le premier Américain à gagner une épreuve du championnat du monde. Pat a remporté deux autres GP avant son tragique accident sur l’Île de Man en 1978, qui mit fin à sa carrière et nous a renvoyés tous les deux à la maison.

De retour en Californie, j’ai rejoint Kawasaki pour développer les moteurs qu’Eddie Lawson et Wayne Rainey ont utilisés pour remporter plusieurs championnats de Superbike. Pendant mon temps libre, j’ai construit une 750 de course d’endurance. En 1982, Roger Hagie et moi avons remporté les 6 heures AFM à Riverside. Enfin un succès en course ! Puis une soprano nommée Karen a volé mon cœur. Après la naissance de deux bébés, mes jours de moto étaient terminés.

Aujourd’hui, Sara a 24 ans et roule en Husky dual-sport, tandis que mon autre fille Hilary préfère une Honda Civic. C’est ainsi que, début 2014, je me suis retrouvé dans la boutique de Geoff Mesman. Alors que les souvenirs de l’Indonésie 1956 remontaient à la surface, mes yeux se sont portés sur une deuxième photo accrochée au mur. Et je me suis figé. Le tirage en noir et blanc délavé montrait un jeune pilote penchant une moto de course vintage - une NSU - dans un virage.

― Qui est-ce, Geoff ?

― Mon père, dit-il. Il a participé à des courses de motos en Indonésie dans les années 50.

Je n’arrivais pas à croire les mots qui sortaient de sa bouche. "Mon père a 77 ans, il ne fait plus de moto, mais il est propriétaire de ce magasin. Il sera là la semaine prochaine."

Cinquante-huit ans plus tard, j’ai déjeuné avec Harry Mesman, le pilote de la NSU qui a donné le coup d’envoi à ma passion pour la moto. J’avais également réservé une place à la table pour papa, mais il n’est pas venu. Il est décédé en 2002. Pourtant, j’aime à penser qu’il était là. Après tout, qui d’autre aurait pu organiser cette rencontre ?

L’autre, https://www.cyclenews.com/2018/06/article/lowside-column-20/ (je continue avec DeepL parce que Gogue-crade reste crade).

La patience est sa propre récompense. (Lowside Column de Rennie Scaysbrook.)

La semaine dernière, j’ai déjeuné avec un homme charmant du nom de Frans VandenBroek.

Diplômé en ingénierie, Frans faisait un tour d’Europe à moto lorsqu’il a décroché un emploi inattendu (non rémunéré) en travaillant avec la légende du GP Pat Hennen, son frère Chip et le Kiwi Mike Sinclair dans le cirque des GP des années 1970. Mais avant cela, il y a une autre histoire, qu’il vous raconte ici avec ses propres mots. Je me suis senti obligé de la transmettre.

« Dans une mer de Hardy-Table-Sons, la petite Honda CB160 se distinguait comme un pouce douloureux. Un pouce rouge vif. Avec des garde-boue argentés et des éclats de chrome. Mais à la bourse d’échange des motos de Long Beach, Californie, les Hardy ne faisaient pas attention au petit bicylindre. Ils n’avaient que faire de son moteur de 160 cm3, construit en 1965, qui ne pourrait probablement même pas produire le couple nécessaire au démarrage de leurs puissants V-Twins. Pour moi, en revanche, c’était de l’or pur. La CB160 était la moto que j’avais toujours voulue.

« En 1964, le département des véhicules motorisés de Californie accordait un permis d’apprentissage de conduite auto à l’âge de 15 ans et demi. Ce permis autorisait également la conduite d’une moto. Lorsque j’eus atteint l’âge magique, j’avais économisé 200 dollars en livrant des journaux pour acheter ma première moto. Et celle que je convoitais était une CB160 rouge avec des garde-boue argentés et des touches de chrome brillantes.
« Malheureusement, ces 200 dollars ne me permirent que l’achat d’une Honda 125 d’occasion, trouvée dans un garage de voitures d’occasion. La moto que j’ai toujours voulue devrait attendre.

« Pendant deux ans, j’ai perfectionné mes compétences sur la 125 et, à l’âge de 18 ans, j’ai décidé de faire de la course. Mais avant de pouvoir le faire, j’ai reçu une lettre des Services du recrutement. La lettre commençait par : “Salutations”. Et puis.. : “Vous êtes par la présente sommé de vous présenter pour être incorporé dans les forces armées des États-Unis.” Quinze mois plus tard, j’étais transporté dans un hélicoptère de l’armée américaine au Viêt Nam. Mon siège était un tabouret en toile dans la cabine ouverte où j’étais assis, une mitrailleuse M60 dans les mains. J’avais 19 ans. J’ai effectué ma première mission de combat en avril 1968 et, à la mi-mai, j’avais perdu trois hélicoptères et deux pilotes à cause de l’ennemi et d’un accident. Pour faire face au stress du combat, je me réfugiais la nuit dans mes quartiers avec une pile de magazines de moto. Je lisais chaque mot de chaque page, je regardais les publicités sur papier glacé et je rêvais d’une CB160 rouge qui m’attendait sûrement à mon retour in the World, dans “le Monde”.
« “Le Monde”, c’est ce que nous disions quand nous voulions dire “à la maison”. Presque tous les jours, quelqu’un s’écriait : “Trente jours avant le Monde !” ou plus respectueusement : “J’ai une fille dans le Monde”. Ou encore, avec un peu d’espoir : “Quand je reviendrai au Monde, je m’achèterai une moto”. Nous vivions pour “le Monde” et vénérions la date de notre retour programmé. Pour moi, cette date est arrivée de manière inattendue.

« Le 23 mars 1969, mon hélicoptère a piqué en mitraillant une position ennemie, puis a plongé dans une rizière et s’est désintégré. Après avoir survécu un an dans les airs, j’ai été évacué médicalement du Viêt Nam, une victime de guerre de 20 ans. La convalescence a duré un an, mais entre-temps, j’avais économisé suffisamment pour acheter une CB160, mais les modèles rouges étaient épuisés. Je me suis contenté d’une argentée. J’ai conduit la moto dans la rue pendant un certain temps, puis je l’ai inscrite à une course et j’ai remporté le trophée pour la première place. Personne n’a réclamé la deuxième ou la troisième place : l’autre moto de ma catégorie était tombée en panne.

« Dans les années qui suivirent, la CB160 est devenue trop petite pour moi et j’ai connu une succession de motos plus grosses. Une trentaine en 45 ans. Aujourd’hui, à 69 ans, je conduis une Yamaha FJ09, la meilleure des huit motos de mon écurie. Mais cette écurie est incomplète ; il manque celle que j’ai toujours voulue. Une CB160 rouge avec des ailes argentées et de brillants éclats de chrome.

« Il vaut mieux la patrouiller à deux, la bourse d’échange des motos de Long Beach, pour nous protéger de nous-mêmes. Mon ailier Darrell, jeune chiot de 41 ans, est impulsif. Un réservoir rouillé, un garde-boue tordu, une coque de phare, tout attire l’œil de Darrell et vide son portefeuille. La passion de Darrell est de transformer la ferraille en motos, que ce soit dans son garage ou dans sa tête. Mon travail consiste à le retenir. Lorsque Darrell met le doigt sur une autre pièce peinte, je lui donne des conseils : “Va-t’en Darrell, va-t’en. Si tu ressens encore la brûlure quand nous partirons, nous l’aurons en sortant”. Mais lorsque Darrell a remarqué que je fixais la CB160 rouge, il a pris la parole à son tour : “Va-t’en Frans, va-t’en...” Et c’est ce que j’ai fait.
« Au cours des deux heures qui ont suivi, Darrell et moi avons poursuivi notre tournée, mais la CB160 ne quittait pas mon esprit. Il était temps de partir et nous nous sommes dirigés vers la sortie, Darrell portant une roue Akron de 18 pouces dans une main et un carburateur Yamaha à 10 dollars dans l’autre. Darrell ne m’écoute pas toujours. Mais cette fois, il était d’accord pour que nous regardions une dernière fois la petite CB160 rouge. Nous nous sommes donc rendus à son emplacement et l’avons trouvée... disparue. Darrell m’a consolé : “Si le vendeur l’a apportée ici, elle est probablement sur Craig’s list”.  Ce soir-là, mon PC a reçu un message de mon ami : “Je l’ai trouvée ! Il suffit de cliquer sur le lien.”

« J’ai attendu deux jours pour laisser à la brûlure le temps de s’estomper. Le troisième jour, j’ai contacté le vendeur et lui ai demandé ce qu’il savait de la moto. L’histoire n’était pas réjouissante. Le vendeur m’a dit qu’il était le troisième propriétaire ; le deuxième propriétaire avait trouvé la moto dans une vente de succession. Le propriétaire initial, un jeune homme d’environ 18 ans, avait acheté la moto en 1965 et l’avait utilisée avec soin. Leviers, poignées et repose-pieds ne portaient aucune marque ; la CB160 n’était jamais tombée. L’odomètre n’affichait que 949 miles et le jeune homme en aurait certainement couvert davantage si un jour n’était arrivé une lettre. Des Services du recrutement. “Salutations”...

« Finalement, le jeune homme fut envoyé au Vietnam. Il y passa certainement de nombreuses heures à rêver du jour où il conduirait à nouveau sa moto. Pour lui, la CB160 rouge représentait littéralement “le Monde”. Et bien que je ne l’aie jamais connu, nous avions beaucoup en commun. Excepté ceci : je suis rentré à la maison.

« Dans un coin sombre d’un parc de Washington DC, un mur de marbre noir énumère les noms de 58 000 hommes morts au Viêt Nam. L’un de ces noms est celui d’un jeune homme qui ne voulait rien d’autre que de rouler à nouveau sur sa CB160 rouge. Lorsqu’il est devenu évident qu’il ne le ferait jamais, sa famille a rangé la moto pendant 46 ans. Non pas parce qu’elle était mémorable, mais parce qu’elle était un morceau de leur mémoire. Finalement, cet héritage fut vendu aux enchères et la CB160 a changé deux fois de mains jusqu’à ce qu’elle me trouve. La moto que j’ai toujours voulue, cette moto, est maintenant dans mon garage.

« À un soldat inconnu sur le Mur : Je m’appelle Frans ; j’étais chef d’équipage d’un hélicoptère au Viêt Nam. Je suis le nouveau servant d’une moto rouge vif avec des garde-boue argentés et des éclats de chrome brillants. Elle t’appartient. Mais ne t’inquiète pas, frère, ta Honda CB160 est maintenant entre les meilleures mains possibles. Roule en paix. »